Jouffroy faisait sa seconde au collège de Lons-le-Saulnier, sous la discipline d’un abbé, le seul bon professeur de ce collège, lorsque j’entrais en quatrième sous l’abbé Jouffroy, le parent et l’hôte de notre philosophe. […] Il s’indignait même à la seule pensée de la résistance de Paris et faisait les plus belles phrases de rhétorique du monde sur le boulet qui viendrait éclater au milieu du musée et détruire les plus beaux chefs-d’œuvre de l’art, etc., etc.
Sans parfum une fleur ne vit pas, ce n’est qu’une herbe plus ou moins brillante et colorée ; le parfum seul lui donne l’âme et fait qu’elle respire de la même vie que les essences célestes. […] Hier, j’étais encore chez Olivia, j’ornais son boudoir ; j’étais seule, et pas une autre fleur que moi ne partageait cette faveur si enviée.
Si l’on demande ce qui vaut mieux d’un ouvrage avec de grands défauts et de grandes beautés, ou d’un ouvrage médiocre et correct, je répondrai, sans hésiter, qu’il faut préférer l’ouvrage où il existe, ne fût-ce qu’un seul trait de génie. […] Ceux-là sont les seuls modèles qui réunissent à la fois toutes les qualités littéraires.
De votre vie aussi la page est blanche encore, Je voudrais la remplir d’un seul mot : le bonheur. […] Souvent on confond les deux séries en une seule : elles se remplacent et se recouvrent alternativement ; et, s’évoquant mutuellement, elles sont à tour de rôle exprimées et sous-entendues.
Vous êtes poète, j’ai voulu surtout marquer votre place, à ce titre, dans la grande littérature, honorer en vous cette constance qui vous porte à chercher les succès difficiles, et vous inviter à marcher résolument dans ce véritable domaine de l’art, que les auteurs comme le public semblent tentés d’abandonner : non que je porte à la comédie en vers une préférence académique et que je lui croie plus de dignité qu’à la comédie en prose ; une grande comédie en prose est assurément une œuvre très littéraire, surtout si elle est l’œuvre d’un seul auteur ; mais la comédie en vers a cet avantage d’une langue particulière qui parle à la mémoire, et d’un art choisi, précis, délicat, et d’autant plus difficile que les esprits auxquels il s’adresse sont plus cultivés. […] L’action et le dialogue courent, de l’exposition au dénouement, dans une seule et large coulée d’éloquence et de verve, où les répliques se croisent et se heurtent avec des chocs et des éclairs d’épées.
On peut trouver la définition tout au moins un peu étroite, et même appliquée à l’auteur des seuls Émaux bressans . […] Certains titres de ses volumes : Au Bois-Joli, le Clos des Fées, indiquent, à eux seuls, les tendances de son imagination.
Molière et La Fontaine étaient alors les seuls qui eussent signalé leur talent dans le public. […] Molière, le plus âgé des quatre amis, le seul à portée de connaître les secrètes dispositions du roi ; La Fontaine, le plus répandu parmi les dames du grand monde, donnaient à leurs jeunes amis, l’un l’exemple de plaire au roi, l’autre celui de plaire aux femmes qui plaisaient au roi : ce qui ramenait toujours à plaire au roi.
Mais à côté de cette image restreinte, voici, dans l’hypothèse métaphysique que l’on élève, parmi l’univers immobile, l’abolition de toutes les relations infiniment nombreuses que réalisait seul, entre objets et sujets, le mécanisme de la cause par l’intermédiaire du temps, en sorte que, supprimant tout état de conscience, cette hypothèse se montre elle-même inimaginable, la vision qu’elle suscitait s’évanouissant dans l’abîme où elle entraîne avec elle toute existence phénoménale et où s’anéantit toute représentation. […] Si toutefois le fait du mouvement conditionne le réel, il ne saurait le constituer à lui seul.
Mais connue on voit des hommes qui pratiquent la justice, la bienfaisance, la vertu, par le seul intérêt bien entendu, par l’esprit et le goût de l’ordre, sans en éprouver le délice et la volupté, il peut y avoir aussi du goût sans sensibilité, de même que de la sensibilité sans goût. […] Il est seul.
Si on eût rendu la caverne sauvage ; si on l’eût couverte d’arbustes, vous conviendrez qu’on n’aurait pas eu besoin de ces deux mauvaises têtes de chérubin qui empêchent que la Magdelaine ne soit seule. […] C’est une seule figure debout ; vue de faces ; un enfant qui tient un arc tendu et armé de sa flèche toujours dirigée vers celui qui le regarde ; il n’y a aucun point où il soit en sûreté.
Ainsi, par exemple, quel illuminé était-ce donc que cet aventurier d’abbé de Bucquoy dont Gérard de Nerval nous raconte la vie, que ce païen Quintus Aucler, plus Grec et plus Romain, à lui seul, que tous les révolutionnaires, et qui voulait, dans un pays chrétien de tradition séculaire, rétablir officiellement le culte de Jupiter ? […] La vie seule de Raimond Lulle est un sujet magnifique, où tout ce qui concerne cette question, obscure et brillante tout à la fois, de l’illuminisme, que la science n’a pas encore osé poser, mais qui attire et qui tourmente l’imagination moderne, trouverait aisément sa place.
Il s’est chargé de ce soin tout seul. […] En Angleterre déjà, dans nos clubs français, ce livre est compté, parmi tous les écrits contemporains, comme faisant seul autorité, à force d’exactitude, de discernement, de compétence sur la matière.
Et quelle est l’œuvre tragique, de celles qu’on appelle simplement distinguées, qui, à l’occasion et à l’aide d’une seule actrice, se pourrait reprendre au théâtre, après vingt années, sans causer une hésitation d’un moment, et sans réclamer du spectateur par endroits quelque juste complaisance ? […] Le jeune enfant n’était même pas encore écolier 76 ; le ministre le nomma élève du Prytanée français (Louis-le-Grand), seul collége tout récemment rouvert ; il voulut l’y mener lui-même, et le présenta aux professeurs et aux camarades. […] Mais dès qu’Ulysse a vu l’arc, cet arc voulu par l’oracle et que seul il peut armer, le sentiment de vengeance éclate en lui avec toute l’antique beauté. […] J’ai sous les yeux la plupart des journaux du temps ; le Journal des Débats, le seul qui, dès ce temps-là, voulut être sévère constate lui-même l’entier triomphe : « La joie est dans le camp des romantiques, s’écrie Étienne Becquet en commençant88 ; le succès de M. […] Le sacre de Charles X inspira ou imposa bien des poëmes : le seul qu’on puisse relire, ce sont les Oiseaux de Mme Tastu.
Cette idée seule d’une tendresse enfantine (dont tu ris maintenant avec raison, et qui cependant pourrait servir de matière à de jolis vers) est gracieuse et vraie. […] Cette seule idée était déjà d’une vue pénétrante : c’était comprendre qu’une telle histoire présenterait beaucoup plus d’intérêt qu’on ne pouvait se le figurer au premier abord. […] L’histoire politique n’aurait pas seule à profiter de cette publication ; ce serait la meilleure pièce justificative de la Satyre Ménippée. » Mais le recueil des Procès-verbaux ne répondit pas, du moins dans la pensée de l’éditeur, à cette dernière promesse. […] De jour en jour, d’ailleurs, j’ai moins la peur d’être détrompé, et ma philosophie se fait toute seule. […] Ses papiers nous révèlent l’étendue de ses plans ; les titres seuls en sont ingénieux, et attestent l’invention critique : il avait préparé un article sur les Femmes de la Comédie latine, particulièrement sur celles de Térence, et un autre intitulé la Tristesse de Lucrèce.
Comme une espèce favorisée par le sol et le climat, elle envahit tous les terrains, elle accapare l’air et le jour pour elle seule, et souffre à peine sous son ombre quelques avortons d’une espèce ennemie, un survivant d’une flore ancienne comme Rollin, un spécimen d’une flore excentrique comme Saint-Martin. […] Swift seul a risqué de pareils tableaux. […] Il y prend le dé de la conversation, conduit l’orgie, et par contagion, par gageure, dit à lui seul plus d’ordures et plus de « gueulées » que tous les convives476 Pareillement, dans ses drames, dans ses Essais sur Claude et Néron, dans son Commentaire sur Sénèque, dans ses additions à l’Histoire philosophique de Raynal, il force le ton. […] Diderot le pousse à bout jusque dans l’emphase larmoyante ou furibonde, par des exclamations, des apostrophes, des attendrissements, des violences, des indignations, des enthousiasmes, des tirades à grand orchestre, où la fougue de sa cervelle trouve une issue et un emploi En revanche, parmi tant d’écrivains supérieurs, il est le seul qui soit un véritable artiste, un créateur d’âmes, un esprit en qui les objets, les événements et les personnages naissent et s’organisent d’eux-mêmes, par leurs seules forces, en vertu de leurs affinités naturelles, involontairement, sans intervention étrangère, de façon à vivre pour eux-mêmes et par eux-mêmes, à l’abri des calculs et en dehors des combinaisons de l’auteur. […] « Il fallait un calculateur pour remplir la place, ce fut un danseur qui l’obtint. — C’est un grand abus que de vendre les charges. — Oui, on ferait bien mieux de les donner pour rien. — Il n’y a que les petits hommes qui craignent les petits écrits. — Le hasard fit les distances, l’esprit seul peut tout changer. — Courtisan, on dit que c’est un métier bien difficile.
Seul, dans une chambre écartée, enveloppé d’un nuage de tabac, sans livres ni papier devant lui, il composait de mémoire des pièces qui se sentaient de ses lectures. […] La seule invention de Crébillon, ce fut de forcer l’un des deux ressorts de la tragédie classique, la terreur. […] Zaïre aime ; rien ne lui en fait un crime ; seule, sans appui, esclave d’un prince qui veut élever sa captive jusqu’à lui, son amour pour Orosmane est à la fois une passion et un bon sentiment. […] La surface de ce cœur semble seule troublée. […] Il fait la pièce pour une maxime, et les personnages pour la propager ; j’y vois des gens du dix-huitième siècle dont le nom seul n’est pas du temps.
À les en croire, ces cancaniers admirateurs, cela devait être un redoutable livre contre la magistrature ; et il n’y est pas parlé de magistrature une seule fois. […] Je me suis interdit de raconter le sujet du livre, dégoûté par le genre de monde qui s’y vautre ; mais ce n’est pas ce monde-là qui m’en a seul empêché. […] Je dis, enfin, qu’il n’y a plus à s’occuper de Flaubert qu’au seul cas où il changerait de système et de manière, et il n’en changera pas. […] Mais, certainement, ils éprouveront quelque chose des souffrances et des obstructions que Flaubert a dû éprouver après avoir avalé cette dangereuse érudition, qui a tué en lui toute idée, tout sentiment, toute initiative, et qui est la seule chose qu’on trouve dans son livre, vide de tout, excepté de cela. […] Elle n’est pas plus qu’autre chose dans ce livre, qui n’est pas une pensée — une seule pensée — de toutes celles-là que Flaubert pouvait y mettre !
La géométrie seule se formule en axiomes et en théorèmes. […] C’est qu’il ne s’est point fait tout seul. […] Mais il n’est pas qu’une seule façon d’y prendre part. […] Anatole France est seul de son espèce. […] Seul, le son de la voix diffère.
un jour viendra où il aura sa récompense, où il sera l’époux aimé d’une chère et noble femme à laquelle il appartiendra corps et âme et qui sera toute à lui ; or, c’est là le seul bonheur qui mérite ce nom, le seul peut-être qui vaille la peine de vivre. […] Pas moyen d’oublier un seul instant notre faiblesse et nos disgrâces. […] Son hôte (un homme riche de ce pays-là) était parti avec ses domestiques, le laissant seul avec trois chiens. […] C’est pour vous la seule manière de rendre possible une paix sérieuse entre vous et la nation russe. […] N’était la gravité du lieu, nous serions tentés de dire à notre aimable guide : « Enfin, seuls !
Je suis mon seul juge et, n’ayant rien appris, comment me garantir ? […] Une seule circonstance heureuse en rompt la note uniforme et triste : le mariage de sa fille Ondine, si tôt suivi d’une fin funeste. […] Mme Valmore se faisait illusion sur l’état de santé de sa fille ; elle ignorait — Ondine elle-même ignorait aussi — la gravité du ravage qui habitait depuis des années sa jeune poitrine et que le régime le plus exact avait pu seul arrêter ou ralentir. […] » — Le respect même du lieu saint n’en sauva pas un seul !!! […] Sainte-Beuve n’a pas publié la lettre suivante, qui lui fut adressée lors du funeste moment : « Parmi tous, vous seul, je crois, devinez l’étendue de ma douleur.
Sieyès, Barnave, Thouret, Rabaut, la plupart de ceux avec qui tout à l’heure elle mourra, n’échappent pas aux qualifications de lâche et de perfide ; Pétion, Buzot, Robespierre, seuls, la satisfont. […] Exaspérée par les événements du Champ-de-Mars, elle en vient, dit-elle, à applaudir aux derniers excès de l’Assemblée et à en désirer de plus grands comme le seul moyen d’éveiller l’opinion publique. […] La lettre à Brissot, déjà citée (du 31 juillet 92), ayant pour objet de le prémunir contre les facilités de caractère et de jugement auxquelles il était enclin, présente des indications très-particulières sur les principaux de ce groupe illustre et fraternel que de loin une seule auréole environne. […] Quel fut l’objet pour elle de cette seule, de cette tardive et déchirante passion de cœur ? […] A ceux qui citeraient Mme Roland pour exemple, nous rappellerons qu’elle ne négligeait pas d’ordinaire ces formes, ces grâces qui lui étaient un empire commun avec les personnes de son sexe ; et que ce génie qui perçait malgré tout et s’imposait souvent, n’appartenant qu’à elle seule, ne saurait, sans une étrange illusion, faire autorité pour d’autres.
Il osa désobéir à ce bon père qu’il vénérait, et seul, sans appui, brouillé avec sa famille (quoique sa mère le secourût sous main et par intervalles), logé dans un taudis, dînant toujours à six sous, le voilà qui tente de se fonder une existence d’indépendance et d’étude ; la géométrie et le grec le passionnent, et il rêve la gloire du théâtre. […] Diderot eut d’elle jusqu’à quatre enfants, dont un seul, une fille, survécut. […] Madame de Puisieux (autre erreur) durant dix années, mademoiselle Voland, la seule digne de son choix, durant toute la seconde moitié de sa vie, quelques femmes telles que madame de Prunevaux plus passagèrement, l’engagèrent dans des liaisons étroites qui devinrent comme le tissu même de son existence intérieure. […] Voltaire seul comprit ce qui était et ce qui convenait, voulut tout ce qu’il fit et fit tout ce qu’il voulut. […] On les avertit seulement que tous les chemins n’ont pour fin que le précipice ; qu’il n’y en a qu’un seul où ils se puissent sauver, et que cet unique chemin est très-difficile à remarquer.