L’empire romain, avec lequel la conquête arabe a tant de rapports, a fait de la langue latine l’organe de l’esprit humain dans tout l’Occident, jusqu’au XVIe siècle.
de Fontenelle, que toute l’Histoire Grecque & Romaine.
Pour citer des exemples, la décadence romaine (tome Ier page 49) n’a pas un détail qui ne soit rigoureusement exact ; la barbarie mahométane ressort de Cantemir, à travers l’enthousiasme de l’historiographe turc, telle qu’elle est exposée dans les premières pages de Zim-Zizimi et de Sultan Mourad.
Et voilà comment Veuillot est déshonoré, le pape humilié et l’Église romaine plongée dans un bien grand chagrin, par cette belle comédie du xixe siècle jouée contre le catholicisme par un petit de la Révolution !
Telle devoit être l’illusion des Grecs & des Romains aux comédies de Ménandre & de Térence, non à celles d’Aristophane & de Plaute. […] Les seuls Romains ont eu le double avantage de faire de grandes choses, & de les célébrer dignement ». […] On se plaint que notre histoire est froide & seche en comparaison de celle des Grecs & des Romains. […] La liberté romaine avoit chéri l’autorité des rois ; elle ne put souffrir l’autorité des grands. […] C’est ainsi que les Romains ont passé de la liberté à la licence, de la licence à la servitude.
Dans les élégies et les sonnets de Louise Labé, Eros apparaît, certes, tout couvert des armes que la Renaissance pilla pour lui dans l’antique arsenal grec et romain ; cependant la douce Muse Lyonnaise conserve à l’amour ces sentiments délicats et quasi-mystiques dont il a plu au Moyen Âge de le douer. […] Il fait le tour des tombeaux, et à haute voix, par trois fois il appelle, vainement, les esprits des grands Romains dont la poudreuse cendre gît sous le faix de tant de murs écroulés. […] Ami des lettres et des sciences, il a laissé divers traités d’archéologie grecque et romaine. […] Tous les souvenirs antiques, toute la pompe romaine ne parvinrent point à les séduire. […] L’espoir qui me remet du jour au lendemain, Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée, Et, me venant promettre une autre destinée, Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.
Il devient très-évident que le public français revient plus que jamais aux Grecs et aux Romains, dont on l’avait vu si dégoûté il y a quelques années.
De tout temps des pères ont pleuré la mort d’un enfant ; de tout temps des mères ont senti les déchirements de la séparation, quand elles ont marié leurs filles : et ces pères, ces mères aimaient autant leurs enfants, étaient aussi dignes de pitié que l’orateur romain et que notre marquise.
Puis pendant des siècles, une à une, les provinces qui entreront dans l’unité nationale recevront la langue de France, et mêleront à son esprit leur génie original : ce sera la rude et rêveuse Bretagne, réinfusant dans notre littérature la mélancolie celtique, ce sera l’inflexible et raisonneuse Auvergne, Lyon, la cité mystique et passionnée sous la superficielle agitation des intérêts positifs ; ce sera tout ce Midi, si varié et si riche, ici plus romain, là marqué encore du passage des Arabes ou des Maures, là conservant, sous toutes les alluvions dont l’histoire l’a successivement recouvert, sa couche primitive de population ibérique, la Provence chaude et vibrante, toute grâce ou toute flamme, la Gascogne pétillante de vivacité, légère et fine, et, moins séducteur entre ces deux terres aimables, le Languedoc violent et fort, le pays de France pourtant où peut-être les sons et les formes sont le mieux sentis en leur spéciale beauté.
Une cathédrale gothique présente un ordre admirable dans sa naïve irrégularité ; nos édifices français modernes, auxquels on a si gauchement appliqué l’architecture grecque ou romaine, n’offrent qu’un désordre régulier.
Je répons : nous voïons bien dans les ouvrages de saint Augustin, qui mourut l’an quatre cens trente de l’ère chrétienne, que dès son temps les théatres commençoient à se fermer dans la plûpart des villes de l’empire romain.
Le dernier monument que nous ayons de l’éloquence romaine, est le panégyrique d’un de ces barbares.
Dans l’histoire de l’antiquité grecque et romaine l’érudition est sûre et discrète. […] Autant les Grecs aspirent à la spéculation, autant les Romains sont portés vers l’action. […] Sous les ornements brillants dérobés à la Grèce, le vieux génie romain se devine toujours, comme se retrouve dans son architecture, sous la décoration « plaquée », des colonnes, des chapiteaux, des plates-bandes et des frontons grecs, la voûte étrusque et romaine. […] Ce sont précisément les poètes les plus originaux de l’antiquité romaine. […] Mais la tradition romaine l’emporta sur l’hellénisme.
madame, toutes nos langues modernes sont sèches, pauvres et sans harmonie, en comparaison de celles qu’ont parlées nos premiers maîtres, les Grecs et les Romains. […] On pourrait donc dire, pour formule, que Pierre Corneille est un esprit normand, drapé de magnanimité romaine et d’emphase espagnole. […] Les Romains et les Anglais sont des tempéraments sanguins et musculaires. […] On dit l’école romaine, l’école florentine, l’école vénitienne, l’école lombarde, et tout le monde entend ce que cela signifie, et voit aussitôt par l’imagination autant de groupes et de types différents. […] Par ces œuvres, la sculpture romaine s’acheminait aux sales imaginations de l’Hermaphrodite et des Priapées.
II Un soir d’automne de l’année 1812 je visitais pour la première fois Rome, ville presque déserte alors par l’enlèvement du pape et par la dispersion des pontifes de l’Église romaine, que Napoléon avait emprisonnés à Savone. On ne rencontrait dans les rues que des soldats français du général Miollis, gouverneur de Rome, et des bandes de pauvres moines affamés portant la pioche ou roulant la brouette pour gagner quelques baïoques (monnaie romaine) en déblayant les monuments de l’antiquité de leur propre ville, à la solde des barbares étrangers. […] Ces belles apparitions de la nature, parmi ces laideurs et ces vulgarités de la misère romaine, attestaient encore, dans cette noble et forte race, la puissance éternelle de la sève qui produisit jadis tant de gloire et en qui germe toujours la beauté.
Il n’en faut plus douter aujourd’hui : dès la ruine de la civilisation romaine, après que les Francs eurent pris possession de la Gaule. […] Dès que les Francs se furent mêlés aux Gallo-Romains, eurent pris la langue latine, dès le milieu du vie siècle, il y eut assurément des chants épiques en latin, « en langue romaine rustique », comme il en continua d’éclore en tudesque pour les Francs non romanisés de l’Austrasie. […] Par eux, les aptitudes poétiques de la race celtique, engourdies sous la domination romaine par l’élégant rationalisme de la littérature savante, comme par la pression monotone de la protection administrative, furent réveillées : les âmes, préparées déjà par le christianisme, violemment secouées par l’instabilité du nouvel état social, recouvrèrent le sens et le don des symboles merveilleux ; et dans la famine intellectuelle que produisit la ruine des écoles, l’aristocratie gallo-romaine, sujette des rois francs et compagne de leurs leudes, associée aux fêtes comme aux affaires, quitta sa délicatesse et ses procédés raffinés de pensée et de langage : elle retourna à l’ignorance, au peuple ; elle se refit peuple, avec toute la rudesse, mais avec toute la spontanéité du génie populaire.
On exposerait, d’ailleurs, à des représailles Corneille et Racine, qui, eux aussi, accommodent l’histoire à leur temps et font parler des Romains en théologiens et des petites-filles de Jupiter en chrétiennes. […] Je n’ai rien retrouvé en moi de ce qui m’avait fait goûter ce vernis de politique révolutionnaire, d’antiquité romaine fraîchement apprise, répandu sur une pièce que Chénier, appelé à un poste dans l’instruction publique, écrivit, dit-on, pour faire preuve de latinité. […] Mais entre Britannicus et Tibère il n’y a de commun qu’un sujet romain.
Où en serait l’humanité sans la conquête d’Alexandre, sans la conquête romaine ? […] M. de Maistre a dit que la majesté est toute romaine. […] Le Jupiter olympien et la Pallas grecque, Salamine et le Pirée, le Pnyx et l’Acropole ont leur majesté ; mais cette majesté est vraie et populaire ; au lieu que la majesté romaine est montée, machinée.
Elle tomba avec grâce selon la tragique formule du cirque romain, et sa chute même fut une attitude. […] Elle étalait, sur elle, tous les colliers et tous les diamants de son écrin, comme les impératrices romaines qui s’enveloppaient de pourpre pour mourir. […] Le caprice parisien jette ses maîtresses dans l’oubli, comme le sultan jetait autrefois ses odalisques au Bosphore. « Elle dansa deux jours et elle plut », dit, dans son style de marbre froid, l’épitaphe d’une danseuse antique, tracée de ce pouce romain qui ordonnait au gladiateur de mourir.
Il était fils du Philadelphe, lequel donnait des couronnes d’or aux ambassadeurs romains, le même à qui le pseudo-Aristée attribue à tort la version des Septante. […] Ce fut peut-être cette assiduité à fréquenter la bibliothèque d’Alexandrie qui trompa l’empereur Adrien, et qui lui fit écrire au consul Servianus : « Ceux qui adorent Sérapis sont chrétiens ; ceux qui se prétendent évêques du Christ sont en même temps dévots à Sérapis. » Sous la domination romaine, la bibliothèque d’Alexandrie appartenait à l’empereur. […] Les chevaliers romains, et les sénateurs même, n’y obtenaient pas aisément leurs entrées.
Au commencement du règne de Charles IX (1560), lors de la tenue des États à Pontoise, puis à Saint-Germain, Mézeray fait un tableau des plus animés et des mieux définis de l’air de la Cour à ce moment et des dispositions diverses qui partageaient les esprits par tout le royaume : Or, comme l’exemple du prince transforme toute la Cour, et que le reste de l’État se règle sur elle, la reine mère penchant du côté des huguenots pour récompense de la faveur qu’elle avait reçue de l’Amiral, le calvinisme était la religion à la mode, et il semblait que celle de l’Église romaine eût une vieille robe qui ne fût plus en usage que pour les bonnes gens. […] Il y avait dans le royaume, sans compter les libertins et les athées qui n’étaient pas en petit nombre, trois sortes d’esprits… Et il considère ces trois sortes d’esprits, les uns acharnés à la destruction de la religion romaine, les autres à sa défense, et « quelques-uns, tenant le milieu, qui n’eussent pas voulu la détruire, mais seulement y réformer certains abus ».
Annibal, à neuf ans, avait juré aux Romains une haine éternelle. […] C’est ainsi qu’il construit son Tibur selon le rêve d’une médiocrité dorée ; mais, si vous êtes riche, il travaille sur d’autres frais ; il vous proposera les colonnes, les marbres, les galeries avec dôme de cuivre doré ou terrasses en plomb, tout un ordre de fabriques à la romaine : « Et je veux que tout cela soit éloigné l’un de l’autre dans un grand espace, et joue avec l’eau, le gazon et les plus beaux chênes. » Je ne veux, par ces citations, que rendre le sentiment qui circule dans tout ce qu’a écrit le prince de Ligne sur les jardins.