C’est ainsi que le cardinal traita tous les grands et les hommes en place qui étaient, ou qu’il regardait comme ses ennemis.
ses artères sonores retentissent autour de son cerveau, comme le marteau sur l’enclume ; ses paupières convulsives s’élèvent et s’abaissent sans permettre à l’œil de voir ni de regarder. […] Par malheur, il a regardé vivre les autres, il n’a pas vécu lui-même. […] Et, quand nous contestons les services rendus par l’Académie, ce n’est pas que nous la regardions comme irrévocablement inutile, loin de là ! […] Si les héros qu’il nous montre ne sont d’aucun pays ni d’aucune race connue, la foule indifférente ne prendra pas la peine de les oublier : elle ne les regardera pas. […] La foule se presse au parterre, les femmes jeunes et parées envahissent les loges ; le rideau se lève ; l’acteur entre en scène ; on n’écoute pas, on regarde.
Je le regardais, avec une admiration émue et craintive, s’avancer de son pas lourd et las. […] Sur le visage à la fois rude et bon était répandu un air de grandeur et de politesse et, comme je le regardais, mon battement de cœur redoublait. Ce vieux monsieur assis à coté de moi sur l’impériale de l’omnibus et qui tendait ses trois sous au conducteur, c’était Victor Hugo en personne, qui, lui aussi, me regardait, bonhomme, paternel et olympien. […] Il y parviendra sûrement, puisqu’il a pu, à regarder vivre Balzac, ne pas se laisser étourdir et ne rien perdre de sa faculté critique. […] Au mur, en son cadre doré, le portrait de son père la regarde.
Le voyant l’a regardée en face. « Cette Bête, nous dit-il, était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme des pieds d’ours, sa gueule comme la gueule d’un lion, et le dragon lui donnait sa force. […] C’est pour cela sans doute qu’elle aimait beaucoup à regarder les statues. […] Il faut des images à regarder, des croix à baiser ». […] Il affectait de regarder le libéralisme comme une bassesse indigne d’un officier. […] « Je regarde, dit-il, à l’histoire des littératures, et je vois que les chercheurs d’effet ont eu la durée non pas d’une génération, mais d’une mode ; et vraiment ce n’est pas la peine de se tant tourmenter pour une telle immortalité.
Et il y avait encore un réaliste, un homme qui a le don de voir et qui prend plaisir à regarder, un observateur très curieux, et très sagace, encore qu’au regard un peu court et à l’horizon un peu restreint. […] Même sans en boire, si, jeune, vous vous regardez dans son limpide miroir, vous vous voyez vieux ; si, vieux, vous vous regardez dans ses eaux fantastiques, vous vous voyez jeune. […] Ils regardaient les tableaux ! […] J’avais cette fleur d’automne à regarder, à respirer, à voir croître doucement, entourée de mes soins. […] Maury, dans le personnage de Marèze, le fils (car j’ai un correspondant qui regarde comme criminel de dire : le fils Marèze) a été admirable.
Que si l’on quitte Froissart pour regarder nos autres chroniqueurs, la différence est plus sensible encore. […] Il n’était point permis aux parents ou amis d’en approcher, de leur donner des larmes, ou même de les regarder longtemps. […] Que l’on y regarde bien, jamais chez une nation qui a joui de la liberté, les lettres ne se sont abaissées qu’avec cette liberté même. […] Une autre production que l’on peut regarder comme une dépendance des romans, ce furent les fables milésiennes. […] Regarde sur quel point le sang du Christ brille au firmament : une goutte de ce sang me sauvera.
Il ne restait qu’à les regarder et à les peindre du dehors, tels qu’ils se montraient en public, et c’est à quoi se bornaient les poètes qui vivaient de leurs dons, et qui les avaient à la fois pour protecteurs et pour lecteurs. […] L’anecdote regarde Chapelain, pourtant la plus haute tête d’alors. […] Aux grands cœurs donnez quelques faiblesses, Si l’on regarde la variété des genres, Boileau en a-t-il borné le nombre, lui qui admet quelques genres morts avec le vieil esprit gaulois ? […] Ne regardons pas les fautes : où le bien l’emporte, le mal vient de la faiblesse humaine ; de même, où le mal l’emporte, le bien est de hasard. […] Regardez bien l’endroit imité.
Cros, naturellement, ne les regarda que le jour où il fut question de les remettre aux mains de Mme Tresse pour qu’elle imprimât le Coffret. […] Un petit vieux casse-noisette me regarda derrière de soupçonneuses lunettes, derrière un tiroir de ghetto, rue Bonaparte ou rue des Saints-Pères. […] Je regardais la feuille et j’y vis un poème en vers libres, ou typographié tel, poème en prose ou en vers libres, selon le gré, très directement ressemblant à mes essais. […] Elle se frotta les yeux et sortit, pour regarder la façade de la vieille maison qui se répercutait encore, comme en un miroir d’étain poli, dans le calme canal rectiligne et muet. […] Chemin faisant, non seulement il regardait fort les belles filles, mais aussi il écoutait et notait leurs chansons.
Notre temps n’est pas aussi positif que l’assurent des gens qui le regardent de haut. […] Pour qu’ils produisent de l’illusion, il faut maintenant les regarder avec la lumière artificielle. […] Le peintre se rend, par exemple, dans une société ou à un repas où il est convié; il regarde autour de lui, remarque la tête de l’amphytrion, la tournure de quelque jeune fille assise à côté de lui. […] On aime mieux regarder une toile peinte seulement d’après les yeux, librement et franchement. […] Grâce à l’indifférence avec laquelle on regarde tout ce qui touche à la littérature, les libraires et les imprimeurs de là-bas peuvent piller les écrivains d’Espagne tout à leur aise, et ce public d’au-delà de l’Océan demeure stérile pour la prospérité de la littérature ibérique.
… les portraits officiels, je sais ce que c’est maintenant. » Mercredi 1er août Le fer à gaufres, à oublies, à toutelots, ces trois fers, servant à faire les vieilles pâtisseries de la Lorraine, et que je regardais dans la cuisine, de Jean-d’Heurs, on me dit qu’on n’en fabrique plus, et que dans les successions et les ventes des antiques familles, on se les arrache. […] Dimanche 25 novembre Bracquemond a été invité, un jour, par le procureur impérial, à venir regarder le bourreau toucher chez lui son argent, à l’effet de voir sa main. […] » et je crois, en me disant cela, qu’elle regarde Léon Daudet. […] Daudet sort, pour calmer son fils, qu’il entrevoit prêt à batailler, et revient bientôt avec une figure colère, et accompagné de Léon, disant, que son père avait une tête si mauvaise dans les corridors, qu’il a craint qu’il se fît une affaire, et je regarde, vraiment touché au fond du cœur, le père et le fils, se prêchant réciproquement la modération, — et tout aussi furieux, l’un que l’autre, en dedans.
Lorsqu’on regarde le temps où Max Jacob était un écrivain libertin qu’un dieu inconnu faisait souffrir, dieu que, quelquefois, il entrevoyait et qui, par habitude, pouvait lui sembler être le dieu des juifs, le juif libertin d’alors était déjà le chrétien d’aujourd’hui. […] Puissant, attentif à l’harmonie des gestes et méprisant d’égale façon le bestiaire contre lequel il combat et le César qui, là-haut, regarde. […] Pendant que je ferme mes mains durcies et que j’ai faim, et que les affamés regardent par ma fenêtre, J’ai un ennemi, qui, après le repas, a des hoquets, qui fume son cigare et qui devient gras ; Pendant que je maigris toujours, je le regarde manger mon bien… J’ai un ennemi : Mon Dieu, pourquoi m’as-tu créé avec lui, pourquoi as-tu fait de moi une dualité… Délivre-moi, mon Père, purifie-moi, tue cet ennemi en moi, déchire-moi !
À y regarder de près, c’est bien la tragédie du xviie siècle qui, malgré ses « artifices », a cédé le moins aux habiletés, aux contingences matérielles ; et c’est pourquoi la vérité durable y resplendit aujourd’hui encore, simple et nue10. […] À y regarder de près, le siècle fut extraordinairement riche en individualités ; mais les plus grands esprits se soumirent spontanément à la discipline de la raison universelle ; ils sacrifièrent à la société, à un idéal d’autorité, non pas leur vigueur, mais leurs petites « opinions particulières » ; ce n’est pas lâcheté, c’est, je le répète, un sacrifice. […] Eux, ils s’acharnaient au présent, sans sortir de la formule usée ; ils démolissaient, faisant œuvre nécessaire mais en soi inféconde ; lui, il regardait à l’avenir ; ils avaient le savoir ; il avait la foi ; eux demandaient des réformes ; Rousseau portait en lui la Révolution, un monde nouveau. […] De la Montagne Sainte-Geneviève, du Panthéon où repose Hugo, le prophète, allez aux galeries de l’Odéon où se feuillettent par milliers les livres nouveaux, puis, par le quartier des Écoles, descendez au quai Voltaire, flânez en bouquinant, et, passant la Seine, remontez par le Louvre, le Théâtre-Français, le Palais-Royal, le quartier du Temple jusqu’au Père-Lachaise ; redescendez par le Faubourg Saint-Antoine à la place de la Bastille, et enfin, du haut des tours de Notre-Dame, ou des jardins où furent les Tuileries, regardez le soleil se coucher derrière l’Arc de Triomphe ; et vous revivrez en raccourci toute l’histoire de Paris, ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité.
Tant qu’il ne s’occupait que des lettres, il ne pouvait se séparer d’elle et la regarder assez à distance pour se dire : « Et moi aussi je vaux autant que toi, ou mieux que toi. » On restait dans la religion du passé.
Je n’ose presser l’avenir ni forcer les présages ; je ne veux pas regarder au plus ou moins de ressemblance ; je m’en tiens à cette pieuse et enthousiaste invocation par laquelle un fidèle, un croyant saluait à un commencement d’année la patrie absente : « (Boitsfort, 1er janvier 1856)… Oh !
Les courtisans ne réfléchissant pas sur la connexion intime qui doit exister entre tous les préjugés, espéraient tout à la fois se maintenir dans une situation fondée sur l’erreur, et se parer eux-mêmes d’un esprit philosophique ; ils voulaient dédaigner quelques-uns de leurs avantages, et néanmoins les conserver ; ils pensaient qu’on n’éclairerait sur les abus que leurs possesseurs, et que le vulgaire continuerait à croire, tandis qu’un petit nombre d’hommes jouissant, comme toujours, de la supériorité de leur rang, joindraient encore à cette supériorité celle de leurs lumières ; ils se flattaient de pouvoir regarder longtemps leurs inférieurs comme des dupes, sans que ces inférieurs se lassassent jamais d’une telle situation.
Conclusion La perfectibilité de l’espèce humaine est devenue l’objet des sourires indulgents et moqueurs de tous ceux qui regardent les occupations intellectuelles comme une sorte d’imbécillité de l’esprit, et ne considèrent que les facultés qui s’appliquent instantanément aux intérêts de la vie.
Qu’au surplus, si les voiles obscurs délicats ou suggestifs dont nous croyons parées ces grâces du nord ne soient que les taches de la lunette où nous regardons, où les interférences de nos cils qui clignent, importe-t-il ?
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C’est lorsqu’Armide s’avance noblement au milieu des rangs de l’armée de Godefroy, et que les généraux commencent à se regarder avec des yeux jaloux qu’Armide est belle.
Mais quoique nous n’aïons pas travaillé beaucoup à perfectionner nos instrumens militaires, et quoique nous aïons si fort négligé l’art de les toucher qui donnoit tant de consideration parmi les anciens, que nous regardons ceux qui exercent cet art aujourd’hui, comme la partie la plus vile d’une armée, nous ne laissons pas de trouver les premiers principes de cet art dans nos camps.
Mme de Staël, ce Diderot-femme et qui, parce qu’elle était femme, valait mieux que Diderot, a, offert le même spectacle que Diderot, dont Mme Necker disait, sans regarder sa fille : « Il n’eût pas été si naturel, s’il n’avait pas été si exagéré. » Mlle Delphine Gay, qui a presque failli être Corinne Gay, mais que l’esprit, l’esprit grandi et trempé, comme un acier, dans la vie, a sauvé du vertige, au bord du ridicule, Mlle Delphine Gay, cette de Staël, blonde et belle, et qui faisait des vers, trois supériorités qui eussent passionné, jusqu’à la petitesse de la jalousie, la grande âme de Mme de Staël, mais qui n’en restera pas moins inférieure à Mme de Staël, malgré ces trois supériorités, Mlle Gay, née à Aix-la-Chapelle, fut baptisée, dit-on, sur le tombeau de Charlemagne et élevée à l’ombre de ce cap Misène, peint par Gérard, qui, alors, projetait sa cime lumineuse sur toutes les imaginations.
…, Mme Augustus Craven est une dentelière de métaphysique sentimentale, à la manière des femmes qui s’analysent sans cesse et, moralement, se regardent perpétuellement l’ombilic.