. — Le rôle de la critique. — Le lancement d’un livre. — Les prix littéraires. — La réclame et la vente. […] Voilà pourquoi le rôle que l’amour y joue, et, je le répète, la place qu’il y tient se présentent à leurs yeux désabusés comme un rôle et une place de convention, une sorte d’usurpation sentimentale et littéraire où la vérité n’a rien à voir, un mensonge pour les dames. […] Figaro n’est pourtant pas un type, mais un rôle. […] On publie aujourd’hui des volumes sur n’importe quelle personne ayant joué un bout de rôle dans la tragédie du passé. […] Et alors la question se pose : Quel est le rôle de l’érudition dans l’histoire ?
Ce point de vue lui sembla d’autant plus indiqué, que jamais les lettres n’avaient, en apparence, joué un si grand rôle ; que jamais on ne leur avait imputé une action si puissante. […] Ainsi le rôle du Métromane est assurément conçu d’une manière idéale, et n’est pas une représentation de la nature. […] La parole était pour eux une partie de la profession qu’ils remplissaient dans la société ; il fallait parler suivant son rôle et non suivant son sentiment. […] Plusieurs magistrats se trouvèrent au niveau du rôle qu’ils avaient à remplir, et développèrent avec sagesse de hautes pensées et de vastes considérations. […] Au milieu des crimes et des calamités publiques, la littérature ne put jouer qu’un rôle bien secondaire.
Alexandre de Russie et Napoléon, quand ils voulurent employer l’alliance à conquérir l’empire du monde, la détournèrent de son rôle. […] Son rôle est de simplifier, puis de synthétiser. […] Un humoriste a son rôle très important et voire auguste à jouer, parmi les maîtres de la pensée active. […] Il a un rôle considérable dans toute notre activité, un rôle perpétuel dans le quotidien détail de notre existence. […] Il organise, rapidement, de petites comédies où le protagoniste a son rôle ; et les comparses ne sont pas négligés.
Ce qui est probable aussi c’est que l’intermédiaire qui rapprocha les deux poètes fut sans doute Catulle Mendès qui, entre les divers collaborateurs du Parnasse, jouait véritablement le rôle de Mercure. […] Une fois la part faite aux justes récriminations de l’égoïsme, l’éducateur n’est-il pas récompensé de son sacrifice quotidien par la conscience du rôle qu’il accomplit et de la mission qui lui est confiée ? […] Caillaux a gardé bon souvenir de ce maître « bienveillant et charmant » qui chargeait un des élèves de la comptabilité des pensums, rôle qui eût dû échoir à M. […] Funck-Brentano, en nous exposant, en leurs détails les plus exacts et les plus circonstanciés, la vie et le rôle du fameux contrebandier. […] Il s’agissait là de la première chorégraphie de Vaslav Nijinski, qui dansait lui-même le rôle du faune.
Ce faisant, loin de troubler l’ordre établi, il y concourt, son rôle étant de transmuer en inquiétudes intellectuelles et morales les appétits de la brute innocente et par conséquent de créer un mouvement vers des sphères plus hautes. […] je comprends… Ton rôle n’est pas de modifier les individus à qui tu t’adonnes. […] Il m’est arrivé quelquefois de jouer, au grand ébahissement des hommes, le rôle de ton patron et je puis t’affirmer qu’ils n’y ont vu que — du feu. […] Tout de même, si les hommes pouvaient se douter du rôle de volant entre deux raquettes qu’ils jouent, ils feraient une mine singulière… Mais on le leur révélerait qu’ils n’en voudraient rien croire… Et le Bon Dieu qui cite du Jean-Jacques ! […] Jacques, Protée, vous savez mes projets ; je n’ai donc pas besoin de vous indiquer votre rôle dans la comédie qui va se jouer ici. — Je recommande seulement à Tranquille de ne pas se montrer trop rustique.
Bédier n’est pas encore achevée à l’heure où j’écris ces lignes ; mais on peut en prévoir la conclusion ; il lui reste à montrer, à côté de l’Église instigatrice, le rôle de l’imagination populaire dans la légende, et celui de l’individu dans la création des poèmes ; déjà elle explique fort bien l’occasion déterminante, le mécanisme et une partie de la tendance ; sans doute elle dira bientôt l’esprit général, le souffle qui anima tant de poètes, et la fusion de l’idée nationale avec l’idée religieuse. […] Il réduit le rôle de la beauté ; il discipline l’individu ; il développe la science ; n’ayant pas le paganisme de l’Italie, il appuie sur la raison plus que sur l’instinct, et légitime par elle (selon les tempéraments) la religion, la morale, la politique ou l’art. […] Avec une naïveté qui serait touchante si elle n’avait été si funeste, on étudia chez Homère, plus encore chez d’autres qui ne le valent pas, la formule de l’épopée : le choix du sujet, la conduite de l’action, le rôle du merveilleux, la qualité des personnages, les épisodes, la forme métrique, tout cela fut établi en règles précises12 ; et la forme tua l’esprit. […] Remarquons dès à présent que la primauté intellectuelle de la France, indiscutable pendant les deux premières ères, nous apparaît beaucoup moins nette au cours de la troisième ; pour diverses raisons : cette époque est trop près de nous pour que nous puissions en voir l’essentiel ; la science des faits les plus minimes nous cache le mouvement des idées ; enfin, le développement d’autres nationalités (et surtout de la nation allemande) a créé une littérature européenne où la France ne règne plus en maîtresse absolue ; mais son rôle au xxe siècle n’en demeure pas moins très particulier, même là où elle ne fait que reprendre des méthodes ou des idées allemandes. — On peut dire de la France qu’elle n’est pas mystique, ni passionnée, ni artiste par intuition ; elle n’est pas créatrice, mais elle est l’éducatrice ; logique, elle dégage des idées latentes ce qui est essentiel, et le met en lumière pour tous ; pratique, elle le réalise ; puis, éprise de justice et de vérité jusqu’au fanatisme, elle constate la première l’insuffisance des réalités présentes, et dans son généreux enthousiasme elle semble se déchirer elle-même, en formulant l’angoisse générale, comme elle avait trouvé hier la formule de l’ordre et de la discipline.
Il a bien senti que, pour caractériser le rôle de Hardy, il lui fallait remonter jusqu’à Garnier, jusqu’à Jodelle, jusqu’aux derniers Mystères. […] On sait le rôle qu’y jouèrent les jésuites, comme aussi dans ce mouvement de Contre-réformation, ainsi qu’on l’appelle, qui ne ramena ni l’Allemagne ni l’Angleterre au catholicisme, mais qui peut être empêcha l’Autriche et la France de passer au protestantisme. […] Il leur parut enfin que ce poète franchissait les limites, qu’il étendait les droits de son art jusque sur des objets qui devaient lui demeurer étrangers, qu’il sortait insolemment de son rôle d’« amuseur public ». […] Et c’est pourquoi, si l’on avait besoin d’une preuve nouvelle de la nature des intentions de Molière, on la trouverait dans les discours et dans le rôle de celui de ses personnages que l’on nous donne comme son « truchement ». […] Pour la même raison, parce qu’il en est et qu’il est sensible à la gloriole d’en être, il exagère volontiers le rôle de la noblesse dans l’état monarchique.
Aussi est-ce à la littérature de chaque peuple qu’on s’habituera de plus en plus à demander le secret du rôle qu’il a joué dans le monde. […] On lui fait ainsi un premier tort, qui est de laisser ignorer le grand rôle qu’elle a joué hors de nos frontières. […] Encore une fois, je ne nie point tout ce que ce rôle, qui est le principal de la pièce, fournit à M. […] Il fut un Philinte aimable, s’essayant au rôle d’Alceste, content d’écrire des scènes qui délassent sans émouvoir. […] C’est aussi toute la pièce où il joue le principal rôle.
Sur les grands acteurs du débat, Desmarets, Perrault, Fontenelle, La Motte, Mme Dacier, Terrasson, il est impossible d’être plus attentif et équitable, plus agréablement instructif, et il ne néglige pas non plus les moindres, les seconds et troisièmes rôles, les Bouhours, les de Callières, etc.
L’acteur qui change chaque soir de costume, de visage et de rôle, doit éprouver quelque chose de semblable.
Quel rôle est plus touchant au théâtre que celui de Tancrède ?
Il n’est pas aisé d’y réussir : on voit des hommes de talent, au théâtre, présenter des personnages qui sont à tour de de rôle de plates photographies et des types abstraits, qui tantôt parlent le verbiage insignifiant de leur condition dans le monde, et tantôt proclament la théorie profonde de l’auteur sur leur caractère.
Peu à peu l’Académie prit conscience de son rôle : elle entama l’examen des écrits de ses membres pour en tirer des règles et des exemples de l’emploi de la langue ; elle fit à Malherbe mort l’honneur d’examiner certaines de ses odes.
» Et un peu après : « Non, je m’étais trompé : il vient seulement lui faire répéter ses rôles. » Une phrase qui revient toutes les dix pages, c’est celle-ci : « A tel moment, si j’avais osé, je l’aurais eue. » Cela devient très comique à la longue.
Il lui suffit de nous mettre constamment sous les yeux le type et le rôle pour que de leur discord surgisse le comique.
Son imagination grise et froide n’en reçoit ni la chaleur ni le reflet, et par la nature gourde de son esprit, comme dirait Montaigne, il est condamné au triste rôle d’écrire des gaités sans gaîté, le plus fatigant des esclavages !
L’auteur de la Grande Italienne l’a vu, et c’est l’honneur de son esprit. « Le grand rôle de Grégoire VII — dit-il — est le célibat maintenu dans l’Église.
Désintéressé donc et historien, Livet a compris et expliqué avec profondeur le rôle d’Arthénice.
Comme il est mort avant la naissance de la république, dont il eût aimé la dictature encore plus que la liberté, comme il s’est agité, mais n’a pas agi, — rien n’étant plus différent de l’action politique que les vaines agitations d’un journaliste de parti, — on peut sans danger lui établir une conscience posthume irréprochable, et supposer magnifique le rôle qu’il n’a pas joué.
Il n’a rien inventé de la théorie qu’il applique sans l’avoir faite ; son rôle est mesquin.
Il a toujours fait d’elle quelque chose qui sortait du rôle intérieur, placide, intellectuel, désintéressé (et surtout désintéressé), qui est l’auguste prétention séculaire de la philosophie.
Mais, dans le roman je vois trop mademoiselle Plessy dans le rôle de la marquise de Penarvan ; j’entends trop la voix de Samson dans la voix de l’abbé Pyrmil, caricature longue, dont l’habile acteur fera une caricature courte.