Créateur d’instinct, il est rebelle implacablement aux règles livresques. » C’est toujours la même question.
Gauchie dans ses voies, mise hors des règles, qui sont la force, et hors des idées morales, qui sont l’honneur, la littérature de l’individualisme et de l’indépendance a tué l’esprit, qui, comme la mousse des vins pétillants, est toujours le résultat d’une compression.
Mais c’est là aussi la règle pour bien écrire en quelque matière que ce soit. […] C’est un besoin plus grand d’action, une révolte sourde contre les règles, un retour vague à la nature. […] Il n’était qu’une superbe affirmation du néant des règles, du besoin de la vie. […] On a brisé des règles pour en inventer d’autres, plus fausses et plus ridicules. […] Il est de règle que les barbouilleurs de lettres insultent les écrivains.
et la révolution romantique, telle qu’il la comprend et telle qu’il la définit, n’est-elle pas au lieu d’un affranchissement de règles formellement restrictives, au lieu de la pleine liberté donnée à tous, la simple substitution à un dogme étroit d’un autre dogme qui n’est pas moins sévère ? […] Ce qui est plus bizarre dans le cas qui nous occupe, c’est que, si la règle draconienne édictée par M. […] Avant Ronsard, dit-il, pas de règles, pas d’entraves, pas de liens. Depuis Ronsard — et par lui (il faut bien l’avouer), nous avons eu au contraire tout un arsenal de règles. […] Mais pour se servir de ce vers compliqué et savant, il fallait du génie et une oreille musicale, tandis qu’avec les règles fixes les écrivains les plus médiocres peuvent, en leur obéissant fidèlement, faire, hélas !
Et c’est ce que je veux dire en disant que, si le « christianisme » de Vinet est la règle intérieure de ses jugements littéraires, on peut juger pourtant comme lui, — sans être « chrétien ». […] C’est par un acte de volonté qu’entre 1620 et 1660, les Malherbe et les Boileau ont fixé, en opérant la séparation du style noble et du vulgaire, les règles ou plutôt les lois du classicisme. […] Mais ne parlons pas de « règles », si ce mot offusque quelqu’un, et puisque d’ailleurs il ne peut servir qu’à perpétuer un long malentendu. Disons au contraire qu’il n’y a pas de « règles » du théâtre, pas plus qu’il n’y en a, si l’on veut, de l’art de parler ou d’écrire. […] Notez encore que ce genre de règles contient en soi le moyen même de s’en passer, S’il y a lieu.
Changez les habitudes de conduite et de pensée : à l’instant toutes les règles de style se trouvent changées. […] Il y a là une espèce d’architecture, nouvelle, il est vrai, mais aussi vaste que l’ancienne, qui ne doit ni imposer ses règles à l’autre, ni subir les règles de l’autre, et qui, comme sa rivale, a ses beautés. […] Car les vertus et la morale varient selon les âges, non pas arbitrairement ou au hasard, mais d’après des règles fixes. […] Ce qu’elle impose en tout, c’est la règle. […] Ils s’en écartent naturellement, comme d’une mauvaise odeur ; ils font leur devoir moins pour obéir à une règle que pour suivre un penchant.
Affranchissement des règles et des traditions, « liberté », c’est-à-dire spontanéité absolue. […] Pour ne rien mettre d’emprunté dans l’esprit de son élève et respecter en lui l’homme de la nature, Rousseau refuse qu’on lui propose la moindre règle du bien et du mal. […] Qu’il y ait des règles à observer et beaucoup de précautions à prendre pour penser avec justesse, personne ne l’oserait nier, si beaucoup s’en moquent. […] Mais ne la concevant que sous forme de règle rigide, il réduit celui-ci à une abstraction. […] A l’entendre, la règle c’est la négation de la magnanimité.
En ce qui les concerne, le champ des observations est assez ample, en effet, soit qu’on s’amuse à relever les licences de leur plume à l’encontre de la logique, du bon sens et de la grammaire ; soit qu’on estime juste de dévoiler les subterfuges de signatures illusoires et de collaboration multiple au moyen desquels ils enflent démesurément leurs volumes et leurs droits d’auteurs ; soit qu’au nom d’un certain principe d’hygiène morale et d’assainissement littéraire, on proteste contre les abus d’une production sans vergogne et sans règle. […] Pour y parvenir, on suit docilement, aujourd’hui comme hier, les règles classiques (si l’on ose dire) de cette lucrative manipulation. […] sans se presser, sentencieusement et péremptoirement, notre personnage considère comme un devoir d’exposer dans toutes les règles à celui qui n’a plus qu’une minute à vivre les convenances du droit civil et les prescriptions juridiques applicables à son cas ! […] Il devrait se surveiller lui-même, s’imposer de bonnes habitudes d’esprit, une scrupuleuse attention à ne pas violer les règles élémentaires de la logique ; il devrait s’interdire le mensonge et la calomnie, présenter ses idées avec clarté, exercer par des discussions lucides et simples le jugement de ses lecteurs, à tout le moins rester fidèle aux grands principes qu’a consacrés la tradition morale de l’humanité, ne jamais glorifier la violation des lois, le faux, l’assassinat.
Mais en même temps ce grand esprit, loin de se ranger parmi les détracteurs aveugles de la réforme cartésienne, en reconnaît hautement le bienfait : il voyait de trop haut pour se contenter d’aucune solution incomplète : « Nous devons beaucoup à Descartes qui a établi le sens individuel pour règle du vrai ; c’était un esclavage trop avilissant, que de faire tout reposer sur l’autorité. […] Ainsi nous fermons l’école de la Science nouvelle aux stoïciens qui veulent la mort des sens, aux épicuriens qui font des sens la règle de l’homme ; ceux-là s’enchaînent au destin, ceux-ci s’abandonnent au hasard ; les uns et les autres nient la Providence. […] Le sens commun, la sagesse vulgaire, est la règle que Dieu a donnée au monde social. […] Comme le mal que nous voyons dans les autres nous frappe vivement, et nous reste profondément gravé dans la mémoire, il devient une règle d’après laquelle nous jugeons toujours ce qu’ils peuvent faire ensuite de beau et de bon.
La règle précise et rigoureuse, en pareil cas, est de ne pas tant raisonner sur les éventualités, et de ne point capituler tant qu’on n’éprouve pas le manque absolu de vivres et de munitions. […] Les nombreuses maisons religieuses des deux sexes n’observaient plus la règle et semblaient autant d’abbayes de Thélème.
La méthode qui veut être en règle se sent déroutée devant le génie. […] mais il a ses opiniâtretés, et dans le moment qu’il parle de remarcher aux ennemis, il songe à repasser l’Adda et dit qu’il n’y a que cela à faire… Au bout du compte, le roi doit être informé qu’il n’y a en vérité plus, comme l’on dit, personne au logis, et que sa pauvre tête s’échauffe, s’embarrasse et puis qu’il n’en sort rien. » En rabattant de ces vivacités d’esprit et de plume tout ce qu’on voudra, il reste bien démontré, quand on a lu les pièces, que Louis XIV avait raison d’être peu satisfait ; son armée d’Italie avait perdu confiance en son général et n’était plus conduite : « Je vous avais mandé, écrivait-il à cette même date à Catinat, que vous aviez affaire à un jeune prince entreprenant : il s’est engagé contre les règles de la guerre ; vous voulez les suivre et vous le laissez faire tout ce qu’il veut. » Ce n’est pas d’avoir remplacé Catinat, c’est de l’avoir remplacé par Villeroy qu’on peut blâmer Louis XIV.
De sorte que voilà un nouvel ensemble différent de l’autre par les dimensions, mais pareil en nature, partant soumis aux mêmes règles, poétique au même titre, et atteignant la beauté par les mêmes lois. […] Où sont les règles saintes des rejets et des césures ?
Il y avait antagonisme natif entre ce dieu d’équilibre et d’ordre, dont les violences même tendaient à une règle, et les puissances litaniques, habituées à l’anarchie du Chaos. […] Trois pierres gravées représentent — Prométhée mesurant le corps humain avec un fil de plomb : — Prométhée modelant le squelette : — Prométhée pesant dans une balance les membres du corps. — Images frappantes qui résument les règles de l’art si profondément scrutées par les Grecs.
De dire quand il faut s’en défier ou s’y abandonner, personne ne le peut ; ni livres, ni règles, ni expérience ne l’enseignent ; une certaine justesse et une certaine hardiesse d’esprit les font toujours trouver, sans comparaison plus libres en celui qui ne doit de compte de ses actions à personne. […] Le Maître y peut beaucoup ; il sert de règle aux autres.
Necker, en une de ses Pensées, a retracé lui-même les tourments de l’indécision, desquels l’homme indécis ne parvient souvent à sortir qu’en s’en remettant au hasard ou à des règles bizarrement inventées, mais qui ont au moins le mérite d’être fixes. Vieux, dans sa retraite, ayant eu l’occasion d’être présenté, à Genève, au Premier consul qui partait pour la campagne de Marengo, et de s’entretenir avec lui, il en rapporta surtout l’impression de cette force de volonté, de ce qui lui manquait à lui-même, et il écrivit cette note : Ce qui distingue éminemment le Premier consul, c’est la fermeté et la décision de son caractère ; c’est une superbe volonté qui saisit tout, règle tout, et qui s’étend ou s’arrête à propos.
Les règles que l’esthétique générale pourra tirer de ses travaux seront contredites par les règles extraites des travaux d’un de ses émules.
Cependant c’est une règle sans exception que chaque être organisé s’accroisse selon une progression si rapide, que la terre serait bientôt couverte par la postérité d’un seul couple, si des causes de destruction n’intervenaient pas. […] Il semble généralement que ce soient les œufs ou les petits des animaux qui doivent souffrir le plus des causes diverses de destruction : cette règle n’est pas sans exception.
Cette contraction, naturellement, atteint aussi bien la règle avec laquelle on mesure l’objet que l’objet lui-même. […] Comment règle-t-on l’une sur l’autre deux horloges situées en des lieux différents ?
En un mot, madame des Ursins est le parfait contraste de madame de Maintenon ; jamais parallèle historique n’a prêté autant que celui de ces deux dames à cette heureuse ou malheureuse symétrie, si conforme aux règles de l’Académie et de la rhétorique.
Observer (comme fit Mérimée) les règles de la plus élégante honnêteté, et cela sans croire à rien d’absolu en morale, c’est une manière de protestation contre la réalité injuste ; et c’est une protestation contre la réalité douloureuse que de ne pas daigner se plaindre devant les autres.
Verlaine, rendue seulement à sa pleine valeur poétique, par la suppression de toutes règles vaines et du stérile désir de raconter une histoire.
Chacun de ses vers, dans son intention, devait être à la fois une image plastique, l’expression d’une pensée, l’énoncé d’un sentiment et un symbole philosophique ; il devait encore être une mélodie et aussi un fragment de la mélodie totale du poème ; soumis avec cela aux règles de la prosodie la plus stricte, de manière à former un parfait ensemble, et comme la transfiguration artistique d’un état d’âme complet.