L’histoire romaine, froidement ramenée à un enchaînement serré de causes et d’effets, n’excite plus les mêmes enthousiasmes irréfléchis que présentée comme un traité de morale en action. […] Quand Victor Hugo se présente, on lui préfère Dupaty, un de ces immortels comme il y en a tant, morts de leur vivant. […] Quant aux autres prix, ils se sont multipliés de telle façon, par suite de legs et de donations, que l’examen des volumes présentés aux suffrages des académiciens est devenu pour eux une charge très sérieuse et que le total des sommes distribuées chaque année s’élève aux environs de cent mille francs.
Dans ce désordre à mes yeux se présente Un jeune enfant couvert d’une robe éclatante, Tels qu’on voit des Hébreux les prêtres revêtus. […] Quelquefois à l’autel Je présente au grand-prêtre ou l’encens ou le sel ; J’entends chanter de Dieu les grandeurs infinies ; Je vois l’ordre pompeux de ces cérémonies. […] Il aimait la gloire présente, et il ne savait pas l’attendre.
Le prince de Conti lui donna accès auprès de Monsieur frère unique du roi Louis XIV ; Monsieur le présenta au roi et à la reine mère. […] Un jour, Baron vint lui annoncer qu’un comédien de campagne, que la pauvreté empêchait de se présenter, lui demandait quelques légers secours pour aller joindre sa troupe. […] Exclamation qui peut faire voir qu’il réfléchissait sur tout ce qui se présentait à lui, et qu’il étudiait partout la nature en homme qui la voulait peindre.
Évitons ce travers et ne présentons jamais comme burlesque un homme d’esprit original que goûta si constamment M. de Lamoignon. […] Quand l’édition présente, qui est en voie de s’écouler, aura fait son temps, il serait bon de penser à celle qui devra être définitive.
Dans les affaires, chacun pense et imagine pour eux, ils n’ont qu’à prendre le bon parti ; et, dans toutes les choses qu’on leur présente et qu’on leur dit, ils n’ont qu’à tâcher à démêler la vérité et à ne plus changer quand ils l’ont une fois saisie. […] Après des années d’un fidèle attachement, il eut encore la douleur de la perdre, et, à soixante-douze ans, il put se dire une dernière fois avec amertume : Je n’ai plus personne qui m’aime par préférence à tout ce qu’il y a dans le monde et que j’aime de même, à qui je puisse dire tout ce que je pense et les jugements que je fais des personnes et des choses qui se présentent à mes yeux et à mon esprit ; je perds une amie avec qui je passais ma vie.
Je sais que vous n’avez pas un corps de troupes suffisant pour présenter la bataille au prince de Bade, s’il est en plaine devant vous ; mais vous n’êtes point assez faible pour lui laisser prendre Landau sans y mettre quelque obstacle, ce qui se peut par plusieurs moyens différents… (Et après un aperçu de ces moyens :) Tout ce que je vous mande n’est que pour vous donner différentes vues, et vous mettre en état de faire un plan qui ne peut être autre que de secourir Landau en cas que je vous envoie suffisamment de troupes… Mais, supposé que je ne le puisse pas faire et que je sois obligé d’abandonner cette place à sa propre défense, ne pourriez-vousc, en ce cas, faire quelque entreprise qui puisse donner lieu à une diversion, ou du moins empêcher le mauvais effet que produirait l’inaction dans laquelle vous demeureriez ? […] Cette lettre écrite à une heure décisive lui était restée très présente, et, bien vieux, il aimait à en rappeler textuellement les dernières paroles : Peut-on servir sans plaire ?
Et d’abord il a fallu lui créer une enfance, une première jeunesse ; car l’histoire ne le présentait que déjà mûr et homme fait, approchant de la quarantaine. […] Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.
Les esprits y éprouvent depuis quelque temps un malaise singulier ; et, au milieu d’un calme plus grand que celui dont nous avons joui depuis longtemps, l’idée de l’instabilité de l’état de choses actuel se présente à beaucoup d’esprits. […] La grandeur et la singularité du spectacle que présente le monde de nos jours absorbe trop l’attention pour qu’on puisse attacher beaucoup de prix à ces curiosités historiques qui suffisent aux sociétés oisives et érudites.
En se cherchant dans la mêlée, les deux héros immolent à l’aveugle tout ce qui se présente devant eux : des guerriers qui avaient jusque-là échappé y trouvent le terme de leur destin. […] Le lendemain lord Carteret (depuis comte de Granville) tint son premier lever : Swift s’y présenta pour rendre ses devoirs au vice-roi, qu’il avait fort connu en Angleterre dix ans auparavant.
Mme Récamier songea aussitôt à présenter Mme Valmore au choix de M. de Montmorency ; mais de sa part à elle, on se heurta à une délicatesse. […] La méritant si peu, je ne la regrette pas plus que je ne l’avais souhaitée et demandée. » Son oncle Constant Desbordes, le peintre, lui écrivait en septembre, pour l’avertir qu’on était fort surpris au ministère de la maison du roi qu’elle ne se fût point présentée ou quelqu’un de sa part, car il y avait neuf mois que cette pension datant de janvier avait commencé de courir ; il avait dû déjà la gronder auparavant de paraître se soucier trop peu d’une faveur, « qui, disait-il, n’a rien que d’honorable ».
» Mais cette insinuation, qui avait son côté flatteur, aurait pu se présenter dans des termes plus congrus et moins effarouchants. […] La première fois que Jomini se présenta au nom de son nouveau souverain à l’état-major autrichien, il fut reçu d’une façon mortifiante et un peu (sauf respect) comme un chien dans un jeu de quilles.
Il n’est pas jusqu’à cette vogue religieuse du moment qui ne semble jusqu’à un certain point devoir se rapporter à lui : sans doute, en ce qu’elle aurait de tout à fait sérieux et de profond, lui-même il n’en accepterait pas l’honneur, et il l’attribuerait à une cause plus haute ; sans doute, en ce qu’elle offre d’excessif et de blessant, il aurait le droit d’en décliner la responsabilité, lui qui a surtout présenté la religion par ses aspects poétiques et aimables ; mais enfin il est impossible de ne pas remarquer que la vogue religieuse, dont le Génie du Christianisme fut le signal, est encore, après toutes sortes de retours, la même qui va accueillir la Vie de Rancé. […] Je me plais à le dire ici comme je ne manquerai pas de le répéter ailleurs, si le coup de la Grâce pure, de ce qu’on appelle de ce nom, est quelque part évident, c’est dans la pénitence présente ; sur ce front de Rancé la foudre d’en haut a parlé seule et par ses propres marques.
Honoré Balzac 103, à le prendre au complet, dans sa vie inégale et diverse, dans ses habitudes et ses accidents d’humeur, dans ses conversations non moins que dans ses écrits, nous présente une des physionomies littéraires les plus animées, les plus irrégulières de ce temps, et telle qu’avec ses nombreuses originalités et ses contrastes elle ne pourrait être vivement exprimée que par quelque curieux collecteur d’anecdotes et d’historiettes, par quelque Tallemant des Réaux, amateur de tout dire. […] Jeune, il est venu à Paris, vers l’an 1783 ; il s’est fait présenter dans les meilleures sociétés, chez Mme d’Egmont, chez Helvétius, qui pourtant était mort depuis plusieurs années ; mais peu importe l’anachronisme.
Il y a une manière très-usitée de prendre Pascal et de le présenter à grands traits dans son ensemble ; nous tous plus ou moins, écrivains de ce siècle, lorsque nous avons parlé de lui à la rencontre, nous sommes tombés dans cette manière-là. On voit en lui du premier coup d’œil un esprit supérieur, au-dessus de tous les préjugés de la société et des opinions humaines, autant que Molière pouvait l’être, mais à la fois un esprit inquiet, ardent, mélancolique, sans cesse aux prises avec lui-même, passionnément en quête de la vérité et du bonheur ; et alors l’idéalisant un peu, ou plutôt en faisant un type, comme on dit, un miroir anticipé de notre âge, on le présente comme le héros et la victime dans la lutte du scepticisme et de la foi, celle-ci triomphant provisoirement en lui, de même que le scepticisme, un siècle plus tard, l’eût emporté.
Depuis quelque temps, et le premier feu de l’âge, la première ferveur de l’esprit et des sens étant dissipée, le souvenir de son enfance, de ses maîtres, de sa tante religieuse à Port-Royal, avait ressaisi le cœur de Racine ; et la comparaison involontaire qui s’établissait en lui entre sa paisible satisfaction d’autrefois et sa gloire présente, si amère et si troublée, ne pouvait que le ramener au regret d’une vie régulière. […] Cela, au contraire, présenté disproportionnément, nous eût caché le vrai sujet, le Dieu un et spirituel, invisible et qui remplit tout. — Peu de décors dans Racine ; et il a raison au fond : l’unité du Dieu invisible en ressort mieux.
Il est arrivé qu’il y a eu, pour les ouvrages de l’esprit, une critique alerte, quotidienne, publique, toujours présente, une clinique chaque matin au lit du malade, si l’on ose ainsi parler ; tout ce qu’on peut dire pour ou contre l’utilité de la médecine se peut dire, à plus forte raison, pour ou contre l’utilité de cette critique pratique à laquelle les bien portants même, en littérature, n’échappent pas. […] Il ne reste pas dans son centre ou à peu de distance ; il ne se retranche pas dans sa cour, ni dans sa citadelle, ni dans son académie ; il ne craint pas de se mésallier ; il va partout, le long des rues, s’informant, accostant ; la curiosité l’allèche, et il ne s’épargne pas les régals qui se présentent.
Aucun poème épique ne présente une plus touchante contradiction entre l’ambition et le cœur dans la destinée de deux adolescents qui s’aiment, pendant que leur destinée s’abhorre ! […] « Être enfant avec les enfants, homme avec les hommes, vieux avec les vieillards ; se proportionner aux trois âges de la vie humaine, c’est le secret de plaire à tous ; et cependant il y a pour les mortels une quatrième condition de bonheur plus difficile : « S’accommoder de sa fortune présente !
Seulement, on me pardonnera de garder une secrète préférence pour le Discours, comme plus propre à me conduire, et comme faisant sortir pour tous, de l’étude de l’histoire, la vérité qu’il nous importe le plus d’avoir présente, à savoir que les vertus privées font seules la grandeur publique. […] Son génie n’est pas d’ailleurs de ceux qui s’imposent une méthode, ni qui se privent d’une pensée, parce qu’elle se présente hors de son lieu.
L’idée de placer la France du dix-septième siècle à la tête de l’Europe intellectuelle, de faire accepter de tout le monde l’appellation du Siècle de Louis XIV, de présenter à l’esprit humain, comme sa plus parfaite image, l’esprit français personnifié dans nos écrivains, nos savants et nos artistes, cette idée-là ne vint à Voltaire ni d’un besoin public, ni d’une invitation de la mode. […] La pensée qui lui fait prendre la plume est de railler des abus ; mais s’il s’en présente un par trop criant qui le prenne aux nerfs, il éclate, et l’on entend le cri de la douleur vraie parmi des moqueries.
« Cette illusion nous suffit », déclare Jean Moréas (Notes sur Schopenhauer — Revue indépendante, mars 1885) « et puisque l’homme ignorera toujours l’essence propre des choses et ne connaîtra que la manière dont elles affectent son organisation, ne serait-il pas prudent d’accepter sur la beauté de la femme le phénomène que l’instinct amoureux nous présente, sans chercher à pénétrer le noumène indéchiffrable ? […] Tous les poètes qui voulaient trancher par une intransigeance individualiste, et ne rien tirer que de leur propre fonds, vivent sur une substance commune et présentent un air de famille.
Or, sitôt qu’il est question de révolution, s’agirait-il d’un enfantillage, nous nous reportons à cette gigantesque cataracte et jamais aux changements bien plus lents que présente l’histoire antérieure, le XVIe et le XVIIe siècle, par exemple. […] Les histoires révolutionnaires ont le tort de présenter la destruction des formes anciennes comme le grand résultat du progrès de l’humanité.
Il m’est tombé par hasard sous la main une brochure contre l’éclectisme, où Descartes est présenté comme un imbécile qui, pour tout problème philosophique, s’est demandé « si la raison n’est pas une chose qui déraisonne », Kant comme un sot qui ne sait pas s’il existe, ni si le monde existe, Fichte comme un impertinent qui prétend « que lui, Fichte, est à la fois Dieu, la nature et l’humanité », tous les philosophes, enfin, comme des fous pires que les magiciens, les alchimistes et les astrologues. […] Un sage des premiers siècles eût-il jamais pu croire que l’avenir était à cette secte méprisée, insociable, convaincue de la haine du genre humain, qui ne se présentait à l’imagination qu’avec de nocturnes mystères et d’odieuses orgies ?