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862. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Car j’ai dit que j’y reviendrais, et voici précisément la place et le moment d’y revenir. […] La langue, grandie et devenue forte comme les petits de la lice, se retourna férocement contre sa poésie et lui prit sa place au soleil, jusqu’au moment impatienté, que j’ai signalé au commencement de ce chapitre, où le poète, malgré la langue qu’il avait parlée, à force de Poésie, ressuscita !

863. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Le poète du Paradis perdu tient une place trop éclatante dans l’Histoire littéraire de son pays pour ne pas crever les yeux, comme un soleil. […] Il s’est pris d’admiration pour Milton, à part de son siècle et aussi à part des théories du nôtre, et de cela — de ces deux à-partés — il est sorti un livre droit et simple, grave et renseigné, très heureusement pensé par places, et partout écrit avec une ampleur un peu traînante et un peu lourde, mais de cette lourdeur, que je ne crains pas, qui tient à l’étoffé du style et que l’on pourrait comparer à celle d’une draperie de velours.

864. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Inférieur à certaines places dans le détail, qui n’a pas tout le fini que le détail doit avoir sous la plume des maîtres, il s’en revanche sur la hauteur de la pensée et sur l’amplitude de la tendance. […] Déjà meilleur parce qu’il est évêque, parce qu’il est apaisé, parce qu’il n’est plus dans la position exécrablement fausse d’un homme pris dans l’étau de la petite place qu’il occupe et des grandes facultés qu’il a, son effrayant Tigrane est, en somme, de l’étoffe dont sont faits les Hildebrand et les Montalte, quoiqu’il soit certainement moins grand que Grégoire VII et Sixte-Quint, et qu’ici l’imagination de l’inventeur soit glorieusement battue par l’histoire.

865. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

… Le dix-neuvième siècle de l’en-bas, du petit journal bien infect, de l’homme de lettres plus ou moins avarié, de l’actrice, de l’atelier, du café et des divers argots que l’on parle en ces endroits-là ; le dix-neuvième siècle qui n’existe qu’à Paris, et encore à cinq ou six places dans Paris, entre quinze cents drôles et quinze cents drôlesses à peu près, le dix-neuvième siècle qui, par ses affinités et ses ressemblances morales avec le dix-huitième siècle, attire le plus l’imagination de MM. de Goncourt. […] Ainsi donc, s’il faut nous résumer sur le livre de MM. de Goncourt, — peu d’invention, — pas de composition, — des caricatures pour des caractères, — des pages détachées, qui pleuvent les unes sur les autres et qui ressemblent à un feuilleton perpétuel, des événements et des détails sans aucune originalité, — des conversations notées peut-être sur place, — des mots tenus en réserve, comme la poire pour la soif… de son public, que l’on croit avoir altéré d’esprit en lui en faisant boire trop depuis longtemps ; voilà le roman de MM. de Goncourt.

866. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Les Mémoires d’une femme de chambre » pp. 309-321

Mais le grand observeur, dont un pareil sujet chaussait admirablement les facultés incomparables, mais cette tête qui pensait à tout ne pensa point précisément à ces Mémoires d’une femme de chambre, qui auraient si bien trouvé la place d’un chef-d’œuvre de plus parmi les chefs-d’œuvre de La Comédie humaine, et il nous a laissé, à nous qui vivons après lui, l’occasion de bénéficier, si nous pouvons, de cette distraction de son génie. […] Son livre n’a pas même le genre d’esprit qui dit : « Je me moque de tout, pourvu que je place mes mots. » Il n’a rien à placer.

867. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Le biographe d’Edgar Poe ne le dit pas et peut-être ne s’en soucie guère ; mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au génie pour qu’il soit vraiment le génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poëte et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment, — n’est-il pas vrai ? […] V Et, en effet, l’originalité vraie d’Edgar Poe, ce qui lui gardera une place visible dans l’Histoire littéraire du dix-neuvième siècle, c’est le procédé qu’on retrouve partout dans ses œuvres ; aussi bien dans son roman d’Arthur Gordon Pym que dans ses Histoires extraordinaires, et qui fait du poëte et du conteur américain ce qu’il est, c’est-à-dire le plus énergique des artistes volontaires, la volonté la plus étonnamment acharnée, froidissant l’inspiration pour y ajouter.

868. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Je garde de ce goût singulier plusieurs marques, entre autres, deux cils brûlés et une petite place ronde, toute nue, dans les cheveux. […] Le soir, à table, pour me punir, on changeait mon couvert de place. […] Les murs, salis, étaient d’une vague teinte de beurre, et l’humidité bossuait, par places, le plancher grisâtre. […] … m’écriai-je, en quittant ma place pour m’agenouiller devant elle et l’entourer de mes bras. […] Je me maintenais facilement à la première place de ma classe et j’avais toujours Catherine en face de moi.

869. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

La colonne de la place Vendôme est un monolithe de cet inestimable minéral humain. […] … et, à sa place, vous trouvez deux décrotteurs ! […] on inaugure des décrotteurs à leur place. […] Je lis à la page 224 : « La politique n’a aucune place dans le peuple des étudiants. […] Tout poète, c’est-à-dire toute âme supérieure est au premier rang dans l’ordre de préséance de la Chute ; c’est là sa place privilégiée et la meilleure de toutes les places pour la plus parfaite ascension de son cri !

870. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Peyrat, Napoléon (1809-1881) »

Les images riches et correctes sont frappantes de vérité… Voilà bien l’art de 1833, l’art d’enchâsser savamment l’image dans le vers et de tout combiner pour l’effet, et le son, et la figure, et le rythme, et la coupe, et la place, et l’enjambement.

871. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 234-235

Alors sa ressource étoit de changer son lit de place ; en moins d’un an il lui fit faire le tour de sa chambre, en cherchant toujours un endroit pour le mettre à l’abri de la pluie.

872. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Chardin  » p. 143

Il s’est mis à la tête des peintres négligés, après avoir fait un grand nombre de morceaux qui lui ont mérité une place distinguée parmi les artistes de la première classe.

873. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Vacance de la place de secrétaire du prince de Conti. — 1655-1656. […] On double le prix de certaines places. […] Le grand fauteuil de bois occupait un des angles de la boutique, et Molière s’emparait de cette place. […] Je me reprocherais de les abandonner. » La place fut donnée à M. de Guilleragues. […] Il refusa de prononcer la sentence ; et Despréaux, choisi à sa place, donna gain de cause au champion de La Fontaine.

874. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

par là des jardins de maraîchers, des files de maisons, des villas, des terrasses, des places, des équipages, des chariots, des charrettes, des ouvriers matineux, des vagabonds attardés, des ivrognes, des porteurs à jeun ; par-delà toutes les formes de la brique et du mortier, puis sur le pavé bruyant, qui force les gens juchés sur la banquette à se bien tenir. […] Il voit si bien tous les effets du vent, il se met si complétement à sa place, il lui suppose une volonté si passionnée et si précise, il tourne et retourne si fort et si longtemps les habits du pauvre homme, il change le coup de vent en une tempête et en une persécution si grandes, qu’on est pris de vertige, et que tout en riant on se trouve en soi-même trop de trouble et trop de compassion pour rire de bon cœur. […] Ôtez les personnages grotesques qui ne sont là que pour occuper de la place et pour faire rire, vous trouverez que tous les caractères de Dickens sont compris dans deux classes : les êtres sensibles et les êtres qui ne le sont pas. […] High up in the steeple of an old church, far above the light and murmur of the town and far below the flying clouds that shadow it, is the wild and dreary place at night : and high up in the steeple of an old church, dwelt the Chimes I tell of. […] And a breezy, goose-skinned, blue-nosed, red-eyed, stony-toed, tooth-chattering place it was, to wait in, in the winter-time, as Toby Veck well knew.

875. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Note relative à l’article Villehardouin. » p. 527

En admettant même que cette perfection fût chose très fugitive et seulement approximative, que ce ne fût en quelque sorte qu’une velléité de perfection, il suffit qu’elle se rencontre ou se conçoive en cette période de Philippe Auguste à saint Louis pour que l’expression de jargonner ne soit plus à sa place et qu’il la faille retirer comme une injustice et une impertinence des époques modernes postérieures.

876. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Jules (1825-1901) »

Jules Barbier et leur donnent une place fort distinguée parmi les œuvres des poètes contemporains.

877. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hannon, Théodore (1851-1916) »

Je voudrais citer quelques-unes des pièces de cet artiste étrange : Paysage lorrain, Automne, Vieux coin, Novembre, la Grosse Femme ; faute de place, je me borne à transcrire ce très rajeunissant et très bizarre triolet qui ferme le livre : Salamalec de gai sonneur Onc ne sera sonnet d’alarme !

878. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 109

Son Traité de la vérité de la Religion Chrétienne lui donne un rang distingué parmi les défenseurs de la Religion, & son Livre de l’Art de se connoître soi-même, le place parmi les vrais Philosophes & les bons Littérateurs.

879. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 395

S’ils ne manquoient pas d’invention & souvent de naturel, ils ne seroient pas indignes de la place qu’ils occupent dans la belle édition des Poëtes Latins, donnée par Barbou.

880. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 563-564

Nous ajoutons qu’elle a fait encore un Livre de Conseils, où celui de se guérir de la démangeaison d’écrire auroit pu trouver place.

881. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Préface »

Quoique la littérature française tienne pour nous, Français, la plus large place dans la littérature de notre temps, et que cet ouvrage soit plus particulièrement consacré à la littérature française, cependant, quand, dans les autres littératures contemporaines, marquera, à tort ou à raison, une œuvre ou un homme, nous les regarderons par-dessus leur frontière… À quoi bon, d’ailleurs, parler de frontière ?

882. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Une phrase bien faite donne à chaque mot une place telle qu’une simple conjonction ne saurait bouger sans que l’effet total diminue. […] … » Mais, s’ils ont passé, c’est pour revenir, pour s’asseoir à la place méritée qui doit demeurer la leur. […] Il choisit, pour les mettre à cette place de lumière, les mots qui donnent la tonalité au morceau poétique. […] Eh bien, ces vers occupent la place qui était due légitimement à de petits faits vrais. […] Taine n’ait pas donné à leur place l’impression que lui ont causée, à lui, artiste aux nerfs tendus, à la sensibilité vibrante, les textes authentiques qu’il rapporte.

883. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

La pierre, à ses yeux, n’est pas tout à fait pierre tant qu’elle n’est pas à sa place normale ; en retombant à cette place elle vise à se compléter, comme un être vivant qui grandit, et à réaliser ainsi pleinement l’essence du genre pierre 86. […] La position de chaque objet s’explique par les mouvements automatiques de la personne qui couche dans la chambre, ou par les causes efficientes, quelles qu’elles soient, qui ont mis chaque meuble, chaque vêtement, etc., à la place où ils sont : l’ordre, au second sens du mot, est parfait. […] Ainsi, qu’on se place en bas ou en haut de la série des animaux, on trouve toujours que la vie animale consiste 1° à se procurer une provision d’énergie, 2° à la dépenser, par l’entremise d’une matière aussi souple que possible, dans des directions variables et imprévues. […] Sur notre personnalité, sur notre liberté, sur la place que nous occupons dans l’ensemble de la nature, sur notre origine et peut-être aussi sur notre destinée, elle projette une lumière vacillante et faible, mais qui n’en perce pas moins l’obscurité de la nuit où nous laisse l’intelligence. […] Sur la plus grande partie de sa surface, à des hauteurs diverses, le courant est converti par la matière en un tourbillonnement sur place.

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