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456. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

« Au reste, monsieur, soyez sûr que je ne publierai rien sur le comte Alfieri qui puisse vous être désagréable, et surtout à son admirable amie, aux pieds de laquelle je vous prie de mettre mes respects. […] Quel ne fut pas son étonnement quand ce même Sismondi, si implacable quelques mois auparavant contre le tyran du monde, semblable à Benjamin Constant, son compatriote et son modèle, passa soudainement aux pieds de l’exilé vaincu de l’île d’Elbe, se fit nommer au conseil d’État pour que son ami Benjamin Constant ne fût pas seul dans l’apostasie de sa haine, et écrivit à la comtesse des lettres embarrassées et inexplicables pour expliquer cette politique sans convenance et sans transition ! […] … J’espère que le duc de Broglie pourra être ici le 1er de février ; alors nous irons tous à vos pieds, et je sortirai de mon exil de Pise. […] On se sentait illustré en y posant le pied. […] Sa taille était gigantesque comme sa prétention ; il avait plus de six pieds.

457. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Boulay-Paty, Évariste (1804-1864) »

Il appartenait, par bien des côtés, à l’ancienne école poétique en même temps qu’il avait un pied dans la nouvelle.

458. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ginisty, Paul (1855-1932) »

Ginisty est un lettré délicat ; il sait, par exemple, peindre, avec une recherche qui va jusqu’à la préciosité, « dans un boudoir tendu de satin crème », la Parisienne en peignoir de foulard, les pieds nus dans de petites mules cramoisies et fumant, le dos au sofa, des cigarettes de tabac jaune.

459. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Il arrive au paradis des oiseaux ; puis il aborde au pied d’une montagne qui est celle de l’Enfer. […] Étant arrivés au milieu d’un bois, ils le tuèrent et l’enterrèrent au pied d’un arbre. […] Elle la recouvrit de terre et elle y planta plusieurs pieds d’un très beau basilic de Salerne. […] Elle avait le délire, on la saigna trois fois du pied. […] Elles passent, droites, les traits figés, la poitrine en saillie, le pied sûr.

460. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Roland de la porte » p. 203

Roland de la porte un crucifix de bronze, sur un fond de velours bleu imitant le relief. tableau de 2 pieds de haut, sur un pied un tiers de large.

461. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Le lecteur cherche en vain des yeux la route intermédiaire, étourdi de ces sauts prodigieux, se demandant par quel miracle le poëte au sortir de cette idée est entré dans cette autre, entrevoyant parfois entre deux images une longue échelle de transitions que nous gravissons pied à pied avec peine, et qu’il a escaladée du premier coup. […] … Tenez la chaise. —  Je vais mettre le pied sur ces yeux que voilà. (On tient Glocester pendant que Cornouailles lui arrache un œil et met son pied dessus.) […] Un matelot débarqué dans l’île, Stéphano, lui donne du vin ; il lui baise les pieds et le prend pour un dieu ; il lui demande s’il n’est pas tombé du ciel et l’adore. […] Pour sa main, sa taille et son pied, il n’y a rien à en dire, mais il n’y en a point de pareils.

462. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Si je mets le pied hors de chez moi, j’ai du sang jusqu’à la cheville. […] J’aime, comme vous, à voir la nature avec goût, avec amour, avec un œil pur et sensible ; et cet œil, qui est ma lumière et mon trésor, je le sens s’éteindre et m’échapper lorsque je mets le pied dans le monde. […] Elles produisent sur moi l’effet de cet idiome grec, dont les sons charmaient le malheureux Philoctète dans son désert. » Son âme, son imagination étaient montées dans le tous-les-jours à un très haut ton ; ses lettres, sa conversation étaient d’un pittoresque inépuisable : il y versait son âme en images continuelles ; il poétisait tout à coup : « L’air de ce globe n’est pas bon ; ce soleil-ci n’est pas le véritable, je m’attends à mieux. » Quelquefois un peu de singularité, un geste grandiose qui faisait sourire, quand lui-même il était en robe de chambre et en bonnet de coton : « J’habite dans la lune, je crache sur la terre. » « Je rêve en ermite et en pauvre ermite, mes pieds appuyés sur mes vieux chenets du temps du roi Dagobert et du bon évêque saint Éloi. » Puis à côté de ces airs antiques, le plus souvent des nuances toutes fraîches et charmantes. […] Il commençait à faire nuit quand je suis arrivé… Nous sommes revenus pied par le bois de Boulogne.

463. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Mais j’arrive a vos articles, et je me défends, — je vous combats pied à pied. […] J’ai mis les pieds dans le plat lourdement en rappelant que c’était une invention romaine, alors nouvelle, et que l’aqueduc d’à présenta été refait sur l’ancien. […] Il lisait souvent pour moi, il faisait des extraits, des copies ; et un jour qu’il m’avait communiqué un peu de son humeur promeneuse, je lui dus d’entreprendre et d’accomplir avec lui à pied le pèlerinage de Port-Royal des Champs.

464. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Je foule aux pieds ses jugements ignorants et précipités par des passions d’emprunt…. ; et tant que santé et volonté me dureront, je serai Rhadamanthe, puisque Dieu m’y a condamné. » Ainsi parlait de lui-même, en style de Saint-Simon, ce représentant du xvie et du xviie  siècle dans le xviiie , cette nature d’homme à la Montluc et à la d’Aubigné, vénérable jusque dans sa cruauté patricienne, cette volonté de fer dans un corps de fer. […] Mirabeau en est le despote. » Et plus loin, çà et là, en raison de ce despotisme de Mirabeau, voilà que l’Assemblée constituante entière, ce faisceau d’hommes éminents et purs, lui est mise sous les pieds. […] Pour les détails de sa vie et de ses aventures guerrières, il fallut à son fils beaucoup de soin et d’attention à se les procurer : car ce n’était pas un homme qu’on questionnât, fier, imposant à tous, de près de six pieds, la tête haute et soutenue par un col d’argent qui remplaçait des muscles hachés, « un de ces hommes qui ont le ressort et, pour ainsi dire, l’appétit de l’impossible, et à qui la nature a déféré le commandement. » Dans sa vieillesse, même quand il racontait ses guerres, il ne parlait jamais de lui que pour désigner à l’occasion le jour et le combat où, disait-il, il avait été tué. […] Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.

465. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

En 1760, au Grandval, chez le baron d’Holbach, partagé entre la société la plus séduisante et les travaux de philosophie ancienne qu’il rédigeait pour l’Encyclopédie, ces circonstances d’autrefois lui revenaient à l’esprit avec larmes ; il remontait par la rêverie le cours de sa triste et tortueuse compatriote, la Marne, qu’il retrouvait là, sous ses yeux, au pied des coteaux de Chenevières et de Champigny ; son cœur nageait dans les souvenirs, et il écrivait à son amie, mademoiselle Voland : « Un des moments les plus doux de ma vie, ce fut, il y a plus de trente ans, et je m’en souviens comme d’hier, lorsque mon père me vit arriver du collège, les bras chargés des prix que j’avais remportés, et les épaules chargées des couronnes qu’on m’avait décernées, et qui, trop larges pour mon front, avaient laissé passer ma tête. […] On comprendra, d’après de telles circonstances, comment celui des philosophes du siècle qui sentit et pratiqua le mieux la moralité de la famille, qui cultiva le plus pieusement les relations de père, de fils, de frère, eut en même temps une si fragile idée de la sainteté du mariage, qui est pourtant le nœud de tout le reste ; on saisira aisément sous quelle inspiration personnelle il fit dire à l’O-taïtien dans le Supplément au Voyage de Bougainville : « Rien te paraît-il plus insensé qu’un précepte qui proscrit le changement qui est en nous, qui commande une constance qui n’y peut être, et qui viole la liberté du mâle et de la femelle en les enchaînant pour jamais l’un à l’autre ; qu’une fidélité qui borne la plus capricieuse des jouissances à un même individu ; qu’un serment d’immutabilité de deux êtres de chair à la face d’un ciel qui n’est pas un instant le même, sous des antres qui menacent ruine, au bas d’une roche qui tombe en poudre, au pied d’un arbre qui se gerce, sur une pierre qui s’ébranle ?  […] pour appliquer ici un mot éloquent de Diderot lui-même, « la statue de l’architecte restera debout au milieu des ruines, et la pierre qui se détachera de la montagne ne la brisera point, parce que les pieds n’en sont pas d’argile. » L’athéisme de Diderot, bien qu’il l’affichât par moments avec une déplorable jactance, et que ses adversaires l’aient trop cruellement pris au mot, se réduit le plus souvent à la négation d’un Dieu méchant et vengeur, d’un Dieu fait à l’image des bourreaux de Calas et de La Barre. […] Le Roy ; le baron d’Holbach, au ton moqueur et discordant, près de sa moitié au fin sourire ; l’abbé Galiani, trésor dans les jours pluvieux, meuble si indispensable que tout le monde voudrait en avoir un à la campagne, si on en faisait chez les tabletiers ; l’incomparable portrait d’Uranie, de cette belle et auguste madame Legendre, la plus vertueuse des coquettes, la plus désespérante des femmes qui disent : Je vous aime ; — un franc parler sur les personnages célèbres ; Voltaire, ce méchant et extraordinaire enfant des Délices, qui a beau critiquer, railler, se démener, et qui verra toujours au-dessus de lui une douzaine d’hommes de la nation, qui, sans s’élever sur la pointe du pied, le passeront de la tête, car il n’est que le second dans tous les genres ; Rousseau, cet être incohérent, excessif, tournant perpétuellement autour d’une capucinière où il se fourrera un beau matin, et sans cesse ballotté de l’athéisme au baptême des cloches ; — c’en est assez, je crois, pour indiquer que Diderot, homme, moraliste, peintre et critique, se montre à nu dans cette Correspondance, si heureusement conservée, si à propos offerte à l’admiration empressée de nos contemporains.

466. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Et moi en pantalon à pieds, je lui tends d’abord doux gros souliers de chasse avec une livre de boue à chaque… Vous concevez le nez qu’elle a fait, ma bourgeoise. […] La femme du libraire *** ouvrant les volets de la chambre d’Asselineau, et s’asseyant sur le pied de son lit, en disant : — « Ah ! […] Passionnée pour monter à cheval, pour conduire un panier, elle se trouve mal à la vue d’une goutte de sang, a la terreur enfantine du vendredi, du nombre treize, possède tout l’assemblage des superstitions et des faiblesses humaines et aimables chez une femme : faiblesses mêlées à d’originales coquetteries, celle du pied par exemple qu’elle a le plus petit du monde, et qu’elle porte toujours chaussé d’un soulier découvert à talon… Mal jugée et décriée par les femmes et les petites âmes qui ont l’horreur de la franchise d’une nature, elle est faite pour être aimée d’une amitié amoureuse par des contempteurs comme nous des âmes viles et hypocrites du monde. […] Il dit cela, remuant un paquet de cartes hautes d’un pied où sur chacune est une représentation d’une femme, d’un épisode de l’existence : toutes ces allégories dessinées par une main ignare du dessin, mais burlesquement fantastiques, mais bourgeoisement monstrueuses, et peinturlurées brutalement de noir et de vilain rouge, et mettant à ces images de la vie réelle, je ne sais quoi du sauvage et du macabre des figurations d’idoles des peuples primitifs et anthropophages.

467. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Pour un poète et pour un critique qui a l’expérience de la vie et qui jette sur les œuvres de la pensée le regard serein d’une maturité pleine et contenue, quelle plus belle place et quelle plus noble attitude que de faire asseoir sa renommée, en lui reployant ses longues ailes, aux pieds d’Homère et de Virgile, — de ce groupe souverain qui couronne le sommet de l’Histoire ; d’être à Virgile à son tour, par l’interprétation de son génie, ce que fut Virgile à Homère, et d’éclairer pieusement d’un flambeau le radieux guide qui conduit à travers les siècles le grand aveugle dans la nuit ! […] Il en sera de même de Sainte-Beuve, — à cinq cents pieds de Lamartine, — à cinq cents pieds en descendant ! […] Il est bien moins dans l’opinion générale un poète, un romancier, un historien qu’un critique, et c’est sur le pied du plus grand critique du dix-neuvième siècle que la Postérité l’acceptera, si les rares esprits qui la devancent et quelquefois la font, ne prennent pas la peine de l’avertir.

468. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Oui, Phébus d’un pied favorable a touché le seuil. […] Car lui-même, au sommet d’airain des cieux, est inébranlablement fondé sur un trône d’or ; et de ses pieds il marche sur la terre, et il étend sa main droite juste qu’aux bornes de l’Océan. […] Lui-même, au sommet du grand ciel, il est assis sur un trône d’or ; et ses pieds marchent sur la terre, et il a étendu sa main droite jusqu’aux bornes de l’Océan ; et la base de la terre a tremblé et ne peut supporter son courroux. […] Maint cavalier, maint homme de pied, couverts de leurs boucliers, frémissent serrés « sous l’airain éclatant de richesse ; tant, chaque jour, il arrive de trésors dans sa riche demeure !

469. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Thiers avait aussi un rôle superbe, celui d’un Washington au petit pied. […] » répond-il avec un air de mépris qui, dans le vide, toise Ibsen de pied en cap.  […] Tenez : fouillons au pied du rosier ! […] Les sombreros volent à ses pieds, on trépigne. […] » Robespierre et Couthon sont étendus au pied de la tribune.

470. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Voyez passer ce jeune homme paré avec tant de recherche : il marche sur la pointe du pied, sur sa figure épanouie se lisent également et la certitude des succès, et le contentement de soi-même ; il va au bal, le voilà déjà sous la porte cochère, encombrée de lampions et de laquais ; il volait au plaisir, il tombe et se relève couvert de boue de la tête aux pieds ; ses gilets, jadis blancs et d’une coupe si savante, sa cravate nouée si élégamment, tout cela est rempli d’une boue noire et fétide.

471. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Il était en cela conséquent avec son principe : « Si ta main ou ton pied t’est une occasion de péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux pieds et tes deux mains dans la géhenne.

472. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Ils ont vraiment péché aux faits dans les trois pieds d’eau qu’ils ont pris pour un océan historique, et le fretin qu’ils ont rapporté est assez joli, et ressemble à ces poissons rouges qu’on met en bocal. […] Grâce à Dieu et pour l’honneur de la France, en 1662 comme, plus tard, en 1789, la société française occupait plus de place dans le pays dont elle était la plus jolie gloire que les quelques pieds de l’Œil de-Bœuf ou les barrières de ce Paris devenu à son tour un Versailles, le Versailles de la Révolution !

473. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

Lionne dut tirer souvent de cette qualité de grand seigneur, qui est peut-être un vice, un parti énorme ; car, en affaires, les hommes sont subjugués par l’aisance, la largeur sceptique, les grandes manières, qui sont parfois de grandes impertinences, et un jugement qui passe à cent pieds au-dessus de toutes choses. […] Valfrey, qui sent à plein nez l’air du bureau ministériel, a l’importance dans le ton qui doit le faire accepter sur le pied d’un privilégié, possédant une érudition spéciale, — l’érudition des choses d’État, — érudition mystérieuse, presque hiératique, car, si enragé d’érudition qu’on veuille être, tout le monde n’a pas la clé du bureau où tous ces renseignements se puisent… Il n’y a que des favorisés qui pénètrent, par grâce, dans les arcanes des correspondances secrètes ; et quoique Valfrey n’ait presque rien rapporté de ces cartons, dans lesquels on l’a autorisé à pratiquer ses petites fouilles, il a l’avantage d’en revenir, et il en revient, pour y retourner !

474. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Girard, impossible, si on les admet, d’admettre l’historien grec et son œuvre sur le pied immense où M.  […] Girard est aux pieds de Thucydide et du génie grec, et, je le crains bien, n’en bougera pas.

475. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux. […] Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant !

476. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

pour ma part, je ne connais pas de livre ascétique qui donne plus le mépris du monde que ces lettres d’une femme du monde qui eut, durant ses quatre-vingts ans, le monde à ses pieds, et qui, en mourant, lui disait : « Raca !  […] Et c’était le bon sens, uniquement le bon sens, qui l’empêcha de chavirer dans la philosophie, au fond de laquelle Voltaire, le flatteur et l’irrésistible, la poussait avec des mains d’Hercule filant aux pieds d’Omphale.

477. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Toutes ces limailles pouvaient très bien rester au pied de l’étau où fut poli ce travail d’un goût laborieux. […] Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant !

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