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957. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Un peu gravé de cette horrible petite vérole philosophique, du moins il n’en mourut pas ; car il faut bien qu’on le sache, cet Arlequin d’abbé philosophe est mort en chrétien… Il a trompé son monde, comme Littré.

958. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Mais ce moralisme faux qui ne se réclame pas d’une théodicée, — une théodicée, c’est de la théologie philosophique, — ce moralisme facile à comprendre, lavé et brossé de tout mysticisme, brillant et transparent comme le vide, qui prétend n’être rien de plus, que la constatation d’un pur fait de conscience, et comment ne pas admettre un fait ?

959. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Qu’il prenne, s’il veut, Fénelon, l’auteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais qu’il ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, n’a pas cessé d’être un évêque, et sa politique n’est point tirée de l’ordre philosophique, mais de l’Écriture Sainte.

960. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé !

961. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

On se demande comment des allusions peu philosophiques, non pas même aux plaisirs de la médiocrité dorée,-mais aux excès du luxe, pouvaient se mêler à des chants accueillis dans cette société sobre et pauvre, d’où Lycurgue avait banni jusqu’aux métaux précieux.

962. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Ce père énergique était en plein, on le voit assez, dans les principes et les idées philosophiques du xviiie  siècle. […] Littré a un côté de lui-même qu’il n’a jamais laissé qu’entrevoir et qui est celui d’une poésie philosophique à laquelle, m’a-t-on assuré, il excelle. […] Littré, avec l’assentiment de tout ce qui compte dans la science, revoyait (1851) et annotait pertinemment la traduction du Manuel de Physiologie de l’illustre Mueller de Berlin, et y mettait une Préface philosophique où il assignait à la biologie ou physiologie sa vraie place et son vrai rôle dans l’ordre des sciences.

963. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Pour le premier, Dieu est une idée, produit du raisonnement philosophique, ou suggestion de l’utilité sociale : pour Rousseau, Dieu est. […] Et voilà ce qui la différencie de la morale philosophique, ce qui lui donne un caractère hautement religieux. […] Rousseau, I, Revue philosophique, juillet 1890.

964. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Ammonius Saccas, le fondateur de la plus haute et de la plus savante école philosophique de l’antiquité, était un portefaix. […] La base de notre morale, c’est l’excellence, l’autonomie parfaite de la nature humaine ; le fond de tout notre système philosophique et littéraire, c’est l’absolution de tout ce qui est humain. […] L’Espagne, au fond tout aussi libre et aussi philosophique qu’aucune autre nation, n’a pas éprouvé le besoin d’une émancipation extérieure, et croyez-vous que, si elle l’eût sérieusement voulue, elle ne l’eût pas conquise ?

965. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Et elle le rappelait surtout par la violence inouïe des sentiments, et par ce souffle de profond mysticisme qui l’élevait bien au-dessus d’un sentiment vulgaire et passager, et qui le rendait si profondément, si irrémédiablement tragique… Qu’on veuille bien relire Tristan ; et que ceux qui ont l’esprit faussé par les platitudes philosophiques tâchent à comprendre ce que signifient ces invocations de la Mort, seule réparatrice, et ces malédictions de l’Amour. — Notre maître était lui-même bien près du « Tod durch Liebesnoth ». […] J’aurais pu lancer cette phrase, que je n’ai jamais vue citée, à la tête de ceux qui avilissent précisément cet acte et son auteur, en prêtant soit à l’un, soit à l’autre, des intentions philosophiques. […] Elle est nue de tout symbolisme ; elle ne se prête peint aux interprétations philosophiques ou religieuses ; elle est conçue sans préoccupations nationales.

966. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

L’Orient Vierge de Mauclair est mieux qu’un roman fantastique parce qu’il est influencé des Rosny et les Contes dans la Nuit de Frédéric Boutet ont une tenue philosophique. […]   Mme Claude Ferval (baronne de Pierrebourg) a tenté le roman philosophique dans Le plus Fort. […] Après avoir tenté les formes les plus audacieuses et jusqu’au lyrisme dans l’Orient Vierge et aux contes philosophiques et légendaires (Les Clefs d’Or), M. 

967. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

… le roman est l’anatomie philosophique. […] L’homme est élevé dans des conditions malsaines pour son avenir intellectuel : dans sa jeunesse on le bourre, à coup de pensums, de préjugés artistiques et philosophiques ; qu’arrive-t-il ? […] L’accouplement du catholicisme et de la philosophie a produit l’éclectisme philosophique, l’accouplement du romantisme et du classique a produit l’éclectisme littéraire ; c’est l’école bourgeoise qui n’ose nier ni le passé, ni l’avenir ; c’est un parti inutile, il ne cherche rien, ne découvre rien, se traîne à la suite de tous les progrès, et les entrave. […] L’introduction, qui est très trouble, se termine par cet exposé de méthode : « Voyons d’abord quelle est la mission de l’art, puis quelle tradition esthétique nos devanciers nous ont laissée à développer. — À quelle tendance philosophique de notre époque correspond dans les arts le réalisme ? […] Hippolyte Castille qui explique à quelle tendance philosophique de notre époque correspond, dans les arts, le réalisme.

968. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

. — À quelle tendance philosophique de notre époque correspond dans les arts le réalisme ? […] Il pouvait être utile de tirer de l’oubli la poésie du moyen âge, de rendre une part d’estime à l’architecture des donjons et des cathédrales ; mais en reprenant la féodalité pour élément littéraire, les romantiques ont annulé autant qu’ils ont pu le mouvement philosophique du dix-huitième siècle, et rendu le dix-neuvième inintelligible. […] À quelle tendance philosophique de notre époque correspond, dans les arts, le réalisme ? […] En somme, sous des espèces inférieures, dans un étroit espace, ce sont toujours deux sortes de questions philosophiques, comme les questions de la théologie et de l’humanité dont il s’agit ici. […] » L’Enterrement possède ces facultés au plus haut degré : il émeut, attendrit, fait sourire, donne à penser et laisse dans l’esprit, malgré la fosse entrouverte, cette suprême tranquillité que partage le fossoyeur, un type grandiose et philosophique que le peintre a su reproduire dans toute sa beauté d’homme du peuple.

969. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

L’imagination philosophique a manié les idées et les hypothèses, comme l’imagination mythologique maniait les légendes et les dieux. […] Presque tout notre vocabulaire philosophique et scientifique est étranger ; pour nous en bien servir, nous sommes obligés de savoir le grec et le latin ; et le plus souvent nous nous en servons mal. […] Au temps de Socrate, s’il était curieux, il allait entendre les disputes et les dissertations des sophistes ; il tâchait de se procurer un livre d’Anaxagore ou de Zénon d’Éléate ; quelques-uns s’intéressaient aux démonstrations géométriques ; mais en somme l’éducation était toute gymnastique et musicale, et le petit nombre d’heures qu’ils employaient, entre deux exercices du corps, à suivre une discussion philosophique, ne peut pas plus se comparer à nos quinze ou vingt ans d’études classiques et d’études spéciales que leur vingt ou trente rouleaux de papyrus manuscrit à nos bibliothèques de trois millions de volumes. […] Quand l’écho des discours philosophiques venait faire vibrer une âme remplie de formes pittoresques, c’était pour y épurer et agrandir les figures divines. […] Même sentiment conservé ou retrouvé par l’éducation philosophique dans Virgile : Tunc pater omnpotens fecundis imbribus œtlter, Conjugis in gremium laetae descendit et omnes Magnus alit, magno commixtus corpore, fœtus.

970. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Le testament philosophique des Encyclopédistes, et notamment de Condorcet, se trouvait de fait réalisé. […] Son discours est excellent, généreux ; mais on ne peut se dissimuler que la littérature proprement dite, la poésie, y sont tenues un peu à l’étroit et, en quelque sorte, surveillées par les sciences, par l’école philosophique alors en vigueur.

971. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Un de leurs descendants, héritier de leur naturalisation universelle, le colonel Huber, à la fois homme de guerre, homme de lettres volontaire, diplomate dans l’occasion, poète quand il se souvient de ses Alpes, romancier quand il se rappelle madame de Montolieu ou madame de Staël, habite encore aujourd’hui tantôt Paris, tantôt une délicieuse retraite philosophique au bord de ce lac Léman, site préféré de cette famille. […] Rousseau, flottant à cette époque entre le christianisme réformé, le catholicisme adopté, puis répudié, le calvinisme de son enfance professé de nouveau, l’illuminisme germanique effleuré, et le scepticisme philosophique si voisin de l’athéisme, longtemps fréquenté à Paris dans l’intimité de Diderot, de d’Holbach, de Grimm, pouvait fort bien se réfugier, pour son repos, dans cet éclectisme chrétien de mademoiselle Huber qui donnait satisfaction aux diverses aspirations de sa nature, et qui lui servait de thème pour cet hymne magnifique de Platon des Alpes connu sous le nom de profession de foi du Vicaire savoyard.

972. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

L’absence d’ambitions froissées, dans Laurent, et ses goûts littéraires et philosophiques donnaient à la Toscane la sécurité qu’elle désirait. […] Après des études précieuses dans la maison du prince, son père, il vint à Rome et offrit de soutenir une joute littéraire sur vingt-deux langues et sur neuf cents questions philosophiques. « C’était, dit son rival Politien, un homme ou plutôt un être extraordinaire, à qui la nature avait prodigué tous les avantages du corps et de l’esprit.

973. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Il se pourrait néanmoins, que des Français, dans l’espoir de rendre à la tragédie un caractère philosophique, fussent tentés de la faire irrégulière, en se flattant d’obtenir pour le genre romantique, en faveur de sa nouveauté, des permissions, ou, comme on dit, des licences que le classique a perdues. […] En renonçant à la méthode philosophique d’Aristote, on a dû abjurer en même temps ses principes de littérature.

974. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

La vérité philosophique, la vérité de tous les temps et de tous les lieux, celle à laquelle toutes les sociétés humaines se reconnaissent, cette vérité qui n’a de sanction que dans l’expérience, voilà la nourriture habituelle de Rabelais. […] Rabelais n’a pas la dignité du génie ni cette délicatesse non du prédicateur, mais du philosophe qui ne va pas au-delà de la nudité toujours sévère de la vérité philosophique.

975. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Du reste, au témoignage de Racan, loin d’avoir aucun orgueil dans le privé, il faisait plutôt de fréquents retours de mépris philosophique pour les choses mêmes dont il avait le plus sujet d’être vain ; pour la noblesse, quoique la sienne fût antique ; pour la poésie même, dans les moments où il craignait d’y avoir perdu sa peine. Racan ne nous eût-il pas donné ce détail, nous l’aurions pu deviner d’après le caractère même des poésies de Malherbe, dont la principale beauté est un mélange d’autorité et de liberté philosophique.

976. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et pourtant si on l’analyse, on y peut trouver encore une conscience obscure de cette opposition et de cette hostilité qui en sont le fondement solide et lui donnent un sens philosophique. […] Pour peu que celui qui l’exerce la comprenne ou agisse comme s’il la comprenait, elle redevient une attitude vraiment philosophique et aussi vraiment morale.

977. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Il avait dix-huit ans, et déjà l’esprit philosophique, l’ardeur concentrée, la passion du vrai, la sagacité d’invention, qui plus tard devaient rendre son nom célèbre, étaient visibles pour ceux qui le connaissaient ; je veux parler de M.  […] Il faut que les questions sociales et philosophiques soient bien difficiles pour que nous ne les ayons pas résolues dans notre effort désespère.

978. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Telles, les pensées qui me revinrent, lorsque j’eus lu l’effarant poème en prose d’Akedysseril, — une histoire simple, très humaine et philosophique, une œuvre de Réel Rêve comme Tristan, — et qu’il faut, ici, saluer, œuvre Wagnérienne, — non que l’auteur ait songé, l’écrivant, un rapport aux poèmes de Wagner, — mais parce que, suivant, consciemment ou inconsciemment, la voie ouverte par notre Maître, — le comte de Villiers de l’Isle-Adam, en cette éblouissante merveille, nous a donné les émotions d’apparitions et de musiques mystiquement idéales, et vraies, par lui vécues. […] … Par un double développement génial, unique en l’histoire des hommes, Richard Wagner, artiste et philosophe, rêva, et peu à peu vit, et comprit une novation artistique et une novation philosophique ; et il apporta, en une Œuvre d’art nouveau, un nouvellement moral.

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