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937. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

« Il avait pour l’eau une horreur qui ne lui permettait pas de passer, sans une crise de nerfs, sur la Seine ou devant le bassin d’une place ». […] À quoi, s’il est permis d’ajouter que ces idées elles-mêmes n’ont pas encore épuisé toutes leurs conséquences, il est permis aussi de croire, comme nous le disions, que l’action de Lamennais n’a donc pas encore fini de s’exercer. […] Puisqu’il n’y a pas de livre, même de vers, qui ne soit un acte en quelque manière, il ne nous est pas permis de ne pas envelopper la considération de ses conséquences dans le jugement que nous en portons. […] Gumplowicz, pour qu’il nous permette quelques observations. […] Me permettrai-je d’insinuer seulement qu’au temps de M. 

938. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Le referendum, qui n’a rien d’odieux ni de choquant en lui-même, servirait, je crois, le plus souvent, à permettre au gouvernement d’en appeler du parlement au pays, de poser la question de manière à faire condamner le parlement et de ruiner ainsi l’autorité parlementaire. […] Un Jésuite était préposé à l’exercice ; après quoi les armes étaient reportées dans l’arsenal, et il n’était permis à aucun citoyen d’en garder dans sa maison…  » Tout cela est parfaitement exact et très intéressant ; mais Voltaire ne nous dit point ce qu’il en pense. […] — Mais me sera-t-il permis de former association, de former Eglise avec ceux que j’aurai remarqués qui comprennent Dieu et l’Univers de la même façon que moi ? […] C’est une question de nom : ceux que ce peuple consacrait à l’anathème n’étaient pas égorgés sur un autel avec des rites religieux ; mais ils n’en étaient pas moins immolés, sans qu’il fût permis de pardonner à un seul. […] » A M. des Essarts, 26 février 1776 : « Je ne sais pas, Monsieur, si le code nous permet d’écrire le nom d’une négresse sur un de ses tétons et celui d’un nègre sur une de ses fesses.

939. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Celle-ci encore lui a permis de satisfaire, d’une part, son goût des ensembles, et de l’autre, sa faculté de vision évocatrice. […] Chez des énervés encore, car l’absence de fixité intérieure ne leur permet pas de se soustraire à la métamorphose inconsciente que provoque une émotion répétée. […] Tout au plus, cette reconnaissance une fois faite, sera-t-il permis de chercher un principe de classement qui permette, non pas d’assigner des rangs, mais de distribuer en groupes les différentes formes de la pensée, comme les naturalistes distribuent en groupes les différentes formes de la vie animale. […] Même quand ils ont pour toujours échoué dans les faits, une puissance intacte demeure en eux qui leur permet de sentît leur souffrance avec une étrange intensité. […] Ces barbares font des mœurs que l’artiste doit subir, ils élaborent une opinion publique à laquelle son amour-propre malade ne lui permet pas d’échapper.

940. (1890) Nouvelles questions de critique

Le choix, qui d’âge en âge ou de génération même en génération, renouvelle un vocabulaire, ne lui est pas permis. […] Depuis tantôt un demi-siècle, année moyenne — s’il est permis d’appliquer ainsi la statistique à la littérature — il se publie deux cent cinquante ou trois cents romans. […] Pour l’éloquence de la chaire, on me permettra de n’y point insister. […] Renan dont il semble que l’ancienneté nous permette aujourd’hui de reconnaître le sens et de mesurer l’action. […] Paul Lenoir, — et, quand il ajoute qu’elle est « active », me permettra-t-il d’avouer que je n’entends guère ce qu’il veut dire ?

941. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Il arrive par ce moyen à la loi qui lui permet de se rendre maître du phénomène. […] On a cité des exemples analogues à celui que nous avons rappelé plus haut, et dans lesquels on s’était permis des opérations dangereuses en offrant aux condamnés leur grâce en échange. […] Il s’agit ici d’un fait particulier bien simple qui permet de suivre facilement l’évolution du raisonnement expérimental. […] Pour le savoir, je résolus de varier l’expérimentation et de placer le sang dans des conditions artificielles qui me permissent de retrouver l’oxygène déplacé. […] Pour réaliser mon expérience je cherchai donc un procédé d’expérimentation convenable qui me permît de couper les nerfs vasculaires seuls en respectant les autres.

942. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

C’est l’analyse qui nous a permis d’inventer jusqu’à des passions nouvelles et de nous les inoculer. […] Je citerai entre autres le chapitre sur La Rochefoucauld, et l’on me permettra d’y joindre le chapitre sur Boileau. […] Il ne pouvait en trouver dans son plan ; et aux œuvres qu’il lui est permis de maintenir il distribue des places bien inattendues. […] Il nous permettra de ne le point faire. […] « Nos défauts croissent en vieillissant. » Oui, si nous leur permettons de croître.

943. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Est-il permis au roman de la faire intervenir ? […] La paternité, chez lui, est un instinct, si bien dépourvu de toute idée morale, de toute lumière intelligente, que Goriot, pourvu que ses filles vinssent le voir, leur permettrait tous les désordres et probablement tous les crimes. […] » — Ce sont là des vétilles, et l’auteur du Lac a le droit de se permettre des incorrections qu’éviterait un élève de troisième. […] J’ignore ce qui s’est passé depuis : j’ignore de qui Grasset tient ce manuscrit odieux : mais ce que je sais, c’est que ni vous ni aucun des membres de cette république ne permettront des ouvrages si horribles, qui outragent également les mœurs, la religion et le repos des hommes. […] S’il était permis d’appliquer le langage des chiffres à ces douloureux souvenirs, nous dirions que l’impiété du dernier siècle était l’intérêt accumulé de deux cents ans d’esprit d’examen, réprimé ou envenimé, dans la patrie de Rabelais, qui allait être celle de Voltaire.

944. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

Fernand Gregh ne voulut point la permettre.

945. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

Il n’est permis de suivre toutes les années d’un Prince, & toutes ses actions en détail, que quand on entreprend d’écrire sa Vie en particulier ; alors on peut ne parler des affaires, que pour le faire paroître tel qu’il a été : mais en écrivant l’Histoire d’une Nation, il ne faut parler des Princes, que pour faire paroître quels ont été les différens ressorts de l’Etat.

946. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

Il n’est jamais permis d’outrer les peintures, d’affoiblir les vertus, en faisant trop sentir qu’on veut les apprécier, & de passer d’une censure trop sévere à une admiration froide qui manque toujours son effet.

947. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Si les circonstances me le permettent, je vous soumettrai mon travail avant de l’envoyer à l’imprimerie. […] Voici une de ses lettres, du 7 juin 1807, de Pescia : « Madame, « Permettez-moi de me rappeler à votre souvenir en vous envoyant les deux premiers volumes de mon histoire. […] On lui avait laissé acheter une campagne dans la vallée de Montmorency, en lui donnant des espérances trompeuses, et, au lieu de lui permettre ensuite de l’habiter, on avait confirmé l’exil à trente lieues ; c’est alors qu’elle est revenue à Coppet où j’ai passé un mois auprès d’elle. […] Sa taille moyenne n’était ni grande ni petite : la taille qui exclut la majesté, mais qui permet l’agrément ; ses cheveux étaient blonds, son front poli et divisé au milieu en deux zones légèrement arrondies, qui indiquent la facilité de l’intelligence ; ses joues d’un contour élastique, son nez un peu grossi et retroussé qu’on ne voit jamais en Italie, mais qui dans la jeunesse donne à la figure un mordant et un éveillé très propre à mordre et à éveiller le regard, sa bouche entr’ouverte et souriante, douce, fine, pleine de réticence sans malignité ; le plus beau de ses traits, c’étaient ses yeux, d’un bleu noir, larges, confiants, obéissants à sa pensée ; elle leur commandait.

948. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Le protestantisme modéré, mais pieux de Murray, contribuait à cette pacification, en donnant un gage de tolérance et même de faveur à la nouvelle religion ; tout permettait à Marie Stuart un régime heureux pour l’Écosse et pour elle, si son cœur n’avait pas eu d’autres agitations que celle de la politique. […] Il y a dans la musique une langue sans paroles, qui permet à ceux qui l’exercent ensemble de tout dire sans rien exprimer ; le sentiment vague et passionné de la voix ou de l’instrument, qui s’adresse à tous, ne peut offenser personne en particulier, mais il peut, au gré de celle qui l’entend, s’interpréter comme un hommage timide ou comme un soupir brûlant, auquel il ne manque que son nom pour devenir un aveu ; deux regards qui se rencontrent dans ce moment d’extase musicale achèvent la muette intelligence ; de là à une passion mutuelle, devinée ou avouée, il n’y a qu’un moment d’audace ou un moment de faiblesse. […] Sa physionomie livide, farouche, bouleversée par la maladie et par la colère, glaçait de terreur. « Pourquoi êtes-vous ici, et qui vous a permis d’y pénétrer ? […] La modestie ne permet pas de répéter ce qu’elle a dit de lui, et cela ne serait pas à l’honneur de la reine. » L’insolence du nouveau favori avait la férocité de son origine.

949. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

C’est ce qui lui permettra, persécuté et vaincu dans ses opinions dogmatiques, d’étendre à travers la société son autorité morale, à tel point qu’il semblera avoir, aux yeux de la postérité, la direction du mouvement catholique dans la lutte contre l’irréligion. […] Il le désespère, l’écrase, l’oblige de renoncer à tout ce qui fait la vie aimable et douce, à la science même et à l’exercice de l’esprit : une seule œuvre est nécessaire et permise, celle du salut, dont la pensée doit être la seule pensée de l’homme, et toute sa vie. […] C’est comme un délicat et sensible appareil qui permet à l’Église de relever ou d’abaisser le niveau de ses commandements, pour obtenir à chaque moment des consciences la plus grande approximation réellement possible dans la poursuite de la perfection morale. […] Plutôt que de se reposer béatement, comme tant de savants, dans la science des « apparences », puisque la raison ne lui permettait rien de plus, Pascal a tourné ses yeux d’un autre côté : il a cherché s’il n’y avait pas ailleurs une source de vérité, mais de vérité totale et certaine ; il l’a trouvée, et il est allé demander à la foi une connaissance supérieure à celle que procure la raison.

950. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Chaque système social est aussi envahissant que ses forces le lui permettent. […] Ce qui était inconvenant devient toléré ou même louable, ce qui était permis sans difficulté devient choquant. […] Et toutes ces déviations produisent chacune leur morale, acceptée ou non officiellement, mais puissante dans un ensemble social. « L’amour maternel est sacré jusque dans ses égarements », « tout est permis en amour », « le salut de la patrie est la loi suprême », « on ne doit pas révéler les fautes d’un collègue », voilà quelques échantillons des maximes, d’importance inégale, qui sont acceptées dans certains groupes sociaux, et se rattachent à autant de morales, plus ou moins bien ordonnées et qui constituent autant de déviations. […] L’expérience ne permet pas tant d’optimisme.

951. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Wagner, en donnant la quatrième édition du Virgile consacré, et en paraissant demander grâce pour s’être permis d’y indiquer quelques corrections et d’y ajouter partout où il avait pu des perfectionnements, terminait sa préface par cette sorte d’adjuration aux mânes vénérables : « Mais toi, Âme pieuse et ingénue de Heyne, si ta pensée s’abaisse encore sur ces choses, pardonne, je t’en supplie, s’il m’est échappé, chemin faisant, quelques mots non assez respectueux à ton égard ; pardonne, si ma médiocrité a avancé quelque chose qui ne soit pas assez digne d’un si grand nom et d’une si grande renommée dont tu as acquis la plus grande part par ton zèle à éclairer ces mêmes poèmes. […] Tout s’est prêté à son innocente fantaisie ; la berge s’est élargie, les iris et les argentines se sont approchés pour jouer avec l’eau, les aulnes se sont penchés pour l’ombrager, et l’homme, en établissant là un gué, lui a permis de s’étendre et de repartir sans effort. […] Mais il possède aussi un assez maigre troupeau : « Je me suis contenté jusqu’ici, dit-il, selon que mes ressources me le permettaient, de te faire une statue de marbre ; mais, si mon troupeau redevient fécond et complet, tu auras une statue d’or : Nunc te marmoreum pro tempore fecimus ; at tu, Si fetura gregem suppleverit, aureus esto.

952. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Là, du moins, je ne serai ni vexé ni humilié, si jamais je trouve des occasions et une position qui me permettent de rendre des services de l’espèce de ceux que je crois avoir rendus. […] répondit Jomini en s’excusant, quand il y va du sort de l’Europe, de l’honneur de trois grands souverains et de ma propre réputation militaire, il est permis de ne pas peser toutes ses expressions. » L’empereur Alexandre, dans cette retraite, s’était séparé de l’empereur d’Autriche et du roi de Prusse et se trouvait à Altenberg dans les montagnes avec le prince de Schwartzenberg et le quartier général autrichien. […] Le temps lui permit de développer tous ses mérites et de se montrer de plus en plus sous son vrai jour.

953. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Ces nombreux travaux ne l’ont pas empêché de poursuivre comme son œuvre essentielle l’Histoire de la Réformation, qui s’est encore plus enrichie que ralentie, nous assure-t-on, de tant de stations préliminaires, et qui, tout permet de l’espérer, couronnera dignement une carrière déjà si remplie. […] Cette publication met, en quelque sorte, la diplomatie79 à la portée de ceux qui ne bougent pas de leur fauteuil, et l’offre en spectacle et en sujet de méditation à l’homme d’étude et au moraliste ; elle leur permet de saisir le fin du jeu et d’en extraire la philosophie à leur usage. […] De nouveaux documents arrivés d’Espagne, et relatifs au rôle de Philippe II dans le meurtre d’Escovedo, permettent à l’auteur de préparer une prochaine édition plus complète, et dans laquelle ses premières conjectures se trouveront confirmées.

954. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse. […] Les conseils du Mentor à son élève, son souci continuel et respectueux pour la gloire de cet aimable marquis ; ce qu’il lui recommande et lui permet de lecture, le Télémaque, la Princesse de Clèves ; pourquoi il lui défend la langue espagnole ; son soin que chez un homme de cette qualité, destiné aux grandes affaires du monde, l’étude ne devienne pas une passion comme chez un suppôt d’université ; les éclaircissements qu’il lui donne sur les inclinations des sexes et les bizarreries du cœur, tous ces détails ont dans le roman une saveur inexprimable qui, pour le sentiment des mœurs et du ton d’alors, fait plus, et à moins de frais, que ne pourraient nos flots de couleur locale. […] Énumérant les amis distingués que s’était faits l’excellent Mussard : « A leur tête, dit-il, je mets l’abbé Prévost, homme très-aimable et très-simple, dont le cœur vivifiait ses écrits dignes de l’immortalité, et qui n’avait rien dans la société du coloris qu’il donnait à ses ouvrages. » Il est permis de croire que l’abbé Prévost avait eu autrefois ce coloris de conversation, mais qu’il l’avait un peu perdu en vieillissant.

955. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

A voir le prodigieux travail de ces deux hommes, plus considérables et plus illustres que leur œuvre, mes scrupules se renouvellent sur la rigueur de mon plan, qui me permet à peine une courte mention de deux des noms les plus retentissants du dix-huitième siècle. […] Type du décousu, de la témérité, se permettant tout, même la raison et la vérité, agité de tous les souffles du temps, sans lest, point incapable du bien, pourvu qu’il n’y fallût que le premier mouvement, faisant le mal avec l’étourderie de l’enfant qui lapide une statue, il y aurait autant de duperie à l’admirer qu’à lui demander, comme la Harpe, au nom de la religion, de la morale et du goût, un compte pédantesque de tous ses paradoxes. […] Mais rien n’égale, pour la grâce et la pureté de la peinture, cet amour qui naît comme à l’abri de l’amitié fraternelle ; cet éveil des sens chez le jeune homme qui se trahit le premier, parce qu’il se défie le moins de ce qu’il sent : les troubles de la pudeur qui agitent la jeune fille avant que sa conscience soit avertie, et qui lui parlent sans paroles ; le malaise secret dans ce qui ressemble le plus au bonheur, le premier amour ; les joies permises qui ne laissent guère plus de paix à l’âme humaine que les joies défendues.

956. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

« Elles le simplifient, l’allègent et permettent d’en vérifier la validité107. » M.  […] Mais les meilleures autorités philosophiques ne supposent plus maintenant que n’importe quelle cause exerce sur son effet cette coaction mystérieuse110. » Le tort des nécessitariens, c’est d’entendre par la nécessité qu’ils reconnaissent dans nos actions plus qu’une simple uniformité de succession qui permet de les prévoir : ils ont au fond l’idée qu’entre les voûtions et leurs causes il y a un lien beaucoup plus serré. […] Cela fait, ses déductions doivent être reconnues comme loi de conduite et on doit s’y conformer, sans estimation directe. » L’auteur que nous citons éclaircit la doctrine par une comparaison : l’astronomie a parcouru deux périodes ; l’une empirique, chez les anciens, où les phénomènes étaient prédits en gros et approximativement ; l’autre rationnelle, chez les modernes, où la loi de gravitation a permis des déterminations rigoureuses et vraiment scientifiques.

957. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Ce n’est pas qu’il ne l’eût jugé au moral et littérairement : Pour moi, dit-il, ouvrant les yeux autour de moi au sortir de l’enfance, je vis que l’argent et l’intrigue sont presque la seule voie pour aller à tout ; je résolus donc dès lors, sans examiner si les circonstances me le permettaient, de vivre toujours loin de toute affaire, avec mes amis, dans la retraite et dans la plus entière liberté. […] Attaché à la Constitution de 91, la jugeant praticable malgré ses défauts, croyant que la question serait résolue si tous les honnêtes gens s’unissaient pour prêter main-forte à cette loi une fois promulguée, seul d’ailleurs, ne tenant à aucun parti, à aucune secte, ne connaissant pas même les rédacteurs du Journal de Paris, dans lequel il publie ses articles, se bornant à user de cette méthode commode des Suppléments, qui permettait alors à chacun de publier ses réflexions à ses frais, il répondait hardiment à ceux qui voulaient établir une solidarité entre lui et les personnes à côté de qui il écrivait : « Il n’existe entre nous d’association que du genre de celles qui arment vingt villages contre une bande de voleurs. » Sa politique, en quelque sorte isolée et solitaire, se dessine nettement à l’occasion de la hideuse journée du 20 juin. […] C’était (car le temps permet aujourd’hui de soulever le voile), c’était Mme Laurent Le Coulteux, née Pourrat, sœur de Mme Hocquard, et qui habitait alors à Luciennes.

958. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

La seule conclusion que permette le poème d’Organt, et qui porte sur l’ensemble, c’est que l’âme de jeune homme, qui se complut à vingt-ans dans ces combinaisons et ces images, était dure, grossière, sensuelle, sans délicatesse. […] Dans une autre circonstance, comme la municipalité de Blérancourt faisait brûler en grande pompe, sur la place publique, la protestation que quelques membres de la minorité de l’Assemblée constituante s’étaient permise contre le décret favorable aux droits des non-catholiques : « M. de Saint-Just, dit le procès-verbal, a prêté le serment civique, et il a promis de mourir par le même feu qui a dévoré la protestation, plutôt que de refuser sa soumission entière à la Nation, à la Loi et au Roi. » On a prétendu même qu’il étendit la main sur le brasier, comme Scévola. […] Il a rendu ce méchant sentiment avec toute l’énergie dont il était capable, dans un de ses rapports où il est dit : « Il serait juste que le peuple régnât à son tour sur ses oppresseurs, et que la sueur baignât l’orgueil de leur front. » Selon Barère, une telle proposition ne trouva que résistance au sein même du Comité ; on répondit que nos mœurs répugnaient à un tel genre de supplice ; que la noblesse pouvait bien être abolie par les lois politiques, mais que les nobles conservaient toujours dans la masse du peuple un rang d’opinion, une distinction due à l’éducation, et qui ne permettait pas d’agir à Paris comme Marius agissait à Rome : Eh bien !

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