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477. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Je voudrais être peintre pour mieux m’expliquer. […] Les peintres, dès le xve  siècle et plus tard encore, n’en faisaient pas d’autres.

478. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Pourquoi semblé-je ignorer, quand réellement j’en fais cas, et les délicats et les sensibles, les Deltuf et les Paul Perret, et les terribles dans le réel, les Barbara ; et Mme Figuier, le peintre des mœurs languedociennes, le Longus ou le Bernardin de Saint-Pierre de la Camargue ; et Claude Vignon, un observateur parisien et fin des mœurs de province ? […] La nature de son esprit aussi bien que l’éducation première qu’il a reçue, son milieu d’enfance et de jeunesse, l’ensemble de ses, habitudes et de ses mœurs, le disposaient à être tout d’abord le peintre le plus distingué de l’honnête et élégante bourgeoisie, de la bonne compagnie de province, de la noblesse qui vit encore dans ses châteaux.

479. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Herold, ne s’enlisèrent en ce moyen âge fabuleux : sagement ils le concédèrent aux peintres, D’ailleurs rien n’était moins obscur que les légendes archéologiques contées vers 1889. […] Il est puéril de répartir les peintres, sculpteurs, poètes, etc., en deux catégories : ceux qui ont du génie, ceux qui n’en ont pas.

480. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Un sujet quelconque n’est pour le vrai poète que ce que la toile est pour le peintre habile. […] Les peintres qui ont cru pouvoir adopter le nu se sont étrangement trompés ; car, dans les tableaux, les personnages n’ont plus ce voile de l’immobilité et de l’absence de la couleur.

481. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Et lorsque, malade, il échouera en Suisse, après avoir parcouru toute l’Asie Mineure, il est peintre, peintre d’enseignes. […] Delacroix a toujours hanté Maurice Barrès et il n’en fit pas que cette nouvelle ; il a jeté sur ce peintre les bases d’un roman dont des extraits seraient peut-être intéressants à publier. […] Radiguet vécut donc sur la Butte en compagnie de Reverdy, du peintre Juan Gris, de Maurice Raynal. […] Le peintre Berger construit mieux encore son malheur ; persuadé qu’on ne peut le désirer, il est hanté par l’idée de représenter une fausse image. […] Bérard à honorer des peintres, des savants, des comédiennes.

482. (1886) Le naturalisme

Dans une si vaste épopée, toutes les classes furent représentées et toutes les transformations politiques trouvèrent en lui un peintre fidèle. […] Pourquoi se montrer plus sévère envers le romancier qu’envers le peintre ? […] Un pays idolâtre de ses traditions et de ses propres souvenirs a bâti le piédestal sur lequel trône le peintre basque ; mais sa palette n’est riche qu’en demi-teintes et en couleurs claires, gracieuses, sans vigueur ni intensité. […] Pereda est, en ligne directe, le descendant de ces aimables et perspicaces peintres de mœurs. […] Est-ce une tare pour Velazquez que d’avoir été peintre réaliste ?

483. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

S’occupant d’abord de peinture, vivant avec plusieurs amis, poêles, peintres, sculpteurs, de la pure vie d’atelier, il en eut les préoccupations exclusives, le genre sans nuance, et, qu’il nous permette de le dire, quelques-unes des singularités extrêmes, en même temps que l’émulation sérieuse, les études sincères, l’ardeur et l’audace d’esprit.

484. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Et pourtant tout cela est bien d’un poète, d’un chantre de famille et de coin du feu, d’un peintre de landes et de bruyères.

485. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Armand Carrel Si Béranger n’était pas l’écrivain le plus populaire de l’époque, ce serait certainement l’un des plus ingénieux, des plus instruits, des plus attachants causeurs que l’on puisse rencontrer dans cette société qui l’a beaucoup recherché et qu’il a beaucoup fuie, lui préférant tantôt la retraite, tantôt l’amitié de quelques jeunes gens bons et généreux, enfants de ce peuple dont il est le peintre fidèle et le poète aimé.

486. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

La religion chrétienne est si heureusement formée, qu’elle est elle-même une sorte de poésie, puisqu’elle place les caractères dans le beau idéal : c’est ce que prouvent nos martyrs chez nos peintres, les chevaliers chez nos poètes, etc.

487. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VIII. Bossuet historien. »

Politique comme Thucydide, moral comme Xénophon, éloquent comme Tite-Live, aussi profond et aussi grand peintre que Tacite, l’évêque de Meaux a de plus une parole grave et un tour sublime dont on ne trouve ailleurs aucun exemple, hors dans le début du livre des Macchabées.

488. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Après tout, on ne peut reprocher aux Gens de Lettres que ce qu’on peut reprocher à tous les corps connus ; aux Avocats, aux Médecins, aux Peintres, &c. […] Chaque peintre a sa couleur comme son faire & son dessin ; ce qui le prouve, c’est que chaque homme ne voit pas également telle couleur. […] Qu’on rapproche le Jules César de Shakespear de celui de Voltaire ; d’un côté l’on voit le Peintre, & de l’autre la main tremblante & timide, nivelant des mots harmonieux & qui tombent en cadence. […] Le Cordonnier qui rectifia le Peintre, avoit raison sans doute. […] L’Auteur ne hausse ni ne baisse, pour peindre un Monarque ou un pâtre ; transportés sur la toile, ils sont les mêmes & égaux devant le Peintre : l’œil ne sera point choqué de les voir côte à côte au sallon.

489. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Taine soit un mauvais peintre. […] Mais c’est un peintre qui s’est trompé. […] Taine est, comme Pagnest, un bon peintre. C’est, de plus, un peintre philosophe. […] Les peintres font à l’envi des études et des croquis du poète.

490. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts, faisait appeler ce peintre afin de lui conseiller de dessiner d’après la bosse. […] Les peintres étrangers, tels que l’Allemand Cornélius, l’Anglais Hunt, lui étaient aussi familiers que les peintres français. […] Théophile Gautier devint poète critique d’art en fréquentant les peintres et les sculpteurs. […] Il est resté peintre la plume à la main. […] mon cher Fleury, disait le peintre, vous êtes vraiment trop romantique !

491. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Werther est artiste ; au milieu de toutes ses expansions et ses abandons, il a souci de son talent : en face de cette belle vallée, par une matinée du printemps, il ne songe pas seulement à en jouir, il songe à en tirer quelque parti comme peintre, et, s’il reste inactif, il a du regret : Je suis si heureux, mon ami, dit-il54, si abimé dans le sentiment de ma tranquille existence que mon talent en souffre. Je ne pourrais pas dessiner un trait, et cependant je ne fus jamais plus grand peintre. […] J’ai pris soin ailleurs (article sur Charles Nodier, Portraits littéraires, tome Ier) d’en noter le contrecoup dans notre littérature, depuis Ramond, auteur des Aventures du jeune d’Olban, publiées en 1777, jusqu’à Nodier lui-même qui donnait Le Peintre de Salzbourg en 1803.

492. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Une pensée inévitable naît, de ce rapprochement : Quand La Bruyère et le duc de Saint-Simon causaient ensemble à Versailles dans l’embrasure d’une croisée, lequel des deux était le peintre de son siècle ? Ils l’étaient, certes, tous les deux ; mais l’un, le peintre alors avoué, et dont les portraits aujourd’hui sont devenus un peu voilés et mystérieux ; l’autre, le peintre inconnu alors et clandestin, et dont les portraits aujourd’hui manifestes trahissent leurs originaux à nu.

493. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Mais, si les temps aujourd’hui ne sont pas venus, et si nous ne sommes point mûrs pour cette novation, si des siècles doivent se passer avant que le Successeur reprenne l’Œuvre d’art complet, nous profiterons, cependant, nous, de la parole Wagnérienne : oui, même si l’Artiste Wagnérien n’est pas prêt, nous pouvons, maintenant, être des littérateurs, des peintres, des musiciens Wagnériens ; — si l’Artiste, n’est pas prêt qui, de nouveau et décisivement, prendra toutes les puissances de tous les arts, — oui, maintenant, pourtant, peintres, musiciens, poètes, chacuns en leur art encore séparé, feront des œuvres d’art Wagnérien, puisqu’ils y accompliront, — dans leur art, séparément, — cette idée essentielle de la doctrine Wagnérienne : l’union de toutes les formes artistiques. […] Le peintre peut rechercher la dimension musicale en essayant de toucher tous les sens et la plus grande gamme d’émotions.

494. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Il nous montre ses Chardin et ses Prud’hon, — et nous qui avons fait le vœu de ne jamais acheter de tableaux, — nous revenons amoureux de deux tableaux, il est vrai que ce sont deux esquisses : l’esquisse des Tours de cartes de Chardin, une merveille de couleur gaie et papillotante qu’on ne rencontre pas d’ordinaire chez lui, et le portrait de Mlle Mayer par Prud’hon, le portrait que le peintre eut jusqu’à sa mort dans son alcôve, — un portrait où l’on dirait le sourire de la Joconde dans l’ovale ramassé d’une nymphe de Clodion. […] L’historien y apparaît comme le docteur des urines du peintre hollandais. […] C’est le baron Penguilly, père de Penguilly le peintre.

495. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Jeudi, 23 août Aujourd’hui, tombe au château le peintre célèbre des chiens et des chats : Lambert. […] Le voisin de Delacroix, un ancien marchand de vin, avait un mur qui gênait la vue du peintre. […] Mais à la mort du peintre, ne voilà-t-il pas que le marchand de vin apprend le gros prix de ses peintures, et depuis ce jour, le ménage qui a de quoi vivre cependant, mène une existence désespérée, répétant à tous ceux qui veulent les entendre : « Pourquoi qu’il n’a pas dit qu’un portrait de lui, se vendait 100 000 francs ? 

496. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Mais il faut se rappeler qu’Octave Feuillet est le peintre de la bourgeoisie, même quand il peint la noblesse, et qu’il ne peint l’excès moderne que comme il le voit dans son monde et comme il le comprend. […] Ce ne serait pas le diable chez Balzac, le peintre des de Marsay, des  Palférine et des de Trailles, ces vicieux étoffés qui conduisaient la vie à grandes guides et ne regardaient pas aux pourboires, mais c’est le diable, à ce qu’il paraît, pour Octave Feuillet et les auditeurs au Conseil d’État qui sont ses héros ! […] Il se croit probablement bien moins fort comme romancier que comme auteur dramatique, et peut-être ne se trompe-t-il pas… Il tient mieux dans cette case du théâtre, sur cette feuille de parquet où l’on ne se meut qu’en se ramassant, il y tient mieux que dans ce large espace du roman où il faut être le poète, le peintre et le philosophe à la fois.

497. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Et telle est, en effet, l’impression souvent traduite par les littérateurs ou les peintres, mais qui n’est vraie que si on lui donne la durée d’une impression, si on ne prétend pas y résumer la vie du paysan. […] Un homme qui est doué pour l’observation possédera vite, en lui-même, une collection d’images prises au hasard des chemins, incomplètes, fragmentaires, simples apparitions de la vie dans un moment de la durée, et qui ne sont que des éléments de personnages, des traits dispersés, des croquis pareils à ceux des peintres. […] Madame X., si elle avait été peintre, aurait probablement été un grand dessinateur, car elle a un œil merveilleux pour les formes, la ligne, l’harmonie, ses teintes sont généralement fondues, rien de heurté.

498. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On sait que celui de chaque peintre ne se ressemble pas. […] Ce sont les cartons d’un grand peintre, & j’ai vu quelques amateurs qui préféroient ces mêmes cartons à la grande machine. […] L’Historien est le portraitiste asservi à des traits & à un local donnés ; le Romancier est le peintre qui crée le local & les traits qu’il veut rendre.

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