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752. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Comme la Katidija de l’Homme de La Mecque, elle avait cru au pauvre pilote génois, alors que personne n’y croyait ; mais même pour un jour, même pour une heure, Katidija n’aurait pas douté de son Prophète, parce qu’elle aimait Mahomet, comme Isabelle aimait Ferdinand. […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs.

753. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Elles m’apprennent, en effet, le secret de la vie et du malheur de Réa Delcroix, « veuve… d’un mari vivant », dit-elle quelque part, et la minceur de l’âme, tout à la fois violente et tremblante, du très pauvre homme qu’elle a aimé, et qui, transfiguré par l’amour, est placé par elle dans une gloire de lumière, — aveuglement cruel, puisqu’elle éclaire sa médiocrité… Hélas ! […] Cette pauvre et brillante et brûlante Réa Delcroix n’a pas échappé à la destinée de tout ce qui aime.

754. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Restauration, comme les Parents pauvres la monarchie de Juillet. […] Les pauvres réponses des ministres au ferme et sagace discours de M.  […] Je fis observer à Napoléon que c’était un bien pauvre endroit. […] Comment le vaincu de la Marne a-t-il pu supporter l’approche seule de ce village et la façade de la pauvre maison ? […] si vous aviez vu partir mes pauvres petits, la baïonnette haute, bien en ligne !

755. (1898) Essai sur Goethe

La pauvre fille passe maintenant sa vie à pleurer et à prier. […] Faut-il que la pauvre fille entre au couvent parce que le premier homme qu’elle a connu était un indigne ? […] Ô ma pauvre tête ! […] Le pauvre garçon ! […] un dieu m’a refusé l’art, le pauvre art de me comporter avec adresse.

756. (1923) Nouvelles études et autres figures

Un pauvre hameau cet Ascra, rude en hiver, pénible en été et jamais agréable. […] Je vois les pauvres laboureurs d’Ascra, chassés par la bise et la tempête et claquemurés autour de leurs foyers. […] Mahomet, à côté du pèlerin de Florence, me produit l’effet d’un homme sec et pauvre. […] Pauvre Molière, « entièrement victime de la manie chorégraphique du roi !  […] Il avait même aimé l’humanité au point de fonder une petite rente pour l’éducation d’enfants pauvres.

757. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

La plupart, avec un esprit peu élevé, un cœur froid & stérile, une imagination pauvre & dénuée de vigueur, ont besoin d’entasser incident sur incident, d’avoir recours aux épisodes, de prodiguer les sentences, de multiplier les coups de Théatre, pour parvenir jusqu’au dernier acte ; encore finissent-ils le plus souvent par ennuyer le Spectateur, qui ne tolere le commencement, que dans l’espérance d’une fin plus heureuse, M. de Morand avoit assez de talent pour se dispenser de ces pitoyables ressources.

758. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

L’imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l’existence pauvre, sèche et désenchantée.

759. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Brenet est un bon diable qui fait de son mieux et qui ferait peut-être bien, s’il était riche, mais il est pauvre.

760. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Allegrain » p. 322

J’ai dit que la sculpture cette année était pauvre, je me suis trompé.

761. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il ne séparait pas la science de la morale, et il n’était pas non plus de ceux qui ensevelissent leurs débuts pénibles et leurs origines ; il avait eu la vie rude et même misérable ; il avait été pauvre, et il lui arrivait de le rappeler à son fils en des termes qui ne s’oublient pas : « Il m’est arrivé de manquer de pain, toi déjà né. […] S’il pratique l’été à la campagne (et il le fait de grand cœur et avec grand succès), c’est pour les pauvres, pour les voisins, et rien que pour eux. […] Pauvres hommes ! […] C’est là qu’il faut le voir pour apprécier en lui le médecin des pauvres ; il est vraiment la providence des gens de campagne, le bienfaiteur du pays à la ronde. […] L’an passé, je l’ai vu à Saint-Quay, en Bretagne, établi avec sa femme et sa fille chez des religieuses ; soignant les pauvres en qualité de médecin et quêtant pour les plus en détresse : sa femme et sa fille, très catholiques, allaient à la messe ; lui, point ; mais il charmait les sœurs et les laissait très perplexes sur ce qu’il fallait penser de son âme.

762. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Levallois a bien voulu, dans cette série d’esquisses où il a caractérisé brièvement les correspondants ou correspondantes de Jean-Jacques, me réserver et m’assigner en quelque sorte un portrait de femme, celui de la marquise de Verdelin, une des amies les plus fidèles et les plus effectives du pauvre grand homme persécuté. […] Mlle d’Ars, fille du comte d’Ars, homme de condition, mais pauvre, avait épousé M. de Verdelin, vieux, laid, sourd, dur, brutal, jaloux, balafré, borgne, au demeurant bonhomme quand on savait le prendre, et possesseur de quinze à vingt mille livres de rentes auxquelles on la maria71. […] Je vous assure que je ne cherche plus d’amis ; ceux que j’ai eus m’ont trompée : je n’ai que vous qui pouviez faire le bonheur et la douceur de ma vie, dont les conseils étaient si nécessaires à ma pauvre tête, et vous m’êtes enlevé ! […] Elle y travailla par ses conseils et son active entremise ; et sur ce point la méfiance du pauvre Rousseau perce sourdement dans la fin du récit. […] Le pauvre misanthrope trouva moyen de les transformer en un complot prémédité et concerté contre lui.

763. (1929) Dialogues critiques

Pierre Qu’est-ce que ces pauvres comités vous ont fait ? […] Pauvre Clermont-Ganneau ! […] Pierre Je le lui souhaite, à condition qu’il n’y entre pas aux dépens du pauvre Baudelaire. […] Pierre Le pauvre ! […] Pierre Ce pauvre François de Curel n’a pas eu une trop bonne presse.

764. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Je ne sais par quel caprice, dans une femme où tout était caprice, jusqu’à la mort, elle menait ordinairement avec elle un pauvre capucin, assis à ses côtés dans sa voiture. […] Léopold Robert avait renoncé à tout, même à la pauvre Thérésina, son premier amour1, sans se rendre compte à lui-même du vrai motif de son inconstance. […] Quelques écrivains, selon nous trop austères, ont paru reprocher amèrement à la princesse Charlotte trop de complaisance à laisser naître cet amour dans le cœur de son maître et de son ami ; rien ne justifie à nos yeux ce reproche : elle était trop exclusivement attachée au prince son mari, un des hommes les plus séduisants de l’Italie, pour songer seulement à la nature des sentiments qu’elle pouvait inspirer à un pauvre artiste, fils d’un châlet du Jura et enfoui dans les ruines de Rome. […] Je connaissais particulièrement ce pauvre prince Napoléon ; sa femme et sa belle-mère, qui sont naturellement très affligées, m’engagent tant à y aller que chaque jour j’y vais un moment. […] Son attitude et son pauvre costume de contadine de Chioggia rappellent les madones de Perugin ou de Sasso-Ferato ; mais la divinité ici n’est que dans la tristesse : c’est la figure du pressentiment ; on voit, dans la mère malade, le tombeau ; on voit, dans la jeune femme et dans l’enfant, la future indigence.

765. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

  « “Tu veux des nouvelles, il faut que je les fasse ; personne ne passe dans mon grenier, je ne peux donc te parler que de moi et t’envoyer autre chose que des fariboles ; exemple : « “Le feu a pris rue Lesdiguières, nº 9, à la tête d’un pauvre garçon, et les pompiers n’ont pu l’éteindre. […] Or donc, comme Honoré ne peut se montrer chez son père, pourquoi n’irait-il pas chez le bon M. de Villers, qui l’aime jusqu’à soutenir le pauvre rebelle ? […] Je ressemble, avec ma pauvre tragédie, à Perrette au pot au lait, et ma comparaison ne sera peut-être que trop réelle ! […] … « Encore merci de ta lettre, et pardonne au pauvre artiste le découragement qui l’a rendue nécessaire. […] Pauvre mère !

766. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

« Si vous rendez Alceste amoureux, dit-il, que ce soit d’une coquette ; si Harpagon, que ce soit d’une fille pauvre. » Molière l’a bien entendu ainsi. […] Harpagon s’éprend pour une fille pauvre. […] Et pourtant Harpagon ne serait pas vrai, s’il croyait Marianne tout à fait pauvre. […] Les ministres, sous le charme, entraînent le pauvre roi Louis XVI qui, par scrupule d’honnête homme, par un juste sentiment du danger de laisser des langues si affilées parler librement de tant de choses, ne voulait pas de cette famille soi-disant venue d’Espagne, où les enfants sont plus effrontés que les laquais, et les laquais plus éclairés que leurs maîtres. […] Par ma foi, notre siècle est un pauvre siècle auprès de celui de Louis XIV. » 27 décembre 1758.

767. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

17 janvier Flaubert est, dans le moment, si grincheux, si cassant, si irascible, si érupé à propos de tout et de rien, que je crains que mon pauvre ami ne soit atteint de l’irritabilité maladive des affections nerveuses à leur germe. […] » Pauvre malheureux grand homme, qui, devant la menace d’une visite de X…, dit tristement à ses intimes : « Si X… vient, nous ne lirons pas de vers !  […] Pauvre prince, mélancolique personne royale, dont la douce folie fuit son temps et son pays, pour se réfugier dans du passé, dans du moyen âge, dans de l’exotique. Pauvre prince, amoureux aussi des grands siècles français de Louis XIV et de Louis XV, forcé de travailler à la ruine de la France, sous le commandement de M. de Bismarck, qu’il déteste. Pauvre souverain, réduit à dire au chargé d’affaires de la France : « Je fais des vœux pour la restauration de la grandeur de la France, et je suis heureux de vous dire cela, sans que cela tombe dans des oreilles prussiennes. » Lundi 12 août Le second fils de Béhaine est un enfant, tout de caresse.

768. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Et combien d’autres poètes contemporains me sont essentiellement chers, depuis Lamartine jusqu’à Verlaine, sans oublier le pauvre Pierre Dupont, qu’on traite dédaigneusement de chansonnier ! […] J’aime son chuchotement mystique, sa grâce d’enfant étonné, sa simplicité de pauvre homme, son charme naïf et familial de rimeur populaire à qui se trouve lié — par quel don bienheureux !  […] C’est pourquoi, moins grand poète, pauvre Lelian est un plus grand révélateur de poésie. […] Il est pour moi une excuse à des faiblesses, je le dis sans hypocrisie et, comme une indéfinissable bonté parfume l’œuvre du Pauvre Lelian, au-dessus des péchés, des fautes, au-dessus d’une religiosité assez floue et peut-être facile, le poète a été sincère. […] Les plus riches en dons naturels ne lui ont pris que quelques ondes, à peine le creux d’un coquillage ; les moins riches se sont contentés de venir avec des coupes et des amphores et ils ont emporté de la source beaucoup plus d’eau ; quant aux très pauvres, accoudés au rivage, ils y demeurent la bouche aux flots.

769. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Figure de missel, qui entre en scène un missel à la main, et qui meurt dans l’église des remords de son péché… Pauvre sainte qui n’a pas abouti, coupée, souillée et ensanglantée dans sa fleur… En elle-même, Marguerite est pourtant peu de chose. […] Gœthe, ce pauvre sultan intellectuel, n’a jamais que cette femme-là dans tout le sérail de ses œuvres. […] Porchat, s’était légèrement senti matagrabolisé, le pauvre homme ! […] Il passa sa vie dans la contemplation de son glorieux ombilic, bien plus que les moines du mont Athos, et ce qu’il y eut de plus bouffon que la contemplation de ces pauvres moines, c’est que toute l’Europe se mit, en rond, à genoux, devant ce glorieux ombilic ! […] l’homme, cet idolâtre naturel, met devant elle, dans la poussière, son pauvre cerveau démantibulé.

770. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

On passait subitement d’une poésie sèche, maigre, pauvre, ayant de temps en temps un petit souffle à peine, à une poésie large, vraiment intérieure, abondante, élevée et toute divine.

771. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Victorien Sardou Ce qu’il décrit surtout, c’est le travail, les souffrances des pauvres gens, marins ou pêcheurs, toujours en lutte avec les flots.

772. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

L’œuvre de ce poète a son prix et sa valeur, et la municipalité de Lilleboune a été bien inspirée en honorant la mémoire de son enfant qui fut pauvre et qui, dans sa vie innocente, oublia tous ses maux en chantant des chansons.

773. (1887) Discours et conférences « Préface »

Ces façons de prendre les gens à la gorge et de leur dire : « Tu parles la même langue que nous, donc tu nous appartiens », ces façons-là sont mauvaises ; la pauvre humanité, qu’on traite un peu trop comme un troupeau de moutons, finira par s’en lasser.

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