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213. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Tout ce qui prêche aux hommes la dépravation est fait pour être détruit, et d’autant plus sûrement détruit, que l’ouvrage sera plus parfait. […] Quelle compensation y a-t-il entre un tableau, une statue, si parfaite qu’on la suppose, et la corruption d’un cœur innocent ?

214. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Jones sont donc dans une analogie parfaite ; le génie de l’observation est donc appelé à faire désormais le même genre de découvertes à la fois dans le monde physique et dans le monde moral. […] Mais dans la musique des âges suivants, on reconnut l’impossibilité d’arriver à un accord parfait entre les quintes et les octaves.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bernard, Charles (1875-1961) »

Et pourtant, je m’en tiens encore, pour juger ce poète, à son premier livre, où je vois une plus parfaite réalisation.

216. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Elle n’est parfaite qu’en France. — Raisons tirées du caractère français […] Ainsi doué et disposé, il était fait pour un régime qui, dix heures par jour, mettait les hommes ensemble : le naturel inné s’est trouvé d’accord avec l’ordre social pour rendre les salons parfaits. […] Par cette détente universelle, la vie mondaine est devenue parfaite. « Qui n’a pas vécu avant 1789, disait plus tard M. de Talleyrand, ne connaît pas la douceur de vivre. » — Elle était trop grande, on n’en goûtait plus d’autre, elle prenait tout l’homme. […] Pour que le monde ait tant d’empire, il faut qu’il ait bien de l’attrait ; en effet, dans aucun pays et dans aucun siècle, un art social si parfait n’a rendu la vie si agréable. […] La liberté d’esprit est parfaite ; nul tracas, nul souci ; le whist et le trictrac l’après-midi, le pharaon le soir. « On fait aujourd’hui ce qu’on a fait hier, et ce qu’on fera demain ; on s’occupe du dîner-souper comme de l’affaire la plus importante de la vie, et l’on ne se plaint de rien au monde que de son estomac.

217. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

9º Enfin quel est le gouvernement présumé légitimement le plus parfait et le plus conforme à la nature humaine civilisée et civilisable ? […] une langue faite, parfaite et immuable ? […] Il fera l’admiration de tous les siècles, et sera réputé pour être le modèle le plus parfait sur lequel il soit possible de se former. « Mais, interrompit Lieou-Ouen-Koung, cet homme si parfait, selon vous, que laissera-t-il de lui qui puisse faire l’admiration de la postérité ? […] … « Le gouvernement, ajoute-t-il en finissant, a été la dernière chose et la plus parfaite, découverte par les hommes, au moyen du grand Ly ou de ces trois principes moraux, la raison, la conscience et la convenance ! 

218. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

C’est le lapidaire de l’espèce ; elle taille tout, elle polit tout, elle enchâsse tout dans un cadre parfait. […] Cet équilibre parfait de l’imagination et de la raison, de l’enthousiasme et de la prudence, de la force d’impulsion et de la force de résistance, de la chaleur d’âme et du sang-froid d’esprit, conserve au génie français cette qualité des qualités, le jugement, sans lequel le génie devient une maladie mentale. […] Il ne fut point courtisan comme Racine ; il fut plus immaculé de complaisance que Bossuet, plus pur de tout manége que Fénelon, plus noblement désintéressé que Corneille, aussi dégagé d’orgueil et d’envie que Molière, exemple accompli du parfait honnête homme dans sa vie publique comme dans sa vie privée. […] Il y en a peu de plus parfaits dans la langue, en admettant que le vers et le sens soient deux choses séparées, et que la beauté sérieuse de la pensée ou du sentiment ne soit pas nécessaire à la beauté de la poésie. […] On n’est point tel même pour avoir écrit dans un poème héroï-comique, comme le Lutrin, cinq ou six pages égales en expression, sinon en invention, à ce qu’il y a de plus parfait dans le badinage d’Arioste et de Pope.

219. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Il y mena quelque temps une vie d’indépendance, d’union parfaite, de bonheur sans nuage auprès de la personne distinguée qui (autant qu’on peut l’entrevoir) lui était supérieure et qui semblait l’avoir fixé. […] Il n’y a plus rien dans le monde pour moi ; je n’ai d’espérance qu’en la mort ; elle seule peut finir mes maux, il n’est pas au pouvoir de tous les hommes de me donner un moment de plaisir ; la plus aimable personne du monde n’est plus ; une personne qui ne vivait que pour moi, que la perte de la vie n’a pu occuper un moment en mourant, et qui n’a senti que la douleur de me quitter ; qui était si parfaite, que mon imagination ne me saurait fournir un endroit par où je me puisse consoler ; je ne la verrai plus. […] Dès l’abord, M. de Tréville, cet homme d’esprit, cet ancien ami de Madame Henriette d’Angleterre, devenu l’un des amis de Port-Royal, ce pénitent sincère, mais qui avait lui-même ses variations, avait averti Lassay en essayant de le consoler ; et ce dernier lui répondait : Je sais que vous me faites l’honneur de me dire que le temps adoucit les douleurs les plus vives ; mais les grandes afflictions font le même effet sur l’âme que les grandes maladies font sur le corps : quoique l’on en guérisse, le tempérament est attaqué ; on vit, mais on ne jouit plus d’une santé parfaite : il en est de même de l’âme, elle ne peut plus jamais sentir une joie pure.

220. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Prud’homie parfaite, selon lui, a pour fondement « un esprit universel, galant, libre, ouvert et généreux, un esprit voyant partout, s’égayant par toute l’étendue belle et universelle du monde et de la nature ». […] » On ne voit pas, en effet, pourquoi, dans une institution et formation parfaite de l’homme, la piété, comme l’entendait dans l’antiquité un Énée selon Virgile, un Plutarque ou un Xénophon, et à plus forte raison comme l’entendent les vrais chrétiens selon l’Évangile, ne contribuerait pas, tout en couronnant et faisant fleurir la probité en nous, à l’arroser de plus et à la vivifier dès le principe et à la racine. […] En retraçant un portrait du parfait souverain en ces belles années de Henri IV, il semble quelquefois dessiner d’après nature, mais il laisse aux lecteurs les applications à faire, et il ne le dit pas.

221. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Mais qu’il l’ait inventé ou non, que de même il ait imaginé ou simplement arrangé et accommodé à sa guise cet autre joli conte de Camille, ou filer le parfait amour, Sénecé a très heureusement conduit et filé à son tour ces récits, et il a montré ce qu’il aurait pu faire s’il avait cultivé avec moins de distraction le genre. […] Simonide, Platon, Léonidas de Tarente, Méléagre, ont laissé de parfaites et d’admirables épigrammes. […] Les vieux médiocres deviennent parfaits.

222. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Je ne crois pas que si l’Université moderne avait eu à produire un échantillon d’elle-même, elle eût pu choisir un plus parfait modèle entre les élèves dont elle s’honore ; car il n’était pas comme d’autres également brillants, mais infidèles : il n’aspirait pas à en sortir. […] Dans le second discours, prononcé à Louis-le-Grand, s’inquiétant moins des attaques du dehors, il disait agréablement et en famille bien des vérités à la jeunesse : non pas qu’il fut décidé à louer le passé en tout aux dépens du présent : « Cette élégie sur la décadence perpétuelle du genre humain est d’ancienne date, disait-il ; elle a probablement précédé l’Iliade, et j’affirmerais volontiers que l’aïeul de Nestor lui a reproché plus d’une fois de n’être, en comparaison du vieux temps, qu’un parfait mauvais sujet. » Mais, tout en se gardant des banalités du lieu commun, il opposait, dans un parallèle ingénieux, l’éducation sévère ef terrible d’autrefois à celle d’aujourd’hui, si molle et si propre à faire de petits sybarites ; l’élève choyé de Louis-le-Grand était mis en présence de l’écolier si souvent fouetté et si affamé de Montaigu : « Et cependant, dans ces séjours terrifiés, on voyait accourir en foule une jeunesse prête à tout souffrir, la faim, le froid et les coups, pour avoir, le droit d’étudier. […] Le souvenir de Rigault mérite de vivre, et par ses écrits, et parce qu’il est le représentant d’une forme d’esprits, le dernier rejeton brillant d’une race qui, je l’espère, n’est pas près de finir, qui est un peu compromise pourtant dans son intégrité et sa rectitude, celle du parfait normalien, de l’universitaire pur.

223. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

L’Académie, qui dispose aujourd’hui de plus de 57,000 francs de rente, en emploie plus de 35,000 chaque année en prix et récompenses littéraires qu’elle distribue en parfaite connaissance de cause, après examen, rapport, discussion ; mais, enfin, cette idée aristocratique du rien faire et du parfait loisir pour tous ceux qui sont une fois arrivés au fauteuil, prévalut dans l’opinion et s’autorisa des prétentions mêmes, affichées par l’Académie en 1816. […] Mazères semble avoir pour lui l’ancienneté des titres, leur parfaite convenance dans la circonstance présente, une collaboration heureuse avec des maîtres illustres de la scène, et, en son propre et seul nom, des pièces agréables, dont une, faite de verve, le Jeune Mari, est restée au répertoire ; ce qui était fort compté en d’autres temps.

224. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Mais qu’il se rassure ; qu’il se persuade qu’ils sont excellents, et qu’il ne lui manque que le goût et la connaissance pour les mieux apprécier ; et bientôt chaque visite nouvelle lui ouvrira les yeux de plus en plus, jusqu’à ce qu’il ait appris à les admirer, jamais autant qu’il le méritent, assez du moins pour enrichir et élargir sa propre intelligence par la compréhension de la parfaite beauté. […] Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires, ne cesse d’être considéré de nous et compris. […] Mais c’est une raison de plus pour que notre fond de perspective ne cesse de nous montrer cette beauté première, cette excellence parfaite dans son cadre et en ses contours limités.

225. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

En convenant qu’il doit y avoir du vrai, gardons-nous pourtant de nous faire un Talleyrand plus paresseux et moins lui-même qu’il ne l’était : il me paraît, à moi, tout à fait certain que les deux Mémoires lus à l’Institut en l’an V, si plein de hautes vues finement exprimées, sont et ne peuvent être que du même esprit, j’allais dire de la même plume qui, plus de quarante ans après, dans un discours académique final, dans l’Éloge de Reinhard, traçait le triple portrait idéal du parfait ministre des affaires étrangères, du parfait directeur ou chef de division, du parfait consul : et cette plume ne peut être que celle de M. de Talleyrand, quand il se soignait et se châtiait.

226. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

., tout excellents qu’ils sont dans leur genre, ne seront jamais mis par moi au même rang que la scène d’Horace et de Curiace, ou que les pièces inimitables de Racine, ou que le parfait Art poétique de Boileau, ou que Le Misanthrope ou le Tartuffe de Molière. […] Et qui donc a mieux défini que lui la conversation parfaite, et tout ce qu’elle demande de sérieux ou de léger ? […] Mais au premier rang dans l’ordre de la beauté, il faut placer ces grandes fables morales Le Berger et le Roi, Le Paysan du Danube, où il entre un sentiment éloquent de l’histoire et presque de la politique ; puis ces autres fables qui, dans leur ensemble, sont un tableau complet, d’un tour plus terminé, et pleines également de philosophie, Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes, Le Savetier et le Financier, cette dernière parfaite en soi comme une grande scène, comme une comédie resserrée de Molière.

227. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Avant les chefs-d’œuvre qui en feront voir la parfaite conformité avec cet esprit, on en trouve les premiers traits aux époques les plus barbares et dans les plus grossières ébauches. […] Une certaine fermeté pourtant dans les vers, quelques passages où l’expression est parfaite, parce que la pensée est vraie, font soupçonner un esprit supérieur qui ne se connaît pas encore, et qui commence par imiter ce qui réussit, en attendant qu’il crée des choses inimitables. […] Mais si l’on considère ses ouvrages en eux-mêmes, et qu’on les compare à l’idéal du poème dramatique, tout en ne mettant aucun nom au-dessus du nom de Corneille, on peut croire qu’il existe des ouvrages plus parfaits que les siens. […] Encore, parmi ces quatre, les esprits difficiles n’en trouvent-ils que deux parfaites, le Cid et Polyeucte ; les deux autres, Horace et Cinna, leur paraissent défectueuses dans l’ensemble. […] Cette vérité-là je ne la trouve que dans le théâtre antique, et j’en vois l’expression parfaite dans le nôtre.

228. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Son Dieu parfait lui-même, a dû, malgré toutes les contradictions, souffrir, s’efforcer et mourir. […] Dans une humanité, je ne dis point parfaite, mais meilleure que la nôtre, elle se transformerait. […] Le beau parfait, a-t-on dit, est comme l’eau très pure qui n’a point de saveur. […] Nos vertus ne lui conviendraient guère mieux qu’à l’être parfait auquel un anthropomorphisme naïf peut seul les attribuer, et dont il ne serait, en somme, qu’une sorte de réduction transportée dans le relatif. […] Cette conception de la morale s’est répandue sans s’imposer absolument dans la pratique, sans quoi l’humanité aurait vraisemblablement disparu et sans acquérir une cohérence parfaite.

229. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

L’illusion était parfaite ; nous apercevions un monde sublime et pur. […] Le style est excellent, les ménagements infinis, les gestes parfaits, les habits de la bonne faiseuse ; mais on n’a rien dit, et pour toute action on a fait antichambre. […] Il a le parler haut et libre ; « il lui échappe d’abondance de cœur des raisonnements et des blâmes. » Très pointilleux et récalcitrant, « c’est chose étrange, dit le roi, que M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et par-dessus tout l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie. » Il hait les ministres, petites gens que le roi préfère, chez qui les seigneurs font antichambre, dont les femmes ont l’insolence de monter dans les carrosses du roi. […] L’avarice, la débauche, l’ambition étaient ses dieux ; la perfidie, la flatterie, les servages, les moyens ; l’impiété parfaite, son repos. […] La Fontaine, le plus heureux, fut le plus parfait ; Pascal, chrétien et philosophe, est le plus élevé ; Saint-Simon, tout livré à sa verve, est le plus puissant et le plus vrai.

230. (1904) Zangwill pp. 7-90

Mais la nature aspire à une communion bien plus intense, communion qui n’atteindra son dernier terme que quand il y aura un être actuellement parfait. […] Les vertus de la bourgeoisie ne doivent pas être celles de la noblesse ; ce qui fait un parfait gentilhomme serait un défaut chez un bourgeois. […] Quand Dieu sera en même temps parfait et tout-puissant, c’est-à-dire quand l’omnipotence scientifique sera concentrée entre les mains d’un être bon et droit, cet être voudra ressusciter le passé, pour en réparer les innombrables iniquités. […] C’est là le terrain national, très bon pour certaines plantes, mais très mauvais pour d’autres, incapable de mener à bien les graines du pays voisin, mais capable de donner aux siennes une sève exquise et une floraison parfaite, lorsque le cours des siècles amène la température dont elles ont besoin. […] Plus un poëte est parfait, plus il est national.

231. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ginisty, Paul (1855-1932) »

. — Manuel du parfait réserviste (1882). — La Fange (1882). — Les Rastaquouères (1883). — Paris à la loupe (1883). — La Seconde Nuit (1884). — Les Belles et les Bêtes (1884). — L’Amour à trois (1884). — Quand l’amour va, tout va, nouvelles (1885). — Le Dieu bibelot, articles (1888). — De Paris à Paris (1888). — L’Année littéraire (depuis 1885). — Crime et châtiment, drame, en collaboration avec Hugues Le Roux (1888). — De Paris au cap Nord (1892).

232. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 218-219

On jugera toujours par ses Vies des Solitaires d’Orient, ses Lettres spirituelles, la Comédienne convertie, la parfaite Religieuse, la Vierge chrétienne, &c. en un mot par tous ses Ouvrages, qu’il eût été capable de donner plus d’exactitude & plus de perfection à son style, s’il se fût autant occupé de sa réputation littéraire, que du désir de faire servir sa pieuse industrie à inspirer l’horreur du vice, l’amour de la Religion & de la vertu.

233. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Mme Roland nous apparaît dès l’abord comme un des représentants les plus parfaits à étudier, les plus éloquents et les plus intègres, de cette génération politique qui avait voulu 89 et que 89 n’avait ni lassée ni satisfaite. […] Ainsi elle écrit à Bancal : « Il n’est pas encore question de mourir pour la liberté ; il y a plus à faire, il faut vivre pour l’établir, la mériter, la défendre. » Et ailleurs : « Je sais que de bons citoyens, comme j’en vois tous les jours, considèrent l’avenir avec un œil tranquille, et, malgré tout ce que je leur entends dire, je me convaincs plus que jamais qu’ils s’abusent. » Et encore : « Je crois que les plus sages sont ceux qui avouent que le calcul des événements futurs est devenu presque impossible. » Elle s’étend en un endroit (p. 233) avec un sens parfait sur cette patience, vertu trop négligée et toutefois si nécessaire aux gens de bien pour arriver à des résultats utiles ; mais, par une singulière contradiction, elle manque, tout aussitôt après, de patience. […] Quant au reste, vérité, évidence, limpidité parfaite ; pas une tache, pas un voile à jeter ; regardez aussi avant que vous voudrez dans sa maison de verre, transparente comme avait souhaité ce Romain : la lumière de l’innocence et de la raison éclaire un intérieur bien ordonné, purifiant. […] Mistress Hutchinson s’appesantit trop, durant plus d’un volume, sur les démêlés de son mari, gouverneur de Nottingham, avec les comités locaux, et ne développe pas assez sa conduite au Parlement, dans l’affaire du roi et après ; mais tout le commencement et la fin sont parfaits, et sensiblement imprégnés ou plutôt pétris d’honnêteté.

234. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais pour nous garder de ces fantaisies, il suffira de songer que Racine donnait une parfaite satisfaction à Boileau, par l’usage qu’il faisait de l’histoire. […] Donc l’auteur variera les caractères et leur expression. — Nous savons, et nous disons souvent que « l’homme n’est pas parfait ». […] En sorte qu’un sonnet parfait n’a rien à envier à une excellente épopée ; ce sont deux choses absolument et également parfaites, et pourvues d’une « beauté suprême ».

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