Son nom aussi le servait et le désignait à l’attention. […] Fallait-il continuer le genre académique, ce qu’on entendait sous ce nom ? […] Horace Vernet, qui garda plus longtemps qu’aucun le sentiment vif et actif de la jeunesse, put n’avoir pas de ces regrets qui supposent un peu de rêverie ; mais comment, nous qui faisions en 1822 le pèlerinage à son atelier de la rue de la Tour-des-Dames, comment, nous dont la vie, en présence de ces batailles de l’Art, s’est passée à regarder, à espérer, à faire des vœux ou à regretter, comment ne dirions-nous pas pour lui et presque en son nom ce que ce retour sur le passé nous inspire ?
je ne voudrais rien conseiller à la jeunesse que de convenable ; mais vraiment, lorsque après avoir lu et relu les Maximes de La Rochefoucauld, un éditeur d’un nom distingué comme M. de Barthélémy en vient à écrire dans un avertissement placé en tête du petit livre, exquis de tout point, que rien ne l’obligeait de réimprimer : « Nous signalons dans ce recueil une vingtaine de pensées inédites, dans lesquelles on retrouvera cependant quelquefois de lointaine parenté avec un certain nombre de celles de diverses éditions » ; que dire ? […] » Il soutenait en effet que l’intérêt était partout, était tout, inspirait tout ; il ne croyait pas à l’essence des vertus : « La vertu est un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête, afin de faire impunément ce qu’on veut. […] La similitude des noms m’avait trompé.
Parmi ces noms fameux, il en est un qui, pour nous Français, l’est moins encore par la grandeur de l’action que par l’à-propos et l’urgence, par l’imprévu de l’événement et les conséquences promptes qui en jaillirent ; c’est Denain, qui fit tourner la chance depuis si longtemps contraire et qui releva l’honneur de notre drapeau tout à la fin de Louis XIV. […] Ce stratagème est l’inverse de celui de César qui apaisa une émeute militaire au Champ, de Mars en apostrophant les mutins du nom de Quintes, comme qui dirait Citoyens ou Messieurs. […] Le nom de Denain, attaché à celui de Villars, ne fait que représenter et couronner les services des trois campagnes précédentes, méritoires et sans éclat.
C’est cette période d’intervalle et d’élaboration que je tiens à bien définir, en la rattachant à l’individu et au nom qui la personnifie le mieux. […] Sur ce terrain même il a l’autorité de l’antiquité pour lui, et il peut invoquer de grands noms, Quintilien, Cicéron, César ! […] Ce n’est pas un médiocre honneur pour Vaugelas d’avoir préparé à Racine sa langue, de lui avoir aplani les voies d’élégance et de douceur dans la diction, et d’avoir si bien et si exactement défini tout ce rare ensemble de qualités possibles, qu’il n’y manque plus que d’écrire en marge le nom du plus parfait écrivain.
Buzot nous parle à son tour de ses relations d’amitié avec Roland, et ce n’était pas un homme à jouer avec l’un et avec l’autre deux rôles aussi opposés, Je sais bien que lorsque Buzot apprit à Saint-Émilion la mort de Mme Roland, il en perdit l’esprit pendant quelques jours ; mais l’intimité dans laquelle il vécut avec elle, l’estime qu’il eut pour ses talents, peuvent facilement expliquer cette circonstance, de la part d’une âme ardente. » Honorable héritier du nom et des sentiments de l’un des hommes les plus purs de l’ancienne Gironde, ce même M. […] » Après quelques raisonnements d’une banalité un peu novice, elle en vient à se peindre elle-même sous le nom de Chloé ; elle semble y faire allusion à son goût de jeune fille pour La Blancherie. […] (Évreux), pour que tu eusses de moi un signe de vie ; mais la poste est violée ; je ne voulus rien t’adresser, persuadée que ton nom ferait intercepter la lettre et que je t’aurais compromis.
» Ce mot d’homme d’esprit est fort sage : en effet, le moment arrive assez vite, pour tout nom célèbre, où il est rassasié et comme saturé de tout ce qu’il peut porter et contenir de propos en l’air et de médisances : à partir de ce moment, on a beau dire et écrire, rien ne mord plus, rien n’a prise sur lui, tout glisse, et le nom désormais garanti est partout reçu à son titre, et compté pour ce qu’il vaut. […] donner son nom à des aventures, au lieu de le donner à son siècle !
Et en effet c’est bien là, avec les réserves que chacun fait, et deux ou trois noms comme ceux de Bossuet et de Montesquieu qu’on sous-entend, c’est là, jusqu’en 1789 environ, le caractère distinctif. le trait marquant de la littérature française entre les autres littératures d’Europe. […] Le plus intéressant de ses protégés est assurément un gentilhomme de Provence, dont le nom n’a pas été conservé : « Ce pauvre garçon, dit-elle, étoit attaché à M. […] Rœderer a suivi de près et démêlé tout ce qui se rapporte à l’hôtel de Rambouillet en particulier, avec une prédilection et une minutie qui ne nuisent, selon nous, ni à l’exactitude ni à l’agrément de son livre. — Il y faudrait pourtant absolument, pour les noms propres et les dates, une impression plus correcte.
En ce cas, il nomme le bailli, le greffier et autres gens de loi et de justice, procureurs, notaires, sergents seigneuriaux, huissiers à verge ou à cheval, qui instrumentent ou jugent en son nom, au civil et au criminel, par première instance. […] — Par une autre suite de la même qualité, il perçoit des redevances sur tous les biens que jadis il a donnés à bail perpétuel, et, sous les noms de cens, censives, carpot, champart, agrier, terrage, parcière, ces perceptions en argent ou en nature sont aussi diverses que les situations, les accidents, les transactions locales ont pu l’être. […] Ils sont là, dans chaque canton, visibles, acceptés d’avance ; on les reconnaît à leur nom, à leur titre, à leur fortune, à leur genre de vie, et la déférence est toute prête pour leur autorité.
Il sent le mot comme son, d’abord ; et de là son goût pour les noms propres, qui, avec un minimum irréductible de sens, font tout leur effet par leurs propriétés sensibles, par la sensation auditive qu’ils procurent. […] Leconte de Lisle, après ses deux admirables recueils, fut le maître incontesté de la poésie française ; autour de lui se groupèrent un certain nombre de jeunes poètes, qui prirent le nom de Parnassiens, lorsque l’éditeur Lemerre publia leurs vers dans le recueil du Parnasse contemporain Chacun y apporta son tempérament original, sa force de sentiment ou de pensée : le trait commun de l’école fut le respect de l’art, l’amour des formes pleines, expressives, belles. […] Coppée892 s’est acquis le nom d’un maître.
L’exode, ô Mélusine, chaque fois qu’on l’a tenté, est devenu, sous le nom de révolution, une chute grouillante et lourde, une rouge avalanche humaine. […] Quand l’individu est mort qui combattit le mal social, les puissants s’emparent de son nom, et ils faussent et tordent sa pensée jusqu’à s’en faire une couronne. […] Il méprise Jeanne d’Arc dès que les patriotes vomissent sur elle leurs louanges et, puisque les clergés actuels se réclament du nom de Jésus, il oublie que Jésus vivant fut l’ennemi des clergés et de toutes les organisations oppressives.
Giboyer est père ; il a un fils naturel qu’il n’a pas voulu marquer de son nom. […] » s’écrie le vieillard transporté, et il ajoute en lui-même une dernière syllabe à ce nom trompeur. […] Je proteste encore contre ce protestant dont le pseudonyme couvre un nom célèbre.
Entre ces deux femmes si éloignées et si distantes, quels sont les noms qui comptent véritablement, qui méritent de figurer en première ligne dans la série des femmes célèbres par leur talent d’écrivain ? […] On me permettra de citer encore ce passage, parce qu’on a accusé Mme Du Deffand de ne point aimer Plutarque, et que je suis sûr que, si elle ne l’a point aimé, c’est qu’elle a découvert un tant soit peu de rhéteur en lui : J’aime les noms propres aussi, dit-elle ; je ne puis lire que des faits écrits par ceux à qui ils sont arrivés, ou qui en ont été témoins ; je veux encore qu’ils soient racontés sans phrases, sans recherche, sans réflexions ; que l’auteur ne soit point occupé de bien dire ; enfin je veux le ton de la conversation, de la vivacité, de la chaleur, et, par-dessus tout, de la facilité, de la simplicité. […] Et, en effet, on peut voir dans cette soudaine passion d’une vieillesse stérile une sorte de tendresse maternelle qui n’a jamais eu son objet, et qui tout à coup s’éveille sans savoir son vrai nom.
Elle s’y était rendue de son côté, et l’on assure que les noms des deux pèlerins se lisaient encore, il y a quelques années, sur les murailles moresques où ils les avaient tracés. […] » Il se fait dire encore par elle : « Quand je vous ai connu, personne ne prononçait votre nom : maintenant, qui l’ignore ? […] Il serait curieux de suivre et d’énumérer les principaux noms de femmes vraiment distinguées qui l’ont successivement et quelquefois concurremment aimé, et qui se sont dévorées pour lui.
Je ne voulais point être aimée en particulier de qui que ce fût ; je voulais l’être de tout le monde, faire prononcer mon nom avec admiration et avec respect, jouer un beau personnage, et surtout être approuvée par des gens de bien : c’était mon idole. […] Je ne puis mieux la comparer, dans ses projets perpétuels et ses menaces de retraite, qu’à M. de Chateaubriand, qui voulait toujours, comme on sait, fuir le monde pour un ermitage et s’en retourner chez les sauvages américains : « Je retournerais en Amérique, disait Mme de Maintenon, si l’on ne me disait sans cesse que Dieu me veut où je suis. » Elle avait un confesseur, l’abbé Gobelin, qui sut lui dire de très bonne heure, en lui montrant la place (place encore sans nom et nullement vacante, car la reine vivait) qu’il y avait à occuper auprès de Louis XIV : Dieu vous veut là ! […] Le roi a trois maîtresses, lui disait Mme de Montespan avec fureur, — moi de nom, cette fille (Fontanges) de fait, et vous de cœur.
On ajoutait que sa mère l’avait mis au monde au coin d’une borne dans la rue de La Harpe, faisant entendre que c’était de là que lui venait son nom. […] Delharpe, et de Marie-Louise Devienne, dont le nom, sur l’acte de baptême, soit orthographié Delaharpe. […] Petit de taille et même exigu, « haut comme Ragotin », disait Voltaire, ses ennemis l’avaient surnommé Bébé, en lui appliquant le sobriquet d’un nain du roi Stanislas (j’omets les autres sobriquets de Harpula, Psaltérion, Cithara, qui ne sont que des traductions ou des travestissements de son nom).
Mme de Genlis y est fort maltraitée : elle figure dans ce roman sous le nom de Mme de Gercourt, sentencieuse, pédante, adroite et flatteuse, visant à une perfection méthodique, fort suspecte de mettre « les vices en action et les vertus en préceptes ». […] Le second roman de Mme Sophie Gay, qui parut avec les seules initiales de son nom, en 1813, est Léonie de Montbreuse, et, si j’osais avoir un avis en ces matières si changeantes, si fuyantes, et dans lesquelles il est si difficile d’établir une comparaison, je dirais que c’est son plus délicat ouvrage, celui qui mérite le mieux de rester dans une bibliothèque de choix, sur le rayon où se trouveraient La Princesse de Clèves, Adèle de Senange et Valérie. […] Elle a entendu au passage Mme de Rosbel la désigner du nom de petite pensionnaire : il n’en faut pas plus pour qu’elle en veuille à Alfred d’avoir souri à cette injure, et pour qu’elle débute avec lui par exiger une réparation.
Plutarque, avec …………………… l’air d’homme sage, Et cette large barbe au milieu du visage, me fait pitié de nous venir prôner tous ces donneurs de batailles dont le mérite est d’avoir joint leurs noms aux événements qu’amenait le cours des choses. […] Vous n’ignorez pas, monsieur, que je m’occupe de ces études uniquement par goût, ou, pour mieux dire, par boutades et quand je n’ai point d’autre fantaisie ; que je n’y attache nulle importance et n’en tire nul profit ; que jamais on n’a vu mon nom en tête d’aucun livre… On entrevoit ici non seulement l’indépendance et le caprice, mais un peu la prétention et le travers. […] On ne se fait pas un nom par là, mais on passe doucement la vie… En supposant que toutes les lettres qui portent la date de ces années aient été réellement écrites alors telles que nous les avons, il imitait, en effet, les anciens sans fatigue et avec un art adorable dans de petits sujets, soit qu’il adressât à sa cousine, Mme Pigalle, du pied du Vésuve des contes dignes de Lucius et d’Apulée (1er novembre 1807), soit qu’aux bords du lac de Lucerne, du pied du Righi, il envoyât à M. et à Mme Thomassin (25 août et 12 octobre 1809) des idylles malicieuses et fraîches où il aime à montrer toujours, à côté des jeunes filles joueuses ou effrayées, le rire du Satyre44.
Dans un portrait de Du Plessis-Mornay, voulant déplorer l’usage que ce célèbre protestant fit de ses talents contre l’Église, il dira qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’il fût mort-né (Mornay) d’effet comme de nom, et que du ventre de sa mère il eût été porté à la sépulture. […] Il y a bien à méditer sur ces deux noms. […] Dans ses peintures morales, et dans l’examen des conditions qu’il exige des hommes appelés à être des conseillers politiques, il avait certainement en vue tel ou tel de ceux qu’il avait connus ; mais ses observations sont si justes et si fortes que, rien qu’à les transcrire ici, il semble encore aujourd’hui qu’on puisse mettre des noms propres au bas des qualités et des défauts : Les plus grands esprits, dit Richelieu, sont plus dangereux qu’utiles au maniement des affaires ; s’ils n’ont beaucoup plus de plomb que de vif-argent, ils ne valent rien pour l’État.
Puis j’entre en fureur de cette compromission de nos deux noms, par cet achat, qu’on peut supposer sollicité. […] Ainsi, faites absolument comme vous l’entendrez, vous êtes, n’est-ce pas, bien plus intéressé que moi au succès de la pièce. » Puis, au bout de tous ces apparents abandonnements, apparaissait sournoisement le nom de Meurice, de l’excellent Meurice, à qui La Rochelle devait référer, en dernier ressort, pour tout. […] Nous sortons du Palais de l’Industrie, lui, moi, et un monsieur qu’il me présente, et dont je n’entends pas le nom.
C’est exaspérant dans ces enterrements, la présence de tout ce monde du reportage, avec ses petits papiers dans le creux de la main, où il jette des noms de gens et de localités, qu’il entend de travers. […] On parle des barbues à la normande et des canetons à l’orange de Mennechet, et des lèvres murmurent des noms de rues infâmes, avec des clignements d’yeux de matous amoureux… On arrive au cimetière, un cimetière tout plein de senteurs d’aubépine, et dominant la ville, ensevelie dans une ombre violette, qui la fait ressembler à une ville d’ardoise. […] Voici un homme qui remplit le monde de son nom, dont les livres se vendent à cent mille, qui a peut-être de tous les auteurs fait le plus gros bruit de son vivant, eh bien, par cet état maladif, par la tendance hypocondriaque de son esprit, il est plus malheureux, il est plus désolé, il est plus noir, que le plus déshérité des fruits secs.
Un savant géomètre magicien, le même qui conseilla à Valens de décapiter tous ceux dont le nom commençait par Théod. […] Il savait d’innombrables choses, entre autres celles-ci : — La terre est plate. — L’univers est rond et fini. — La meilleure nourriture pour l’homme est la chair humaine. — La communauté des femmes est la base de l’ordre social. — Le père doit épouser sa fille. — Il y a un mot qui tue le serpent, un mot qui apprivoise l’ours, un mot qui arrête court les aigles, et un mot qui chasse les bœufs des champs de fèves. — En prononçant d’heure en heure les trois noms de la trinité égyptienne, Amon-Mouth-Khons, Andron d’Argos a pu traverser les sables de Libye sans boire. — On ne doit point fabriquer les cercueils en cyprès, le sceptre de Jupiter étant fait de ce bois. — Thémistoclée, prêtresse de Delphes, a eu des enfants et est restée vierge. — Les justes ayant seuls l’autorité de jurer, c’est par équité qu’on donne à Jupiter le nom de Jureur. — Le phénix d’Arabie et les tignes vivent dans le feu. — La terre est portée par l’air comme par un char. — Le soleil boit dans l’océan et la lune boit dans les rivières. — Etc. — C’est pourquoi les athéniens lui élevèrent une statue sur la place Céramique, avec cette inscription : À Chrysippe, qui savait tout.
Comme ce Molière dont il commença trois fois le portrait, il est de ceux dont on a tout dit quand on a prononcé leur nom. […] Sous la Restauration, il attacha son nom à un procès criminel qui se déroula, avec un grand retentissement, devant les assises de la Drôme. […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.