« Un volume chaque année, à ce compte, ô Muses, disait Pindare, comment s’y prendre pour être un de vos favoris et pour mener une vie heureuse en faisant des vers. » Horace a dit aussi, « Celui-là est heureux qui mène une honorable vieillesse, entre la musique et les beaux vers. » Nec turpem senectam Degere nec cithara carentem ! […] Aujourd’hui, comme au temps de La Bruyère, avec cinq ou six termes de l’art on se donne pour connaisseur en musique, en tableaux, en bâtiments, en bonne chère. […] Comédienne dans son moindre geste, dans son sourire, dans le pli de sa robe, dans la forme et dans la couleur de ses habits, dans le son de sa voix, cette voix touchante et ingénue, douce musique qui allait à l’âme, raillerie, innocence, bel esprit, moquerie pleine de verve, causerie sans fin, gracieuse façon de tout dire, profond sentiment, non seulement des ridicules humains, mais encore des misères humaines ; sa comédie avait quelque chose de grave et d’ingénu tout à la fois, quelque chose de sérieux et de jeune en même temps auquel il eût été bien difficile de résister.
Cette musique usuelle qui parle à l’esprit, et ce couplet rythmé qui danse dans l’oreille, se prêtent l’un à l’autre un mutuel secours pour pénétrer partout. […] Le café, où les Orientaux rêvent, où les Français chantent, est le véritable centre d’acoustique de la chanson grivoise ou de la chanson politique, ce pamphlet en musique. […] Pourrait-on supposer un copiste de musique qui ne comprendrait pas les notes ?
Telle je me l’imagine toujours, entrant vivement en quelque soirée splendide, au milieu d’un chant de Garat : chacun se retourne au bruit aérien de ses pas ; on crut voir la Musique elle-même. […] Ainsi quand à Venise, au bal de la Villa-Pisani, Gustave, qui n’y est pas allé, passant auprès d’un pavillon, entend la musique, et, monté sur un grand vase de fleurs, atteint la fenêtre pour regarder ; quand il assiste du dehors à la merveilleuse danse du schall dansée par Valérie, et qu’à la fin, enivré et hors de lui, à l’aspect de Valérie qui s’approche de la fenêtre, il colle sa lèvre sur le carreau que touche en dedans le bras de celle qu’il aime, il lui semble respirer des torrents de feu ; mais, elle, n’a rien senti, rien aperçu.
Il se plongea dans les mâles études de l’antiquité grecque et de l’Allemagne, toujours antique ; études sur la philosophie, sur la poésie, sur l’architecture, sur la musique, sur la sculpture, sur la peinture, ces cinq formes extérieures par lesquelles le beau, caché dans les langues, dans les sons, dans les lignes, dans les nombres, dans le marbre, dans les couleurs, se révèle avec plus ou moins d’évidence et de splendeur dans tous les temps et dans tous les lieux où Dieu suscite le génie pour dévoiler la beauté. […] Ces lignes sont la métaphysique des édifices humains, nombres, géométrie, symétrie, décorations, tout cela construit en plus ou moins grande proportion, selon le génie de l’artiste, ce beau qui est l’idéal des yeux comme la musique est l’idéal de l’oreille, comme l’éloquence est l’idéal de la logique, comme la poésie est l’idéal de l’imagination et du sentiment.
ajouta Fior d’Aliza en entendant deux rossignols qui luttaient de musique nocturne au fond du ravin, près de l’eau. […] On n’entendait que la musique de cuivre des régiments, les tambours et le bruit de l’exercice à feu sur les remparts de Lucques et dans les plaines.
Bienheureux eschange de l’ouïe corporelle à l’ouïe spirituelle Bienheureux eschange du bruit et du tumulte populaire à l’intelligence de la musique et de l’harmonie des cieux, et à la connoissance des accords et des compositions de l’ame ! […] Il ne vit pas que les langues ne s’enrichissent que par les pensées ; que le secret de la noblesse du langage est tout entier dans la hauteur modérée et égale des pensées ; que l’harmonie est moins une musique qui flatte l’oreille, que l’effet général d’un langage qui réunit toutes les conditions de propriété de noblesse, de clarté.
Il est impossible, en effet, que des rhétoriciens, si forts sur la division des vieux genres, ne sachent pas que le mélodrame est un drame où les entrées des personnages se font au son de la musique, ce qui n’arrive pas une seule fois (nous en donnons notre parole d’honneur !) […] Or, s’il n’y a pas de musique dans le livre de M.
« Au début du second chant, Lucrèce gourmande les hommes de ne pas s’en tenir aux vrais plaisirs que la nature leur offre à si peu de frais : « Si vous n’avez, leur dit-il, ni statues d’or tenant à la main des flambeaux dans vos vestibules, ni lambris dorés, ni musique retentissante, vous avez les bois, le gazon qu’arrosent les ruisseaux, etc., etc. » Si non aurea sunt juvenum simulacra per ædes, Lampadas igniferas manibus retinentia dextris, Lumina nocturnis epulis ut suppeditentur, etc., etc.
Quand Béranger dit que « le pouvoir est une cloche qui empêche ceux qui la mettent en branle d’entendre aucun son ; » et ailleurs « qu’il est des instants, pour une nation, où la meilleure musique est celle du tambour qui bat la charge ; » et encore, lorsqu’il compare les prétendus faiseurs de la révolution de Juillet à ces « greffiers de mairie qui se croiraient les pères des enfants dont ils n’ont que dressé l’acte de naissance ; » cela me paraît étonnamment rentrer dans le goût des locutions familières à Franklin.
Vitet eut pour mission d’appliquer aux beaux-arts les principes de cette psychologie qui venait enfin, on le croyait, d’être rendue à ses hautes sources : qu’il parlât musique, qu’il traitât d’architecture surtout, comme plus tard de peinture, il multiplia et fit fructifier en tous sens la branche féconde.
Où peut-on trouver plus d’enthousiasme poétique que dans l’Ode à la Musique, de Dryden ?
Encourager les hommes de lettres, c’est les placer au-dessous du pouvoir quelconque qui les récompense ; c’est considérer le génie littéraire à part du monde social et des intérêts politiques ; c’est le traiter comme le talent de la musique et de la peinture, d’un art enfin qui ne serait pas la pensée même, c’est-à-dire, le tout de l’homme.
Hors les Parisiens et les cosmopolites, qui est-ce qui goûte notre littérature, notre peinture, notre musique, si travaillées, si savantes, si psychologiques ?
Et, pour une fois, la musique a su ajouter à la poésie au lieu de l’effacer par des sensations moins définies et plus fortes ; et, comme ces petits vers ne sont qu’un tissu d’images et d’impressions flottantes, les mélodies de Massenet nous ont peut-être encore mieux fait sentir tout ce que recèlent d’enchantement ces vagues et délicieuses romances, que je voudrais appeler des romances panthéistiques.
Certaines strophes de lui vous emplissent pour des heures de musique et de rêve.
Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines.
» Tel est le singulier travestissement sous lequel apparut d’abord parmi nous le fameux Convié de pierre, qui devait si merveilleusement inspirer le drame, la poésie et la musique.
Et surtout leurs adeptes y trouvent des jouissances analogues à celles que donnent la peinture et la musique.
Elle mit en exposition l’œuvre des peintres, des sculpteurs et des ouvriers d’art ; elle s’occupa de sociologie, de musique.
Seuls, ils s’affranchirent de la technique étroite : l’un pour dire en une musique plus libre, chanteuse, séduisante et navrante comme Ophélie, son âme musicale et folle ; l’autre pour essayer d’enfermer son noble et rigoureux esprit en je ne sais quelle forme informe, détruite par un trop grand effort d’absolu.
Mais, comme il n’y a guère autre chose et qu’elles ne varient guère, leur musique monotone et vide perd bientôt son prestige premier.
Au temps même d’Eschyle, Pratinas invectivait encore l’insolente musique qui coupait la parole à la poésie.