Ce n’est pas la première fois, comme Marc-Aurèle nous le montre, que de très haut sont tombées d’excellentes leçons morales pour les petits. […] Rien ne montre mieux que le style ordinaire de Rabelais est un style parlé, et parlé par un homme qui parlait admirablement quand il ne se surveillait point. […] Il fit au commencement de 1564 ce testament d’une admirable simplicité de forme, au fond un peu orgueilleux, où, du moins, si l’on veut, la satisfaction du devoir accompli se montre trop. […] Il nous montre d’abord qu’elle est un fondement du christianisme depuis ses plus lointaines origines, ce qui est vrai, puisque la Bible est pleine de cette idée. […] C’est qu’il justifie Dieu ; c’est qu’il le montre, même au jugement humain, moins incompréhensible en ses choix arbitraires ; c’est qu’il permet à Calvin d’être fataliste sans avouer qu’il l’est et pour ainsi dire sans l’être ; c’est qu’il lui permet de croire à la fatalité après la chute et au libre arbitre humain avant.
À la fin, on nous montre le bonhomme cordier, mari de la belle, en tablier gras et portant entre ses bras sa quenouille. […] Rome est un échafaud public, une scène, un théâtre où se voit le jeu de la fortune, où chacun, malgré sa prudence, se montre à la fin tel qu’il est ; où les courtisans font l’amour et trament l’intrigue, où l’ambition et la duplicité abondent, où l’oisiveté rend le bon vicieux, où le vil faquin discourt des faits du monde. […] Du Bellay nous les montre en antique chaperon, en robe à grandes manches, en bonnets sans bord, parlant avec gravité, mais grossièrement, et donnant sur les affaires publiques des avis qui sont de sages sottises. […] Le poète s’y montre, je crois, trop cuirassé, trop empanaché ; il prend même, par-ci par-là, des airs rébarbatifs. […] Dans ses paysages, Théophile de Viau nous montre, comme d’ailleurs tous ses contemporains, un mélange de faux et de vrai qui ne laisse pas d’être curieux à noter.
Assurément ce livre ne pouvait être produit par une intelligence vulgaire ; mais dans cette suite de mémoires, d’ailleurs très estimables et très utiles, l’art ne se montre nulle part. […] Toutefois nous devons lui rendre cette justice, qu’il se montre courageux et persévérant. […] Il voit, il regarde et il montre les deux faces de la vie, l’égoïsme et l’exaltation, l’abnégation et l’amour de soi, la prudence et l’entraînement, l’aveuglement et la clairvoyance. […] Que le poète anglais s’adresse à l’histoire de son pays ou à l’histoire romaine ; qu’il peigne Henri VIII ou Coriolan, Richard III ou .Iules César, il se montre constamment un et varié. […] Dès qu’elle a reçu ce nouveau baptême, elle se montre pleine de prévenance et d’obséquiosité.
Metella nous montre, au vif et au naturel en même temps, l’art de peindre les troubles les plus graves du cœur, d’un trait discret qui laisse tout deviner presque sans rien marquer et en courant à la surface. […] Quelle était sa doctrine sur les grands sujets de la méditation humaine dont elle se montre passionnément occupée : les lois sociales, l’amour, la nature, les idées, le sentiment du divin dans le monde et dans la vie ? […] Que d’énergie montre ce paysan demi-lettré, Simon, dans le rude assaut de sa destinée ! […] Si nos regards se perdent dans les horizons de la mer, on nous y montre une voile, et sous cette voile nous devinons un rude travailleur qui peine et qui souffre. […] Dans cette dernière partie de son existence, combien elle se montre différente de cette fantasque et superbe amazone d’un idéal chimérique, qui avait chevauché, dans de folles équipées, à travers tant de cœurs brisés !
Il se montre en cela grand peintre d’histoire. […] Il montre l’humanité comme l’individu passant de la spontanéité à la réflexion, de l’instinct à la raison, de la fatalité à la liberté. […] S’il raconte un naufrage, il nous montre le navire « assommé, éreinté », gisant sur la grève « comme un corps mort ». […] Il nous montre les communes de Flandre fondées sur l’amitié. […] Il faut renoncer à la légende qui nous montre Michelet devenant hostile au catholicisme parce qu’il a été attaqué par l’abbé Des Garets.
Le premier portrait que nous possédons de lui — il avait vingt et un ans — nous montre une belle tête de jeune homme, aux traits réguliers, au nez fin, au front large et haut qu’entourent des cheveux bouclés, aux yeux bleus grand ouverts, que gâte seulement une bouche dont les coins se relèvent avec une expression dédaigneuse, presque sarcastique. […] Il n’en est pas moins vrai que cette inconséquence nous montre combien sa théorie est insuffisante. […] Sans doute, on ne nous montre plus guère aujourd’hui ce qu’on appelait autrefois la « psychologie », c’est-à-dire la lutte entre le devoir et la passion ; mais on nous décrit de curieux conflits de passions contradictoires, des combats parfois dramatiques entre le sentiment et l’idée, des états d’âme singuliers ou attachants. […] Loin de là : elles traduisent très exactement la philosophie d’Edmond Scherer ; elles constituent le fonds de sa critique ; et quand il descend de la contemplation de notre société à l’examen particulier de nos écrivains et de leurs œuvres, il ne se montre ni plus bienveillant ni plus sympathique. […] Il voit et il montre, entre le fini et l’infini, une ligne de démarcation très nette, qu’il n’essaye pas de franchir.
Homais lui montre le poing en grondant, car pour M. […] Elle montre que M. […] Tel est l’aimable intérieur que nous montre d’abord M. […] Au lieu de ce long et triste combat dont souffrirait l’existence entière, que nous montre-t-on ? […] Et elle montre la porte à Daniel.
Sa belle-fille132, la duchesse de Nemours, qui, elle, n’en sortait pas, Argus peu bienveillant mais très-clairvoyant, nous la montre telle dans les Mémoires si justes, qu’on voudrait toutefois moins rigoureux. […] Huet (dans ses Mémoires) nous le montre comme tellement embarrassé en public, que s’il avait eu à parler d’office devant un cercle de six ou sept personnes, le cœur lui aurait failli.
« Rien, dit-il au frère d’Amélie, rien ne mérite, dans cette histoire, la pitié qu’on vous montre ici. […] On montre encore un rocher où il allait s’asseoir au soleil couchant.
Derrière Paris, ou dans Paris même, Lavedan nous montre la province, c’est-à-dire, derrière ceux qui s’agitent dans le vide du présent, ceux qui vivent de la foi du passé. […] Il n’est pas probable que la Vierge se montre jamais beaucoup en Beauce, ou même en Sologne.
On lui a dit, à la vérité, qu’elle est née de parents chrétiens, et la croix qu’elle porte sur son cœur ne laisse pas de la troubler par moments ; mais l’amour est le plus fort, et la pièce en commençant nous la montre heureuse de la meilleure sorte de bonheur, le bonheur qu’on espère. […] Elle résiste à y croire ; elle montre quelque étonnement d’avoir à se reprocher jusqu’à sa reconnaissance pour Orosmane, et d’être forcée de haïr celui qu’elle aime.
Le règne de Henri III nous montre aussi une révolution produite dans la langue par la conversation ; et quelle conversation ; ce n’était pas celle de personnes de deux sexes qui désirent de se plaire : c’était le cailletage d’une cour toute remplie de jeunes hommes plongés dans la plus infâme corruption. […] Mais que pour un modèle on montre ses écrits, Qu’il soit le mieux renté de tous nos beaux esprits, Comme roi des auteurs qu’on l’élève à l’empire, Ma bile alors s’échauffe et je brûle d’écrire.
Il raccourcit aux proportions naines les grecs vainqueurs de Troie par trahison, il les montre mis bas par une machine de guerre, il les appelle « ces petits d’un cheval. » Quant aux dieux, il va jusqu’à incorporer Apollon à Jupiter. […] Il montre, dans des vers terribles, « l’impuissance qui enchaîne, comme dans un rêve, les vivants aveugles. » Sa tragédie n’est autre chose que le vieux dithyrambe orphique se mettant tout à coup à crier et à pleurer sur l’homme.
Ce qui montre bien la dualité de ces deux ordres de recherches, c’est qu’un fait peut exister sans servir à rien, soit qu’il n’ait jamais été ajusté à aucune fin vitale, soit que, après avoir été utile, il ait perdu toute utilité en continuant à exister par la seule force de l’habitude. […] Mais l’histoire montre que ces inclinations, loin d’être inhérentes à la nature humaine, ou bien font totalement défaut dans certaines circonstances sociales, ou, d’une société à l’autre, présentent de telles variations que le résidu que l’on obtient en éliminant toutes ces différences, et qui seul peut être considéré comme d’origine psychologique, se réduit à quelque chose de vague et de schématique qui laisse à une distance infinie les faits qu’il s’agit d’expliquer.
Il montre partout intrépidité et intelligence : nous irons là où il prouve sa supériorité.
Rancé s’y montre aussi mort que possible à tous les mouvements et à tous les bruits du dehors, et aux disputes même où il est en jeu.
Il y raconte tout et peut-être au-delà ; il s’y montre à nu, sans façon et d’assez bonne grâce pour un vieillard ; épicurien comme Horace, qu’il aime à citer, sensualiste ouvertement, sans trop de cynisme, quelque peu chrétien par là-dessus, à ce qu’il dit, je ne me chargerai pas d’expliquer comment ; plein de regrets pour le passé, mais sans trace de repentir, il va, il déroule à plaisir, il recommence sa jeunesse.
Les hommes à imagination, en se transportant dans le rôle d’un autre, ont pu découvrir ce qu’un autre aurait dit ; mais quand on parle en son propre nom, ce sont ses propres sentiments que l’on montre, même alors que l’on fait des efforts pour les cacher.
Un mot glissé montre seul le sourire imperceptible ; c’est l’âne, par exemple, qu’on appelle l’archiprêtre, à cause de son air grave et de sa soutane feutrée, et qui, gravement, se met à « orguenner. » Au bout de l’histoire, le fin sentiment du comique vous a pénétré sans que vous sachiez par où il est entré en vous.
Il montre les faibles opprimés sans leur laisser espoir de secours ni de vengeance.
Mlle Clairon, qui montre Électre en haillons, fraye la voie à Talma, qui, au début de notre siècle, fera Cinna « laid comme une statue antique ».
Pour Molière, il nous montre qu’on ne sait pas si Madeleine Béjart a été la maîtresse de Molière, qu’il n’est pas du tout sûr qu’Armande fût la fille de Madeleine.