Laisse pleurer Thalie, on lui défend de rire ; De nos mœurs trop longtemps elle a fait la satire ; Elle frondait le vice, et croyait bonnement Que les sots étaient faits pour son amusement.
L’influence si naturelle des mœurs sur le culte devait, avec le progrès de la grandeur et de la politesse romaines, accréditer de préférence les autels de la déesse dont César prétendait descendre.
Cette foule que nous convions sait si peu de choses ; elle est si routinière dans ses mœurs et dans ses idées ! […] Notre politesse, notre esprit, nos mœurs et notre art sembleront vieillots et « rococo » aux générations neuves qui s’agiteront sous le soleil. […] Une peinture des mœurs à un moment donné n’est jamais que la peinture des mœurs d’un petit nombre. […] De mœurs : n’est-ce point un tableau de la société française, noblesse, magistrature, tiers-état, aux approches de la Révolution ? […] c’étaient les mœurs du temps) la sorcière Marie Laurent qu’on voit partout dans ce drame et qui n’y sert à rien.
Elles nous en traduisent tout l’essentiel ; elles en rendent, avec une légère transposition de mœurs, le mouvement, le tour et la couleur générale. […] Il bénéficie de nos mœurs démocratiques. […] Hors de cela, on n’y apprend rien des mœurs des Français. […] On ne sort point de ce qu’il y a de plus superficiel dans les mœurs bourgeoises et dans les mœurs boulevardières. […] Il fait des mots sur la vie, les mœurs et les événement de Paris ; seul aujourd’hui avec M.
Maspero le style du Discours sur l’histoire universelle ; ou le texte de l’Essai sur les mœurs des travaux de M. […] L’histoire de la littérature et l’histoire des mœurs s’illuminent ainsi l’une l’autre d’une lumière toute nouvelle, si nouvelle en vérité, que, même en Angleterre, avec tout ce qu’elle trahit de parti pris et d’esprit de système, l’Histoire de la littérature anglaise de M. […] Le Petit pourra même ajouter que Voltaire l’admirait tant qu’il crut devoir le réfuter, et que telle est l’origine de son Essai sur les mœurs. […] C’est ce que n’ont pas compris les Marmontel et les d’Alembert, que le style de Buffon, emphatique lorsqu’il décrit les mœurs du cheval ou du cerf, parce qu’il les décrit d’un point de vue trop humain, se dépouille et se simplifie avec la grandeur des objets qu’il expose. […] Pour la crudité du langage, pour la bassesse des mœurs, pour le cynisme des actes — et si du moins, comme je le crois, les Mémoires de Casanova ne sont pas de la littérature, — on sait sans doute qu’il n’y a rien au-dessous.
Dans Homère, la naïve brutalité des mœurs indique assez une époque primitive. […] Ainsi, soit par ressemblance, soit par contraste, la littérature peint les mœurs du siècle. […] L’enquête est tellement dans leurs mœurs, et certes il faut les en féliciter, qu’à chaque instant elle passe dans leur littérature. […] C’est sur le terreau des mœurs corrompues et sous le fumier social qu’on fait pousser l’idylle, fleur d’arrière-saison, arrosée par l’art poétique. […] Chez les Hollandais et chez les Anglais, peuples protestants, le nu est presque interdit par les mœurs, même dans la peinture et dans la sculpture.
» Ainsi donc ce jeune magistrat, si opposé par sa nuance religieuse à notre vieille race parlementaire et gallicane des L’Hôpital et des de Thou, si supérieur par la gravité des mœurs à cette autre postérité plus récente et bien docte encore de nos gentilshommes de robe, de Brosses ou Montesquieu, M. de Maistre était autant versé qu’aucun d’eux dans les hautes études ; il vaquait tout le jour aux fonctions de sa charge, à l’approfondissement du droit, et il lisait Pindare en grec, les soirs. […] Le bonheur politique, comme le bonheur domestique, n’est pas dans le bruit ; il est le fils de la paix, de la tranquillité, des mœurs, du respect pour les anciennes maximes du gouvernement, et de ces coutumes vénérables qui tournent les lois en habitudes et l’obéissance en instinct. » Et l’auteur montre que tel a été le caractère constant et le régime de la maison de Savoie, en qui il loue surtout le talent de gouverner sans jamais se brouiller avec l’opinion. […] A ces banales insultes l’auteur oppose le tableau de ce qu’était ce gouvernement modéré et paternel : il montre en Savoie le clergé et la noblesse ne formant pas de corps séparé dans l’État ; les libertés de l’Église gallicane observées par opposition à ce qui avait lieu en Piémont ; le haut clergé sans faste, exemplaire de mœurs ; le bas clergé (expression qui était inconnue) jouissant de toute considération, et la noblesse elle-même paraissant assez souvent dans cette classe des simples curés. […] Telle est ma morale en ce genre de critique et de portraiture littéraire ; c’est ainsi que j’observe les mœurs de mon sujet. […] « Tandis que ses lieutenants poursuivaient les troupes sardes, Montesquiou se porta à Chambéry le 28 septembre, et y fit son entrée triomphale, à la grande satisfaction des habitants, qui aimaient la liberté en vrais enfants des montagnes, et la France comme des hommes qui parlent la même langue, ont les mêmes mœurs et appartiennent au même bassin.
Ainsi l’art dramatique suppose, en principe et en fait, des mœurs, une société, et, au plus noble sens du mot, un peuple. […] Autres lieux, autres mœurs. […] Il n’est pas interdit d’observer les mœurs et les êtres. […] Mais, généralement, tous les auteurs comiques ou tragiques contemporains, travaillent dans leur partie sur une esthétique donnée et reconnue pour bonne, j’ajouterai même sur une éthique imposée à tous par les mœurs. […] Marcel Achard dont nous regretterons toujours la légère ironie native, teintée de rêve et nuancée d’esprit ; le Corsaire nous avait un peu raccommodés avec son art ; il en est à Adam, comédie de mœurs spéciales.
Les uns ont crû qu’il avoit voulu amuser son siecle par une description ingénieuse et intéressante de la guerre de Troye : les autres, qu’il n’avoit prétendu qu’exciter l’admiration de ses lecteurs pour la valeur surprenante de son héros : d’autres enfin, qu’il n’avoit eu en vûe que les moeurs, et que dans une fable fort simple au fonds, quoique vaste par ses ornemens, il avoit voulu faire sentir à la Grece combien lui importoit la bonne intelligence des princes qui la gouvernoient. […] Les moeurs, les opinions des peuples sont différentes ; et ces moeurs, ces opinions fondent pour eux un merveilleux particulier et des vraisemblances différentes : ainsi un poëme pourroit être excellent dans un pays, qui feroit pitié ailleurs, parce que des choses réputées grandes en ce pays-là seroient jugées petites dans un autre. […] Quelques adorateurs d’Homere ne sont pas contens de cette distinction : on a grand tort, disent-ils, d’appeller grossiers ces tems heroiques, où le luxe n’avoit point encore corrompu les moeurs, et où l’homme joüissant innocemment des vrais biens, n’avoit point encore imaginé ces fausses grandeurs, ni ces fausses richesses dont la cupidité s’est avisée depuis. […] Il s’étoit instruit, apparemment par ses voyages, des opinions, des usages, et des moeurs des peuples : ainsi, étant devenu un des plus sçavans hommes de son siécle, son imagination lui fournit l’art d’assembler ses diverses connoissances sous un même sujet ; et c’est aussi un effet de son jugement d’avoir conçu qu’il attacheroit davantage ses auditeurs, par cette dépendance commune que les choses les plus différentes auroient à une même matiere. […] Quant à l’agrément, la différence du siécle d’Homere et du nôtre m’a obligé à beaucoup de ménagemens, pour ne point trop altérer mon original, et ne point choquer aussi des lecteurs imbus de moeurs toutes différentes, et disposés à trouver mauvais tout ce qui ne leur ressemble pas.
Or, elle n’est vraie que pour une catégorie d’hommes très particulière et très distincte par les mœurs. […] Sainte-Beuve s’y montre dur, notamment sur le chapitre des mœurs, contre certaines idoles. […] Si la France est toujours la France, si la vie de société, émergeant de son éclipse actuelle, doit continuer à y exercer sur les mœurs l’influence qu’elle posséda toujours, on ne pourra se passer du concours féminin pour corriger les mœurs. Une saine manière de penser sur les choses d’intérêt et de goût commun, l’amour du bon sens et l’horreur de ce qui n’en a pas font partie des mœurs. […] Question de tempérament, question d’éducation, de mœurs, de milieu.
On sait par plusieurs anecdotes que, lorsque le célibat cessa d’être défendu par les lois, il le fut encore par les mœurs. […] C’est en ce sens que nous pouvons croire qu’il a été en vigueur dans le plus antique droit de Rome, ou au moins dans ses mœurs, et qu’il a été la source de lagens romaine243. […] Lorsqu’elle a commencé à écrire ses lois, elle a trouvé ce droit déjà établi, vivant, enraciné dans les mœurs, fort de l’adhésion universelle. […] Mais elle était singulièrement vivace et enracinée dans les mœurs ; on ne put pas la faire disparaître tout à fait. […] Croyances, mœurs, état social, tout changea ; ces repas demeurèrent invariables.
Les mœurs fauves d’autrefois, déjà tant adoucies, disparaîtront, et les faits naguère encore d’occurrence journalière ne seront plus que de monstrueuses exceptions. […] La musique a malheureusement beaucoup à faire pour amener nos mœurs à ce point de raffinement que vous redoutez. […] Ces aristocraties turbulentes et entreprenantes ont maintenant à changer de mœurs. […] Un pareil travail, s’il était accompli par un esprit attentif et pénétrant, ne serait inutile, je le crois, ni au moraliste, ni au médecin, ni à l’historien futur des mœurs contemporaines. […] Alors chaque philosophe était réellement le personnage de sa doctrine et, par sa conduite et ses mœurs, en révélait à tous les yeux les conséquences pratiques.
La plupart de ces « intérieurs » d’artistes, de savants ou de praticiens indiquent des mœurs régulières, des vies convenables, des positions cossues, des budgets solidement équilibrés. […] S’il dit vrai, si ces belles mœurs sont aussi répandues qu’il l’affirme dans l’aristocratie, ou plutôt (puisqu’il n’y a plus de castes), dans les premières du train vertigineux qui nous emmène vers une destination inconnue, les moralistes ont raison de s’indigner et de craindre. […] » Est-elle aussi indépendante des mœurs, cette vitalité ? — C’est ce qu’on ne pense guère à l’étranger et j’avoue ne pas être d’un autre sentiment. — Reste donc à démontrer que les mœurs françaises ne sont pas aussi dépravées qu’on se le figure. […] Tâchons de conformer davantage nos lois et nos mœurs aux instincts éternels qui donnent à la vie toute sa saveur et tout son prix.
Un jour il conterait à ses petits-enfants Les beautés de ces lieux, les moeurs des habitants, Et le gouvernement de la chose publique Aquatique. […] Si le loup veut montrer qu’on le persécute, il cite l’histoire de sa race, et raconte les moeurs du village, les proclamations du château, les contes de la chaumière, les noms spéciaux, pittoresques qui peignent son entourage et ne conviennent qu’à cet entourage. […] Et quel brave petit dieu joyeux que Mercure, sachant les moeurs des gens, ayant le mot pour rire : « Tu as assez crié pour boire. » Du reste, il est moral justement de la façon qui convient à un dieu des voleurs. « Tu as dorénavant de quoi te faire riche ; sois homme de bien. » Mais surtout quel luxe, quelle profusion de détails, quelle insistance dans la prière, quelle surabondance de l’imagination qui déborde et se répand de tous côtés et noie le récit, troublée, emportée, ruisselante !
ô mœurs ! […] L’empire est encore à Rome et ne saurait être ailleurs tant qu’il restera seulement le rocher du Capitole. » IX De tels sentiments n’enlevèrent cependant pas à Pétrarque la faveur du pape Clément VI, pontife aux mœurs relâchées, mais élégantes, qui appréciait le génie comme un Médicis français. […] Après avoir lu votre lettre j’ai encore pleuré toute une nuit mon cher maître : ce n’est pas par pitié pour lui (ses mœurs, ses jeûnes, ses prières, sa piété ne me permettent pas de douter de son bonheur), mais pour moi et pour ses amis, qu’il a laissés dans ce monde comme un vaisseau sans pilote sur une mer agitée.
Tu as inventé les lois, formé les mœurs, établi une police. […] quelle autre fonction pourrions-nous exercer, et plus élevée, et plus utile à la république, que celle qui consiste à instruire et à former la jeunesse, à une époque surtout où les mœurs de cette jeunesse se sont tellement relâchées qu’il est de notre devoir à tous de la contenir et de la guider ? […] Enfin sachez que c’est en ce même lieu, mais du vivant de mon aïeul, du temps que, selon les anciennes mœurs, la maison était petite comme celle de Curius dans le pays des Sabins ; oui, c’est en ce lieu que je suis né.
« Cet homme sans ambition, que sa probité, ses mœurs, l’élévation de son esprit, l’affabilité de ses manières et son désintéressement rendaient incomparable, ne fut pas heureux dans sa carrière. […] J’avais à mon service un jeune homme de vingt ans, de mœurs angéliques, d’une prudence, d’une intelligence et d’une capacité très au-dessus de sa condition, d’une rare intégrité et d’une fidélité sans exemple, d’une propreté en tout et d’une amabilité peu communes. […] « Une grande douceur de caractère, une très aimable gaieté dans le commerce habituel, une pureté de mœurs qui n’avait jamais été souillée en aucune manière, une sévérité de conduite sacerdotale jointe à une indulgence parfaite pour les autres, une sagesse constante dans le gouvernement des deux églises confiées à ses soins, une profondeur peu commune spécialement dans les études sacrées, aucune contrariété individuelle, aucune hauteur, jamais une querelle avec ses collègues, — il faut en excepter la seule qu’il soutint contre le Légat de sa province pour la défense des immunités de ses églises d’Imola, — enfin le renom d’excellent homme dont il jouissait partout, comptaient pour autant de titres et de qualités intrinsèques.
Il y a dans Homère et Moyse une simplicité, dont il faut peut-être dire ce que Cicéron disait du retour de Régulus à Carthage : laus temporum, non hominis ; c’est plus l’effet encore des mœurs que du génie. […] Précautionnons donc nos artistes par un long séjour, par une habitude si invétérée, qu’ils ne puissent s’en départir contre l’absence des grands modèles, la privation des grands monumens, l’influence de nos petits usages, de nos petites mœurs, de nos petits manequins nationaux. […] Montrez-moi tous les genres d’architecture et toutes les sortes d’édifices ; mais avec quelques caractères qui spécifient les lieux, les mœurs, les temps, les usages et les personnes ; qu’en ce sens vos ruines soient encore savantes.
Cette tradition, elle ne consiste pas seulement dans l’ensemble des œuvres dignes de mémoire que nous rassemblons dans nos bibliothèques et que nous étudions : elle a passé en bonne partie dans nos lois, dans nos institutions, dans nos mœurs, dans notre éducation héréditaire et insensible, dans notre habitude et dans toutes nos origines ; elle consiste en un certain principe de raison et de culture qui a pénétré à la longue, pour le modifier, dans le caractère même de cette nation gauloise, et qui est entré dès longtemps jusque dans la trempe des esprits. […] Dans un autre discours bien mémorable que lui prête Thucydide, et que sans doute il ne lui prête pas sans de bons motifs, Périclès traite déjà les Athéniens comme plus tard on traitera les Romains ; il s’efforce de les soutenir et de les fortifier contre la double épreuve de la guerre et de la terrible peste ; il prétend inspirer à ces citoyens d’une grande ville, et nourris dans des mœurs et des sentiments dignes d’elle, la force de tenir tête aux plus grands malheurs.
Parmi les auteurs grecs dont il fit choix de bonne heure pour s’en occuper, il en est un qui est bien moins méprisable que les autres : c’est Aristénète, auteur peu connu, dont le nom même n’est pas certain, mais dont on a des Lettres galantes qui ne ressemblent pas mal à ce que pourrait être un tel recueil de la main de Dorât ou plutôt de Crébillon fils : il en est vraiment de charmantes dans le nombre, et toutes sont curieuses sur l’article des mœurs dans l’Antiquité. […] Mais Boissonade ne l’entendait pas ainsi, à la Rodrigue : c’eût été sortir tout à fait de son caractère et de ses mœurs.
Mais voici la contre-partie de la scène et l’image fidèle des mœurs d’alors. […] On ne saurait assigner de date précise ; mais les mœurs y sont encore aussi voisines que possible du Cid primitif, aussi peu aimables que la réalité même.
Ce qui surprend, c’est que tout y est sage, réglé, plein de mœurs ; on n’y voit ni vivacité ni brillants, et ce n’est partout qu’élégance, correction, tours ingénieux et déclamations simples et grandes, qui sentent le génie d’un homme consommé et nullement le jeune homme. […] Je sais certainement qu’il a été tracassé pour les Lettres persanes ; que le cardinal a dit qu’il y avait dans ce livre des satires contre le Gouvernement passé et la Régence ; que cela marquait un cœur et un esprit de révolte ; qu’il y avait aussi de certaines libertés contre la religion et les mœurs, et qu’il fallait désavouer ce livre.