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415. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Chez Saint-Victor, 49, rue de Grenelle Saint-Germain, au fond d’une grande cour, un petit salon aux murs tout couverts de dessins de Raphaël et des grands maîtres italiens, fac-similés par Leroy. […] 2 août Par la littérature qui court, c’est vraiment un noble type littéraire que ce Saint-Victor, cet écrivain dont la pensée vit toujours dans le chatouillement de l’art ou dans l’aire des grandes idées et des grands problèmes, couvant de ses amours et de ses ambitions voyageuses la Grèce d’abord, puis l’Inde qu’il vous peint sans l’avoir vue, comme au retour d’un rêve haschisché, et poussant sa parole, ardente et emportée et profonde et peinte, autour de l’origine des religions, parmi tous les grandioses et primitifs rébus de l’humanité : curieux des berceaux du monde, de la constitution des sociétés, pieux, respectueux, son chapeau à la main devant les Antonins, qu’il appelle le sommet moral de l’humanité, et faisant son évangile de la morale de Marc-Aurèle, ce sage et ce si raisonnable maître du monde. […] Mon cousin me parlait aujourd’hui de son maître de pension, le père Cerceau, un ancien oratorien, marié à une ci-devant religieuse. […] Tu es trop jeune pour comprendre… » Plus tard, quand mon cousin était sorti du collège, son ancien maître s’invitait à dîner chez lui en ces termes : « Labille, tu me feras faire un petit dîner… moi, je ne suis pas gourmand, je suis friand… tu auras une petite truite saumonée, non citronnée… un pain au lait, où tu ne mettras que trois œufs, c’est plus douillet… » Et, le petit dîner dégusté et arrosé d’une ou deux bouteilles de bon bourgogne, l’ancien oratorien disait à son élève : « Crois-tu en Dieu, Labille ? […] De Cimabué à la Renaissance, les yeux vont de maître en maître en s’éloignant du nez, quittent le caractère du rapprochement byzantin, regagnent les tempes, et finissent par revenir chez le Corrège et chez André del Sarte à la place où les mettaient l’Art et la Beauté antique.

416. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Les plus vrais tableaux, les plus vives réalités qu’il nous offre, ont encore un parfum antique qui trahit une instinctive familiarité avec les maîtres de l’âge d’élégance, avec les poëtes du Musée et de l’Anthologie. […] Barthélemy, qui se surpasse tous les jours dans la satire spirituelle et éclatante, n’a fait que poursuivre un rôle où lui et son ami Méry étaient depuis longtemps des maîtres. […] Lui, poëte, il aime le beau et le saint, la pitié et l’harmonie, la noblesse et la blancheur, Sophocle, Dante et Raphaël ; il s’écrierait volontiers avec l’esprit qui le tente, et serait heureux de répéter toujours : Quel bonheur d’être un ange, et, comme l’hirondelle, De se rouler par l’air au caprice de l’aile, De monter, de descendre, et de voiler son front, Quand parfois, au detour d’un nuage profond, Comme un maitre le soir qui parcourt son domaine On voit le pied de Dieu qui traverse la plaine !

417. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Les vrais maîtres du xviiie  siècle sont donc ceux qui lui ont appris à détruire le système du christianisme. Ces maîtres furent les cartésiens, et les théologiens, plus que les libertins. […] Mais Fontenelle trouva sa vraie voie lorsqu’il composa ses Entretiens sur la pluralité des Mondes (1686), puis lorsque, ayant été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences (1697), il écrivit l’Histoire de l’Académie et les Éloges des Académiciens : il entra alors tout à fait dans son rôle, qui était d’être le maître de philosophie des gens du monde, d’introduire la science dans la conversation des femmes.

418. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Pareil à ces « petits maîtres » flamands et hollandais avec lesquels il a tant de ressemblances, il a rapproché l’art de la foule sans l’éloigner des artistes. […] Coppée, lui, l’a réalisée ; il y est d’abord passé maître ; et c’est le souvenir qu’éveille d’abord son nom. […] Coppée serait digne d’en être le dernier représentant, en compagnie des maîtres et dans la même lignée.

419. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

L’Arabe, qui n’a eu aucun maître, est souvent néanmoins très distingué ; car la tente est une sorte d’école toujours ouverte, où, de la rencontre des gens bien élevés, naît un grand mouvement intellectuel et même littéraire. […] Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le vrai maître de Jésus 136, s’il est permis de parler de maître, quand il s’agit d’une si haute originalité. […] Les prophètes, Isaïe en particulier et son continuateur du temps de la captivité, avec leurs brillants rêves d’avenir, leur impétueuse éloquence, leurs invectives entremêlées de tableaux enchanteurs, furent ses véritables maîtres.

420. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Un moment, le maître semble approuver ceux qui se mutileraient en vue du royaume de Dieu 873. […] Quand on les persécute dans un pays, qu’ils fuient dans un autre. « Le disciple, disait-il, n’est pas plus que son maître, ni le serviteur plus que son patron. […] Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître.

421. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Sa prédication, grâce à l’extrême liberté dont on jouissait en Galilée et au nombre des maîtres qui s’élevaient de toutes parts, n’eut d’éclat que dans un cercle de personnes assez restreint. […] Ce n’était plus ce doux maître du « Discours sur la montagne », n’ayant encore rencontré ni résistance ni difficulté. […] Mais il était juste aussi que ce grand maître en ironie payât de la vie son triomphe.

422. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

Aussi pourrait-on dire de lui que de hauteur, de gravité, de tenue, de politesse même, — car cet homme insulté est toujours resté poli, — il avait la critique Louis-quatorzienne… Il n’admettait pas la critique sans maître, sans enseignement, sans tradition. Il avait été l’élève de Desfontaines, une des victimes de Voltaire, de cet égorgeur dans la boue ; et son maître ne périt jamais dans son âme. […] Quand il fut maître, il envoya ironiquement le régicide comme sous-préfet à Saint-Domingue, pour lui apprendre, à ce souverain révolutionnaire, que les hommes n’étaient pas égaux et que c’était trop cher que de payer la mort d’un homme par la mort d’un roi… Classification par le mépris, qui remit tout à sa place !

423. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Il a fait comme Platon une apologie de Socrate, et de plus quatre livres sur l’esprit, le caractère et les principes de son maître. […] Les derniers discours de Démosthène à l’officier qui voulait lui persuader de venir à la cour de son maître, sont de ce genre d’éloquence qui naît bien plus du caractère que de l’esprit. […] « Lâche, dit-il, tu me proposes de vivre de la part de ton maître !

424. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

je n’ai pas été maître d’un mouvement d’indignation ; j’ai dit assez haut : Eh ! […] Pourquoi des mains d’un maître attendre ici la mort ? […] il ne connaît pas une seule scène au Théâtre-Français où la main d’un grand maître soit plus sensiblement empreinte ? […] Il n’y a que des maîtres très honnêtes qui donnent de pareils ordres à leurs domestiques. […] Marivaux a bien su en profiter : il a surtout égayé la scène par le contraste comique des sentiments et de la conduite des valets déguisés en maîtres, et des maîtres déguisés en valets.

425. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Nous causerons, lui dit-il, poésie, littérature, et des jeunes et des vieux, des nouveaux d’aujourd’hui et de ceux d’autrefois ; et venant à la peinture : Je te dirai comment Rioult, mon maître, fait Un tableau qui, je crois, sera d’un grand effet : . […] A l’atelier comme au collège, et dès qu’il eut le pinceau en main, Gautier se montra curieux, chercheur et visant à sortir du lieu commun par une manière : son maître notait et dénonçait cette disposition en lui. […] Théophile Gautier est devenu un maître. […] Bonnes gens, je vous arrête, vous êtes devancés ; la critique est faite, elle l’est de main de maître : et par qui ? […] Bouilly et se déshonorer, si l’on s’était permis de s’attendrir ;  on arborait, peu s’en faut, pour devise le vers de Térence ainsi retourné : « Je suis homme, et en conséquence je ne m’intéresse à rien d’humain. » Mais, tout compte fait et tout balancé, la rue des Canettes me paraît d’ailleurs fort inférieure en visée à l’impasse du Doyenné : elle vit au jour le jour, elle n’a pas l’horizon du passé, l’enthousiasme exalté pour tous les vieux maîtres gothiques et non classiques, le mépris du médiocre, l’horreur du lieu commun et du vulgaire, l’ardeur et la fièvre d’un renouvellement.

426. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Tous les maîtres y échouèrent : « Je l’ai appris depuis tout seul, ajoute-t-il, et, pour ainsi dire, du jour au lendemain. » Quant à écrire, il ne le sut jamais : l’orthographe de ses lettres originales est inimaginable ; mais, quand on a une fois rétabli ce détail de manière que l’œil ne soit plus déconcerté, la langue en est courante, simple, franche, corsée, semée ou lardée de traits gais, gaillards, et même parfois grandioses. […] Ne plus avoir de gouverneur, ne plus avoir de maître ! […] Mais, même en tenant compte de la fantaisie qui évidemment y a eu très grande part et qui s’y donne toute carrière, le comte Vitzthum croit avoir trouvé le sens et le but de l’ouvrage : selon lui, lorsqu’il le composa, Maurice, qui avait l’œil sur le Nord et qui était dans le secret de certains projets menaçants, songeait surtout à une guerre éventuelle en Pologne et à la manière de l’y conduire : Mes Rêveries seraient donc moins un traité théorique qu’un mémoire ad hoc pour un but spécial déterminé, un ensemble de notes et d’instructions adressées au roi Auguste, son père, et qui reviendraient à cette conclusion : « Si vous voulez faire la conquête de la Pologne, voici comment il faut organiser votre armée : donnez-moi carte blanche et quarante-cinq mille hommes, en deux campagnes, sans livrer une seule bataille, je vous rendrai maître de la république ; cela ne vous coûtera pas un sou. » — Ce point de vue ingénieux et nouveau, qui donnerait une clef à une production un peu bizarre, me paraît exagéré et ne saurait guère s’appliquer qu’à deux ou trois chapitres du livre : l’exemple de la Pologne et les plans de guerre qui s’y rapportent ne viennent à l’auteur que chemin faisant. […] Je vous prie de faire dire M. de Schulenburg, qui a été un de mes maîtres, que j’ai fait les deux mêmes attaques qu’il a faites en 1709 et où j’ai assisté sous ses ordres, et que j’ai fait tout comme je l’ai vu faire. » Et dans une autre lettre du 25 juin : « La citadelle de Tournai s’est rendue le 19, et la garnison en est sortie hier au nombre de 5,000 hommes : c’est un rude morceau. M. de Schulenburg en connaît la force. » Au lendemain de sa plus belle victoire, Maurice aime à faire hommage du résultat à son premier maître et parrain.

427. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Tout ce vaste domaine de l’amour-propre, dont La Rochefoucauld recule si loin les limites, était enfin gouverné par un maître. […] Pour ne pas nous fatiguer, il varie sa manière, et il peint plus qu’il ne raisonne, sachant bien qu’il sera plus longtemps maître de l’imagination de son lecteur que de sa raison. […] Dans le même temps que La Bruyère, par sa manière d’administrer la morale, nous met le plus à l’aise avec nous-mêmes, par sa méthode, ou plutôt par ce manque étudié de méthode, il se rend maître de notre attention. […] Mais pour un petit nombre d’endroits où il tourne autour des esprits sans y entrer, combien d’autres où il y entre en vainqueur et en maître ! […] « Ceci, dit-il, est moins un caractère particulier qu’un recueil de faits de distraction ; ils ne sauraient être en trop grand nombre s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Raison spécieuse, et qui n’est pas d’un maître de l’art.

428. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Le maître, amusé, exultera : « Bravo ! […] Voici ce que disait le maître dans la notice des Hommes d’aujourd’hui qu’il lui a consacrée : « Anatole Baju, littérateur français, né à Confolens (Charente), le 8 mars 1861, fils de meunier, fut élevé au moulin de Saint-Germain-sur-Vienne. […] Et nous annoncions ainsi une édition prochaine des œuvres du maître, miraculeusement retrouvées : « D’aucuns messages épistolaires du Ponant et de l’Orient advenus en les Bureaux de la Décadente Écriture, interrogent — dubitatifs — la foi de notre du Plessys touchant l’authentique des Poèmes — combien trop rares ! […] « Sigillées d’Arthur Rimbaud, d’Ernest Raynaud, de Maurice du Plessys, de Laurent Tailhade, maintes strophes ont fulguré que ces bons écrivains restituent pieusement au Maître admirabonde qui leur fit cette gloire de vêtir quelque temps leur personnalité. […] Baju s’était vite ressaisi et avait célébré son affranchissement en tête du premier numéro de la seconde série du Décadent, la seule qui compte, assure Verlaine, et c’est pour cette rédaction dès lors « homogène » que le maître écrivit la Ballade des bons écrivains : Quelques-uns dans tout ce Paris Nous vivons d’orgueil et de dèche.

429. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

… Non, rien ne fléchira ma haine et mon audace ; Non, je déteste un maître, et sans doute il vaut mieux Régner dans les enfers qu’obéir dans les cieux. » Note G, page 236. […] Non, il n’en est pas de la sorte : « Il ne sait, dit-il, autre chose que son maître crucifié223 : Non judicavi me scire aliquid inter vos, nisi Jesum Christum, et hunc crucifixum, c’est-à-dire qu’il ne sait rien que ce qui choque, que ce qui scandalise, que ce qui paraît folie et extravagance. […] À Dieu ne plaise, répond ce grand homme, que je mêle la sagesse humaine à la sagesse du Fils de Dieu ; c’est la volonté de mon maître, que mes paroles ne soient pas moins rudes, que ma doctrine paraît incroyable224 : Non in persuasibilibus humanæ sapientiæ verbis… Saint Paul rejette tous les artifices de la rhétorique. […] Un Lécythion, ou maître à voltiger. […] Il se peut faire que quelques-uns des tableaux des grands maîtres eussent un arbre, un rocher, un coin de vallon ou de forêt, un courant d’eau dans le second ou troisième plan ; mais cela ne constitue pas le paysage proprement dit, et tel que nous l’ont donné les le Lorrain et les Berghem.

430. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Avec cette espèce d’argot plastique, on était le maître de dire et de faire comprendre au peuple tout ce qu’on voulait. […] Tout cet homme est musclé et charpenté comme les figures des grands maîtres. […] Il dessine comme les grands maîtres. […] Ce qui complète le caractère remarquable de Daumier, et en fait un artiste spécial appartenant à l’illustre famille des maîtres, c’est que son dessin est naturellement coloré. […] Elle n’a pas de maître ; elle fréquente les artistes et les journalistes.

431. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

On ne peut se rendre ainsi maître de l’esprit des autres, qu’après s’être, avant toutes choses, rendu maître du sien.

432. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Si c’est le cas des grands maîtres, que sera-ce de nous ? […] Quand on voit ces maîtres du style raturer, essayer leurs épithètes, poursuivre l’image forte ou l’expression pittoresque, on est bien forcé de conclure que le don d’écrire se développe et que l’on devient original par le travail.‌

433. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il n’y a rien de si facile, de si naturel que, la cigale ayant chanté tout l’été, &, maitre corbeau sur un arbre perché. […] L’envie naturelle de captiver ses juges & ses maîtres, le recueillement de l’ame profondément frappée, qui se prépare à déployer les sentimens qui la pressent, sont les premiers maîtres de l’art. […] Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, & aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] Quelquefois favori emporte l’idée de puissance, quelquefois seulement il signifie un homme qui plaît à son maître. […] Vous avez commencé dans votre enfance par apprendre à lire sous un maître ; vous aviez envie de bien épeller, & vous avez mal épellé.

434. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Cette génération donnera à la vie intérieure un maître d’ailleurs ignoré de ses contemporains Maine de Biran. […] En quoi les mauvais rapports de Chateaubriand et de Mme de Staël avec le maître ont-ils nui à leur œuvre ? […] Mais ce maquis lui est moins familier que celui de son île, et en ces matières subtiles, s’il est le maître, il n’est pas un maître. […] La sensualité : on s’est étonné, du tableau factice, naïf et tératologique que fait Lamartine de la vie luxurieuse de ces maîtres de la nature. […] Depuis quatre ans Lamartine s’est rendu à la Chambre maître de l’art de la parole.

435. (1898) La cité antique

C’était une obligation sacrée pour le maître de chaque maison d’entretenir le feu jour et nuit. […] Ici la nature parle d’elle-même assez haut ; elle veut que l’enfant ait un protecteur, un guide, un maître. […] L’esclave et le client le donnaient à leur maître. […] Son maître pouvait le faire sortir de la basse servitude et le traiter en homme libre. […] Maître absolu ce jour-là, il fixait la place de chaque homme dans les différentes catégories.

436. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

« La grande Nanon était peut-être la seule créature humaine capable d’accepter le despotisme de son maître. […] Jamais le maître n’avait reproché à la servante ni l’alberge ou la pêche de vigne, ni les prunes ou les brugnons mangés sous l’arbre. […] Il y avait dans Saumur une grande quantité de ménages où les domestiques étaient mieux traités, mais où les maîtres n’en recevaient néanmoins aucun contentement. […] Quand Nanon avait lavé sa vaisselle, serré les restes du dîner, éteint son feu, elle quittait sa cuisine, séparée de la salle par un couloir, et venait filer du chanvre auprès de ses maîtres. […] Pour la première fois, elle eut dans le cœur de la terreur à l’aspect de son père, vit en lui le maître de son sort, et se crut coupable d’une faute en lui taisant quelques pensées.

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