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438. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

Thiers, il n’était pas besoin de tels sacrifices pour satisfaire les mânes du jeune Féraud : il suffisait des honneurs touchants rendus à sa mémoire. » La Convention décréta pour loi une séance funèbre. […] Quelques affreux souvenirs qu’il ait laissés à bon droit, on aurait tort de s’en armer contre la mémoire de ces jeunes hommes ardents, mais sincères, qui furent ses derniers défenseurs et qui périrent pour sa cause. […] Les noms de Ruhl, de Romme, de Goujon, de Bourbotte et de Soubrany ne font pas honte à ceux de Camille Desmoulins, de Roland, de Valazé, de Barba-roux, et pour devenir aussi célèbres il ne leur a manqué peut-être que des amis pieux qui recueillissent leurs cendres et relevassent leur mémoire.

439. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

J’ai lu sans prendre de notes, et ne puis citer de mémoire un passage justificatif de cette critique, mais je le ferais au besoin. […] Mais ces légendes sont sans lien, ce qui fait qu’elles se confondent dans notre mémoire. […] Les coins des Sourires pincés, les papillotes de ses Coquecigrues, les éclairs de sa Lanterne sourde, autant de petites pages à relire jusqu’à la mémoire par cœur sans altération du plaisir, puisqu’il n’y a pas là rire émoussable ou surprise de suite éventée, puis aussi qu’il ne fatigue point par les bavardages et les délayages où s’embourbent les vieux comiques, sous prétexte de récit « bon enfant », puis enfin qu’il surveille son style jusqu’à une maîtrise spéciale, menue et propre, excellente à dire ce qu’il veut sans plus.

440. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Goethe choisit, pour titre de ses Mémoires, Vérité et Poésie, montrant par là qu’on ne saurait faire sa propre biographie de la même manière qu’on fait celle des autres. […] Ce que j’aurais surtout à excuser, si ce livre avait la moindre prétention à être de vrais mémoires, ce sont les lacunes qui s’y trouvent. […] Je ne dois pas exposer une mémoire qui m’est sainte aux jugements rogues qui font partie du droit qu’on acquiert sur un livre en l’achetant.

441. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

En nommant Chapelain, Cottin, Ménage entre les amis qui demeurèrent attachés à la marquise octogénaire, je ne m’inquiète guère pour sa mémoire, des satires de Boileau contre les deux premiers, et je suis fort rassuré sur leur compte par les éloges que Boileau lui-même a mêlés à ses épigrammes, par restitue de Montausier, par celle de Voltaire, et surtout par leurs œuvres. […] Ils nous apprennent que « dans le palais de Mademoiselle, ou faisait accueil au mérite, et que tout ce qu’il y avait de beaux esprits, y trouvaient leur place comme chez Mécénas. » Les mémoires de la princesse et son petit roman allégorique de la princesse de Paphlagonie renferment les portraits d’une multitude de personnes célèbres par leur esprit. […] Madame de La Fayette, auteur de Zaïde, de La Princesse de Clèves, a aussi publié La Comtesse de Tendes, La Princesse de Montpensier, l’Histoire d’Henriette d’Angleterre, les Mémoires de la Cour de France de 1688 et 1689.

442. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Comment se fait-il qu’il nous déclare sérieusement que l’obscur Tallemant des Réaux fut un des meilleurs littérateurs de son époque, et que son livre, à cela près de quelques crudités de langage, peut très bien se ranger sur les tablettes d’un homme de goût, entre les Mémoires du duc de Saint-Simon et les Lettres de madame de Sévigné ? […] Tel est le Tallemant des Réaux dont Paulin Paris préfère les Historiettes aux Mémoires du duc de Saint-Simon. […] Son livre, comme une grande quantité de mémoires de ce temps, nous révèle beaucoup de choses curieuses et, quoique dégoûtantes, utiles.

443. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

L’éditeur, c’est naturellement Madame Lenormant, l’auteur des Mémoires de Madame Récamier, qui n’a jamais eu de Mémoires, mais une nièce qui tira parti de ses petits papiers de famille et qui veut qu’on sache, la bonne nièce ! […] Si l’amour qu’elles inspirent est la gloire de la vie pour les femmes, on ne conçoit pas très bien le scrupule de convenance qui, pendant trente ans, a empêché la publication de ces lettres… Au point de vue de leur contenu et de la morale vulgaire, la seule que généralement on invoque, elles sont sans aucun inconvénient pour la mémoire de Madame Récamier, qui reste en ces lettres ce qu’elle fut toute sa vie, c’est-à-dire la plus pure et la plus vertueuse des mondaines de son siècle.

444. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Comme poète et comme homme, le Lord Byron du bruit que fait son nom n’est pas le Lord Byron de la réalité, le Lord Byron de ceux qui l’aiment et qui, à force de le regarder et de cohabiter avec son génie dans ses œuvres, et dans ses Mémoires avec sa personne, ont vu le vrai Byron sous les attitudes, les affectations et le masque. […] Forcé d’étudier Homère, comme la tourbe vulgaire des scholars, il ne l’étudia point, et le peu qu’il apprit là de la langue grecque, il nous a dit dans ses Mémoires qu’il l’oublia. […] Il prétendait fougueusement à tout ce qu’il n’avait pas, et il raconte lui-même dans ses Mémoires que s’il s’obstina à faire des vers, ce fut uniquement parce que la Revue d’Édimbourg avait nié qu’il pût jamais devenir un poète.

445. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Il est des jours de chant comme il est des regrets, Des souvenirs cruels, des sanglots toujours prêts ; Comme il est des soucis, dont l’aile humide et noire Flotte et tourne en spirale en haut de la mémoire ! […] Et, comme ce bois mort couvrant De frais bouquets sa souche noire, Qu’on vous sauve en vous entourant Des lierres d’or de la mémoire ! […] Moi, je les ai relues, et elles sont maintenant, comme il dit, « entourées des lierres de ma mémoire  », mais ces lierres, c’est lui qui les a dorés.

446. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Lacretelle qui traitent des différentes époques de la Révolution ont l’intérêt de mémoires ; elles rendent les impressions d’un honnête homme, sympathique, mobile, toujours sincère, et dont la plume conserve la vivacité et le coulant de la parole. […] Sa mémoire a obtenu aujourd’hui toutes les couronnes.

447. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Rabaut consacra à sa mémoire un touchant Hommage, dans lequel La Harpe daigna reconnaître la véritable éloquence. […] Mais la patrie n’a pas perdu mémoire de ce qu’il fit et souffrit pour elle, et elle garde son nom à côté des noms des Thouret, Bailly et Condorcet.

448. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. […] M. de Malesherbes, comme la plupart des grands hommes, avait son faible : c’était celui de se plaire à raconter les nombreuses anecdotes dont sa riche mémoire était meublée, et il faut convenir que personne ne racontait mieux que lui.

449. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Il est encore Auteur d’un Mémoire sur Vénus, auquel l’Académie Royale des Inscriptions a adjugé le Prix de la Saint-Martin 1775. Ce Mémoire annonce une érudition prodigieuse.

450. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

M. de Marcellus (1re partie) I La mort juge la vie ; le glas de la cloche funèbre qui appelle les parents et les amis aux funérailles d’un homme d’étude, est le tocsin du cœur pour sa mémoire. […] Le duc de Rivière était, comme M. de Polignac, un de ces monuments de fidélité chevaleresque, que Louis XVIII et le comte d’Artois étaient heureux de montrer à la jeunesse royaliste de 1825 dans les grandes places, comme des preuves vivantes de la mémoire des princes restaurés. […] La mort seule est juste, et dit hardiment à nos mémoires le bien et le mal ; elle nous fait notre épitaphe sur une pierre de granit, que ni les flatteurs ni les dénigreurs n’effaceront plus. […] Les Mémoires de M. de Chateaubriand sont pleins de railleries inconvenantes ; M. de Marcellus s’en préserva. […] À chaque île son impression, sa citation, son anecdote, son souvenir touchant ou local, son enchantement, sa mémoire !

451. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Joris-Karl Huysmans vers l’art catholique nous a valu des œuvres fortes et singulières ne relevant presque plus de l’imagination, mais plutôt du genre des mémoires et de l’autobiographie, et qui resteront comme de ferventes études lyriques d’art religieux. […] L’atroce détresse de ces malheureuses, desséchées moralement et physiquement étiolées sous le ciel paradisiaque de Stamboul, parce que sur elles semble retombée la lourde pierre d’une civilisation morte, voilà ce que les Désenchantées ont pour jamais buriné dans notre mémoire. […] Au même moment, l’engouement inattendu pour les mémoires, pour les souvenirs, pour les memoranda qui ont envahi les marges de l’histoire, a paru leur indiquer la voie. […] S’il narre, avec ce charme d’archaïsme qu’il a réussi à se composer, des aventures du passé, en les estompant légèrement pour leur prêter couleur de mémoires, il n’omet point de les rajeunir, ni de les mettre au goût du jour. […] Plusieurs sont des types dont le souvenir s’accroche à notre mémoire.

452. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

C’est là, en effet, un livre accablant pour la mémoire de M. Victor Hugo, et c’est à dessein que nous écrivons « la mémoire ». […] De mémoire dans l’histoire littéraire de son temps, il en aurait pu laisser une grande, élevée et pure. […] Classique ou non, les lois du vers semblent devoir se coordonner aux conditions physiologiques de la mémoire. […] Les hideux châtiments, l’un sur l’autre broyés, Roulent, submergeant tout, excepté les Mémoires !

453. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Voici par exemple le chapitre sur la Mémoire affective ou mémoire des émotions. […] Ribot, — parce que la mémoire affective est plus forte chez la femme et la mémoire intellectuelle chez l’homme. […] Les mémoires de quelqu’un doivent être surtout les mémoires des autres. […] Bertrin l’a cherchée dans les Mémoires d’outre-Tombe. […] Il l’a retenue de mémoire.

454. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Il est indispensable, en lisant la pièce qui suit, d’avoir présente à la mémoire l’Épître VI de Boileau à M. de Lamoignon, dans laquelle il parle de Bâville et de la vie qu’on y mène. […] Voir aussi Huet, Poésies latines et Mémoires.

455. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. […] Madame s’en inquiétait peu : « Le roi et moi comptons si fort sur vous, lui disait-elle, que nous vous regardons comme un chat, un chien, et que nous allons notre train pour causer. » On conçoit dès lors tout ce qu’il peut y avoir de confidentiel dans les mémoires de cette brave dame.

456. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Ce Recueil avoit été précédé par un Mémoire très-instructif sur la vie & les Ouvrages de M. […] Ce n’est pas ici le lieu d’en parler ; on en trouvera le détail dans le Recueil qui a pour titre : Lettres, Mémoires & Négociations particulieres du Chevalier d’Eon, en un vol.

457. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

La mémoire de Voiture vivoit encore dans la plupart de ses amis & de ses protecteurs. […] Pour ce qui est de sa capacité, je n’ai point mémoire d’avoir lu d’écrivain si ignorant… Quel avantage dois-je donc attendre de combattre un homme si foible, de tenir tête à une harangère, & d’imiter ce Ctésiphon de Plutarque qui faisoit le coup de pied de mulet ? 

458. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Il se nourrit l’esprit des pensées de son original, et il charge sa mémoire de ses expressions. […] C’est la premiere qui s’offre aux peintres qui cherchent la composition, et les figures des tableaux qu’ils ont entrepris plûtôt dans leur mémoire que dans leur imagination.

459. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers, à son aurore, avait surtout et il n’a jamais perdu le culte de ces beaux noms, de ces jeunes gloires, de ces victimes à jamais couronnées : historien, il leur dressera un autel, et, dans des pages dont on se souvient, il s’inspirera éloquemment de leur mémoire. […] Il le rédigea sur un recueil d’édits du temps de Law ; on crut qu’il avait puisé à des mémoires particuliers. […] Thiers, je signalerai encore, dans la Revue française (novembre 1829), un article développé sur les Mémoires du maréchal Gouvion Saint-Cyr, qui parut, au premier abord, n’avoir pu être écrit que par un homme du métier, et qui valut à l’auteur les compliments du guerrier mourant. […] Dans un article du National (24 juin) sur les Mémoires de Napoléon, M. […] Thiers sur les Mémoires du maréchal Gouvion Saint-Cyr.)

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