[La Chronique des lettres (1894).]
Ceux qui désireront des éclaircissemens sur le personnel de cet Auteur, si décrié par les ennemis que les Trois Siecles lui ont attirés, pourront consulter les articles Condorcet, Helvetius, Liger, Lacombe, Palissot, Robé, &c. ainsi que l'Avertissement de la seconde édition de ce Livre, le Discours préliminaire de la quatrieme, & les Lettres qui terminent celle-ci.
Les Gens de Lettres peuvent les lire avec plaisir, parce qu’ils sont écrits avec aisance, avec méthode, & même avec une sorte d’élégance ; les Gens de Loix peuvent les lire avec fruit, parce que les principes en sont clairs, bien discutés, & presque toujours sûrs.
Comme il a cultivé les Lettres & la Poésie pour son propre amusement, il seroit injuste de lui faire un crime de n’avoir pas également réussi à amuser le Public.
Arnaud, [Henri] Evêque d’Angers, frere du précédent, né à Paris en 1597, mort en 1692, n’est connu dans les Lettres que par cinq volumes de négociations qui font juger qu’il étoit aussi propre à agir en bon politique, qu’à écrire en bon Historien.
Sa manie étoit de tenir une table excellente pour les Gens de Lettres, qui ne manquoient pas d’applaudir à ses vers autant qu’à sa prose.
Il a publié des Essais, des Lettres, des Poëmes, des Comédies, des Proverbes, des Eloges historiques, des Recueils d’anecdotes, des Opuscules en vers & en prose, & dans tous ses Ecrits il montre une facilité assortie à ses idées.
On voit, par la lecture de ses Mémoires, mis son nom à ses Ouvrages, n’est pas moins connu des Gens de Lettres.
Les lettres de Cicéron donnèrent à Pétrarque l’idée d’une correspondance latine avec les personnages les plus éminents de son temps, soit dans les lettres, soit dans l’Église, soit dans la politique. […] Le même jour, presque à la même heure, Pétrarque reçut du sénat de Rome et de l’université de Paris des lettres qui l’invitaient à venir recevoir la couronne poétique. […] La Toscane, qui a devancé l’Europe tout entière dans la culture des lettres, a-t-elle besoin de leçons ? […] Dès que le mariage d’Ernest et de Florence est arrêté, Lumley songe à tirer parti de cette lettre, et voici comme il s’y prend. […] Au moment où madame de Montespan, venue pour assister à la profession de la duchesse de La Vallière, se félicite de son triomphe, Lauzun lui remet la lettre d’exil.
M. l’Abbé Irailh y a puisé ce que l’Auteur dit de meilleur sur les Gens de Lettres, pour ne faire usage dans ses Querelles Littéraires.
Ses Lettres forment un Recueil qui fut estimé de son temps.
Les Lettres, qu’il aimoit avec passion, lui sont redevables de plusieurs Méthodes, beaucoup plus nettes & plus faciles que les anciennes, pour apprendre l’Histoire, la Géographie, les Généalogies, le Blason, &c.
Il a écrit des Lettres sur les Femmes, qui prouvent qu’il connoît mieux leurs vices & leurs défauts, que leurs bonnes qualités & leurs vertus.
Boileau parle de lui, dans ses Lettres, comme d’un mince Littérateur.
Ceux qui l’ont connu particuliérement, assurent que les Lettres ont fait une grande perte par sa mort prématurée ; ceux qui ont lu sa Traduction, intitulée Choix de petites Pieces du Théatre Anglois, doivent au moins convenir qu’il savoit écrire avec naturel, élégance & facilité.
Pas assez des hommes, trop des gens de lettres. […] Bakounine, d’âme cosmopolite, de tempérament actif leur apparaît, selon les termes d’une de leurs lettres, impossible. […] » Telles sont les jérémiades qu’on peut lire, en propres termes ou entre les lignes des lettres reçues par lui. […] Plusieurs laquais de lettres, plus ou moins soudoyés, m’ont injurié — passons. […] Robustes et sains, ils ne sont plus des gens de lettres ; ils sont l’homme intégral — l’avenir leur appartient.
Quand les Lettres ne lui devroient que l’excellent Recueil de Pieces fugitives pour servir à l’Histoire de France, elles n’en seroient pas plus dispensées de reconnoissance pour les services multipliés qu’il a rendus à ceux qui les cultivent.
le Clerc, son ami ; qu’il a travaillé à la République des Lettres de Bayle, & qu’il a augmenté, pour sa part, la Dictionnaire de Moreri de plus d’un volume.
Ses Poëmes, ses Comédies, ses Poésies diverses, ses Observations, ses Mémoires, ses Histoires, ses Testamens politiques, ses Dialogues, ses Lettres, ses Romans, ses Nouvelles, ses Contes, ses Calendriers, Ouvrages presque tous infectés de l’esprit de satire & du poison de la haine, peuvent être comparés à ces nuées d’infectes éphémères, qui piquent un moment & ne vivent qu’un jour.
Ses Lettres à Madame de Motteville prouvent plus en faveur de son esprit, & sont mieux écrites.
Villeneuve, [Gabrielle - Susanne Barbot de] morte à Paris en 1755, est connue dans la République des Lettres par plusieurs Romans, qui, en général, offrent des situations pathétiques, des sentimens vifs & généreux, des réflexions morales, nobles & sensées ; mais les plans n’ont rien de neuf ; les événemens n’y sont pas toujours d’accord avec la vraisemblance, les situations sont souvent forcées ; le style d’ailleurs est inégal, diffus, incorrect, & chargé de détails minutieux.
E. de Montlaur, esprit élégant, cultivé, nourri du suc des poètes et qui, sous ce titre, La Vie et le Rêve (1864), a recueilli des impressions légères ou touchantes, des esquisses de voyage, des lettres en vers, tout un album, image des goûts et des sentiments les plus délicats.