et il faut que je parle leur langue ! […] Ces jurés n’au-raient jamais fait rouer Calas, ni conclu, comme Riquet, à faire brûler sa respectable femme ; ils n’auraient pas fait rouer Marin sur le plus ridicule des indices ; le chevalier de La Barre, âgé de dix-neuf ans, et le fils du président d’Etallonde, âgé de dix-sept, n’auraient point eu la langue arrachée par un arrêt, le poing coupé, le corps jeté dans les flammes pour n’avoir pas fait la révérence à une procession, de capucins et pour avoir chanté une mauvaise chanson de grenadiers. […] Quant aux pays catholiques, non seulement la culture des terres y est abandonnée, mais même l’industrie y est pernicieuse ; elle ne consiste qu’à apprendre cinq ou six mots d’une langue morte. […] La superstition est le plus abominable fléau de la terre : c’est elle qui, de tout temps, a fait égorger tant de Juifs et tant de Chrétiens, c’est elle qui vous envoie au bûcher chez des peuples d’ailleurs estimables… Je pourrais disputer avec vous sur les sciences que vous attribuez aux anciens Juifs et vous montrer qu’ils n’en savaient pas plus que les Français du temps de Chilpéric ; je pourrais vous faire convenir que le jargon d’une petite province, mêlé de chaldéen, de phénicien et d’arabe, était une langue aussi indigente et aussi rude que notre ancien gaulois ; mais je vous fâcherais peut-être et vous me paraissez trop galant homme pour que je veuille vous déplaire.
Ces deux derniers partagèrent l’admiration de leur professeur pour Lucrèce, et entreprirent dans la suite d’en faire passer les beautés dans notre langue. […] D’Avisson, médecin écossais, qui s’était acquis beaucoup de connaissances dans les lettres aussi bien que dans l’usage de notre langue, en avait parlé plusieurs fois de la sorte. » Ce passage, ignoré de tous ceux qui se sont occupés de la vie ou des ouvrages de Molière, renferme, sinon la preuve de la modestie de l’abbé de Marolles, du moins le seul témoignage que l’on tienne d’un contemporain ayant vu quelque chose de cette traduction perdue. […] Le plus souvent ils ne s’exprimaient qu’en latin ; quand ils daignaient se servir de la langue française, ils la défiguraient par des tournures scolastiques qui la rendaient presque inintelligible. […] Mais s’il lui restait encore quelque ombre de pudeur, ne lui serait-il pas fâcheux d’être en butte à tous les gens de bien, de passer pour un libertin dans l’esprit de tous les prédicateurs, et d’entendre toutes les langues que le Saint-Esprit anime déclamer contre lui dans les chaires et condamner publiquement ses nouveaux blasphèmes ?
Me voici à Florence au xve siècle : j’ai fait une leçon sur les érudits, l’autre sur les architectes et les sculpteurs ; la prochaine sera consacrée aux peintres, particulièrement à Masaccio ; puis j’indiquerai la renaissance de la poésie en langue vulgaire.
Il a formé son art en n’étudiant que les monuments de l’urbanité latine ; il a pris le goût des élégances et de finesses, des réussites et des artifices de style ; il est devenu attentif sur soi, correct, capable de savoir et de perfectionner sa propre langue.
De même pour Bossuet et Pascal, ces créateurs de notre langue française actuelle, qui ont été les initiateurs du style moderne, caractérisé par une grande familiarité de l’expression unie à la puissance de l’image et de l’idée51.Après la Révolution, quand la foi au sens divin des livres sacrés eut été ébranlée, ce fut le moment où l’on put commencer à comprendre et à commenter leur valeur littéraire.
Cette scène de violence se fond aussitôt dans une scène de coquetterie, de séduction par le regard, par l’attitude, par la caresse de la voix, enfin par la caresse même du langage (elle lui parle basque) ; « notre langue, monsieur, est si belle que, lorsque nous l’entendons en pays étranger, cela nous fait tressaillir. » — « Elle mentait, monsieur, elle a toujours menti.
Mais enfin la syntaxe de notre langue note les procédés de notre logique française. […] Sauf les chapitres où l’auteur étudie les doctrines des théosophes et spirites, l’ouvrage aurait assez bien l’aspect d’un poème antique, mis en notre langue avec talent. […] Nous n’en possédons pas de plus ancienne en cette langue ; mais sa fine perfection suppose un effort plus ancien, plus spontané, plus naïf.
Dans les plaines de la Plata, où ne croît pas un seul arbre, vit un Pic (Colaptes campestris) qui a, comme les autres, deux doigts dirigés en avant et deux en arrière, la langue allongée et pointue, et les pennes caudales aiguës et roides, bien que pourtant un peu moins roides que chez le type du genre.
Seule, une langue de terre entre le viaduc et le cimetière d’Auteuil, toute trouée de grands trous de trois mètres, où les obus sont tombés si rapprochés qu’ils ont fait, sur une échelle géante, le travail régulier des trous faits par la commission des barricades, au Point-du-Jour. […] Parce que c’est dans le bas, que dans l’effacement d’une civilisation, se conserve le caractère des choses, des personnes, de la langue, de tout, et qu’un peintre a mille fois plus de chance de faire une œuvre ayant du style, d’une fille crottée de la rue Saint-Honoré que d’une lorette de Bréda.
Une voix sourde, des inflexions dures, une volubilité de langue qui précipitoit trop sa déclamation, le rendoient de ce côté fort inférieur aux acteurs de l’hôtel de Bourgogne.
Ils ont déjà quelque chose de la langue mystérieuse des beaux-arts qui fait voir trente-six mille chandelles.
L’esprit agit en quelque sorte ici à peu près comme lorsque, en entendant parler à côté de nous une langue inconnue, nous sentons s’éveiller en nous des idées ou des séries d’images suggérées par les mots que nous ne comprenons pas, mais qui, par de vagues analogies, souvent plus imaginaires que réelles, ou simplement par l’excitation nerveuse qu’ils provoquent, mettent l’esprit en mouvement et suscitent en nous des représentations ou des concepts. […] On peut la comparer, si l’on veut, à une traduction où l’auteur adapte à une langue nouvelle, les idées créées par un autre.
. — « Chère madame, bien sûr, c’est un homme de beau langage ; — écoutez seulement comme sa langue mord bien le clergé. » — « Ma foi !
En langue gaélique, Glencoe signifie Vallée des Larmes ; en effet, elle est le plus mélancolique et le plus désolé de tous les défilés écossais.
Qu’on se figure l’embarras de notre voyageur: isolé au milieu de la nuit dans une ville immense, ignorant la langue du pays, ne pouvant ni s’orienter ni se faire entendre, il était devant son guide comme un homme muet.
Il suffit d’écouter ce que dit ce peuple, au moment où sa langue se délie, lorsque la réflexion ou l’imitation n’ont pas encore altéré l’accent originel.
Seuls les symbolistes parlèrent une langue obscure et trafiquée — nous prétendons qu’ils ne traitèrent pas des sujets communs à l’humanité, indépendamment des situations de classe.
Lundi 16 décembre Diderot, lui, pendant que Voltaire et les autres sont encore à rimailler, et demeurent des poètes à chevilles et sans poésie, emploie uniquement la prose, comme la langue de sa pensée, de ses imaginations, de ses colères, et contribue si puissamment à sa victoire, à sa domination en ce siècle, qu’en dehors de Hugo et à peine de trois autres, la poésie n’est plus que l’amusement des petits jeunes gens de lettres à leur début, et pour ainsi dire, la perte de leur pucelage intellectuel.
Elle me confessait, à l’âge de quatorze ans, dans l’abandon et la non-surveillance des livres traînant partout, en la maison de ses père et mère — et qui avait fait que sa sœur avait lu, à six ans, Madame Bovary — avoir parcouru toute la littérature avancée des langues, française, russe, anglaise, allemande, italienne.
que l’Histoire des origines du christianisme et l’Histoire du peuple d’Israël, sans compter l’Histoire générale des langues sémitiques, pourraient un jour s’enclore dans une aussi brève formule. […] Edward C…, avocat de la reine, homme considérable et charmant, très initié aux élégances parisiennes, orateur lorsqu’il parle anglais et causeur exquis dès qu’il emploie notre langue, me montre en détail l’installation de ce club, principal rendez-vous du parti conservateur.
. — C’est un très grand orateur et sa belle langue, fluide et souple, est un merveilleux vêtement, pour la pensée, élégante toujours et souvent forte. […] Mais il existe une fausse architecture qui n’a pas de nom à soi dans la langue ; mais qu’on connaît très bien ; celle qui flatte l’œil par l’éclat des couleurs sans réaliser la beauté vraie et qui est un divertissement puéril et dangereux autant que la vraie architecture est un objet de contemplation saine, noble et courageuse. […] On me dit : « Par les plus forts il ne faut pas entendre ceux qui ont à leur disposition le plus de force brutale ; il faut entendre les plus distingués, les plus savants, les plus compétents, les plus courageux, ceux enfin que la langue a qualifiés d’un seul nom et du nom qui leur convient : les meilleurs. » Fort bien.
Et l’on en dirait autant de la relation générale que le verbe exprime, relation si immédiatement conçue par l’esprit que le langage peut la sous-entendre, comme il arrive dans les langues rudimentaires qui n’ont pas de verbe.