Pigassou ; Ferdinand ne se tient pas de joie. […] Joie de Buteau à la pensée qu’on va s’en fourrer jusque-là ».
Mais il se conserve encore de lui le début d’un hymne à Diane, moins gracieux que les vers d’Euripide, mais d’un ton chaste et noble : « Je suis à tes genoux, puissante chasseresse, blonde fille de Jupiter, Artémis, reine des hôtes sauvages des forêts, soit que maintenant, près des flots tourbillonnants du Léthé, tu regardes avec joie la ville habitée par des hommes aux cœurs courageux ; car tu n’es pas la bergère d’un peuple féroce, soit que… » Le goût peut se plaire à recueillir ces moulures tombées des fresques antiques du véritable Anacréon, et à les comparer aux ornements et aux grâces du recueil moderne. […] » Simonide aussi donna l’exemple de cette poésie domestique qui célébrait des victoires dans les jeux publics, ou des joies et des douleurs de famille.
Mais il est aussi une poésie qui a présidé de tout temps aux banquets, aux réunions cordiales des hommes, et qui s’inspire de la bonne chère, de l’abondance de la paix et des joies de la vie. […] Riez, chantez à souhait, portez avec vous la joie, et soyez partout où vous entrez l’âme de la fête ! […] Cette maladie devint bientôt un événement pour tous, et sa mort fut un deuil public, car il avait été la joie de beaucoup. […] Il était de ceux qui ont un don à part, et qui sont destinés par la nature, non-seulement à égayer, mais encore à adoucir les relations des hommes. — On pouvait le définir une joie de la vie. Il y avait dans tout son être un liant unique ; on sentait bien au vrai que la joie était là-dedans.
La flûte aux accords champêtres Ne réjouit plus les hêtres Des airs de joie ou d’amours, Toute herbe aux champs est glanée : Ainsi finit une année, Ainsi finissent nos jours ! […] Il n’est plus ; notre âme est veuve, Il nous suit dans notre épreuve, Et nous dit avec pitié : « Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? […] Eux qui jadis ont goûté notre joie, Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur ? […] Jamais beauté si pure et si rayonnante n’avait fasciné mes yeux : une apparition du ciel à travers le cristal de l’air des montagnes, la fraîcheur du matin, un fruit d’été sur une branche, une joie céleste à travers une larme, une larme d’enfant devenue perle en tombant des cils ; puis ces quatre âges de la vie sous un même arbre : l’aïeule, le père, la jeune épouse, l’enfant à la mamelle ; ces pauvres animaux domestiques : le chien, les chèvres, les colombes, les poussins sous l’aile de la poule, les lézards courant avec un léger bruit sous les feuilles sèches du toit. […] LXV Nous vivions ainsi, monsieur, dans le travail, en santé, en bon accord et en joie, dans notre petit domaine indivis entre nous.
Hâtons la représentation de Lohengrin à Paris, ne serait-ce que pour la joie de contempler la cohorte romaine de M. […] Ainsi pensez à moi et faites-moi bientôt la joie de quelques bonnes nouvelles. […] Mais aucun chaut ne s’élève du vaisseau hollandais, et, comme il n’y a rien de plus importun au bruit et à la joie que la tristesse et le silence, tous, matelots et filles, harcèlent d’injures et de bons mots le repos des marins damnés. […] (probablement en contraste au « chatouillement des yeux », qui nous est causé par la lecture de mainte partition de nouveaux opéras allemands) ; mais que même l’amateur de musique allemand enlève les lunettes de ses yeux fatigués et pour une fois se donne sans réserve à la joie d’un beau chant, cela nous montre plus profondément son cœur et nous fait connaître un profond et ardent désir de respirer de nouveau pleinement et fortement pour se faire le cœur libre tout à coup, jeter loin de lui tout le bagage de préjugés et de méchantes pédanteries qui le força si longtemps à être un amateur de musique allemande, et, au lieu de cela, devenir enfin un homme heureux, libre et doué pleinement de cette admirable conception de tout ce qui est beau, sous quelle forme que cela se montre. […] Si nous considérons chez maints modernes compositeurs allemands, le désordre sans bornes, le gâchis des formes, par lesquelles si souvent ils nous gâtent la joie de beaucoup de beautés isolées, nous désirerions bien voir ces pelotes enchevêtrées mises en ordre par cette forme italienne fixe ; et en effet, si elle est, avec tous ses sentiments et sensations, entièrement coordonnée et saisie d’un ferme trait en une claire et convenante mélodie, l’instantanée et simple compréhension de toute une passion sera de beaucoup plus facile, que lorsque, par mille petits commentaires, par telle ou telle autre, nuance d’harmonie, par le timbre de tel instrument ou de tel autre elle aura été cachée et à la fin tout à fait subtilisée.
Les hommes alors se sont avec envie Penchés pour voir dedans : Avec des cris de joie ils ont compté tes plaies Et compté tes douleurs, Comme sûr une pierre on compte des monnaies Dans l’antre, des voleurs. […] La joie sereine des beaux dieux, que les poètes ont montrés planant au-dessus de nuées d’or, resplendit en une magnifique succession d’images, que terminent ces deux vers radieux : Ils savouraient ainsi que des fruits magnifiques Leurs attentais bénis, heureux, inexpiés. […] Il explique le rictus des cadavres par la joie des morts de rentrer dans le grand tout, et la position des yeux des crapauds par leur désir de voir le ciel bleu. […] Il célèbre dans la Chanson des Rues et des Bois, le printemps, le matin, de jolies filles, les nuits d’été, avec une joie énorme. […] Gillenormand aux noces de Marius et Cosette, sont animés et transportés de la même joie tumultueuse, retentissent en fanfares de cuivre et en chants d’orgue, qui s’exalent aux plus énormes éclats, quand le poète entreprend les grands spectacles et les grandes catastrophes.
Pendant que les bandes de joyeux vendangeurs se répondaient d’une colline à l’autre par ces cris de joie prolongés qui sont les actions de grâce de l’homme au sillon qui le nourrit ou qui l’abreuve, pendant que les sentiers rocailleux du village retentissaient sous le gémissement des roues qui rapportaient, au pas lent des bœufs couronnés de sarments en feuilles, les grappes rouges aux pressoirs, je me couchai sur l’herbe, à l’ombre de la maison de mon père, en regardant les fenêtres fermées, et je pensai aux jours d’autrefois. […] Leurs blonds cheveux, épars au vent de la montagne, Les filles se passant leurs deux mains sur les yeux, Jetaient des cris de joie à l’écho des montagnes, Ou sur leurs seins naissants croisaient leurs doigts pieux. […] Resserre autour de nous, faits de joie et de pleurs, Ces groupes rétrécis où de ta providence Dans la chaleur du sang nous sentons les chaleurs ; * Où, sous la porte bien close, La jeune nichée éclose Des saintetés de l’amour, Passe du lait de la mère Au pain savoureux qu’un père Pétrit des sueurs du jour ; Où ces beaux fronts de famille, Penchés sur l’âtre et l’aiguille, Prolongent leurs soirs pieux : Ô soirs ! […] Je me rappelais père, mère, sœurs, enfance, jeunesse, amis de la maison, contemporains de mes jours de joie et de fête, arbres d’affection, sources abritées, animaux chéris, tout ce qui avait jadis peuplé, animé, vivifié, enchanté pour moi ce vallon, ces prairies, ces bois, ces demeures. […] J’ai relu, pour ainsi dire, ma vie tout entière sur ce livre de pierre composé de trois sépulcres : enfance, jeunesse, aubes de la pensée, années en fleurs, années en fruits, années en chaume ou en cendres, joies innocentes, piétés saintes, attachements naturels, études ardentes, égarements pardonnés d’adolescence, passions naissantes, attachements sérieux, voyages, fautes, repentirs, bonheurs ensevelis, chaînes brisées, chaînes renouées de la vie, peines, efforts, labeurs, agitations, périls, combats, victoires, élévations et écroulements de l’âge mûr sur les grandes vagues de l’océan des révolutions, pour faire avancer d’un degré de plus l’esprit humain dans sa navigation vers l’infini !
Le frère Yves y apportera-t-il un élément de joie ou de soupçons ? […] N’était-ce pas là que la joie d’être finissait ? […] Et cette descente, cette romantique évasion, c’était la grande joie de la sortie. […] Sitôt après ce petit voyage, je compte bien retourner près de ma Germaine que je supplie de ne pas s’énerver, de songer à la joie du grand jour. […] Même cette humble joie de nature, lui, ne l’a pas connue ; il est obligé de l’envier.
Frappé dans ses joies de famille, dans ses affections profondes, il a gémi ; il n’a pas seulement prié, il a chanté : écoutez ce chant imprévu qui révèle dans cette âme de lutte et de combat des sources vives de tendresse : Je ne suis plus celui qui, charmé d’être au monde, En ses âpres chemins avançait sans les voir ; Mon cœur n’est plus ce cœur surabondant d’espoir, D’où la vie en chansons jaillissait comme une onde. […] J’habitais dans la joie, et le deuil m’environne. […] Le temps, ce ravisseur de toute joie humaine, Nous prend jusqu’à nos pleurs, tant Dieu veut nous sevrer !
Fût-elle toujours stérile (ce qui n’est pas), je n’oserais m’en plaindre : car elle comble de joie ceux qui s’y livrent et elle fait du même coup le bonheur des autres par les railleries faciles auxquelles elle prête. […] Je serais charmé de m’appeler Montmorency : ce serait une joie pour moi d’avoir été déjà glorieux bien loin dans le passé ; mais, si nous ne sommes pas de haute lignée par le sang et le nom, nous sommes du moins, nous les lettrés, d’une grande et vieille race intellectuelle : nous remontons à Téroulde et par-delà, plus haut que les Montmorency ; et cela nous console amplement, et nous remercions M. […] Ce qui échappait complètement à Ronsard, à Racine, à Fénelon, à Voltaire, nous avons la joie et l’orgueil de le voir et de le sentir.
Il arrive un coup de massue qui rabaisse la joie (la mort de M. de Turenne). […] Cette joie est grande. […] Il n’attendait M. du Maine que le lendemain ; il le vit entrer dans sa chambre, marchant et mené seulement par la main de madame de Maintenon ; ce fut un transit port de joie.
Sachons-lui gré d’avoir fui les soi-disant écoles littéraires, de n’avoir point enfermé son génie dans des formules prétentieuses, mais d’avoir simplement écouté son cœur, et de nous avoir dit sans prétention, sans calcul, ses joies et ses tristesses, ses espérances et ses amertumes, le charme d’un souvenir heureux, le mélancolique regret des tendresses envolées. […] Selon les heures, les paysages, les sursauts de passion, nous choisissons tour à tour divers poètes dont le chant exalte notre joie ou se mêle instinctivement à notre douleur. […] Verlaine est proche de mon humanité, de ma mélancolie ou de ma joie. […] De cette façon il résumerait à peu près son siècle s’il n’avait laissé de côté (impuissance ou dédain) l’émotion de Lamartine, l’ironie de Musset, la fierté hautaine de Vigny, la joie païenne de Banville, la sensualité mystique de Baudelaire. […] Et l’effort qui soutient, inlassable, la joie — la Joie — de ceux des esprits contemporains que nous aimons.
À plus forte raison quand il ne s’agit pas du Pérou, quand il ne s’agit que de cette féconde et brillante écume du bon mot, du paradoxe, de la plaisanterie mêlée de joie ou d’amertume. […] Le mouchoir à petits entre-deux, garnis de valencienne, à la bonne heure ; voilà qui est commode ; c’est un mouchoir pour tout faire, un mouchoir à deux fins, bon pour la joie et bon pour la douleur. […] la joie ! […] En effet, songez à cette joie, à savoir que, chaque jour, chacun viendra vous conter les peines les plus cachées de son cœur. […] La France battit des mains, vous savez avec quelle joie !
Il est l’exilé des joies communes. […] Et, plus tard, quand il peut croire que le poupon égaré est de lui, il en pleure de joie. […] Gaud, d’abord, défaille de joie au mot qu’elle attendait depuis deux ans et quelle n’espérait plus. […] En tout cas, Flipote a été écrite dans la joie. […] J’en aurais pleuré de joie.
Quelle joie, de déplier ces velours, ces satins, ces brocarts, déchiquetés, tailladés, piqués, brodés, bruissants de cannetilles et de perles ! […] Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur, Toutes mes peurs, toutes mes ignorances, Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur. […] Par tout pays, les étudiants ont la prétention de représenter la joie de vivre et d’être, en quelque sorte, les professionnels de la gaieté. […] Le renoncement aux joies terrestres leur a toujours paru, bien qu’ils soient religieux et volontiers prédicants, une sombre folie. […] On goûterait si bien, là-bas, dans l’ombre odorante des citronniers et des mimosas, la joie du souvenir ou la douceur douloureuse de l’oubli !
Son violon était la joie et la consolation du village ; son violon brisé, il n’a pas deux partis à prendre ; l’étranger lui a rendu le courage facile. […] Saluce, un de ses camarades de régiment, est amoureux à Rome, et lui raconte jour par jour toutes les joies, toutes les tristesses de sa passion. […] Je ne cède pas au besoin de blâmer ; je n’éprouve aucune joie à compter les taches que je découvre dans les œuvres éclatantes. […] Comme il n’a rien rêvé au-delà des sens, et que la joie des sens est limitée dans sa durée, il s’attiédit et meurt au sein du bonheur même. […] Seul, livré à lui-même, il gourmande son orgueil et regrette la joie bruyante des Oiseaux envolés.
Elle a été tout entière occupée par l’étude, l’enseignement, les joies de la famille. […] Ces quelques mois de vie à deux furent sa dernière joie. […] Plus tard, sa nomination de professeur à l’École des beaux-arts fut une des grandes joies de sa vie. […] Il n’avait pas cette joie : sa femme était morte en 1839 ; sa fille s’était mariée en 1843 ; son fils vivait loin de lui. […] Il note chaque petit progrès ; il éprouve une joie enfantine à constater « qu’il se lève de bonne heure sans grogner ».
George Sand le répétait à Musset, qui en pleurait de joie et d’enthousiasme. […] Respire, respire, cœur navré de joie ! […] Courte est l’illusion, courte la joie. […] Elle accepte avec joie de souffrir. […] Les dernières années de Musset ont été pénibles malgré les joies, vivement goûtées, du succès grandissant.
« Je ne puis exprimer l’extrême joie que j’en éprouvai. […] « Il se chargea donc avec joie de la négociation, et, ne doutant pas de son omnipotence près des siens, il craignit plutôt que la jeunesse de Chiaramonti et ses autres obstacles extrinsèques lui fissent tort près de plusieurs cardinaux de son parti. […] On rencontra aussi chez les plus jeunes les obstacles que l’on redoutait dans ceux du parti opposé : mais la prudence de leur chef, et l’autorité dont il jouissait auprès d’eux et dans tout le Sacré-Collège, la joie que Herzan affichait, et par conséquent l’espérance de voir se réaliser des avantages sur lesquels on comptait, aplanirent en deux jours et peu d’heures les embarras qui furent suscités dans ce parti. […] Il est impossible d’exprimer avec quelle joie Albani apprit cette nouvelle, lui qui avait une particulière estime pour Chiaramonti, et avec quel bonheur il se joignit à son collègue, dans le but de recueillir les votes des cardinaux de son parti. […] La foule était prodigieuse, et la joie causée par cette élection était vraiment universelle.
Puis il nous semble que Beethoven, éperdu de cette profonde joie intime, jette au monde extérieur un regard pénétré d’une indicible sérénité. […] C’est que cette symphonie en Ut mineur nous retient comme l’une des rares conceptions du maître où une émotion, vive et cruelle, de souffrance, est le point de départ, et se développe, graduellement, à travers la consolation, l’élévation de l’âme, jusque le plein éclat de la joie dans la conscience du triomphe. […] Nous avons vu, précisément, que la musique a pour objet cette révélation de l’Idée même du monde : or, il en résulte que le musicien créateur doit considérer tout ce que cette idée contient ; et c’est ainsi qu’il exprime, non sa propre opinion sur le monde, mais le monde lui-même, dans lequel alternent la douleur et la joie, le bien et le mal. […] Fantin a rendu le sens profond de la scène, et de ce drame entier, la Goetterdaemmerung, où le jeune Siegfried, avec la joie de sa force, nous donne aussi comme l’angoisse du fait cruel, si prochain. […] Elles sont, ainsi, pour tous, un enseignement, et pour les rares initiés de l’Art, une joie ; et, s’il les eût connues, Richard Wagner, notre divin Maître, les eut trouvées un hommage digne de sa grande âme.
Elle naquit la dernière, et toute blonde : la famille en eut une grande joie, car on retrouvait en elle la couleur de sa mère. […] Elle aime en toi le fils du père des pauvres, et te donne aujourd’hui pour protecteurs ceux qui les jugent et se consacrent à eux… « … Mais la politique empoisonne les esprits. — Moi qui pleurais de joie et de respect en traversant enfin Genève, patrie de notre grand-père paternel, on m’y a poursuivie avec ma petite famille en criant contre nous : « A bas les Français ! […] » Deux années étaient écoulées à peine que cette joie était changée en un deuil amer, inconsolable. […] Ne parlons donc pas des riches, sinon pour être contents de ne pas les sentir souffrir comme nous… « Avant-hier dans la nuit, j’ai eu le bonheur de rêver à toi, et de t’embrasser avec une effusion d’amitié et de joie si vive, que je m’en suis réveillée. — Nous allions au-devant l’une de l’autre les bras ouverts. […] Vous savez d’ailleurs que tous les rêves de cette aimable Ondine sont si hauts et si purs, que l’on peut du moins y sacrifier en toute sûreté la joie de sa présence.
Guillaume, ayant rejoint Campe, son premier instituteur, à Brunswick, alla avec lui assister avec une joie sérieuse, à Paris, à l’éclosion d’une philosophie politique, en 1789. […] C’était la première terre que Humboldt foulait depuis son départ d’Europe, et il rend compte en ces termes de l’impression qu’il en ressentit : « Rien ne peut exprimer la joie qu’éprouve le naturaliste quand, pour la première fois, il touche une terre qui n’est pas l’Europe. […] Le sol sur lequel, nous, hommes, nous voyageons dans la joie et dans la peine, est ce qu’il y a de plus variable ; c’est la destruction et la reproduction qui se succèdent avec une incessante activité ; il est régi par une force qui organise et moule la matière informe, qui enchaîne la planète à son soleil, qui donne à la masse froide et inerte le souffle vivifiant de la chaleur, qui renverse violemment ce qui a l’apparence de la perfection et que l’homme, dans l’étroitesse de sa portée, est obligé d’appeler grand ; enfin qui substitue incessamment les nouvelles formes aux anciennes. […] Les habitants d’un vaisseau recherchent la vue d’un homme étranger ; ils voudraient entendre le son de la parole d’une bouche étrangère, venant d’un autre pays… c’est donc un événement qui saisit de joie, quand vient à passer un autre navire ; on se précipite sur le pont, on s’appelle, on se demande son nom, son pays, on se salue et bientôt on se voit réciproquement disparaître à l’horizon. […] Impatient de parcourir les régions de l’équateur, je ne pouvais porter mes yeux vers la voûte étoilée du ciel, sans penser à la Croix du sud, et sans me rappeler en mémoire le sublime passage du Dante1. » — Tous les passagers, notamment ceux qui avaient déjà habité les colonies d’Amérique, partagèrent la joie que Humboldt ressentit à la vue de cette constellation.