Il y est, poussant dans cette pente les intelligences restées chrétiennes et faisant razzia d’elles, que manqueraient les livres des philosophes, s’ils étaient seuls, et les y poussant au profit du plus terrible entraînement qui ait jamais menacé le monde chrétien !
« L’intelligence humaine, dit-il, a passé par trois états — rien de plus, rien de moins (toujours l’escamoteur !)
Ingratitude de l’intelligence, éprise de l’abstraction et de la découverte !
Dieu l’eût sans doute sauvée pour la justification de ses promesses ; mais la gloire des grands hommes est de se servir de leur liberté et de leur intelligence de manière à économiser l’action directe de Dieu sur la terre et à lui ménager l’effet des grands coups de sa providence.
justement parce qu’ils n’étaient pas si étroitement attachés à l’intérêt le plus grossier de leur négoce, parce qu’ils n’étaient pas si marchands au pied raccourci de la lettre, ils faisaient naturellement de plus grandes affaires dans un commerce où l’appréciation de la chose mise en circulation exige presque l’intelligence du critique, qui voit les deux bouts de la chaîne : le mérite d’un livre et son effet probable sur le public.
elle est trop bête pour pouvoir entrer dans un livre qui, comme un roman, a besoin d’une âme et d’une intelligence pour intéresser.
Avocat, sans causes, au Parlement, et père de quatre enfants, eu proie à ces tortionnantes délices paternelles qu’on savoure quand on n’a pas le sou, doué d’une intelligence plus apte à s’assimiler qu’à produire, il suivit le conseil de son protecteur, l’abbé de Lyonne, d’étudier la langue espagnole pour traduire des livres espagnols, et il se trempa dans l’Espagne des livres, au lieu de se tremper dans l’Espagne de la réalité.
Féval ne procède jamais à la manière incolore de ce pauvre diable de Le Sage, à peu près poétique comme son nom, mais il n’en trouble pas moins la hiérarchie des choses, dans son système de roman, en mettant en premier l’intérêt des événements, qui devrait être le second, et en second, l’intérêt des sentiments, qui est certainement le premier… Et ne croyez pas qu’il n’en ait pas l’intelligence !
Seulement, parce qu’il était moraliste, comme doit l’être tout romancier, et qu’il ne s’agissait pas uniquement pour lui de peindre avec grandeur des mœurs poétiques et simples auxquelles une intelligence, que nous n’avons pas craint d’appeler épique, a donné la plus héroïque des tournures, l’auteur du Marquis des Saffras ne s’est pas concentré dans la sphère où l’auteur de Miréio est resté, et ses paysans primitifs n’ont plus été ces vanniers, ces pâtres, ces matelots revenus des guerres, ces conducteurs de cavales, ces toucheurs de bœufs, campés sur des reins d’Hercule, comme les héros d’Homère, dans un ciel d’un bleu olympien.
De ce genre de roman-colosse, sous lequel ont péri des intelligences d’une force réelle, mais qui n’étaient pas aussi herculéennes qu’elles le croyaient, cariatides brisées par un entablement trop lourd pour elles, vous savez ce qui nous est resté… Deux à trois innocents cordiers littéraires qui, rien sur la tête et rien dedans, et le dos tourné au bon sens, à l’art et à la vraisemblance, allongent, allongent leur éternelle corde sans bout, pour des raisons qui ne sont nullement de la littérature.
Dégagé d’entraves, notre cœur s’épanouit, notre intelligence se relève, s’exalte, s’épure, notre raison se rassied, et notre courage s’étonne de s’être ralenti dans ses travaux. […] Je ne crois pas ce dernier trait sur Homère, trop métaphorique ; car les divinités de la mythologie semblent être écloses de son intelligence et n’avoir habité réellement qu’en son large et fécond cerveau. […] Elle a satisfait au besoin de la faible intelligence du vulgaire, à qui toutes les abstractions échappent, et leur a offert des objets comparatifs à la place des spéculations métaphysiques. […] « Un centre est au grand corps de la matière immense, « Ce qu’à l’âme est un Dieu, centre d’intelligence. […] Ce n’est qu’en songe qu’il transporte Henri dans le ciel et dans l’enfer ; comme si l’intelligence de l’homme éveillé ne pouvait voir cet univers expliqué par Newton qu’il choisit pour y voyager en rêve.
Pour peu qu’on fasse pencher la balance du côté de la justice ou du côté de la bonté, du côté de l’intelligence ou du côté de la puissance, tout est changé. […] Pourquoi tel animal a-t-il la force, la vigilance, l’agilité, l’intelligence, lorsque son voisin est faible, lourd, paresseux et idiot ? […] Il trouvera en soi-même quelques excuses pour le scélérat qu’une intelligence étroite, des passions furieuses et de mauvais exemples auront entraîné au crime. […] Il n’y a pas d’esprit, tout est matière ; chaque portion de la matière est douée de force et d’intelligence, et existe ainsi de toute éternité. […] Bientôt cet espace, si simplifié qu’il soit, disparaît à son tour, et il n’en reste plus devant ses yeux que l’idée infinie, j’entends l’intelligence infinie.
L’homme n’est pas une intelligence pure, il est aussi une volonté, et celle volonté, le cartésianisme l’énerve, ou plutôt il l’anéantit, en lui enlevant, son objet, qui est de vivre. […] Et, en effet, lui qui vivait dans un temps dont nous sommes obligés aujourd’hui de recomposer laborieusement et péniblement la psychologie, il avait mesuré le pouvoir de ce livre demeuré cependant imparfait ; il en avait vu l’action sur les intelligences ; il avait senti l’appui que trouvait enfin le sentiment religieux dans ces aveux de l’homme qui n’avait pas été seulement l’un des plus grands écrivains du siècle précédent, mais aussi l’un de ses savants les plus illustres. […] Ce sont, en effet, d’autres facultés, ce sont d’autres pouvoirs ou d’autres formes de l’intelligence qui ont engendré, dans l’histoire de l’humanité, les grandes religions et la grande poésie, facultés si différentes de la faculté de concevoir et de raisonner, que celle-ci les dessèche à mesure qu’elle occupe et qu’elle envahit l’entendement. […] Qui donc a dit que l’intelligence de Montesquieu était en quelque sorte fragmentaire, peu capable d’ordre, et tout à fait inhabile à la composition ? […] Elle exige, en effet, pour être méritée, deux qualités voisines du génie : un sentiment très sûr, très profond, des ressources d’une langue et un tact très subtil du point d’avancement de l’intelligence publique.
Un écrivain a une tendance à croire que la littérature, la pensée, l’intelligence auront arrondi certains angles, émoussé certaines épines de la nature féminine, et une femme de lettres en croit autant d’un écrivain. […] La profondeur de son intelligence ? […] Il est vrai que dans le Juif Errant il y a aussi la profondeur de l’intelligence de Rodin. […] Puis Sainte-Beuve avait porté sur ce cours du temps, sur ces transformations de la sensibilité et de l’intelligence, une expérience et une analyse de confesseur. […] Le large trottoir, descendant, facilitait sa marche, la porte tournait presque d’elle-même ; et la poignée, lisse au toucher, avait la douceur et comme l’intelligence d’une main dans la sienne.
Mais les animaux surtout attiraient son affection, étonnaient son intelligence. […] C’est ainsi qu’exposé à la rigueur du froid le plus vif, n’ayant pas même un manteau pour se couvrir, il était réduit à envier le sort de ces malheureux paysans qu’il trouvait rassemblés dans de pauvres cabanes, mais qui au moins se consolaient entre eux de leur misère ; il enviait, enfin, jusqu’au sort des chevaux attelés à sa voiture ; car la Providence, prévoyante pour eux, les avait couverts de poils longs et chauds, semblables à d’épaisses toisons: comme pour témoigner, pensait-il alors avec amertume, que l’homme seul est abandonné sur cette terre: comme pour témoigner, pensait-il vingt ans plus tard avec admiration, qu’il n’est pas un seul être au monde qui soit livré à l’abandon: Dieu leur donnant à tous, suivant le besoin, ce que leur intelligence ne leur apprend pas à se donner. […] Les hommages d’un peuple chargé de chaînes ne sont que des marques d’ignorance et d’avilissement ; mais les bénédictions d’un peuple libre sont des témoignages d’intelligence et de vertu ; l’univers y applaudit, et la postérité les entend. […] Il faisait tous ces ouvrages avec intelligence et activité, parce qu’il les faisait avec zèle.
Beaucoup plus que nous ne le voulons, beaucoup plus que nous ne le croyons, beaucoup plus que nous ne le disons tous formés par des habitudes scolaires, tous dressés par des disciplines scolaires, tous limités par des limitations et des commodités scolaires, nous croyons tous plus ou moins obscurément que l’humanité commence au monde moderne, que l’intelligence de l’humanité commence aux méthodes modernes ; heureux quand nous ne croyons pas, avec tous les laïques, avec tous les primaires, que la France commence exactement le premier janvier dix-sept cent quatre-vingt-neuf, à six heures du matin. […] Ici, et à cinquante lieues alentour de Paris, la beauté manque, mais l’intelligence brille, non pas la verve pétulante et la gaieté bavarde des méridionaux, mais l’esprit leste, juste, avisé, malin, prompt à l’ironie, qui trouve son amusement dans les mécomptes d’autrui. […] Il est à la fois aux deux extrémités, dans les sensations particulières par lesquelles l’intelligence débute, et dans les idées générales auxquelles l’intelligence aboutit, tellement qu’il en a toute l’étendue et toutes les parties, et qu’il est le plus capable, par l’ampleur et la diversité de ses puissances, de reproduire ce monde en face duquel il est placé.
Ils nous débarrassent ainsi d’un certain nombre de préjugés des plus fâcheux, dont ceux qui tendaient à nous faire voir dans Taine, dans Renan, dans Berthelot, quelques-unes des grandes intelligences contemporaines. […] Huysmans sans se prendre aux cheveux et se manger le nez deux fois par ligne, je ferai observer d’abord qu’ils ont bien réussi à vivre en bonne intelligence chez M. […] Il est remarquable, en tout cas, que cette intelligence si riche ne doive presque rien (au contraire de M. […] Quand je dis honnête homme, je dis un esprit dont le commerce est doux et sûr, une intelligence qui ne connaît point la peur, une âme souriante et pleine d’indulgence. […] cette mort, dont il inscrivait ainsi d’avance le nom sur son livre, elle est venue à vingt-six ans pour notre ami, pour la plus noble et la plus belle des intelligences de cette génération.
Les proclamer, c’était, au fond, méconnaître sa véritable essence et son esprit, c’était se méprendre sur la nature de la création artistique, transformer en une opération de l’intelligence, en une combinaison et un calcul de la raison, ce qui est essentiellement un acte spontané du sentiment. […] Il est vrai que cette compréhension ne se révèle qu’aux âmes extrêmement sensibles, aux intelligences douées d’une pénétration supérieure ! […] Des œuvres très compliquées de moyens peuvent être très aisées de compréhension ; inversement, des œuvres où l’Art réduit à un minimum la combinaison de ses artifices, qui sont par conséquent simples au sens propre du mot, peuvent échapper complètement et pendant longtemps à l’intelligence du grand public. […] D’où il résulte que ce qui paraîtrait normal à une intelligence droite et non faussée, pourra paraître compliqué à une intelligence obscurcie par des théories incomplètes ou insuffisantes. […] Mais s’il est vrai que cet art ne peut émouvoir les classes populaires, s’il n’est pas accessible aux masses, il ne suit pas de là que tout ce qui, dans l’art du présent ou du passé, reste inaccessible à l’intelligence des gens du peuple soit nécessairement de « mauvais art de l’art « particulariste », de « l’art de classe », comme Tolstoï l’affirme par exemple de la IXe Symphonie de Beethoven.
En réponse à une enquête sur la crise de l’intelligence, M. […] La mémoire est une faculté précieuse, plus précieuse peut-être que l’intelligence, puisqu’elle arrive quelquefois à la suppléer. […] Cependant Flaubert était lettré, artiste, et d’un rare éclectisme d’intelligence. […] Ce qui n’était, il y a quelques années, qu’une tentative périlleuse, est devenu un besoin réfléchi de toutes les intelligences élevées. […] Vive la mode du savoir, de l’intelligence, de la culture, ne fût-ce qu’une mode pour quelques-uns et quelques-unes !
Mais surtout elle avait mieux encore qu’à répondre, quand Bonaparte pensait tout haut, comme il s’y échappait souvent : elle savait écouter, elle savait comprendre et suivre ; il était très-sensible à ce genre d’intelligence et en savait un gré infini, particulièrement à une femme. […] Les idées constitutionnelles reparaissaient sur le tapis comme pour la première fois : son intelligence ferme en embrassa d’abord l’étendue.
L’homme d’intelligence et de sympathie littéraire élevée, qui a conçu l’idée de cette Anthologie et qui en a dirigé l’exécution, a pensé qu’entre ces deux écueils, le trop d’unité ou l’extrême diversité, il y avait pour une œuvre de ce genre bien plus d’inconvénients d’un côté que de l’autre. […] C’est bien de François Ier, de l’avènement du jeune roi vainqueur à Marignan, que date chez nous la vraie Renaissance, cette espèce d’aurore soudaine qui se leva sur les esprits et les intelligences, sur le goût public.
« Il faut deux choses à des hommes d’État pour diriger les grands mouvements d’opinion auxquels ils participent : l’intelligence complète de ces mouvements, et la passion dont ces mouvements sont l’expression dans un peuple. […] Ses regards se promenaient, avec toute leur intelligence, sur les façades des maisons, sur les inscriptions républicaines, sur les costumes et sur la physionomie de cette capitale, si transformée pour elle depuis quinze mois de captivité.