M. de Luxembourg est peut-être, avec le Milord Maréchal, le seul homme qui ait, à force de bonté et de bonhomie, désarmé le soupçon de Jean-Jacques, et qui lui ait inspiré une confiance sans réserve et sans retour. […] Mme de Luxembourg les gagne, les séduit tous, comme elle a fait avec Rousseau, met à l’aise un chacun, et Mme de Choiseul écrit, à demi vaincue dès la première rencontre (citer est la seule manière de montrer Mme de Luxembourg à l’œuvre et en action) : « La maréchale n’est point arrivée ici avec cet air de confiance que devaient lui inspirer les pressantes sollicitations qu’elle vous avait dit avoir reçues. […] Elle se console par la justice que lui rendent ceux qui la connaissent plus particulièrement, et par les sentiments qu’elle leur inspire.
Il n’est point littérateur, il n’est point écrivain, il n’est point philosophe, bien qu’il ait beaucoup de, ce qu’il faut pour être tout cela ensemble ; mais il est poëte ; il dit ce qu’il éprouve, et l’inspire en le disant. […] C’est l’amour qui inspire et remplit ces premiers chants de Polonius ; ils rentrent presque tous dans l’élégie. […] A la voix de la Fortune, Il n’ira point de Neptune Tenter les gouffres mouvants, Ni, sur la foi des étoiles, Livrer d’intrépides voiles A l’inconstance des vents… C’est de lui toute cette ode, qui a pour titre : les Goûts du Poëte, et qui est inspirée du Quem tu Metpomene semel, reste charmant de ton, de sobriété, de sens ferme et doux ; c’est de la bonne poésie du temps de Chaulieu, d’il y a vingt-cinq ans ou d’il y a un siècle.
« Inspirez, mais n’écrivez pas », dit Le Brun aux femmes. — « C’est, ajoute M. […] Au lieu d’avoir affaire à des esprits libres, dégagés, attentifs, qui s’intéressent, qui inspirent, qui contiennent, que rencontre-t-on ? […] « Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus. » C’est le sentiment de cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle fait, selon lui, la beauté unique du style : « Racine : — son élégance est parfaite ; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile. » « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ?
Ces Fables, conservées dans des recueils latins qu’on traduisit ensuite en français (comme fit Marie de France dans son Ysopet), furent très goûtées des clercs à qui elles inspirèrent toute une littérature, allégorique, satirique et morale. […] La gaieté seule, une inoffensive gaieté inspire cette satire universelle : on n’y sent ni âpreté ni révolte, ni surtout rien qui ressemble à l’esprit démocratique. […] La marque sensible de la sympathie qu’inspire Renart à ses biographes, c’est qu’ils n’ont pas su donner de véritable et profonde indignation aux victimes même de ses méfaits.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection. […] Après ces deux années d’une douce vie passée en compagnie de deux amis dignes de lui, c’est-à-dire en compagnie plus intime avec lui-même, il revint à Paris, la tête débordant de poèmes, de plans, d’esquisses, où sont mêlées la science, la politique, la Bible, l’Amérique ; ambitieux de tout sentir et de tout rendre, de faire de la poésie l’organe inspiré de toutes les idées modernes, l’écho du passé et du présent, la voix prophétique de l’avenir. […] Le souvenir inspire mieux le poète que l’émotion présente.
En un mot, on sent beaucoup trop que les comparaisons, chez cette femme d’esprit, ne s’offrent point d’elles-mêmes, qu’elles ne naissent point sous ses pas et du sein même du sujet qu’elle traite, qu’elles ne sont point inspirées par l’à-propos du discours, mais qu’elle les tire de quelque magasin plus ancien, de quelque cahier de conversation où elle les avait en réserve. […] Aussi ce fut une consolation pour elle, au milieu de tant de sujets de douleur, de se retrouver en 1790 à Lausanne ou à Coppet, en vue de son beau lac, et non loin des tombeaux de ses parents : « Il semble, disait-elle à chaque retour en dégageant le sentiment moral qu’inspire cette nature de paysage, il semble que l’Être suprême s’est occupé ici plus particulièrement de sa créature, et qu’il l’oblige sans cesse à élever sa pensée jusqu’à lui. » Elle écrivait en ces années finales, et pendant que 93 étendait ses horreurs sur la France, un écrit touchant, et qui a trouvé grâce auprès de ceux mêmes qui se sont montrés le plus sévères pour le genre d’esprit de Mme Necker, je veux parler de ses Réflexions sur le divorce qui parurent au lendemain de sa mort. […] Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.
Chagrin et méditatif par nature ou par suite de l’abandon de son père, il inspira de l’intérêt à un oncle maternel, la seule personne de sa famille qui le visitât quelquefois. […] Sa renommée de voyageur et la confiance qu’inspiraient alors les hommes de lettres le portèrent aux États généraux en 1789 : il y fut nommé par ses compatriotes de l’Anjou, et, comme tant de philosophes et, de littérateurs, il s’y montra au-dessous de sa réputation. […] Nous sommes dans les conjonctures les plus difficiles ; que nos concitoyens nous environnent de toutes parts, qu’ils nous pressent, que leur présence nous inspire et nous anime !
Et il inspire le chef-d’œuvre. […] Il arrive même parfois que des intelligences attaquent un génie ; les inspirés, chose bizarre, méconnaissent l’inspiration. […] Les types sont des cas prévus par Dieu ; le génie les réalise — il semble que Dieu aime mieux faire donner la leçon à l’homme par l’homme, pour inspirer confiance.
On accepta leur offre, et voilà les gens de lettres qui dans la suite firent respecter leur emploi parce que sous prétexte d’amuser et de délasser le peuple, ils l’instruisirent ; ils chantèrent les lois, ils encouragèrent au travail et à l’amour de la patrie ; ils célébrèrent les vertus, ils inspirèrent aux pères de la tendresse pour leurs enfans, aux enfans du respect pour leur père ; et nos agriculteurs furent chargés de deux impôts qu’ils supportèrent volontiers, parce qu’ils leur restituaient autant qu’ils leur prenaient. […] Dans ces dernières y aurait-il certains traits fins, subtils et cachés, faciles à sentir quand on les a sous les yeux, infiniment difficiles à retenir quand on ne les voit plus, impossibles à rendre par le discours ; ou serait-ce de ces physionomies rares et des traits spécifiques et particuliers de ces physionomies que seraient empruntées ces imitations qui nous confondent et qui nous font appeller les poëtes, les peintres, les musiciens, les statuaires du nom d’inspirés ? […] L’inspiré est lui-même incertain quelquefois si la chose qu’il annonce est une réalité ou une chimère, si elle exista jamais hors de lui ; il est alors sur la dernière limite de l’énergie de la nature de l’homme et à l’extrémité des ressources de l’art.
Désiré Nisard, dans ce célèbre manifeste, avait pris parti pour la réflexion, l’étude, la volonté inspirée, contre l’improvisation, la précipitation, le gaspillage ; parce qu’il s’était rangé du côté de la conscience littéraire contre les succès à tout prix et au rabais ; parce que, là comme dans ses autres écrits, il n’avait pas sacrifié toutes les qualités de l’écrivain à ce pittoresque que nous ne haïssons pas, mais qui avait positivement alors tourné la tête à toute la littérature ; parce qu’il honorait la tradition, qu’on ne respectait plus et même qu’on insultait très bien ; parce qu’il ne concevait pas la Critique en dehors de la morale chrétienne, quand le Beau seul suffit aux âmes, disaient les délicieux Esthétiques de ce temps ; parce qu’enfin il avait en lui la faiblesse la touchante faiblesse du xviie siècle au lieu d’avoir l’orgueil insensé et insupportable du xixe , il fut bientôt classé, par les ardents et les rutilants de ce siècle-là, parmi les effacés, les chagrins, les retardataires, les professeurs d’ailleurs, les pédantisants ! […] pas écrit, dans les Études d’histoire et de littérature, les pages sur Bossuet, Bourdaloue, Massillon, les plus belles pages, sans aucun doute, qu’aient encore inspirées ces grands hommes, car qui n’est que littéraire n’aura jamais le sens réel et profond d’hommes pareils. […] En France, Byron a inspiré beaucoup de phrases poétiques et quelques beaux vers, mais de jugement sensé et élevé, je ne connais que M.
Sans ses ennemis politiques, sans ces papes qu’il osait damner, ne croyant pas que ce fût assez de les insulter et de les maudire, Dante, ce Juvénal du Moyen Age, ce pamphlétaire plus grand que Tacite, auquel des critiques qui ressemblent un peu aux petits garçons de Florence ont voulu donner l’air inspiré d’un prophète revenant de l’autre monde, tandis qu’il est un homme du temps, se possédant fort bien, au contraire, et tenant d’une main très-froide son stylet de feu, Dante n’aurait jamais songé à enfoncer son profond regard, fait pour juger les hommes et leur commander, dans cette conception de l’enfer, dont la vision pour lui se mêle à d’autres rêves et qu’il a faussée au profit de ses haines et sous le coup de ses douleurs. […] Elle n’est pas dans ce qu’il inspire. […] Elle a exhalé le dernier soupir qu’elle gardât dans le trésor de ses harmonies les plus secrètes, sous la pression magistrale, despotique et inspirée d’un très grand artiste qui joue des mots comme Paganini du violon et qui, comme Paganini, joue sur une seule corde, car il fait des vers d’une seule syllabe dans des poëmes qui durent plus longtemps que l’exécution d’une sonate ; homme étonnant qui n’a besoin que d’une syllabe pour vous enchanter, si vous avez en vous écho de poète, — qui serait Liszt encore sur une épinette et Tulou dans un mirliton.
Voyez ce qu’elle inspire aux arts, cette démocratie que vous vantez ! […] Songez donc, Viviane, à tout ce que la Comédie a inspiré aux arts de chefs-d’œuvre qui nous charment encore ! […] Dante semble tout inspiré du souffle qui plane sur Assise. […] Elle n’a inspiré ni une Vita Nuova ni une Divine Comédie. […] Ils entendent en eus la voix inspirée qui veut célébrer le « Dieu plus fort. » Comme ces excellents dont parle Gœthe, ils sont sollicités du désir de l’immortalité.
Les Chants de la Pluie et du Soleil, visiblement inspirés de Whitman quant à leur sentiment de modernité lyrique, renferment des proses vraiment belles, d’une élévation et d’une énergie saine, d’un éclat d’images qui intéresseront les artistes.
Le bizarre peut séduire un moment, mais son triomphe est court, & on méprise ce qu'on avoit d'adord goûté, à proportion de la honte qu'inspirent les travers qui avoient su en imposer.
Le dégoût qu’inspiraient certains excès dramatiques récents fut pour beaucoup dans la joie et la vivacité de cette reprise. […] Une première tragédie, ou plutôt une pastorale dramatique, intitulée Pallas, fils d’Évandre (1806), et inspirée des derniers livres de l’Énéide, se fait déjà remarquer par du pathétique et plus de naturel que ne s’en permettaient volontiers les muses de l’Empire. […] Le sacre de Charles X inspira ou imposa bien des poëmes : le seul qu’on puisse relire, ce sont les Oiseaux de Mme Tastu. […] Lebrun le Parnasse, la Vallée d’Olympie, pièces faites sur les lieux mêmes ; le Vin d’Ithaque, le Ciel d’Athènes, pièces inspirées par le vif souvenir : je recommande surtout sa belle et digne poésie du Ciel d’Athènes : la sérénité qu’elle veut peindre s’y réfléchit.
Aujourd’hui, grâce aux efforts qu’il a inspirés et aux hasards qu’il a conduits, la voilà retirée du gouffre où elle avait disparu, et la vigoureuse main qui l’a repêchée nous la jette dans sa terrible netteté, dans toute sa nudité accusatrice. […] Une peur qui ne manque pas d’intelligence, leur inspirera l’hypocrisie du mépris. […] Nul de nous n’avait été assez heureux pour inspirer à des hommes qui avaient l’honneur de leur Institution à défendre, une confiance qui devait venir dans son temps comme les choses destinées à réussir. […] Celui dont il est question ici, toujours infaillible et toujours inspiré en ce qui tient aux dogmes et à la discipline de l’Église, — la Papauté, malgré la preuve très aisée à produire que de tous les gouvernements de la terre c’est encore elle qui, politiquement, a le moins erré, — s’est pourtant quelquefois mépris sur le sens d’une situation politique : Léon X, Clément XIV, sont de tristes preuves de cette vérité.
Inspirez-lui ces chétifs instincts de lucre, vous le rapetissez, vous détruisez son originalité, sans le rendre plus instruit ni plus moral. […] Si quelque chose pouvait inspirer des doutes au penseur sur l’avenir de la raison, ce serait sans doute l’absence de la grande originalité et le peu d’initiative que semble révéler l’esprit humain, à mesure qu’il s’enfonce dans les voies de la réflexion.
Il vaut mieux savoir peu et bien, même ignorer, que de savoir mal ; la fausse science fait les entêtés et les confiants ; l’ignorance absolue dicte la circonspection et inspire la docilité. […] Il y a bien de la différence entre une erreur d’ignorance ou d’inadvertance et une erreur faite d’industrie ; celle-ci tient en garde l’élève : s’il l’aperçoit, sa petite vanité est satisfaite, elle l’habitue à se méfier, elle le forme insensiblement à la recherche de la vérité, elle lui inspire l’esprit d’invention ; l’autre perd le temps et ne rend que du mépris.
Elle le délaye, en y mêlant tout le sucre d’un cœur qui ressemble à une canne à sucre, et des vanités de femme flattée de ce qu’autrefois elle inspira ; lesquelles, par exemple, je ne trouve ni accusées, ni assez grandes, ces inoffensives vanités ! […] Elles y étaient encore à l’heure de mourir, quand mêlant l’enfantillage à l’héroïsme, il se fit faire, avant de partir pour la Grèce, ce beau casque d’or, de forme homérique, dont il aimait à parer son front devant le miroir de la Guiccioli, avec des coquetteries et des fatuités de Sardanapale… Ce fut peut-être la conscience obscure de ce qu’il était, qui lui inspira d’intituler Childe-Harold le poëme qui commença sa gloire.
Les pauvres alpargates de la religieuse ne lui inspirent pas beaucoup plus de respect que la mule du Pape. […] La Vie de Madame Térèse de Saint-Augustin les attendait… et cette petite lumière, allumée pieusement sur le tombeau de la Carmélite par une sœur inconnue de sa Communauté, se projettera, grande et forte de sa pureté seule, sur le passé de la princesse, et nous l’éclairera mieux que les récits du temps orageux et souillé où elle a vécu… Aucune des sœurs de cette fille de roi ne partagera cet avantage avec elle d’avoir un livre pur, sincère et désintéressé, inspiré par l’enthousiasme de la justice et tracé par une main à qui on puisse se fier, puisqu’elle est chrétienne, pour défendre sa mémoire outragée en racontant simplement sa vie.
Je n’opère plus sur le cœur d’une personne qui aima, et le mien reste en paix, puisqu’il ne s’agit plus que d’un livre, et d’un de ces livres qui sont, chez les femmes, toujours plus ou moins inspirés par une vanité à contresens de leur nature. […] Victimes, toutes deux, de cette loi ironique et terrible qu’il n’y a que la perfection rêvée qui puisse inspirer de l’amour aux âmes capables d’amour, et que « hors l’Être existant par lui-même, il n’y a de beau que ce qui n’est pas !
Il fit couler le sang des ennemis, avec cette fureur que les caractères atroces nomment justice : l’orateur, en le louant d’une humanité qu’il n’avait pas, tâche au moins de lui inspirer les sentiments qu’il devait avoir. […] dit-il ailleurs, pardonnez-moi, si le désir que l’empereur témoigne de m’entendre, m’inspire peut-être un noble orgueil ; il se lasse d’entendre le langage de la vérité, et il permettra plutôt au guerrier de cesser de combattre, qu’au philosophe de se taire. » Dans un discours à Théodose, il rappelle le jour ou cet empereur, prêt à partir pour l’Occident, lui confia son fils en présence du sénat et du peuple.