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591. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Il est donc incontestable que M. de Voltaire, & ceux qui sont de son avis, n’auroient pas dû chercher à dérober à notre Nation un genre de gloire pour lequel on conviendra qu’ils ne sont pas nés, mais que d’autres Littérateurs ont su nous procurer par des travaux qui auront toujours leur prix, malgré leurs décisions. […] Il étoit savant en plus d’un genre ».

592. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Les meilleurs Ouvrages en Prose de Sarasin, sont l'Histoire du Siége de Dunkerque, & celle de la Conspiration de Walstein, toutes deux écrites avec une noblesse & une simplicité qui sont des modeles du genre historique. […] La fécondité de sa verve s'est exercée sur toutes sortes de sujets, & dans presque tous les genres, depuis le Poëme héroïque jusqu'au Madrigal.

593. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Amphytrion est le modèle des pièces de ce genre. […] L’abus fut porté si loin en ce genre, que les magistrats supprimèrent les chœurs dans la comédie dite ancienne, et on n’en trouve point dans la comédie dite nouvelle.

594. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

Ces derniers présentent au pinceau le genre tragique dans sa plus grande élévation ; après la peinture de leurs tourments, nous dirions ce que Dieu fit pour ces victimes, et le don des miracles dont il honora leurs tombeaux. […] On sait comment Neptune, ……… S’élevant sur la mer, D’un mot calme les flots……… Nos dogmes fournissent un autre genre de poésie.

595. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

Les tableaux que Vien a exposés cette année sont tous du même genre, et comme ils ont presque tous le même mérite, il n’y a qu’un seul éloge à en faire. […] On prétend que les Anciens n’en auraient jamais fait le sujet d’un tableau isolé ; qu’ils auraient réservé cette composition et celles du même genre, pour un cabinet de bains, un plafond, ou pour les murs de quelque grotte souterraine.

596. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

La prédilection qui nous fait donner la préférence à une partie de la peinture sur une autre partie, ne dépend donc point de notre raison, non plus que la prédilection qui nous fait aimer un genre de poësie preferablement aux autres. […] Mais ces goûts particuliers n’empêchent pas les hommes de rendre justice aux bons auteurs, ni de faire le discernement de ceux qui ont réussi, même dans le genre pour lequel ils n’ont point de prédilection.

597. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

L’Europe entière est soumise à la religion chrétienne, qui nous donne l’idée la plus pure et la plus parfaite de la divinité, et qui nous fait un devoir de la charité envers tout le genre humain. […] La religion nous fait un devoir de la charité envers tout le genre humain ; elle admet à la seconder dans l’enseignement de ses préceptes sublimes les plus doctes philosophies de l’antiquité païenne ; elle a adopté, elle cultive trois langues, la plus ancienne, la plus délicate et la plus noble, l’hébreu, le grec, et le latin.

598. (1888) Portraits de maîtres

Je veux parler du récit des voyages dont, pour la première fois, il a fait un genre littéraire. […] Notez que, dans le triple genre de l’élégie, de l’ode, du poème philosophique, c’étaient jusque-là les plus beaux modèles de la poésie française. […] Cependant la chanson n’avait point, comme d’autres genres, produit son expression définitive, donné ses fruits de génie. […] Il a résumé dans sa personne et dans son œuvre tout le travail des chansonniers antérieurs et il a élevé le genre sans viser à l’ennoblir. […] Mais cette voix, si naturelle à Victor Hugo, avait encore vibré dans des œuvres de genres différents.

599. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Quand une personne de principes et de croyance religieuse me parle contre un certain genre littéraire au nom de sa conscience, je m’incline et ne discute pas ; c’est de sa part un motif supérieur qui interdit un danger, un écueil ; il n’y a pas de comparaison à faire entre les avantages gracieux qu’on pourrait réclamer, et les inconvénients funestes qu’elle y croit voir. […] Or, depuis qu’il y a des sociétés civilisées, des littératures polies, ces littératures, soit sur le théâtre, soit dans les poésies lyriques, soit dans les autres genres d’imagination, ont vécu sur des exceptions pathétiques, passionnées, criminelles souvent, sur des amours, des séductions, des faiblesses, et les œuvres qu’on admire le plus parmi les hommes sont celles qui ont triomphé dans la forme et l’expression, dans un certain charme qui y respire, dans une certaine moralité qui résulte autant de la beauté de la production que de la conclusion expresse, ou qui même est quelquefois en sens contraire de cette conclusion littérale qu’on y pourrait voir. […] L’article en question est, dans son genre, une manière de grossièreté qui vaut (en fait d’offense au goût et à la vraie décence) tout ce qu’il impute à cette littérature un peu relâchée.

600. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

La philosophie anglaise est scientifique, c’est-à-dire que ses écrivains appliquent aux idées morales le genre d’abstraction, de calcul et de développement dont les savants se servent pour parvenir aux découvertes et pour les expliquer. […] On se livre en Angleterre aux systèmes abstraits ou aux recherches qui ont pour objet une utilité positive et pratique ; mais ce genre intermédiaire, qui réunit dans un même style la pensée et l’éloquence, l’instruction et l’intérêt, l’expression pittoresque et l’idée juste, les Anglais n’en possèdent presque point de modèles, et leurs livres n’ont qu’un but à la fois, l’utilité ou l’agrément. […] Il n’y a point en Angleterre de mémoires, de confessions, de récits de soi faits par soi-même ; la fierté du caractère anglais se refuse à ce genre de détails et d’aveux : mais l’éloquence des écrivains en prose perd souvent à l’abnégation trop sévère de tout ce qui semble tenir aux affections personnelles.

601. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 12, des siecles illustres et de la part que les causes morales ont au progrès des arts » pp. 128-144

Les annales du genre humain font mention de quatre siecles dont les productions ont été admirées par tous les siecles suivans. […] Les grecs, par exemple, n’élevoient pas une partie de leurs citoïens pour être ineptes à tout, hors à faire la guerre ; genre d’éducation, qui fait depuis long-temps un des plus grands fleaux de l’Europe. […] Ce genre de mérite faisoit d’un homme du commun un personnage, et il l’égaloit à ce qu’il y avoit de plus grand et de plus important dans un état.

602. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

L’histoire est pleine de favoritismes de tous les genres… On sait comment Alberoni s’y prit pour se concilier la faveur du duc de Vendôme, mais sans être immonde comme cet homme d’esprit, un sot, oui ! […] Seulement, ce genre de livres, — qui n’ont pour se recommander que la fonction diplomatique de ceux-là qui les écrivirent, et qui n’ajoutent à ce qu’on sait aucune grande vue nouvelle ou aucun fait important de nature à modifier ou à éclairer puissamment l’histoire, — heureusement ! […] Un jour, qui ne paraît pas éloigné, ce genre de livres pourra bien disparaître, comme la diplomatie elle-même, cette autre vacuité.

603. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Il n’a que les idées de ce genre de professeur, il en a le style, mais il n’a rien de plus. […] Il a l’avantage d’être une moyenne et un genre à lui seul, le genre et la moyenne professeur, qui n’est que professeur, en littérature.

604. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

C’est un de ces travaux métis d’Académie qui ont leur loi, leur genre, leur convention, leur physionomie collective, la pire des physionomies ! […] Si Romulus tète la maigre louve dont le lait sauvage devint le sang de la plus féroce nation qui ait jamais planté des millions d’épées dans la poitrine, trop petite, du genre humain, Mahomet, qui avait goûté au lait savoureux et sacré de la Bible et de l’Évangile, n’en perdit jamais la douceur première, même lorsque l’heure de la guerre vint, de la guerre fanatique, prosélyte et terrible ! […] Sait-il bien exactement quel genre d’obstacles ont empêché les Arabes, avant et depuis l’Islam, d’être régénérés par une loi qui, humainement même, en laissant là le côté surnaturel de cette loi, était infiniment supérieure à celle qu’apportait Mahomet ?

605. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Il battait la grosse caisse devant cette Arche où il n’y avait qu’un seul genre de bêtes. […] Gustave Flaubert, qui a bien mis le bout de sa botte dans le réalisme, mais dont la tête artiste et savante aspire à des sphères d’observation plus hautes que celles dans lesquelles il a jusqu’ici limité et contenu son genre de génie23 ! […] Il les pointillé sans les rapetisser ; cependant, malgré les infériorités du livre et de l’homme, nous ne craignons pas d’affirmer que Le Malheur d’Henriette Gérard est, tel que le voilà, le roman le plus fort et, qu’on me passe le mot, le mieux tricoté de tous les livres de ce genre qui aient paru depuis Madame Bovary.

606. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle avait gardé de lui et des autres réformateurs, jusqu’à travers sa conversion, une habitude d’invectives contre les ordres religieux de tout genre ; elle a, à ce propos, des sorties qui sont moins d’une femme que de quelque savant du xvie  siècle en colère ou de quelque docteur émancipé de la rue Saint-Jacques. […] Chose rare à la Cour, elle aimait la joie pour elle-même : « La joie est très bonne pour la santé, pensait-elle ; ce qui est sot, c’est d’être triste. » Elle rompait la monotonie des formes cérémonieuses, des menuets en tout genre, des longs repas silencieux. […] Elle aida plus que personne à le consoler ou à le distraire de la mort de la duchesse de Bourgogne ; elle allait près de lui le soir, aux heures permises, et marquait qu’elle se plaisait dans sa compagnie : « Il n’y a que Madame qui ne me quitte pas, disait Louis XIV, je vois qu’elle est bien aise d’être avec moi. » Madame a ingénument exprimé le genre d’affection ouverte et sincère qu’elle se sentait pour Louis XIV, lorsqu’elle a dit : « Quand le roi eût été mon père, je n’aurais pu l’aimer plus que je ne l’ai aimé, et j’avais du plaisir à être avec lui. » Quand la santé du roi décline et qu’il approche de la dernière heure, on voit Madame dans ses lettres laisser éclater sa douleur à nu ; elle, dont le fils sera Régent, elle craint, plus que tout, le changement de règne : « Le roi n’est pas bien (15 août 1715) ; cela me tracasse au point que j’en suis à moitié malade ; j’en perds l’appétit et le sommeil. […] Mais il n’est pas besoin de ce genre d’explication avec une nature si aisée à prévenir, si difficile à ramener, et que tout mettait en opposition et en contraste avec le point de départ et le procédé de Mme de Maintenon. […] Le second billet, par lequel Madame soumet au roi une lettre qu’elle vient de recevoir de la reine d’Espagne, avec la réponse qu’elle y a faite, se termine par des protestations du même genre : « Ayez la bonté de me marquer la volonté du Roi.

607. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Beyle, et qui ont le plus goûté son esprit, sont heureux d’avoir à reparler de cet écrivain distingué, et, s’ils le font quelquefois avec moins d’enthousiasme que les critiques tels que M. de Balzac, qui ne l’ont vu qu’à la fin et qui l’ont inventé, ils ne sont pas disposés pour cela à lui rendre moins de justice et à moins reconnaître sa part notable d’originalité et d’influence, son genre d’utilité littéraire. […] Il en voulait particulièrement au vers alexandrin, qu’il prétendait n’être souvent qu’un « cache-sottise » ; il voulait « un genre clair, vif, simple, allant droit au but ». […] Comme critique, il n’a pas fait de livre proprement dit ; tous ses écrits en ce genre ne sont guère qu’un seul et même ouvrage qu’on peut lire presque indifféremment à n’importe quel chapitre, et où il disperse tout ce qui lui vient d’idées neuves et d’aperçus. […] Le brusque passage du genre académique au genre naturel, tel que le pratique Beyle, me semble assez de cette espèce-là.

608. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Pour peu qu’on suive le développement de la poésie lyrique depuis le temps de Ronsard jusqu’à nos jours, on verra clairement qu’un genre, autant et plus que le génie d’un individu, passe par des phases d’éclat, de déclin, de renaissance, etc. […] Qui pourra dire lequel est le plus admirable en son genre, d’un éléphant ou d’une fourmi, d’un aigle ou d’un lion, d’un lis ou d’un chêne ? […] Les passe-droits de ce genre ont été si communs qu’il serait banal d’y insister. […] Sa devise est le mot connu : « Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux. » A son esprit doivent toujours être présentes ces paroles que deux grands écrivains n’ont pas craint d’émettre, alors que l’autorité, même en matière littéraire, s’affirmait avec énergie.

609. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Cette médiocrité dans tous les genres est la suite d’une curiosité effrénée et d’une fortune si modique, qu’il ne m’a jamais été permis de me livrer tout entier à une seule branche de la connaissance humaine. […] Saluons en lui notre père et le premier modèle du genre. […] L’abbé Arnaud disait à Diderot : « Vous avez l’inverse du talent dramatique ; il doit se transformer dans tous les personnages, et vous les transformez tous en vous. » Mais si Diderot n’était rien moins qu’un poète dramatique, s’il n’était nullement suffisant à ce genre de création souveraine et de transformation tout à fait impersonnelle, il avait en revanche au plus haut degré cette faculté de demi-métamorphose, qui est le jeu et le triomphe de la critique, et qui consiste à se mettre à la place de l’auteur et au point de vue du sujet qu’on examine, à lire tout écrit selon l’esprit qui l’a dicté. Il excellait à prendre pour un temps et à volonté cet esprit d’autrui, à s’en inspirer et souvent mieux que cet autre n’avait fait lui-même, à s’en échauffer non seulement de tête, mais de cœur ; et alors il était le grand journaliste moderne, l’Homère du genre, intelligent, chaleureux, expansif, éloquent, jamais chez lui, toujours chez les autres, ou, si c’était chez lui et au sein de sa propre idée qu’il les recevait, le plus ouvert alors, le plus hospitalier des esprits, le plus ami de tous et de toute chose, et donnant à tout son monde, tant lecteurs qu’auteurs ou artistes, non pas une leçon, mais une fête. […] Et ces scènes, il nous les raconte, il nous les décrit avec le détail des conversations, des promenades, des discussions de tout genre qui s’y agitent entre divers interlocuteurs.

610. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Or, les phénomènes dont vous vous occupez sont incontestablement du même genre que ceux qui font l’objet de la science naturelle, tandis que la méthode que vous suivez, et que vous êtes obligés de suivre, n’a souvent aucun rapport avec celle des sciences de la nature. Je dis que ce sont des faits du même genre. […] La supputation des probabilités, à laquelle on fait appel, nous montrerait que c’est impossible, parce qu’une scène où des personnes déterminées prennent des attitudes déterminées est chose unique en son genre, parce que les lignes d’un visage humain sont déjà uniques en leur genre, et que par conséquent chaque personnage — à plus forte raison la scène qui les réunit — est décomposable en une infinité d’éléments indépendants pour nous les uns des autres : de sorte qu’il faudrait un nombre de coïncidences infini pour que le hasard fît de la scène de fantaisie la reproduction d’une scène réelle 7 : en d’autres termes, il est mathématiquement impossible qu’un tableau sorti de l’imagination du peintre dessine, tel qu’il a eu lieu, un incident de la bataille. […] S’il y a des perceptions de ce genre, elles ne relèvent pas seulement de la psychologie classique : sur elles la « recherche psychique » devrait s’exercer.

611. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Le pape s’en excusa, en me disant qu’il ne pouvait accepter la dédicace d’aucune œuvre dramatique de quelque genre qu’elle fût, et je n’ajoutai pas un mot sur ce sujet. […] « Ce chapitre un peu long, que j’ai placé dans la suite parmi mes poésies, est le premier et à peu près l’unique essai que j’aie tenté dans le genre de Berni, dont je crois sentir toutes les grâces et la délicatesse, quoique la nature ne me porte pas de préférence vers ce genre. […] J’imaginai, en outre, et je développai entièrement la mélo-tragédie d’Abel, dont je mis en vers la partie lyrique : c’était un genre nouveau, sur lequel j’aurai plus tard l’occasion de revenir, si Dieu me prête vie et me donne avec la force d’esprit nécessaire les moyens d’accomplir tout ce que je me propose d’entreprendre. […] J’en ai pour garants les années qui vont s’amassant sur ma tête, et tout ce qui me reste encore à faire dans un autre genre, si toutefois j’en trouve la force et le moyen. […] Déjà, neuf ans auparavant, j’avais à Florence tenté ce nouveau genre, j’en avais distribué les sujets, et j’avais même alors essayé d’en exécuter quelque chose.

612. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Le recueil intitulé la Lyre et l’Épée le transporta ; il eut l’idée de s’enrôler à la suite dans le même genre, et il composa à son tour un petit poème sur la vie de soldat. […] Il a une conscience naïve de sa gloire qui ne peut déplaire parce qu’il est occupé de tous les autres talents, et si véritablement sensible à tout ce qui se fait de bon, partout et dans tous les genres. […] Jean-Paul, Tieck, les Schlegel, tout ce qui a un nom en Allemagne a vécu là autrefois et avec plaisir, et c’est encore aujourd’hui le point de réunion d’un grand nombre de savants, d’artistes et de personnes distinguées de tout genre. […] Vous avez pour ces deux genres des dispositions naturelles, c’est là votre métier ; vous devez vous y tenir, et il vous procurera bientôt une excellente existence ; mais il y a bien des choses qui, sans se rattacher spécialement à ce qui vous occupe, doivent cependant être apprises. […] Tous les essais pour introduire des nouveautés étrangères sont des folies, si les besoins de changement n’ont pas leurs racines dans les profondeurs mêmes de la nation, et toutes les révolutions de ce genre resteront sans résultats, parce qu’elles se font sans Dieu ; il n’a aucune part à une aussi mauvaise besogne.

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