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1236. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

ce n’est pas elle qui jamais, comme certains sauvages, dans leur frénésie, aurait, avec ses dents, coupé sa langue pour la cracher à la face de son ennemi ; elle aime mieux la garder pour parler contre lui et faire des conférences, — car elle en fait, à ce qu’il paraît, ce qui n’est pas du tout équestre, du tout amazone, du tout Alfieri, du tout cosaque, — mais ce qui est parfaitement parisien, parfaitement bas-bleu, et parfaitement conforme au genre d’âme qu’elle a, — une âme d’actrice, qui préfère à tout, à tous les amours comme à toutes les vengeances, les yeux des galeries et les applaudissements des parterres !

1237. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Il faut qu’elle l’ait été, pour avoir gardé son atome de femme, à travers ce pédantisme dont elle est affligée et une éducation que j’imagine être de seconde main, et qu’elle doit peut-être à son mari.

1238. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle a gardé fidèlement devant eux le christianisme de sa pensée.

1239. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Pour nous, c’était le plâtre, posé d’une main d’artiste, pour en garder l’empreinte, sur le visage d’un peuple qui va expirer ; car se transformer sous l’action du vainqueur, pour un autre peuple, c’est mourir.

1240. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Puisqu’il s’agissait de civilisations, le libre penseur se serait bien gardé de toucher à la seule qu’il y ait dans le monde, — la civilisation chrétienne, — car toutes les autres ne sont que des barbaries, policées peut-être à la peau, mais, pour peu qu’on gratte, atroces, abominables et immondes jusqu’au fond du sang de leurs veines !

1241. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Guizot a bien indiqué le mariage probablement troublé de Shakespeare, son éloignement et son abandon de sa femme, le silence qu’il a gardé sur elle, le legs presque injurieux qu’il lui fait, en interligne, dans son testament, comme s’il se la rappelait tout à coup comme on se rappelle une chose oubliée ; mais il ne va pas plus loin, il ne presse pas plus fort ce point douloureux, saignant, misérablement humain et toujours le même dans tous ces grands hommes, petits par là, qu’ils s’appellent Byron, Molière ou même Shakespeare !

1242. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ernest Hello » pp. 389-403

Dès la première ligne de sa préface, l’auteur des Plateaux de la balance explique ce titre, que je n’aime pas, quoique j’aime ce qu’il veut exprimer puisque c’est la Justice, « J’ai eu » — dit-il, de ce ton d’autorité majestueuse qu’il a gardé de sa familiarité avec les Livres Sacrés, réverbérés à chaque instant dans les formes de son langage, — « j’ai eu faim et soif de la Justice.

1243. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

C’est à Lerminier qu’il faudrait appliquer ce mot, écrit par lui de Montesquieu « : Il a la passion de l’impartialité, mais c’est une passion contenue, surveillée, sûre de son désir et de son effort, moins une passion qu’un art réfléchi, calculateur et caché, qui va du rayonnement du Beau jusqu’au rayonnement, plus pur encore, de la Justice, par le fait de cette loi magnifique qui veut que toutes les vérités se rencontrent, à une certaine profondeur. » Nous avons dit qu’après avoir lu cette histoire il n’était plus possible de garder la moindre illusion sur la valeur morale et politique des Grecs, mais, en exprimant une telle opinion, nous n’avons point entendu parler des partis.

1244. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

que les peuples qui n’aiment pas ou qui n’aiment plus ont d’incoercibles défiances à opposer à la plus splendide et magnifique bonne foi ; que, fût-il allé jusqu’à l’apostasie pour garder son trône, ils n’auraient pas cru à l’apostasie, et que, dans leurs terreurs haineuses, ils auraient toujours vu le front menaçant du relaps brisant le masque de l’apostat !

1245. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Tous ces bonheurs, qui ressemblent à des moqueries du hasard, tous ces royaumes que Dieu lui jette dans les jambes et qui finissent par le faire tomber, ne mettent en lumière que son impuissance à les garder.

1246. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

» des choses que les autres seraient heureux de ramasser… Il a gardé sa bonne humeur jusqu’à la fin, gai à trois pas du sérieux.

1247. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

… Stendhal pouvait pincer cette bouche si ferme qu’on voit dans ses portraits, et garder par derrière sa tête, comme dit Pascal, ces observations qui avaient chez lui l’aigu du stylet.

1248. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

la tragédie, qu’il confond, non sans raison, avec l’homme qui se l’est appropriée par la perfection dont il a joué de cette chose difficile, force le théoricien de l’admiration effrénée que nous venons de voir à se tenir devant, le poing fermé, au lieu de se tenir derrière, à comparer malhonnêtement la vieille tragédie au jeune drame, et à ramasser non plus la plume du poète, qu’il ferait bien de garder s’il la ramassait, mais des injures inouïes et des raisons exhilarantes contre les objets de sa double détestation.

1249. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Crétineau-Joly » pp. 247-262

Quant aux autres, je fais la prière espagnole : Mon Dieu, gardez-moi de mes amis !

1250. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Sabran et le chevalier de Boufflers »

Il voulait, lui, avoir ses bénéfices, et il les garda tout en étant colonel de hussards !

1251. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Tel est tout le secret de cette facile renommée de deux jours, faite si généreusement à un ouvrage qui ne saura pas la garder !

1252. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

La pureté de son intention, certes, personne n’en est plus sûr que moi ; mais quand il s’agit d’une de ces audaces d’observation qui ressemble presque à de l’irrévérence, la pureté d’intention sauve-t-elle tout, et suffit-elle pour entrer dans ce secret, gardé par l’Évangile, de l’espèce d’amitié qu’avait le Sauveur pour la Madeleine ?

1253. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

… « Le jour où l’homme laissa les agneaux auprès de la brebis, il garda auprès de lui ses enfants, et la famille fut fondée. » C’est la phrase même de M. 

1254. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Cousin, avec son ardente sensibilité et l’éclat chaleureux de son esprit, recevait l’impression de la pensée allemande, comme une cire bouillante et splendide reçoit l’empreinte dans laquelle jouera la lumière, tandis que M. de Rémusat la gardait comme une cire pâle et tiède, sans cohésion et sans solidité.

1255. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

— au sortir de leurs rêveries, gardèrent en eux ce grand et précoce amour du Dieu qui les fit plus tard des Saints l’un et l’autre.

1256. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Raymond Brucker. Les Docteurs du jour devant la Famille » pp. 149-165

Il y a Paul Féval, — Paul Féval, le converti de Brucker, — qui l’a peint, dans ses Étapes d’une conversion, de manière à donner de cet homme la grande idée qu’on doit en garder.

1257. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

La prédication catholique, ce vaste enseignement qui a changé la face du monde, qui l’a conquis et qui l’a gardé, n’est-ce pas une gesticulation plus ou moins entraînante, un cri de la foi poussé jusqu’aux nuées, un raisonnement dans le dogme qui emporte les opiniâtres les plus rebelles, et refait, avec une parole, ce coup de foudre du chemin de Damas qu’on appelle une conversion ?

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