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370. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

» Un je ne sais quoi nous avertit que peut-être ce n’est pas si faux que nous croyons ; nous nous interrogeons et il arrive souvent que nous nous disions : « du moins, ce n’est pas impossible ». […] D’un Japonais, rien n’étonne beaucoup, et l’on n’est point surpris que, par rapport à nous, un Japonais soit très exceptionnel et que nous manquions de critérium pour juger s’il est vrai ou faux. […] Les amateurs d’exceptionnel en littérature et qui l’aiment, non point parce qu’ils sont blasés sur le normal, mais par goût de s’évader de la vie réelle, se trompent donc, je crois, en s’adressant à la littérature, y entretiennent en se plaisant à lui un genre qui, en littérature, est un genre faux, et feraient mieux, je crois, de s’adresser, selon leurs tempéraments particuliers, à l’un ou à l’autre des deux autres arts que j’ai dits.

371. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 377

On désireroit seulement que, dans le Faux Généreux, il eût un peu moins sacrifié au goût du siecle pour le sérieux & le pathétique : un Auteur qui a tant de ressources par lui-même, n’a pas besoin de se prêter aux travers du moment pour se procurer des applaudissemens.

372. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Boucher » p. 103

J’avoue que le coloris en est faux ; qu’elle a trop d’éclat ; que l’enfant est de couleur de rose ; qu’il n’y a rien de si ridicule qu’un lit galant en baldaquin dans un sujet pareil ; mais la Vierge est si belle, si amoureuse et si touchante ; il est impossible d’imaginer rien de plus fin, ni de plus espiègle que ce petit saint Jean couché sur le dos, qui tient un épi.

373. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Au fond, Tolstoï a sur l’esthétique les mêmes idées fausses que certaines personnes ont sur la médecine. […] Wagner. — Idées fausses de Tolstoï en ce qui concerne la nouveauté des sujets et des sentiments. — Dans quel sens l’Art doit être accessible à tous. […] Convenons que le point de départ de tout cet enseignement est faux. […] Même en formulant la proposition négativement, l’idée de Tolstoï reste fausse. […] Tout ce qui a aujourd’hui quelque prétention au grand style en musique est ou bien faux envers nous, Ou bien faux envers lui-même… Ce qui peut être bien fait, magistralement fait aujourd’hui, ce sont seulement les plus petites choses.

374. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

— Fausses méthodes de lecture. — Développement du goût. — La vraie lecture. — La lecture et le talent. — Faut-il beaucoup lire ? […] Les faux liseurs seuls font les difficiles. […] Ce genre est faux. […] On altère des pensées vraies, on fait passer des pensées fausses ; tout ce qu’on écrit est artificiel ou puéril. […] Voilà des antithèses suspectes, parce qu’au fond elles sont fausses.

375. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Si la contradiction est véritable, c’est que l’une des deux affirmations au moins est fausse. […] Cette image, produite par une analogie superficielle, est d’ordinaire grossièrement fausse. […] Le travail de l’histoire consiste à rectifier graduellement nos images en remplaçant un à un les traits faux par des traits exacts. […] Le raisonnement serait faux dans la plupart des cas. […] Le mépris de la rhétorique, des faux brillants et des fleurs en papier n’exclut pas le goût d’un style pur et ferme, savoureux et plein.

376. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 478

On ne lit plus aujourd’hui les Vers ni la Prose de le Pays, quoiqu’on y rencontre des traits divertissans, préférables aux fausses gentillesses qui amusent aujourd’hui.

377. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Sous les religions positives qui sont fausses, il y a la religion naturelle qui est vraie. […] » Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts  Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. […] Tout y est factice, faux et malsain417, depuis le fard, la toilette et la beauté des femmes jusqu’à l’air des appartements et aux ragoûts des tables, le sentiment comme le plaisir, la littérature comme la musique, le gouvernement comme la religion. […] La tragédie, qu’on dit morale, dépense en effusions fausses le peu de vertu qui nous reste encore. « Quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? […] Il est admis, non seulement qu’en elle-même la tradition est fausse, mais encore que par ses œuvres elle est malfaisante, que sur l’erreur elle bâtit l’injustice et que par l’aveuglement elle conduit l’homme à l’oppression.

378. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Et si, comme personne ne le nie, la plupart des faits transmis, les sens sont sujets à l’erreur, qu’est-ce qu’un être normal qui n’agit que lorsqu’il est excité par des objets extérieurs et par des objets même dont les apparences sont souvent fausses ? […] Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme. […] Ce livre, publié après sa mort, eut sa récompense dans l’engouement du jour, cette contrefaçon courte et fausse de la vraie gloire. […] Il en verra, tour à tour, avec fanatisme ou avec horreur, tantôt une phase, tantôt une autre : ici une vertu, là un crime ; ici une sédition, là une réaction ; aujourd’hui 1789, demain 1793 ; ici la gloire, là la terreur ; un flux et reflux, un échafaud, un trône, une anarchie, un despotisme ; mais il n’en saisira jamais d’un seul coup d’œil l’ensemble, la tendance, les fausses routes, les progrès, les chutes, les repos, les recrudescences, les colères, les découragements, le vrai courant. […] Un texte si faux ne pouvait découler qu’en sophismes plus ou moins spécieux et en applications plus sophistiques encore.

379. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

On verra peut-être ainsi jusqu’à quel point une morale, théorique ou réalisée, correspond aux besoins réels d’un peuple, jusqu’à quel point elle repose sur une fausse conception de l’état social. […] Il faut donc bien distinguer, ce qui n’est pas toujours possible, entre la vraie déviation, celle dont le triomphe entraînerait la ruine, et la fausse déviation, celle qui aurait, en d’autres circonstances, pu produire une réalité durable et solide. […] Ils ont toujours quelque chose de mal adapté, de gauche, d’imprécis et de faux qui, malgré la parcelle d’utilité et de vérité qui les anime, les rend, du point de vue social, presque pathologiques. […] Mais ils ne peuvent jamais distinguer le courage de la témérité, ou la générosité de la prodigalité que par les résultats de l’acte, qu’il n’était pas toujours possible de prévoir, ou bien par des idées générales, forcément prématurées et forcément fausses en bien des points sur les conditions favorables ou défavorables à la vie sociale ou à la vie de tel ou tel groupe. […] Cette idée est manifestement fausse pour le beau que nous pouvons connaître et apprécier.

380. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Le pamphlétaire, voilà l’essence et le suprême, et le vrai et le plein, de ce faux philosophe, qui sonne creux et même finit par ne plus sonner du tout. […] Il fut vertueux… mais que Dieu nous garde des vertus de cœur qui s’arc-boutent dans les hommes à un esprit faux ! […] J’avoue qu’en la lisant, cette correspondance, le cœur m’a failli une minute… Il y a là-dedans une honnêteté si naturelle et si foncière, une telle santé d’instinct, une telle naïveté de noblesse, une si forte simplicité de mœurs, que j’ai été touché et aurais été entraîné vers l’homme de cœur, si l’homme de l’idée fausse, — de l’inoubliable idée fausse, — ne m’avait raffermi dans mon horreur première. […] Absolument, le mot est faux, comme tout ce qu’a écrit ce vil menteur de Rousseau ; mais, relativement à Proudhon, le mot est vrai.

381. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

et un impossible bien autrement compromettant que le simple impossible de l’événement, des circonstances, de la mise en scène, dont un habile homme ne se joue guères ; mais l’impossible de la nature humaine, la méconnaissance absolue des lois qui la régissent et dont, sous peine de faux et d’absurde, il est défendu — à n’importe qui ! […] Courbé, aplati, stupéfié sous l’ascendant de ces calomnies, le clergé, il faut bien le dire, a laissé imbécillement établir aux ennemis de l’Église — car ils l’ont établi — qu’Alexandre VI était la Trinité de l’inceste, de la fornication et de l’empoisonnement sur le trône pontifical de saint Pierre, et, chose inouïe et particulièrement lamentable ‘ il a fallu attendre jusqu’à ces derniers temps pour qu’un protestant — Roscoe — eût un doute sur ces monstruosités fabuleuses, pour que le doux Audin, qui n’était pas un prêtre, mais un laïque, s’inscrivît hardiment en faux contre elles, et pour que Rohrbacher, qui n’y croyait pas et qui les discuta en passant, avec une force de bon sens herculéenne, dans sa grande Histoire de l’Église, écrivît ce mot, qui sent la vieille épouvante, incorrigible, du prêtre : « Il faudrait, pour bien faire, qu’un protestant honnête homme allât jusqu’au fond de cette question d’Alexandre VI », — comme si ce n’était pas plutôt à un prêtre catholique que l’honneur d’un pareil sujet incombait ! […] il y a touché, et il l’a renversé, dans ce livre que nous annonçons, le colosse du faux Alexandre VI qui pendant si longtemps nous a caché le vrai, de cet Alexandre VI qui ne fut, comme on l’a dit, ni un Sardanapale ni un Tibère, mais auquel on a fait des vices surhumains pour cacher des vertus seulement humaines, comme on fait le masque plus grand que la figure pour mieux la cacher ! […] Tout ce qui s’y trouve de révolutionnaire y est faux, déclamatoire, insignifiant et nul. […] L’impossible est le gouffre qui l’attire… C’est la force contre laquelle il lutte et qui le brise toujours, et c’est là même le secret et l’explication de tant de choses fausses, disproportionnées, incompréhensibles, qu’on rencontre dans ses écrits.

382. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XL » p. 166

Nous tâchons (nous Revue suisse) d’en parler comme il est permis au dehors et le dos tourné, sans faux respect comme sans amertume, selon l’occasion, selon même le caprice et l’humeur.

383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 149

Il y a sur-tout d’excellens morceaux contre les faux Philosophes, dont il peint avec énergie les travers & les inconséquences.

384. (1761) Salon de 1761 « Gravure —  Cochin  »

Toute action plus marquée serait fausse et mesquine.

385. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Qu’arriverait-il en effet, s’écrie en finissant le faux aristocrate, qu’arriverait-il si ces coquins de révolutionnaires s’avisaient de s’entendre ? […] C’est, j’ose n’en douter aucunement, c’est l’épellation actuelle qui donne le premier faux pli à la pensée, qui transporte les esprits loin du sentier de l’analyse, et qui met l’habitude de croire à la place de la raison. […] Si c’est un fait et un jugement, comme on aurait droit de l’attendre d’un écrivain si précis, son désir assurément ici l’abusait ; cet axiome-là n’est ni plus vrai ni plus faux que celui qu’il énonçait ailleurs, que la vérité est toujours du côté de l’analyse, et l’erreur du côté de la synthèse. […] Tel est l’empire des préventions et des haines invétérées, peut-être seulement des fausses positions et des faux plis, chez les meilleurs, chez les plus sages ! […] — Ce mémoire donnerait une fausse idée des opinions philosophiques de l’auteur, si l’on y voyait des conclusions expressément déistes.

386. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 160

Ce qui la rend plus estimable encore, c’est de ne s’être point laissé corrompre par le faux air du Bel-Esprit, ou le ton précieux de sentence, si fort en vogue aujourd’hui.

387. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 187

Le P. d’Avrigny pese les Auteurs & leur témoignage ; il les redresse, il écarte le faux, discute le douteux, & choisit presque toujours le vrai ».

388. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 463

On y trouve des remarques, des éclaircissemens, des dissertations sur divers sujets de l’antiquité, principalement sur ce qui concerne la France ; mais Pasquier y avance quelquefois des faits hasardés, & des anecdotes fausses.

389. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

J’ai fait fausse route. […] Cela est faux. […] Et ce qui est faux, c’est qu’un bon livre puisse se passer des trompettes de la réclame. […] Un peu de science vraie permet d’en étaler beaucoup de fausse. […] Arrière aussi le faux homme de talent qui a besoin des louanges pour accomplir son œuvre et pour produire son chef-d’œuvre !

390. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Depuis quelques années déjà, il s’accrédite des opinions bien fausses, selon moi, sur la nature, la qualité et le droit des grands hommes. […] Bien des jugements faux, inexacts, légers et passionnés, outrageux pour d’anciens bienfaiteurs du genre humain, ont été portés par eux, et ont longtemps altéré l’opinion, qui s’en affranchit à peine d’aujourd’hui ; mais le but moral, bien que souvent poursuivi à faux, leur demeura toujours présent ; la commune pensée humaine, la sympathie fraternelle, fut religieusement maintenue. […] Je n’ai pas la prétention de juger ici en quelques mots un personnage comme Bonaparte, qui offre tant d’aspects, et dont la venue a introduit dans le monde de si innombrables conséquences ; mais pour rester au point de vue qui m’occupe, j’oserai dire qu’il est l’homme qui a le plus démoralisé d’hommes de ce temps, qui a le plus contribué à subordonner pour eux le droit au fait, le devoir au bien-être, la conviction à l’utilité, la conscience aux dehors d’une fausse gloire.

391. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Il est une connaissance, en ce que, dans le passé et justement à l’endroit convenable, il se rencontre une sensation exactement semblable à la sensation affirmée, et qu’ainsi notre jugement, qui, en lui-même et directement, est faux, se trouve vrai indirectement et par une coïncidence. — Ici encore, la nature nous trompe pour nous instruire. […] On voit maintenant pourquoi nos conceptions et imaginations ordinaires nous apparaissent comme telles et ne nous font pas illusion ; toutes sont comprises entre deux états extrêmes, et chacun de ces deux états renferme une particularité qui réprime l’illusion. — Ou bien, ce qui est le cas ordinaire, elles sont vagues et dépouillées de circonstances précises, en sorte que, déjà rejetées hors du présent par la contradiction des sensations présentes, elles manquent d’attaches pour s’emboîter dans le présent et dans l’avenir ; d’où il suit que, dépourvues de situation dans le temps, elles apparaissent comme exclues du temps, c’est-à-dire de la vie réelle, et sont déclarées sensations apparentes, fausses et purement imaginaires. […] Grâce à cette répression, elles nous apparaissent telles qu’elles sont, c’est-à-dire, non plus comme des objets extérieurs ou comme des événements futurs et passés, mais comme des événements doués à tort de cette fausse apparence, effectivement internes et présents. […] En deux mots, elle crée des illusions et des rectifications d’illusion, des hallucinations et des répressions d’hallucination. — D’une part, avec des sensations et des images agglutinées en blocs suivant des lois que l’on verra plus tard, elle construit en nous des fantômes que nous prenons pour des objets extérieurs, le plus souvent sans nous tromper, car il y a en effet des objets extérieurs qui leur correspondent, parfois en nous trompant, car parfois les objets extérieurs correspondants font défaut : de cette façon, elle produit les perceptions extérieures, qui sont des hallucinations vraies, et les hallucinations proprement dites, qui sont des perceptions extérieures fausses. — D’autre part, en accolant à une hallucination une hallucination contradictoire plus forte, elle altère l’apparence de la première par une négation ou rectification plus ou moins radicale : par cette adjonction, elle construit des hallucinations réprimées qui, selon l’espèce et le degré de leur avortement, constituent tantôt des souvenirs, tantôt des prévisions, tantôt des conceptions et imaginations proprement dites, lesquelles, sitôt que la répression cesse, se transforment, par un développement spontané, en hallucinations complètes. — Faire des hallucinations complètes et des hallucinations réprimées, mais de telle façon que, pendant la veille et à l’état normal, ces fantômes correspondent ordinairement à des choses et à des événements réels, et constituent ainsi des connaissances, tel est le problème.

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