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1341. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Ils s’expliquent, en se ressemblant.

1342. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Il a cherché et trouvé presque toujours les raisons déterminantes, intérieures ou extérieures de sa force et de sa faiblesse, et il nous l’a expliqué surtout par le puritanisme anglais dont Carlyle — nous apprend M. 

1343. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

On est toujours quelqu’un ; on est donc toujours personnel… Et ceux qui veulent que la Critique fasse abstraction de la personne qui est toujours derrière un livre pour en expliquer le dedans, ou ne connaissent rien à la façon dont sont faites les œuvres des hommes, ou sont des esprits lâches, s’abdiquant eux-mêmes par lâcheté et prenant toutes les précautions de la lâcheté quand ils frappent.

1344. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Infatigable, pourtant, aux déceptions des événements et aux déboires venus par les hommes, tout le temps qu’il entretint cette correspondance avec la Reine de France, Gustave III et les cours étrangères, dont il était obligé de tisonner l’ardeur, mais qu’il ne put jamais faire flamber, il n’en jugeait pas moins les princes indignes auxquels il avait affaire, et par-dessus leur ignoble égoïsme il étendait une immense bêtise pour le couvrir et pour l’expliquer.

1345. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.

1346. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale, aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté, et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes, borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie, cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.

1347. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

qui nous l’ôte, après nous l’avoir donné, dans cet inconcevable épilogue dont je suis bien obligé de parler, et dont je ne m’explique ni la nécessité, ni la présence !

1348. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

il y a là une exception et presque un phénomène, incompréhensible au premier coup d’œil, mais qu’au second on peut expliquer.

1349. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes : borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.

1350. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

III C’est cet empire de l’esprit seul et réduit à lui-même, exercé si souverainement et si longtemps par une coquine méprisée, honnie, exécrée et laide, qu’il fallait détacher, pour l’expliquer, de tout ce qui n’était pas cet empire.

1351. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Opinion aussi étrange, si le fanatisme du traducteur ne l’expliquait pas, que celle qui placerait comme œuvre d’art l’idole de Jagrenat au-dessus du Jupiter de Phidias !

1352. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

L’engouement eût cessé, et la mobilité d’un pareil homme n’eût pas seule expliqué cette inévitable réaction… Malgré les éloges du commentaire qui suivirent les éloges des lettres, on la voit poindre… Dans ce cristal, on discerne la fêlure par laquelle il doit éclater.

1353. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Rigoureusement parlant, le ton seul du livre suffisait pour expliquer son succès, car le monde est pour les livres ce qu’il est pour les hommes.

1354. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Mais il y a pourtant, entre Abélard et lui, cet intégral Charles de Rémusat, des ressemblances qui expliquent son admiration ; car les hommes, ces Narcisses, se mirent toujours un peu eux-mêmes dans les admirations qu’ils ont… En philosophie, Charles de Rémusat a des parentés très visibles avec Abélard, esprit au fond plus subtil que fort, qui n’allait point — comme les grands Décidés de l’Intelligence, lesquels en sont aussi les plus puissants, — à l’extrémité de toute doctrine, mais qui se plaçait entre deux… Oui !

1355. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Vous ne vous répondrez peut-être pas, mais vous aurez constaté le phénomène dans cette humanité qui doit mourir, mais qui, en attendant qu’elle meure, goûte un charme amer dans le spectacle de sa misère, et trouve dans la contemplation d’un vieux pauvre ou d’une vieille pauvresse la plus longue de ses rêveries… Cette fascination de la pauvreté qui agit sur nous tous, pas de doute que Benoît Labre ne l’ait ressentie ; mais si vous ajoutez à cette poésie naturelle la poésie de l’amour de Dieu, du Dieu né dans l’étable de Bethléem et qui a enseigné le renoncement aux joies matérielles de la vie, vous aurez une vie très particulière et très belle, et qui, même sans la foi chrétienne qui seule peut l’expliquer, doit couper le rire sur les lèvres superficielles et sottes des moqueurs.

1356. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

L’abbé Brispot La Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, écrite par les quatre évangélistes, coordonnée, expliquée et ordonnée par les Saints-Pères, les docteurs et les orateurs les plus célèbres, par l’abbé Brispot.

1357. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Et cette toute-puissance, qui n’a pas d’égale, était en lui chose si mystérieusement et si spontanément naturelle qu’il est impossible de l’expliquer, et que lui-même, comme les autres poètes, plus artistes que lui par la volonté et le travail, il ne pensa jamais, par un travail quelconque, à y ajouter.

1358. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Tel est le double caractère du talent, de l’homme et de l’œuvre que la traduction française, qui est très-bien faite, nous a mis à même de juger : la peur et ses transes, la curiosité et ses soifs, la peur et la curiosité du surnaturel dont on doute, et, pour l’expliquer, toutes les folies d’une époque et d’un pays matérialiste qui effraye autant qu’il attire.

1359. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Par là doit s’expliquer, à côté de l’admiration pour le génie, la faveur encore attachée longtemps au nom de Pindare, dans le changement des lois et des mœurs de la Grèce, et dans l’acheminement des esprits vers la soumission à un conquérant qui rendrait le nom grec maître de l’Asie.

1360. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Bourdeau, qui est très moderne, on le sait assez, explique la férocité de La Rochefoucauld (férocité tout intellectuelle) par la dureté de ce siècle qui connaissait peu la pitié. […] Ne pas vouloir qu’il y ait de la méchanceté dans la médisance, et, pour expliquer que la médisance existe, aller lui chercher une source dans la vanité, ce n’est pas seulement de l’ingéniosité, ce n’est pas seulement de la complaisance, c’est un parti pris d’indulgence, de bonne volonté et de philanthropie. […] Car, qu’un genre meure, cela s’explique, et n’étonne point ; il était épuisé ; il avait donné tout ce qu’il pouvait donner ; il en était à l’imitation de lui-même, etc. […] Mais un genre nul, ou à bien peu près, pendant deux siècles, par exemple, éclatant tout à coup en pleine vigueur et avec une souveraine puissance, ne s’explique point, ou ne s’explique qu’en supposant qu’il a recueilli l’héritage d’un genre voisin qui n’est plus et attiré à lui les forces laissées en liberté par cette mort. […] Ce qu’il voulait qui fût expliqué ainsi sur son tombeau c’était le secret, un des secrets du moins, de son ascendant sur les foules.

1361. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Pendant qu’il m’expliquait Thucydide, j’étais aux genoux de madame de Belnave. […] Ce serait un livre intéressant que celui dans lequel une de ces pauvres âmes obscures s’expliquerait et expliquerait le monde avec une imbécillité dont la profondeur va jusqu’à la poésie. […] Le Journal nous explique comment. […] Enfin, se frappant le front : « Tout s’explique, s’écria-t-il ; c’est saint Louis de Gonzague ! […] Et cela ne s’explique pas.

1362. (1890) Nouvelles questions de critique

Voilà l’objet propre de la critique : interpréter les œuvres, et à mesure qu’elles vivent plus longtemps, trouver des raisons plus profondes pour expliquer cette vitalité. […] Mais un homme qui parle si bien de Pascal ne pouvait laisser passer une bonne occasion de s’expliquer sur Tartufe, et de dire vertement leur fait aux « fanatiques d’hypocrisie ». […] Pellissier, dans le chapitre qu’il y consacre, l’explique par d’autres causes dont, à la vérité, je n’ai garde de nier l’importance, puisqu’au contraire je les trouve trop générales et trop hautes. […] On ne saurait d’ailleurs s’expliquer autrement que Flaubert ait écrit cette Éducation sentimentale, — que M.  […] C’est ce qui explique dans l’histoire la persistance et l’âpreté de la lutte entre idéalistes et naturalistes.

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