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1145. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Mon compagnon, qui déjà plusieurs fois avait passé dessus, s’offrit à parier qu’il me conduirait jusqu’au beau milieu, sans même que je me fusse douté de son existence. […] Cette opération ne prit pas mal de temps, et comme je savais par expérience que, si les oiseaux venaient à soupçonner l’existence de ce trou, ils abandonneraient l’arbre sur-le-champ, je le fis soigneusement reboucher.

1146. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il serait facile de dégager des écrits de Rousseau les thèmes éternels du lyrisme : à l’occasion de sa vie, il agite tous les problèmes de la destinée humaine, il ressent toutes les inquiétudes métaphysiques que les hasards de l’existence font surgir au fond des cœurs. […] C’est que cette sincérité ne tient pas aux faits, elle est dans l’émotion même qui les altère ou les suppose : avec des débris incomplets de réalité, des traces confuses de sentiments, Rousseau reconstruit le poème de son existence.

1147. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Il les voit d’une vue claire dans le mystère de leur unité et de leur existence personnelle. […] La meilleure preuve de l’existence de l’autorité est la résistance qu’on lui fait.

1148. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Car qu’est-ce qu’un enfant qui ne sait s’il fait mal ou bien, qui ignore l’obéissance et ne cède qu’à la force ; que son précepteur ne mène pas à l’église ; qui commande sans tempérer le commandement par aucune parole respectueuse pour ceux que leur condition lui subordonne ; qui n’apprend pas à donner, par la plus touchante de toutes les manières de donner, par l’aumône ; de qui l’on éloigne les livres pour qu’il ne perde pas une heure de plaisir, et qu’il resserre, comme dit Rousseau, son existence en lui-même ; que sera-ce qu’un tel enfant, sinon la bête de l’espèce la plus dangereuse ? […] Le plus doux des chrétiens du dix-septième siècle, Nicole, qui recommandait de ne point dédaigner les preuves philosophiques de l’existence de Dieu, eût absous la première partie de la profession de foi du vicaire savoyard.

1149. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Dès qu’il se convainquit que l’existence de l’empire était assurée pour un long temps, il éteignit ses foudres justiciardes et concentra toute son activité à son commerce d’adjectifs et de phrases rimées et rythmées. […] Hugo, ainsi que tout bourgeois, ne peut comprendre l’existence d’une société sans police et sans exploitation ouvrière.

1150. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Ainsi l’armée des Alpes, par sa seule existence, dominait inoffensivement l’Italie de son front, pacifiait par son flanc droit le midi de la France. […] Mais je ne pensais pas ainsi alors, et le tombeau de marbre d’Alfieri, sculpté par Canova, et contemplé par Florence, me paraissait une apothéose suffisante pour payer toute une longue existence de travail, de vertu et de génie.

1151. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Un sens de moins peut détruire toute l’harmonie d’une âme ; une infirmité vicie souvent toute une existence. […] Mais vraisemblablement le revenu de l’évêché d’Héliodore n’approchait guère du revenu de l’évêché de Cambrai. » On suit dans ces lettres, avec une certaine pitié d’esprit, les sollicitudes un peu puériles d’une longue existence passée à aligner des rimes, à élucider une épigramme, à justifier une ode, à commenter un sonnet.

1152. (1926) L’esprit contre la raison

L’être limite son existence, son pouvoir, pour être sûr de soi, oublier le mystère et nier l’infini dont Aragon fait si bien de nous annoncer la défense. […] Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. […] Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même.

1153. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray sait assez au fond à quoi s’en tenir ; il sait très bien que l’existence de Pharamond est contestée ; il le dira très nettement dans son Abrégé chronologique.

1154. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ce fut l’art et le charme de Gabrielle d’avoir su mettre dans cette existence plus qu’équivoque et si affichée une sorte de dignité et quelque air de décence.

1155. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il se sert de tous les avantages que sa condition et son existence sociale lui fournissent, pour se perfectionner, non pour se dissiper et se corrompre.

1156. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

non, je ne doute point de ton existence ; et soit que tu m’aies destiné une carrière immortelle, soit que je doive seulement passer et mourir, j’adore tes décrets en silence, et ton insecte confesse ta divinité » ; c’est à côté de ces mots que Chateaubriand écrit en marge : Quelquefois je suis tenté de croire à l’immortalité de l’âme, mais ensuite la raison m’empêche de l’admettre.

1157. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Il est possible à tout le monde aujourd’hui de se bien représenter le genre d’existence et le caractère du bon Maucroix, qui est un des derniers types, et les plus polis, de la grâce et de la naïveté du vieux temps.

1158. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Interrogé par Voltaire en 1776 sur la valeur de l’opinion énoncée au tome Ier de l’Histoire de l’astronomie, il répondait : « Le rêve de Bailly sur ce peuple ancien qui nous a tout appris, excepté son nom et son existence, me paraît un des plus creux qu’on ait jamais eus ; mais cela est bon à faire des phrases, comme d’autres idées creuses que nous connaissons et qui font dire qu’on est sublime. » D’Alembert aigre, exact et sec, détestait Buffon et n’épargnait point Bailly qu’il considérait alors comme un satellite du grand naturaliste pour les systèmes.

1159. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

C’est ainsi que dans la démonstration de la première vérité, qui est l’existence de Dieu, avec les attributs principaux qui en achèvent l’idée, Charron, au lieu de s’appuyer sur le sens commun, sur le sentiment général humain si d’accord avec cette croyance, insiste bien plutôt d’abord sur les difficultés et les impossibilités de concevoir dans sa grandeur propre cette idée infinie ; il dit avant Pascal, et en termes encore plus formels, qu’il y a une sorte de négation absolue non seulement du Dieu-Providence, mais de la cause première, qui ne se peut loger « que dans une âme extrêmement forte et hardie » ; il est vrai qu’il ajoute aussitôt : en une âme « forcenée et maniaque ».

1160. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

La qualité qu’elle a de trop, c’est d’être une nature non pas seulement romanesque, mais qui a des besoins de cœur, d’intelligence et d’ambition, qui aspire vers une existence plus élevée, plus choisie, plus ornée que celle qui lui est échue.

1161. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Mme des Ursins, qui s’appelait auparavant Mme de Bracciano, est à Rome ; elle y a, depuis des années, une grande existence, un salon politique et diplomatique ; elle est accoutumée à voir les souverains et les vice-rois à ses pieds 56, et aussi le Sacré Collège.

1162. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Entraînée par une sorte de lyrisme intérieur, Mme Swetchine a des suites d’images mystiques dignes d’un saint Bernard, pour célébrer et glorifier cette extrémité pénible de l’existence, cet âge ordinairement déploré.

1163. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Baudelaire à plus d’un membre de l’Académie, qui ignorait totalement son existence.

1164. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Le Roi qu’après cette lecture le Louis XIV, tel qu’il sort pour nous des mains de ses premiers médecins, « n’est plus le brillant héros que l’histoire nous a dépeint, mais bien un jeune homme valétudinaire, atteint successivement de maladies fort graves, puis un homme toujours souffrant, condamné à un régime sévère, obligé de supporter de graves opérations, et enfin, un vieillard podagre, continuellement tourmenté par la gravelle, dont la gangrène vient enfin terminer l’existence. » Ce portrait est trop noir ; cette suite de maladies et d’indispositions présentées en détail et à la file fait un tableau trop sombre ; nous ne voyons pas assez les intervalles, les saisons de bonne santé, les mortes-saisons du médecin ; et puis il y a dans tout cela maint malaise qui, dans une vie ordinaire et où l’on n’aurait pas le temps de s’écouter, ne compterait pas.

1165. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Le mot Dieu est toujours pour lui le signe représentatif de toutes les belles et suprêmes idées que l’humanité conçoit, pour lesquelles elle s’exalte et qu’elle adore ; mais il semble que ce soit quelque chose de plus encore à ses yeux qu’une expression ; il semble prêter décidément à l’intelligence, à la justice indéfectible et sans bornes, une existence indéfinissable, inconnue, mais réelle.

1166. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

De loin ils n’ont pas d’existence propre.

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