Mais ses gouvernements, et surtout celui de sa femme, affaiblirent bientôt un esprit qui n’était pas de la plus forte trempe, comme vous allez en juger ! […] À côté de ces éclaircies, où le rayon se joue sous la plume dans la goutte de lumière qu’elle vient de verser, vous avez aussi des pages graves et fortes dans lesquelles l’historien remonte au niveau de son propre esprit et de son talent éprouvé. […] Elle lui fit comprendre, par l’attrait de l’amour, les beaux-arts, les œuvres de l’esprit, la politique. […] L’auteur, qui est un esprit très littéraire, a rencontré de la littérature dans son remue-ménage historique. […] Tous ceux qui voudront ajouter à leurs notions sur le grand siècle devront consulter cet ouvrage, où l’érudition brille et fourmille sous les douces lueurs d’un esprit qui a les grâces que donne la vie, et qui est, comme toutes les supériorités expérimentées, tout à la fois désabusé et charmant.
Madame de Molènes, par un scrupule incompréhensible avec un esprit de tant d’aplomb dans la légèreté, n’a pas voulu introduire à travers les sentimentalités de son Orpheline ce genre de gaîté et de ton, la qualité première de son esprit et qui en sera la fortune. […] Cet esprit charmant, qui reste charmant jusqu’au bout, est ici sorti de toutes les routes vulgaires. […] Madame de Molènes en a fait mieux et moins que cela, tout en demeurant dans la donnée de son esprit. […] C’est ce fauteuil-là qui est retrouvé, et c’est une femme d’esprit qui s’est blottie dans le fauteuil inventé contre le théâtre où Alfred de Musset s’est montré si charmant. […] La monnaie des poètes, c’est les femmes d’esprit !
Leur comédie, où il y a bien plus de spectacle et de mouvement que de peinture de mœurs, paraît plus faite pour les yeux que pour l’esprit. […] En Angleterre, le genre des éloges est peu connu ; la constitution même, qui partout dirige la pente des esprits, s’oppose à ce genre de littérature. […] Les esprits et les âmes, par la grande communication, y prennent la même couleur, et tout s’y décide par certaines impressions rapides auxquelles on aime à se livrer. […] Enfin, la louange en général paraît à cette nation fière et libre tenir toujours un peu à l’esprit de servitude. […] regarde en pitié ce faible genre humain que tu viens de quitter ; élève l’esprit de ce bas univers ; préside à ton pays ; ranime ses talents et corrige ses mœurs.
Ils avaient du caractère, toujours de l’érudition, souvent de la verve, et parfois de l’esprit. […] En aucun cas, de tels esprits ne sont enflammables, leur sensibilité demeure émoussée, leurs nerfs ne sont pas vierges. […] C’est dans cette situation d’esprit qu’il commença son étude de l’Homme. […] Il nous montre quelles étaient, à cet âge, les tendances d’esprit d’Émile Zola. […] L’humanité a donc besoin de rudes héros pour donner à nos esprits une nouvelle impulsion.
Invoquons l’esprit de conciliation et de paix. […] Mais les idées mûrissent lentement dans l’esprit de Léon XIII, et c’est justement ce qui donne à tout ce qu’il dit tant de poids et d’autorité. […] Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain. […] Assurément cela est « d’une personne étrangère à l’esprit philosophique. » J’aime d’ailleurs à penser que, dans les « questions scientifiques », M. […] C’est la science sociale qui se fait, mes maîtres, la science de justice et de liberté, par qui se fera la faillite du dogme de servitude de l’esprit et du corps.
Sa vie, son esprit et son poëme. — Avenir du protestantisme en Angleterre. […] recevez mon esprit. […] Voilà les idées qui se lèvent dans ces esprits incultes. […] L’esprit exact et militant va se mettre à l’œuvre. […] On ne trouve dans leur caractère que virilité, dans leur conduite qu’austérité, dans leur esprit qu’exactitude.
Un esprit exact ne mêle point les genres. […] Notre esprit est une machine construite aussi mathématiquement qu’une montre. […] On les cache ; l’homme veut paraître tout esprit. […] L’esprit, en s’étendant, s’est encombré et s’est troublé. […] L’esprit humain coule avec les événements comme un fleuve.
Madame Gay se faisait remarquer par une finesse, un esprit et un accent comique admirable. […] Tendre de cœur, il était sceptique d’esprit. […] Ce n’était pas paresse, comme on eût pu le croire, mais au contraire activité d’esprit. […] Au premier mot il avait tout compris, tant son esprit était alerte. […] Il manquait à Jules de Goncourt, apprécié, fêté, loué par les maîtres de l’esprit… eh !
J’ai lu ces livres dont les uns étaient composés avec l’esprit le plus chatoyant et le plus malicieux, dont les autres étaient le produit d’une science concentrée et morose. Je reconnais le talent, et je n’accuserai pas le patriotisme de leurs auteurs ; l’esprit de parti a fait de tout temps d’étranges illusions au patriotisme. […] Mais tout cela nous montre, dans un dernier exemple, la fièvre qui s’est emparée de quelques esprits sur ce chapitre de 1815, et comment chacun s’est mis à revoir et à repeindre cette époque de crise à travers ses préventions d’aujourd’hui. […] Jouissons de celle que nous avons et qui nous apprend tant de choses neuves, qui nous fait assister non seulement à tant de batailles, mais à tant de conseils, qui présente aux esprits les plus difficiles tant d’éléments exacts de jugement. […] jamais il n’a eu plus d’esprit qu’en peignant tous ces personnages de la cour de Louis XVIII et ce roi lui-même.
Les esprits y sont divisés, les sentimens arbitraires, les regles méprisées, les rangs confondus, les Grands Maîtres insultés ; le savoir y est peu honoré, la médiocrité accueillie & même célébrée, la hardiesse y supplée au génie. […] Tant que le préjugé ou l’esprit de parti décideront des éloges & des critiques, les progrès de la décadence ne pourront que devenir plus rapides. […] Rien de plus singulier, dans l’Histoire de l’esprit humain, que ce fol enthousiasme excité par la Philosophie, dès qu’elle commença à élever sa voix. Les Esprits simples & légers de la Capitale le communiquerent aux Provinces ; l’empire de la mode rendit la maladie épidémique. […] N’étoit-ce pas pervertir tous les caracteres, ôter aux ames leur vigueur & leur énergie, aux esprits leurs principes & leurs lumieres, au sentiment son usage & ses objets légitimes, aux préjugés les plus respectables leur empire & leurs avantages ?
Quelque envie secrette qu’eut saint Bernard de mortifier le seul homme qui pût disputer avec lui d’esprit & d’érudition, il jugea plus convenable de montrer de la modération & de la douceur. […] Il possédoit au plus haut dégré l’esprit de dialectique. […] C’est qu’il s’apperçut que les esprits n’étoient pas disposés en sa faveur. […] Il voulut la rassurer ; des idées horribles se présentoient à l’esprit de cette amante. […] Loin de me rendre à moi, le silence des nuits, Dans mille illusions, vient plonger mes esprits.
Je connaissais la vignette qui est partout, l’esprit joyeux et fin, le voluptueux embonpoint littéraire, le sensuel, le gourmand, le gourmet, — écrit ainsi et non comme cela : gourmé, car il ne l’est point, mais aimable au contraire, abandonné, facile, charmant, et, même quand il s’attendrit, toujours de la fantaisie la plus rose ! […] — on le pria, si je m’en souviens bien, de nous dire des vers au dessert, et on s’attendait à quelque chose comme les Petites blanchisseuses ou toute autre gaîté un peu vive de cet esprit qui traite parfois la grâce comme lui-même… en la grisant, et qui lui fait faire… (voulez-vous que je dise : trop souvent ? […] un chansonnier du Caveau dans la langue lyrique du xixe siècle, cet esprit profondément honnête (sa seule profondeur, du moins je le pensais !), cet esprit que le xviiie siècle avait pu barbouiller de son abominable vermillon, mais qu’il n’avait pas pu pourrir, était cependant en train de cesser d’être délicat. […] », une plaisanterie dont ses amis riaient, c’est-à-dire tout le monde, mais dont moi seul je ne riais pas, car je sais trop que rien n’est impuni pour l’esprit qui se permet tout, et je connais la tyrannie d’une seule mauvaise pensée.
Mais il ne faudrait pas en faire un petit… Il y aurait, dans un pareil ouvrage, un regard profond et détaillé à porter sur les travaux d’ensemble de cette corporation littéraire à qui on avait donné la langue à garder, et sur le mérite de chacun des esprits qui à toute époque la composèrent. […] Avons-nous besoin de savoir exactement, par pieds, pouces et lignes, la mesure de ces esprits médiocres, relativement meilleurs que les autres dans leur temps parce qu’ils furent cultivés, et à qui leur temps paya leur culture en les faisant d’une académie ? […] Catalogués et numérotés par leur date d’admission à l’Académie française, tous ces esprits, qui, dans les lettres, expriment ce que Napoléon appelait de la chair à canon dans la guerre, et forment, pour ainsi parler, l’humus d’une littérature, comme la masse des soldats tués forme celui des champs de bataille, tous ces esprits n’auraient pas l’honneur de la place qu’ils occupent au petit soleil du livre de Livet s’il s’agissait individuellement d’eux, au lieu du corps dont ils ont fait partie. […] Mais elle n’est ni un entrepôt ni une fabrique de grands hommes, et les esprits supérieurs, les transcendances, y sont autant que partout ailleurs une exception. […] Il savait bien, le grand ministre, qu’elle ne serait jamais, dans l’avenir comme dans le présent, autre chose qu’une moyenne d’intelligences distinguées de différent degré, avec, de temps en temps, l’aérolithe de quelque homme de génie qui lui tomberait du ciel, quand elle aurait l’esprit de le ramasser.
Aujourd’hui, un homme d’esprit, et audacieux… pour un professeur, s’est permis de donner une édition de Pierre Saliat et de manquer ainsi au pédantisme routinier qui mène le monde. […] Talbot et avec l’esprit de ce pays-ci, il y en avait peut-être là pour la vie éternelle ! […] Mais, à partir d’Hérodote, le temps de la bonhomie dans l’esprit et dans la langue est passé. […] Aristophane, ce roué d’esprit qui rouait les autres, ce bourreau, qui avant le serviteur des Onze fit boire la ciguë à Socrate, n’était pas, ne pouvait pas être le bon Aristophane. […] Le naïf, seul, n’aurait pas suffi… Rollin, qu’on appelle aussi le bon Rollin, et qui, dans son Histoire ancienne, a traduit bien des morceaux d’Hérodote, Rollin, l’âme simple, droite, ingénue, qui était un naïf par l’esprit, mais qui parlait la langue ordonnée et anti-naïve du dix-septième siècle, n’a jamais traduit que le sens général ou littéral d’Hérodote.
On dirait que l’Anglais met dans le travail des mains la délicatesse que nous mettons dans celui de l’esprit. […] Il y a un certain calme du cœur et une certaine douceur d’esprit qui semblent exclure le sublime. […] Si ce n’est pas là la vérité, convenons du moins qu’un esprit qui sait produire de pareilles raisons n’est pas un esprit ordinaire. […] On lira avec le même plaisir le chapitre sur les Causes et les Suites des Égarements de l’Esprit. […] Mais c’est un don inestimable lorsqu’elle se joint aux autres facultés de l’esprit ; c’est elle alors qui donne la chaleur et la vie ; elle se combine de mille manières avec le génie, l’esprit, la tendresse du cœur, le talent.
Il avoit, outre cela, un esprit naïf & judicieux, un style simple, quelquefois énergique, & sur-tout une manière de concevoir & de présenter les choses, qui en fait un Auteur original. […] Il est vrai que la manière de procéder de Charron peut présenter d’abord l’idée de Scepticisme aux esprits superficiels ou intéressés ; mais il est aisé de prouver qu’il n’a jamais douté de la Religion qu’il professoit ; qu’au contraire son intention a toujours été de la défendre. […] Le Théologal de Condom avoit l’ame naturellement paisible, & ennemie de ces disputes où les Esprits impétueux & durs ont presque toujours l’avantage. […] Ne seroit-ce pas vouloir prouver par les contraires les faits les plus évidens, renverser toutes les notions de l’esprit humain, insulter à la crédulité publique ?
Cette jeune personne avait reçu de la nature un esprit délicat, et de son père un esprit cultivé. […] La corruption n’a pas de goût ; ce n’est que l’infection de l’esprit, comme le vice est l’infection du cœur. […] Forcée par l’âge de renoncer à l’empire de la beauté, elle avait aspiré à l’empire de l’esprit, dont elle était assez digne. […] Ce fut une ivresse qui dura un demi-siècle, mais qui ne laisse, maintenant qu’elle est dissipée, que des pages froides dans des esprits vides. […] Voltaire lui-même, qui, en qualité d’esprit juste, abhorrait Rousseau, l’esprit faux, s’arrête et s’étonne, dans son dénigrement bien naturel, devant cet éclair sorti des ténèbres, et s’écrie : « Ô Rousseau !
Quand cet homme, qu’excède visiblement lespectacle du monde moderne, s’adonne à l’évocation d’époques que son esprit apercevait éclatantes et grandioses, il ne peut dépouiller son réalisme et se sent impérieusement forcé d’étayer sa fantaisie du positif des données archéologiques. […] Il faut par un effort d’esprit se transporter dans les personnages et non les attirera soi. […] Son amour du mot précis et définitif c’est-à-dire tel qu’il enserrât une catégorie bornée d’images et celle-ci seulement dut diriger son esprit à l’intuition des choses individuelles, l’éloi-gner de toute généralisation abstraite. […] Mais une autre faculté existait dans son esprit, et provoquait d’autres désirs. […] Evidemment, l’esprit surchagé par ces acquisitions, il ne put se borner à étudier et à décrire la vie moderne pour laquelle le vocabulaire lyrique du grand poète n’est point fait, est trop riche et reste en partie sans emploi.
Nous connaissons Figaro, Gil Blas, Tartuffe, Panurge ; nous connaissons l’esprit qui circule dans la farce de Patelin et dans les débauches de Villon. […] L’esprit gaulois de nos pères prévalut pourtant et l’emporta de bonne heure sur la pureté et sur la force. Les fabliaux les plus moqueurs florissaient déjà du temps de saint Louis : cette veine est encore la plus sûre et la moins interrompue, quand on veut remonter à l’esprit français des vieux âges. Aujourd’hui, nous pouvons retrouver ce même esprit en plein, et comme à sa source, dans un large réservoir où toutes les inventions satiriques sont rassemblées, c’est ce qu’on nomme le Roman de Renart. […] On ne fait jusqu’ici qu’entrevoir les rapports d’esprit et de talent qu’il peut y avoir entre notre grand fabuliste La Fontaine et ces ancêtres homériques qu’il n’a point connus.
Ce sont là les dispositions naturelles et sincères, c’est le point de départ d’où l’esprit français eut à s’élever graduellement pour arriver à la connaissance et à l’admiration sentie de Dante ; mais par combien d’efforts ! […] Esprit sagace, libre de préventions, adonné pendant des années aux investigations les plus actives et aux recherches silencieuses, particulièrement doué du génie des origines, il comprenait les choses par leur esprit même et les exprimait ensuite sans y rien ajouter d’étranger. […] était aussi différent de Fauriel par ses origines morales que deux esprits peuvent l’être : nourri du christianisme domestique le plus pur et le plus fervent, il abordait Dante comme le jeune lévite approche de l’autel et monte les degrés du sanctuaire. […] S’il nous est donné aujourd’hui, grâce à tant de travaux dont il a été l’objet, de le mieux comprendre dans son esprit, et de le révérer inviolablement dans son ensemble, nous ne saurions abjurer (je parle au moins avec la confiance de sentir comme une certaine classe d’esprits) notre goût intime, nos habitudes naturelles et primitives de raisonnement, de logique, et nos formes plus sobres et plus simples d’imagination ; plus il est de son siècle, moins il est du nôtre. […] Mesnard s’engagent, par un motif désintéressé d’étude, dans un travail dont le charme même est déjà une preuve de mérite et un titre de noblesse pour l’esprit.
Le caractère de son esprit et de sa vocation, c’est d’avoir aimé l’étude pour l’étude, la recherche pour la recherche, sans aucune préoccupation de la publicité. […] Voyez parmi nous Fauriel, qui, par la nature des études et le tour d’esprit, se rapproche de Guillaume Favre. […] Soyons plus justes envers Schlegel qu’il ne l’a été envers nous, et ne cessons point pour cela de l’honorer, à côté de Lessing et de Goethe, comme un des plus fermes et des plus doctes esprits critiques de la grande époque. […] Guillaume Favre ne paraît pas s’être posé ces questions, ni s’être jamais pris à partie lui-même sur son mode de développement toujours servi par les circonstances ; il apportait dans les lettres un esprit et une méthode d’observation positive ; il ne songeait qu’à la vérité du fait qu’il poursuivait et à sa propre satisfaction individuelle. […] Toutes les fois qu’on voudra citer les hommes qui ont eu le goût passionné de la lecture, de l’étude, de la critique historique désintéressée, de l’érudition en elle-même, à la suite de ces noms fameux et toujours répétés des Huet, des Gabriel Naudé, des président Bouhier et de tant d’autres, lorsqu’on arrivera à notre siècle si rare en esprits de ce genre, en esprits aussi avides de savoir que peu empressés de le dire, on ne pourra s’empêcher de nommer Guillaume Favre.
Dans les monarchies aristocratiquement constituées, la multitude se plaît quelquefois, par un esprit dominateur, à relever celui que le hasard a délaissé ; mais ce même esprit ne lui permet pas d’abandonner ses droits sur l’existence qu’elle a créée, le peuple regarde cette existence comme l’œuvre de ses mains ; et si le sort, la superstition, la magie, une puissance, enfin, indépendante des hommes, n’entre pas dans la destinée de celui, qui dans un état monarchique doit son élévation à l’opinion du peuple, il ne conservera pas longtemps une gloire que les suffrages seuls récompensent et créent, qui puise à la même source son existence et son éclat ; le peuple ne soutiendra pas son ouvrage, et ne se prosternera pas devant une force dont il se sent le principal appui. […] Dans les républiques, si elles sont constituées sur la seule base de l’aristocratie, tous les membres d’une même classe sont un obstacle à la gloire de chacun d’eux ; cet esprit de modération qu’avec tant de raison Montesquieu a désigné comme le principe des républiques aristocratiques ; cet esprit de modération ne s’accorde pas avec les élans du génie : un grand homme, s’il voulait se montrer tel, précipiterait la marche égale et soutenue de ces gouvernements ; et comme l’utilité est le principe de l’admiration, dans un État où les grands talents ne peuvent s’exercer d’une manière avantageuse à tous, ils ne se développent pas, ou sont étouffés, ou sont contenus dans une certaine limite qui ne leur permet pas d’atteindre à la célébrité. On ne sait pas au-dehors un nom propre du gouvernement de Venise, du gouvernement sage et paternel de la république de Berne, un même esprit dirige depuis plusieurs siècles, des individus différents, et si un homme lui donnait son impulsion particulière, il naîtrait des chocs dans une organisation, dont l’unité fait tout-à-la-fois le repos et la force. […] Plus on laisse aller sa pensée dans la carrière future de la perfectibilité possible, plus on y voit les avantages de l’esprit dépassés par les connaissances positives, et le mobile de la vertu plus efficace que la passion de la gloire. […] Quel vaste champ pour les découvertes des esprits médiocres !