Le romanesque, beaucoup plus restreint, est presque tout entier dans l’invention d’une humanité meilleure, et il peut se passer de l’expression plastique. […] Elles éprouvent d’abord à son endroit une sorte d’antipathie et de peur physique, comme si elle pressentaient vaguement qu’elles lui appartiendront tout entières et qu’elles souffriront par lui dans leur chair et dans leur coeur. […] Les deux premières parties du roman sont presque tout entières du Feuillet des meilleurs jours.
Lorsque tous les deux l’ont assuré que Virginia est venue ouvrir la porte à Fabio qui est entré et qui est resté trois heures avec elle et en est sorti après, conduit par elle-même, Flaminio leur dit qu’ils en ont menti tous les deux, qu’il a passé la nuit tout entière en conversation avec Virginia, qui est venue lui parlera la fenêtre grillée à côté de la grande porte de la maison ; qu’elle ne l’a pas quitté un moment, toujours déclamant contre Fabio qui la déshonore si indignement. […] La scène durait une heure entière, avec toute sorte de mouvements pathétiques et des redoublements de menaces. […] Molière en a terminé, heureusement, avec ces imitations de pièces entières ; Dom Garcie de Navarre était la dernière expérience de cette sorte qu’il dût faire.
Elle prétendit étendre son pouvoir à l’Art tout entier et remplacer la Poésie même. […] Se dire tout entier. […] Un tel art est tout entier, et une littérature délivrée de ce souci serait inqualifiable.
Camille Desmoulins, de sa prison, écrivait à sa femme : « Ma justification est tout entière dans mes huit volumes républicains. […] Camille, le futur écrivain du Vieux Cordelier, est déjà tout entier dans cette brochure de La Lanterne pour la nature de talent et pour les drôleries. […] on a trouvé à son sujet dans les lettres d’André Chénier la page suivante, qui le juge : Mes amis, écrit André Chénier, m’ont fait lire un numéro 41 des Révolutions de France et de Brabant ; j’avais déjà vu, d’autres fois, quelques morceaux de ce journal, où des absurdités souvent atroces m’avaient paru quelquefois accompagnées de folies assez gaies ; je me suis encore plus diverti à lire ce numéro 41, où l’auteur répand avec profusion ses honorables injures sur la société entière de 89, et sur moi en particulier.
Le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver ici une suite de vies entières. […] Pour une pareille histoire, pour cette reconstitution entière d’une société, il faudra que la patience et le courage de l’historien demandent des lumières, des documents, des secours à tous les signes, à toutes les traces, à tous les restes de l’époque. […] Il rappellera comment, par les exigences de leur toute-puissance, par les lâchetés et les agenouillements qu’elles obtinrent autour d’elles d’une petite partie de cette noblesse, ces trois femmes anéantirent dans la monarchie des Bourbons ce que Montesquieu appelle si justement le ressort des monarchies : l’honneur ; comment elles ruinèrent cette base d’un état qui est le gage du lendemain d’une société : l’aristocratie ; comment elles firent que la noblesse de France, celle qui les approchait aussi bien que celle qui mourait sur les champs de bataille, et celle qui donnait à la province l’exemple des vertus domestiques, enveloppée tout entière dans les calomnies, les accusations et les mépris de l’opinion publique, arriva comme la royauté, désarmée et découronnée, à la révolution de 1789.
Érasme, Bayle, Scaliger, Saint-Évremond, Voltaire, bon nombre de Pères de l’Église, des familles entières de philosophes, l’École d’Alexandrie en masse, Cicéron, Horace, Lucien, Plutarque, Josèphe, Dion Chrysostome, Denys d’Halicarnasse, Philostrate, Métrodore de Lampsaque, Platon, Pythagore, ont rudement critiqué Homère. […] Ces œuvres surhumaines de l’homme sont d’ailleurs plus nombreuses qu’on ne croit, car elles remplissent l’art tout entier. […] Il y a de formidables tours de cathédrales, comme, par exemple, la giralda de Séville, qui semblent faites tout entières, avec leurs spirales, leurs escaliers, leurs sculptures, leurs caves, leurs cœcums, leurs cellules aériennes, leurs chambres sonores, leurs cloches, leur plainte, et leur masse, et leur flèche, et toute leur énormité, pour porter un ange ouvrant sur leur cime ses ailes dorées.
Il faut que tu prennes ta mémoire entière, toute ton expérience accumulée, et que tu l’amènes, par un resserrement soudain, à ne plus présenter au son entendu qu’un seul de ses points, le souvenir qui ressemble le plus à cette sensation et qui peut le mieux l’interpréter : la sensation est alors recouverte par le souvenir. […] Le rêve est la vie mentale tout entière, moins l’effort de concentration. […] En quelques secondes, le rêve peut nous présenter une série d’événements qui occuperait des journées entières pendant la veille.
Après la perte de cet époux et dans un long deuil, ce cœur, qui s’était refusé longtemps à l’amour et ne l’avait souffert que près d’un tombeau, s’est dévoué tout entier à la religion. […] La belle ode de Napoléon à Sainte-Hélène, ce mélange d’apothéose et d’anathème, cette juste sentence portée par la poésie contre l’abus de la force et du génie, revit presque entière dans la traduction en strophes de forme inégale qu’en avait faite à vingt-deux ans la jeune Gomez ; et un des beaux chants de Victor Hugo, traduit de plus près encore et dans un mètre plus sévère, le chant intitulé le Poëte, rend à la langue espagnole avec naturel et passion ce que notre illustre compatriote lui avait pris de pompe et de splendeur. […] Mais ne sent-on pas une raison à la fois enthousiaste et haute dans ce noble salut adressé à l’Amérique chrétienne et libre, et n’y a-t-il pas quelque grandeur ici, comme dans les vers de Réginald Héber, à pressentir et à vouloir l’avènement de l’Évangile sur le monde entier : « Fleuris, arbre sacré !
Il y a des sphères entières de l’activité humaine où cette balance de profits et de pertes est tout à fait inégale et penche décidément du côté des pertes ; l’art est de ce nombre. […] L’esprit d’invention, qui est encore très vif, semble se réserver tout entier pour les sciences et l’exploration du monde physique. […] Le monde entier a entendu ce concert des voix gémissantes de Werther, de René et de Childe-Harold. […] Benserade ne faisait qu’exprimer sous une forme exagérée la folie passagère de ses contemporains, lorsqu’il se proposait de mettre en sonnets l’histoire de France tout entière. […] En choisissant un simple cheval pour thème des considérations les plus élevées, alors qu’il pouvait prendre la frise du Parthénon tout entière, M.
Dans ce siècle il est encore des expérimentateurs qui cherchaient le siège de la force vitale, le point où elle résidait et d’où elle étendait sa domination sur l’organisme tout entier. […] Il n’y a pas de définition de choses que l’esprit n’a pas créées, et qu’il n’enferme pas tout entières ; il n’y a pas, en un mot, de définition des choses naturelles. […] Toutefois si on laisse les grains de nielle entiers trop longtemps immergés dans l’eau, les anguillules finissent par perdre la faculté de reviviscence. […] En un mot, chaque système organique, chaque élément est de lui-même influencé par le froid comme l’individu tout entier. […] Nous ne ferons pas ici l’histoire de toutes les propriétés du protoplasma, ce serait embrasser la physiologie entière.
Le Semeur est inconséquent quand il soutient les doctrines de Quinet et de Michelet qui mènent à la non-liberté de l’enseignement, lui Semeur qui veut l’entière séparation de l’Église et de l’État : mais c’est ainsi qu’on fait toujours ; on est pour la doctrine absolue jusqu’à ce que la passion ou l’intérêt s’en mêlent : alors on fléchit tout doucement.
Un des inconvénients de ces collaborations dans des feuilles d’opinions tranchées et de parti est d’assujettir insensiblement la pensée à une manière de voir qui s’impose même en littérature et qui exclut l’entière impartialité.
Nous n’avons pas besoin de renouveler ici l’expression de nos vœux et de notre entière sympathie pour ce noble esprit, judicieux, élégant, ami des lettres, nourri par elles de bonne heure, et l’ayant prouvé par deux ouvrages que ses Mémoires, dès longtemps écrits, devront un jour couronner.
Mais quand on voit l’angoisse qui résulte de ces liens brisés, ce douloureux étonnement d’une âme trompée, cette défiance qui succède à une confiance si complète, et qui, forcée de se diriger contre l’être à part du reste du monde, s’étend à ce monde tout entier, cette estime refoulée sur elle-même et qui ne sait plus où se replacer ; on sent alors qu’il y a quelque chose de sacré dans le cœur qui souffre parce qu’il aime ; on découvre combien sont profondes les racines de l’affection qu’on croyait inspirer sans la partager ; et si l’on surmonte ce qu’on appelle faiblesse, c’est en détruisant en soi-même tout ce qu’on a de généreux, en déchirant tout ce qu’on a de fidèle, en sacrifiant tout ce qu’on a de noble et de bon.
Il n’est pas dans cet homme, il n’est pas dans ce temple, il n’est pas dans ce Sénat, il n’est pas dans cette caste, il est dans le corps même de la nation tout entière. […] Les classes, en divisant une nation, développent la solidarité de chacune dans son sein, et l’empêchent de naître dans la nation tout entière. […] La volonté nationale, au moins sous forme d’acquiescement national, est donc précisément cette « loi » que le savant tire de l’observation de l’humanité tout entière, et à laquelle Proudhon veut qu’on obéisse. […] Ils se mettent à la solde d’un chef de travail qui leur promet, par exemple, pour une année tout entière un salaire fixe. […] Il ne tient pas tout entier dans cette définition ; mais ces quatre traits sont essentiels et le résument dans la plupart de ses aspects et de ses démarches.
Racine, certes, la sentait tout entière, mais il ne la rendait pas également, et il l’accommodait plus ou moins à l’usage de son temps, selon ce qu’on en pouvait porter autour de lui. […] Le spiritus graiæ tenuis camœnæ fut merveilleusement senti des excellents poëtes de Rome, mais ne put être toujours et tout entier ressaisi par eux. […] C’est là, nous dit Brunck, qu’on aurait retrouvé en entier ces idylles ou petites pièces des plus inventifs et des plus accomplis poëtes, l’admiration et les délices de toute l’antiquité, de ceux dont nous sommes accoutumés à vénérer les noms, et dont il ne nous est arrivé que de rares débris encore plus faits pour enflammer nos regrets que pour nous donner la mesure des pertes. C’est là que ces neuf lyriques, dont nous ne possédons amplement qu’un ou deux tout au plus, nous auraient offert l’amas le plus exquis de leur butin ; et ces neuf lyriques, les voici tels que les célèbre et les caractérise, dans une épigramme, un anonyme ancien, l’un de leurs successeurs, et tels que l’antiquité tout entière les consacra : « Pindare, bouche sacrée des Muses, et toi, babillarde Sirène, ô Bacchylide, et vous, grâces éoliennes de Sapho ; pinceau d’Anacréon ; toi qui as détourné un courant homérique dans tes propres travaux, ô Stésichore ; page savoureuse de Simonide ; Ibycus qui as moissonné la fleur séduisante de la Persuasion près des adolescents ; glaive d’Alcée qui maintes fois fis libation du sang des tyrans, en sauvant les institutions de la patrie ; et vous, rossignols d’Alcman à la voix de femme121, soyez-moi propices, vous tous qui avez ouvert et qui avez clos toute arène lyrique !
Il me la donna tout entière, mais il se repentit… » L’attrait s’en mêla sans doute ; l’imagination et le désir s’y entr’aidaient. […] Qu’il suffise d’indiquer que, durant la première Fronde et le siége de Paris (1649), son ascendant fut entier sur Mme de Longueville. […] Avec ses diverses qualités essayées de guerrier, de politique, de courtisan, il n’était dans aucune tout entier ; il y avait toujours un coin essentiel de sa nature qui se dérobait et qui déplaçait l’équilibre. […] Elle fut conseillère, mais pas autre chose : La Rochefoucauld reste l’auteur tout entier de son œuvre.
L’entretien sérieux d’hier semblerait demain un peu timide, ou superficiel, ou fade, s’il revenait dans un entier écho. […] Les résultats principaux de son expérience définitive allèrent aboutir à son ouvrage sur l’Éducation des Femmes ; mais le roman des Lettres espagnoles en profita aussi, et ouvrit son cadre à cette observation plus entière des choses et des hommes. […] Une légère marque de bonté, une preuve de leur souvenir décide souvent de notre destinée ; le dévouement de notre vie entière est presque toujours la réponse que nous croyons devoir à la plus simple apparence de leur intérêt. » Je m’étonnerais bien s’il n’entrait pas quelque souvenir assez présent, et même d’en deçà des Pyrénées, dans le récit de cette course de campagne qu’imagine la reine, pour reposer le roi malade et le distraire des affaires et de l’étiquette : « En effet, dès notre arrivée à Aranjuez, le roi nous annonça que, se fiant à notre respect, le cérémonial serait suspendu, et que chacun aurait la liberté d’agir à peu près à sa propre fantaisie. […] Elle avait pris le goût de la vie intérieure et domestique, tout entière adonnée au bonheur des siens, quand elle leur fut enlevée bien prématurément en décembre 1821.
Poëte ou penseur, on peut être rayé bien avant l’heure et ne pas disparaître tout entier. […] Mais c’était la critique qui le partageait déjà et qui allait l’enlever tout entier. […] La Satyre Ménippée nous rend l’ esprit même des États, leur rôle turbulent et burlesque ; elle simule une sorte de séance idéale qui les résume tout entiers. […] Je n’irai pas jusqu’à conjecturer d’après cette entière concordance qu’il y eut dès lors, et dans les dernière mois de 1593, des copies manuscrites qui coururent (ce qui n’aurait rien d’ailleurs que d’assez vraisemblable) ; j’admets tout à fait que, de la part de ces historiens si bien informés, c’est là un léger anachronisme résultant d’une association d’idées involontaire.
Chacun alors en use et en abuse ; plusieurs la vident tout entière sur leur plat. […] Il pense par explosions ; ses émotions sont des sursauts, ses images sont des étincelles ; il se lâche tout entier, il se livre au lecteur, c’est pourquoi il le prend. […] Voilà l’avantage de ces génies qui n’ont pas l’empire d’eux-mêmes : le discernement leur manque, mais ils ont l’inspiration ; parmi vingt œuvres fangeuses, informes ou malsaines, ils en font une qui est une création, bien mieux une créature, un être animé, viable par lui-même, auprès duquel les autres, fabriqués par les simples gens d’esprit, ne sont que des mannequins bien habillés C’est pour cela que Diderot est un si grand conteur, un maître du dialogue, en ceci l’égal de Voltaire, et, par un talent tout opposé, croyant tout ce qu’il dit au moment où il le dit, s’oubliant lui-même, emporté par son propre récit, écoutant des voix intérieures, surpris par des répliques qui lui viennent à l’improviste, conduit comme sur un fleuve inconnu par le cours de l’action, par les sinuosités de l’entretien qui se développe en lui à son insu, soulevé par l’afflux des idées et par le sursaut du moment jusqu’aux images les plus inattendues, les plus burlesques ou les plus magnifiques, tantôt lyrique jusqu’à fournir une strophe presque entière à Musset480, tantôt bouffon et saugrenu avec des éclats qu’on n’avait point vus depuis Rabelais, toujours de bonne foi, toujours à la merci de son sujet, de son invention et de son émotion, le plus naturel des écrivains dans cet âge de littérature artificielle, pareil à un arbre étranger qui, transplanté dans un parterre de l’époque, se boursoufle et pourrit par une moitié de sa tige, mais dont cinq ou six branches, élancées en pleine lumière, surpassent tous les taillis du voisinage par la fraîcheur de leur sève et par la vigueur de leur jet. […] C’est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s’y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier.
Un singe, un chien a nos passions, notre imagination, nos appétits ; sauf les idées abstraites, nous nous retrouvons en lui tout entiers. […] II Il l’a frayée du premier coup, toute grande, sans efforts ni recherches ; il y entrait naturellement, parce qu’il était rêveur, et il y avançait parce qu’il s’y trouvait bien. « Il était touché des fleurs, des doux sons, des beaux jours. » « Le monde entier pour lui était plein de délices. » Un ruisseau suffisait pour l’occuper et l’enchanter. « Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie ! […] Retiré dans sa tanière, il vit seul pendant des semaines entières, sans faire un pas ni dire un mot. […] Les traits qui le marquent chez La Fontaine sont à peine visibles, et cependant ils sont si justes, que cette esquisse imperceptible le montre tout entier.
Qui sait, si vous lui envoyiez Fior d’Aliza, avec un panier de figues et de châtaignes à son bras, lui demander la grâce du châtaignier et des figuiers, s’il ne vous accorderait pas à cause d’elle la vie de l’arbre et même la restitution du domaine tout entier de vos pères ? […] pas du tout, il y est tout entier avec moi ; je le vois, je le sens, je l’entends, je lui parle. […] non, j’y suis tout entière avec lui et en lui, aussi présente que vous croyez me voir ici, dans la cabane ; c’était, c’est encore et ce sera toujours ainsi. […] Je sentis que mon cœur s’en allait tout entier avec lui et que la chaîne de fer qui lui garrottait les membres me tirait en bas aussi fort que si j’en avais été garrottée moi-même.