ne l’entendez-vous pas qui proteste et murmure au-dedans de vous ? […] ce que nous entendons là, c’est La Bruyère ! […] « Je ne pense pas mal de l’espèce humaine, nous dit-elle, car je la crois plus abusée que perverse : je la plains plus que je ne la condamne, car je la vois toujours rectifiant de plus en plus ses erreurs et redressant ses voies à mesure que s’étendent ses lumières et que s’exerce dans de plus vastes limites sa liberté. » On l’entend : c’est la ritournelle du progrès chantée aux bornes sur toutes les orgues de Barbarie philosophiques. […] pour arriver à cela plus tard, Mme Stern se contente de donner aujourd’hui sa conception de la femme et, telle qu’elle l’entend, il n’y en a plus.
Préoccupés de cette personnalité qu’on lui reproche, nous n’entendons pas la Fonction qui parle dans ce mot splendide ; et, quoique mieux placé que nous pour l’entendre, Saint-Simon ne l’a pas entendue. […] Qui se dit de l’un s’entend de l’autre, tant ils étaient unis !
C’est cette cliquette que nous entendons, à chaque nouveau recueil de poésies, depuis Lamartine ou Chénier. […] Quant à la harpe de Merlin, dont il est parlé beaucoup dans Les Bretons, je ne l’ai pas entendue. […] Coquillage des bords de la Bretagne, mis sur l’étagère des belles dames, il y bourdonne les bruits lointains des flots de la mer… Cela fait rêver et ne fait pas souffrir… Cela est presque joli à entendre. Je l’ai entendu dire : « cela est joli, Brizeux !
Ils réclameront en hiver contre la boue que les balayeurs n’enlèvent pas assez vite, en été contre la poussière, en tout temps contre la police, les fiacres, les automobiles, la poste ; ils auront l’air d’envier l’administration des pays qu’ils ne connaissent pas, celle du chemin de fer transsibérien, ou la poste japonaise, ou la police de la Nouvelle-Zélande ; on les croirait parfois, à les entendre, capables d’émigrer, car nous excellons à médire de nous-mêmes. […] Les dames de la Halle, les ménagères, les cochers de fiacre, les ouvriers disent couramment de quelqu’un qui part pour Marseille ou pour Lyon : « Il va à la campagne. » Tout récemment, j’entendais un court dialogue entre un concierge et un habitant de Bordeaux qui passait quelques jours à Paris et logeait chez un ami parisien. […] J’entends bien : Balzac, Flaubert, Maupassant ; ce sont de grands écrivains tous les trois et j’en conviens, mais tous les trois je les récuse dans la question, et voici pourquoi. […] Dans l’autre, qui comprend le Midi, la presse locale a une tout autre diffusion, et surtout une importance incomparablement plus grande, l’esprit est plus régionaliste, les conversations n’obéissent plus servilement à la direction parisienne, et, par exemple, s’il nous était donné d’entendre les propos échangés entre les convives d’un grand propriétaire de Montpellier ou de Béziers, nous constaterions qu’il n’est pas pour eux de question politique, littéraire ou mondaine qui puisse retenir longuement les esprits, tandis qu’on discutera à perte de vue celle des vendanges dernières, du plâtrage, du sucrage et des cours du vin rouge.
La réponse dépend sans doute de ce qu’on entend au juste par démocratie. […] Il n’y a pas de mot qui soit entendu en des sens plus différents. […] La question ne peut être résolue si l’on ne précise, outre ce qu’on entend par démocratie, ce qu’on entend par unification sociale.
pardonne ces rêves : j’entends ta voix, j’entends ta forte plainte sortir des cavernes glacées de la blanche Helvétie ; j’entends tes soupirs versés sur les fleuves teints de sang. […] Il était obligé d’entendre les raisonnements de légistes et même de missionnaires anglais qui croyaient nécessaire de permettre encore les immolations volontaires des veuves, pour ne pas rendre plus fréquents ces affreux sacrifices.
Je ne dirai pas le mot ; mais qu’ils l’entendent dans le fond de leur conscience et qu’ils rougissent ! […] de plus près les entendre ? […] N’entend-on pas, au creux du sillon qui la brûle, La cigale aux cent voix chanter la canicule ?
IX Cherchons donc à nous rendre compte de ce qu’on entend par simultanéité ou antériorité, et pour cela analysons quelques exemples. […] J’entends le tonnerre, et je conclus qu’il y a eu une décharge électrique ; je n’hésite pas à considérer le phénomène physique comme antérieur à l’image sonore subie par ma conscience, parce que je crois qu’il en est la cause. […] Nous n’entendons le bruit du tonnerre que quelques secondes après la décharge électrique du nuage.
« Les grandes pensées viennent du cœur », disait déjà Vauvenargues, et il entendait par là qu’il n’est point de génie ni d’héroïsme sans passion. […] C’est surtout celui de Cyrano de Bergerac, qui fut (tout le monde le sait aujourd’hui) l’occasion de plusieurs duels : car le porteur n’entendait pas qu’on raillât cette partie trop remarquable de sa personne. […] La plaisanterie devient âcre, mordante, la passion convulsive ; l’outrance fait partout irruption ; et, au milieu de rires éclatants et saccadés, on voit grimacer la mort qui obsède les imaginations, on entend un long gémissement qui monte du fond des âmes et qui révèle la fatigue, la souffrance d’une société anémique et hystérique.
Saint-Marc Girardin entend et présente la poésie. […] J’ai quelquefois entendu dire que certains grands esprits de nos jours n’avaient rien de leur temps, M. […] Je n’ai vu personne entendre si bien saint Paul parmi ceux qui goûtent si bien Collé.
Cette admiration, indépendante du fond même, devenait aisément unanime chez tous ceux qui l’entendaient ; mais les preuves réitérées et diverses qu’il a données de sa puissance oratoire dans ces deux dernières années le classent définitivement parmi les maîtres de la parole. […] Il put y faire entendre en toute franchise les accents les plus passionnés pour cette liberté dont l’amour fut le seul excès de sa jeunesse ; il put y développer sans interruption ses théories absolues, qui eussent fait frémir dans une autre bouche, mais qui plaisaient presque dans la sienne. […] M. de Montalembert, depuis le 24 février, semble l’avoir compris, et c’est avec bonheur qu’on l’a entendu, dans ses discours sur la liberté d’enseignement, des 18 et 20 septembre 1848, consentir à prendre la religion chrétienne indépendamment du degré de foi individuelle, la considérer plus généralement au point de vue social, au point de vue politique, et accepter pour coopérateurs tous ceux qui, à l’exemple de Montesquieu, l’envisagent au même titre.
Plus y chardonne l’anarchie que la liberté n’y verdoie : car tous ont le droit de parler, quoiqu’ils disent — et ceux qui disent quelque chose n’ont pas le droit de se faire entendre — car en même temps qu’eux parlent ceux qui ne disent rien. […] Car voici que les dramaturges (et je parle ici des meilleurs), n’entendent plus les romanciers qui eux, ignorent tout à fait les poètes. […] Il fallait au nouveau roman un précédent, un précédent artistique ; s’entend.
Ce que j’ai jamais entendu dire de plus amer sur les vices de l’ancien régime, sur les folies et les ridicules des émigrés et des ultras, c’est lui qui l’a dit. » Mais si les doctrinaires acceptaient la démocratie dans l’ordre civil et lui faisaient une part dans l’ordre politique, ils n’en étaient pas moins très-effrayés de ses progrès ; ils le détestaient sous sa forme violente, l’esprit révolutionnaire : ils le redoutaient même régulier et modéré dans le gouvernement de l’État. […] Rossi, M. de Sismondi, M. de Tocqueville, le premier se rattachant à l’école doctrinaire, le second à l’école libérale, le troisième à l’école démocratique, mais tous trois avec indépendance, et plus soucieux de s’entendre avec eux-mêmes que de plaire à telle secte ou à tel parti. […] Dans un cercle d’électeurs donné, bien entendu.
Entre Apollon et la figure précédente, plus sur le fond, deux femmes dont l’une écoute, et l’autre fait signe à quelqu’un qui est au loin d’accourir pour entendre. à une très-grande distance d’Apollon, tout à fait sur la gauche, deux muses accolées et apportant des fleurs et des guirlandes. […] Je sais bien que cette femme qui appelle son berger en est bien éloignée pour en être entendue ou vue ; que le son d’un cor de chasse parviendrait à peine à ce groupe qu’on a placé sur un bout de rocher, car en s’arrêtant quelque temps devant ce morceau, on sent que la scyne est devant ce morceau, on sent que la scène est très-étendue, très-profonde ; que toutes ces figures sont grises et que le paysage est sans vigueur. […] Si ce n’est pas là un tableau d’église, je n’y entends rien.
Le ton sur lequel la melopée haute ou la nomique composoit, étoit d’ailleurs très-propre à faire entendre plus distinctement, et par plus de monde le crieur public, lorsqu’il recitoit une loi. […] Il est sensible par l’opposition que Capella fait de la modulation au carmen, qu’il veut emploïer ici le terme de modulation dans le sens où je l’ai entendu, et qu’il veut y faire signifier à ce mot un chant musical proprement dit. […] Il n’y a gueres de déclamation qu’on ne puisse écrire en notes avec dix caracteres differens dont chacun marqueroit une inflexion de voix particuliere ; et comme on apprenoit l’intonation de ces accens, en même-temps qu’on apprenoit à lire, il n’y avoit presque personne qui n’entendît cette espece de notes.
Notre classification doit donc commencer par des sociétés du premier ordre, c’est-à-dire du plus simple51. » Malheureusement, pour mettre ce principe en pratique, il faudrait commencer par définir avec précision ce que l’on entend par société simple. […] C’est que, en effet, la simplicité, comme il l’entend, consiste essentiellement dans une certaine grossièreté d’organisation. […] Par société simple, il faut donc entendre toute société qui n’en renferme pas d’autres, plus simples qu’elle ; qui non seulement est actuellement réduite à un segment unique, mais encore qui ne présente aucune trace d’une segmentation antérieure.
N’entendez-vous pas déjà répéter de tous les côtés, et jusque dans nos chaires publiques, que nos grands écrivains du siècle de Louis XIV ne furent pas à leur aise dans les institutions de leur temps, que leur génie a manqué d’indépendance et de liberté, qu’ils ont imposé à la langue et à la littérature nationale des entraves dont elles gémissent, qu’ils nous ont mis à l’étroit dans leurs pensées trop circonscrites ? […] La morale elle-même a besoin d’emprunter un autre langage pour être entendue. […] Ne vous plaignez pas de ce que votre oreille entend d’autres récits que ceux auxquels vous aviez peut-être quelque droit de vous attendre.
Les objections que l’on voudrait me faire ne doivent donc point m’arrêter, parce qu’elles n’auraient aucune base si elles se présentaient ici : je n’entends être jugé que sur les conséquences et les résultats. […] Ils ne craignent point de manquer de guide, et de marcher isolés ; ils se lancent hardiment dans la carrière, sûrs qu’ils sont de se rallier entre eux, et de s’entendre à de grandes distances. […] Je désirerais seulement que les uns et les autres voulussent bien comprendre que, s’ils ne s’entendent pas entre eux, cela vient de ce qu’ils ont cessé de parler la même langue ; car, comme dans l’antique Orient, les uns parlent une langue divine, et les autres une langue mortelle ; et non point de ce qu’ils ont cessé d’avoir les mêmes raisons de s’aimer et de s’estimer.
La seconde a été de n’avoir plus le moindre droit aux ménagements respectueux qu’on doit à la femme… Vous entendez, Mesdames ? […] Quand on les a montrés et racontés, il ne reste plus à demander si ces faits engendrés par les causes que nous avons dites, sont bons ou mauvais en eux-mêmes ; légitimes ou illégitimes, le développement naturel des choses humaines ou une de ces distorsions que l’homme, avec son libre arbitre, peut leur imprimer… En d’autres termes, le bas-bleuisme, — si on entend par là et on ne peut entendre par là que l’égalité entre l’homme et la femme qui a le droit de s’attester au même titre que l’homme et dans des œuvres semblables à celles de l’homme, — le bas-bleuisme est-il une vérité ou un mensonge, un cri du talent opprimé ou une prétention de la vanité ; une illusion et un désordre ?
Le public n’avait absolument rien entendu. […] Alors la terre trembla… On entendit un bruit semblable au tonnerre, et ces noirs escadrons d’où jaillissaient des éclairs, comme entraînés par cette frêle aigrette blanche, s’écoulèrent comme un torrent. […] En proie à deux tendances qui le tiraient en sens contraire, il ne savait à laquelle entendre ; ce que son sang voulait, ses nerfs ne le voulaient pas.
Entendons-nous bien, cependant ! […] … au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu. […] Boissier, que les philosophes et les prêtres, unis pour la première fois, s’étaient entendus pour préparer la société qui allait naître. — Cela ne semble rien que cette thèse d’histoire, et c’est tout ; car c’est la divinité même du Christianisme qui reste dessous !
La sonnette du lépreux s’entendait avant qu’on ne vît le pauvre malade… M. l’abbé Mitraud, qui a, selon nous, dans la pensée, la contagion des maladies spirituelles contemporaines, fait entendre à nos cœurs et à nos esprits une triste sonnette dans ce premier écrit, où sa personnalité philosophique, c’est-à-dire sa théorie, ne paraît pas encore, mais s’annonce. […] Il est évident, en effet, qu’au-dessous de toute cette battologie philosophique, l’auteur de la Nature des sociétés humaines ne sait pas ce qu’on doit entendre par ce mot de société dont il se sert, et qu’il en confond la notion métaphysique avec la notion historique des différents peuples qui se sont agités sur la terre et se sont efforcés de réaliser cet idéal de société qui, pour l’incrédule, n’est qu’une ironie et pour le chrétien qu’une aspiration ?