Aussi, affectant le costume de simple canonnier, ne se distinguant que par son écharpe et son panache conventionnel, dès qu’il paraissait sur un point menacé, la mitraille ne tardait pas à faire son effet. […] Une fois, sortant de l’église au petit jour, à la file des chartreux, avec dom Ignace qui reconduisait chez moi sans mot dire, je remarquai que le mur en pierre de taille sur lequel s’ouvraient les cellules était usé d’une manière sensible à la hauteur des bras, et que les dalles du pavé étaient creusées uniformément comme les chemins battus par les bœufs ; j’arrêtai dom Ignace et lui demandai si ces traces n’étaient pas l’effet du passage quotidien des religieux : par un simple mouvement de tête, il me répondit affirmativement. Je ne saurais dire quel effet cette idée lugubre produisit sur mon cœur : une sueur froide me couvrit le front ; je me hâtai de rentrer dans mon appartement et me jetai tout habillé sur mon lit : loin d’être disposé au sommeil, les réflexions les plus accablantes se succédaient en moi jusqu’à m’effrayer, et je ne fus délivré de mon angoisse que lorsque mon domestique entra dans ma chambre. » Et désormais, chaque fois que, lui montrant sa charge commode en perspective, dom Effinger essayait de le ramener à l’idée de vie claustrale et de vœux, « l’image de ces moines, qui avaient consumé leur inutile existence à user avec leurs sandales et les manches de leurs robes les pierres de ce cloître, se dressait devant son imagination effrayée. » Sa passion pour la jeune personne qu’il espérait toujours revoir ne laissait pas d’être aussi un préservatif. […] » Mais la vue de la récréation aux jours de fête, avec la division tranchée des trois groupes, est d’une belle observation morale et d’un effet lugubre, qui termine bien cette suite de tableaux : « Ces jours-là, après les grâces dites à l’église, les chartreux se promenaient dans le grand jardin, en formant trois groupes séparés : les vieillards excluaient leurs confrères au-dessous de quarante ans, et ceux-ci les confrères au-dessous de trente ; les jeunes erraient pour la plupart seuls, craignant de se communiquer leurs tristes et douloureuses pensées ; la tète baissée, ils regardaient la terre et me semblaient lui demander de se hâter de s’ouvrir pour eux.
Il usera avec un art infini de toutes les ressources connues du vocabulaire ou de la palette, sans innover décidément et sans faire rage ; il vise à ses plus grands effets, en combinant merveilleusement des procédés moyens. […] Était-ce un effet du lieu ? […] C’est ainsi encore qu’en plein désert, durant une nuit caniculaire, il dira : « L’heure était si belle, la nuit si tranquille, un si calmant éclat descendait des étoiles, il y avait tant de bien-être à se sentir vivre et penser dans un tel accord de sensations et de rêves, que je ne me rappelle pas avoir été plus satisfait de ma vie… » Un si calmant éclat, voilà encore un effet moral qui devient une nuance pittoresque, et la beauté du son, sa largeur, s’y joint pour compléter l’impression. […] La peinture est impuissante à rendre de tels effets ; elle en désespère.
Il est vrai que, comme il n’y a pas de langue qui puisse exprimer les finesses de la forme ou la variété des effets de la couleur, du moment qu’on veut en discourir, on est réduit, faute de pouvoir exprimer ce qu’on sent, à décrire d’autres sensations qui peuvent être comprises par tout le monde. […] Mais là où Diderot est surtout excellent à entendre, même pour des peintres, c’est quand il insiste sur la force de l’unité dans une composition, sur l’harmonie et l’effet d’un ensemble, sur la conspiration générale des mouvements ; il comprend d’instinct cette vaste et large unité, il y revient sans cesse ; il veut la concordance des tons et des expressions, la liaison facile des accessoires à l’ensemble, la convenance naturelle. […] On en ferait un excellent chapitre de la force de l’unité. » Diderot en tout ceci est grand critique, et dans cet ordre de critique générale auquel aucun art, sous prétexte de technique, ne saurait se dérober : Il me semble, dit-il, que quand on prend le pinceau, il faudrait avoir quelque idée forte, ingénieuse, délicate ou piquante, et se proposer quelque effet, quelque impression… Il y a bien peu d’artistes qui aient des idées, et il n’y en a presque pas un seul qui puisse s’en passer… Point de milieu, ou des idées intéressantes, un sujet original, ou un faire étonnant. […] Ce style, en ses passages les plus rapides, est savant, nombreux, plein de ces effets d’harmonie qui correspondent aux nuances les plus secrètes du sentiment et de la pensée.
Parlant de la manière infructueuse et vaine dont se terminèrent les États généraux de 1614, il ajoute : Toute cette Assemblée n’eut d’autre effet sinon que de surcharger les provinces de la taxe qu’il fallut payer à leurs députés, et de faire voir à tout le monde que ce n’est pas assez de connaître les maux, si on n’a la volonté d’y remédier, laquelle Dieu donne quand il lui plaît faire prospérer le royaume et que la trop grande corruption des siècles n’y apporte pas d’empêchement. […] Aussi y eut-il un si merveilleux effet de bénédiction de Dieu envers elle, que, par un subit changement, tous ceux qui assistèrent au triste spectacle de sa mort devinrent tout autres hommes, noyèrent leurs yeux de larmes de pitié de cette désolée… Je supprime quelques traits de mauvais goût ; et il finit par remarquer que ce qu’il en dit n’est point par l’effet d’aucune partialité, que c’est la vérité seule qui l’oblige à parler ainsi, « vu qu’il n’y a personne si odieuse qui, finissant ses jours en public avec résolution et modestie, ne change la haine en pitié, et ne tire des larmes de ceux mêmes qui, auparavant, eussent désiré voir répandre son sang ». […] Avenel, qui le rapporte à la date de 1621 environ : S’il plaît à la divine bonté, par l’intercession du bienheureux apôtre et bien-aimé saint Jean, me renvoyer ma santé et me délivrer dans huit jours d’un mal de tête extraordinaire qui me tourmente, (je promets) de fonder en ma maison de Richelieu une messe qui se célébrera tous les dimanches de l’année, et, pour cet effet, donnerai à un chapelain de revenu annuel trente-six livres pour les messes qui seront célébrées en action de grâces.
Dans tout art, comme dans la peinture, il y a des effets de raccourci, d’ombre et de lumière, des questions de premier et de second plan. […] Eh bien, je me demande si un livre, indépendamment de ce qu’il dit, — des matières qu’il traite, — ne peut pas produire le même effet. […] C’est s’arrêter à la superficie des choses que d’y voir seulement des effets à saisir et à rendre, de confondre la nature avec un musée, de lui préférer même au besoin un musée. « Vous me mépriseriez trop, dit encore Flaubert à George Sand, si je vous disais qu’en Suisse je m’embête à crever… Je ne suis pas l’homme de la nature et je ne comprends rien aux pays qui n’ont pas d’histoire. […] L’effet profond d’un morceau d’éloquence ne dépasse guère son siècle ou le suivant.
La ligne OA se contracterait par l’effet de son mouvement, de manière à rétablir l’égalité entre les deux doubles trajets. […] Par l’effet du mouvement, un temps plus long, étiré, dilaté, vient remplir l’intervalle entre deux positions de l’aiguille. […] Mais il savait déjà que, vu le ralentissement du temps par l’effet du mouvement, chacune de ces secondes apparentes vaut, en secondes réelles, équation . […] Maintenant que S′ s’est détaché de S par l’effet du dédoublement, le personnage intérieur à S′, qui ne se sait pas en mouvement, laisse ses horloges Hₒ′, H₁′, H₂′…, etc., comme elles étaient ; il croit à des simultanéités réelles quand les aiguilles indiquent le même chiffre du cadran.
En effet, par la proposition précédente, les groupes de faits principaux qui composent la vie d’un être sont l’effet de ses forces ou tendances principales. […] Trempez le bout de l’œuf dans l’huile, la force est vaincue, le développement s’arrête, l’organisation se renverse et vous voyez naître un monstre : l’être n’est point allé à sa fin, sa destinée n’a point correspondu à sa nature. — Il y avait dans le bœuf une force vitale et une force reproductive ; le couteau du vétérinaire et la massue du boucher en ont empêché l’effet ; les tendances existaient, la destinée ne s’est point accomplie. — Il y a en nous un besoin infini de science, de sympathie et de puissance ; la supériorité des forces voisines, l’infinité de l’univers, l’imperfection de notre société nous condamnent à des misères sans nombre, et à des contentements médiocres ; nous avons la tendance, nous n’avons pas la puissance. […] Non-seulement nous remarquons ici, comme dans le cas précédent, que le transport des fardeaux est l’effet principal et ordinaire de la machine ; mais nous jugeons qu’il est sa cause ; un savant mécanicien s’est proposé ce but ; et le but a déterminé la quantité du fer, la disposition des roues, l’établissement des pistons, l’épaisseur de la chaudière, le choix du combustible, et le reste. Le sens est tout autre : l’effet est devenu cause, et il y a ici un architecte de plus.
Alexandre, pour aviser aux moyens d’exécution ; les effets de cette mission ne se feront sans doute pas attendre. […] S’il s’agissait de bien entendre et de goûter l’ancien français de Villehardouin, dont je suppose qu’on eût été séparé par quelque grande catastrophe sociale et quelque conquête, le plus sûr serait encore d’être Français, et, un peu d’étude aidant, on se trouverait aisément en avance à cet effet sur le plus docte des Germains. » Il semble que le résultat indiqué par ces considérations diverses, c’est qu’une École française , instituée à Athènes pour un certain nombre de jeunes architectes et de jeunes philologues , concilierait à la fois les intérêts de l’art et ceux de l’érudition.
Or, cette disposition du lecteur à accepter les événements comme des effets inévitables de causes connues, et à s’y résigner, doit-elle être reprochée à l’écrivain ? […] Mais d’ordinaire tant de causes nous échappent dans les événements humains ; et de celles que nous entrevoyons, un si grand nombre sont inappréciables de leur nature, que leur liaison avec les effets reste nécessairement indéterminée ; que d’un fait à un autre on ne peut assigner souvent d’autre rapport que celui d’être venu avant ou après, et qu’alors ce qu’a de mieux à faire l’historien est de s’en tenir scrupuleusement à l’empirisme d’une narration authentique.
Il faut une grande finesse pour rendre compte des causes de l’effet comique ; mais il n’en est pas moins vrai que l’assentiment général doit se réunir sur les chefs-d’œuvre en ce genre comme sur tous les autres. […] Les Anglais ont très rarement admis sur la scène le genre d’esprit qu’ils nomment humour ; son effet ne serait point théâtral.
Il faut pour cela que l’écrivain connaisse son lecteur autant qu’il s’en fait connaître, et juge d’avance l’effet que fera sur lui l’impropriété du terme, pour le contraindre à faire la correction nécessaire. […] À plus forte raison, le même effet est obtenu par l’exacte répétition des mêmes mots.
Par un effet tout contraire, l’excès de leurs emportemens a déjà désabusé les Esprits, que le langage imposteur de leur faux zele pour l’Humanité avoit d’abord séduits. […] L’effet des séditions a toujours été de ramener à l’obéissance, & de faire sentir le prix de l’autorité légitime, par l’expérience des maux que la révolte entraîne : de même leur soulévement contre la Religion deviendra le plus solide trophée de sa gloire, & le lien le plus sûr pour y attacher les Esprits raisonnables.
Ce fameux scélérat de Philippe ne connaissait que trop bien l’effet de la calomnie, lorsqu’il disait à ses courtisans : Calomniez, toujours ; si la blessure guérit, la cicatrice restera 11. […] Cette vérité affligeante est le sujet d’un quatrain de Pibrac, que le grand Condé répétait souvent, soit qu’il eût lui-même éprouvé les suites funestes de la calomnie, soit qu’il en eût observé les effets sur d’autres personnes : Quand une fois ce monstre nous attache, Il sait si bien ses cordillons nouer, Que bien qu’on puisse enfin les dénouer, Restent toujours les marques de l’attache.
Le génie ne se rebute point, parce que ses premieres impulsions n’auroient pas eu d’effet : il presse avec perseverance, et il sçait enfin se faire jour à travers l’inapplication et la dissipation de la jeunesse. […] Elles sont l’effet de la construction et de l’arrangement de ses organes, et sans cesse elles le poussent au penchant où est sa pente, naturam expellas furca tamen usque recurret. dit Horace.
Il y a plus dans Corneille de ce que l’on admire et de ce que l’on doit imiter33… » Ce jugement est complet : il indique à la fois et le genre de vérité propre au théâtre de Corneille, et l’effet qu’elle produit. Cette vérité, c’est celle d’une nature supérieure non à nos conceptions, mais peut-être à notre vertu : cet effet, c’est le devoir de l’imiter. […] Sur qui donc seraient sans effet les beautés qui arrachaient des larmes au grand Condé ? […] Corneille tombait dans ce double défaut, bien plus par l’effet de cette vue fausse sur le théâtre, que pressé par la pauvreté dont il n’est que trop vrai qu’il sentit les atteintes. […] L’histoire abonde en personnages dont la vie offre une situation, une vicissitude dramatique, de quoi fournir quelques scènes à effet.
Il est vrai de dire que c’est précisément parce que tout cela fait défaut que des esprits industrieux et courts tentent d’y substituer les surprises d’un vers à effet, et visent aux petits succès, aux petites merveilles du détail, funestes au grand art. […] Déjà vers la fin du xviiie siècle, sous l’influence du grand mouvement des sciences physiques et naturelles qui renouvelait à certains égards l’esprit humain, et aussi par l’inévitable effet d’une sorte de lassitude produite par des sujets épuisés et des formes vieillies, on vit éclore parmi les poètes une sorte d’émulation généreuse pour retremper l’inspiration à cette source merveilleuse. […] Elles ne font qu’un à cette époque de la civilisation où toutes les facultés de l’homme sont encore confondues, et lorsque, par l’effet d’une disposition vraiment poétique, il se reporte à cette unité première. » Mais le problème est précisément de savoir si cette unité primitive, rompue par le développement isolé des facultés, qu’exigent la constitution même et le progrès de la science, peut jamais être rétablie par un simple effort de la volonté ou par l’effet naturel d’une disposition de l’esprit. […] Le doute d’Alfred de Musset est poétique parce qu’il peut s’exprimer ainsi : « Je voudrais croire et je ne puis » ; mais nous sommes en défiance des effets poétiques de cet état d’esprit où le poète se dit à lui-même : « Sachons ignorer. » J’admire cette résignation et cette prudence philosophiques ; c’est peut-être le dernier résultat de l’analyse et de la logique, ce n’est pas là matière à poésie. […] Il convient admirablement à l’inspiration courte des jeunes parnassiens, qui en ont tiré de charmants effets.
Zola dans sa Curée, et j’entre dans un livre clair, ému, sobre d’effets et de longueurs, et peint (car il est peint aussi) avec une harmonie de ton pleine de transparence et de nuances. […] Il ne s’y trouve que l’effet brut, l’effet, à l’œil, de la couleur sans illusion, et l’odieux, le fourmillant détail physique et technique et tout cru, et que l’art — je ne dis pas l’art suprême, mais l’art le plus élémentaire, — devrait cacher. […] Une âme délicieuse et même héroïque peut très bien exister dans un clown, et, dramatiquement, elle ferait plus d’effet si elle y était que si on la rencontrait dans un homme qui, par l’éducation, la pensée, la méditation, les habitudes, le milieu social, a développé les forces de son âme comme le clown n’a développé que celles de son corps… Seulement, il faut qu’une pareille âme soit dans le clown du roman qu’on veut faire, et dans celui de M. de Goncourt, elle n’y est pas ! […] C’eût été, après l’effet esthétique, la portée morale de ce roman de La Faustin s’il avait été un chef-d’œuvre, s’il avait été, sous la plume implacable du romancier, comme une tête de Méduse d’une beauté sublime, mais fatale et mortelle à tous les sentiments de la femme, et particulièrement à l’amour. […] XVI Ce dénouement de La Faustin serait la seule chose mâle et impressionnante du roman de M. de Goncourt, s’il avait été amené d’assez loin pour produire tout son effet et justifier la colère brutale et impitoyable d’un homme qui aimait avec une passion si profonde, il n’y a qu’une minute, et qui devient tout à coup si rapidement implacable.
Un jour, madame la princesse de Conti, à haute voix, devant toute la cour, appela madame de Chartres « sac à vin. » Celle-ci, faisant allusion aux basses galanteries de l’autre, riposta par « sac à guenilles. » Les effets se devinent : « madame la duchesse de Bourgogne fit un souper à Saint-Cloud avec madame la duchesse de Berry. […] L’effet du vin, par haut et bas, fut tel qu’on en fut en peine, et ne la désenivra point, tellement qu’il fallut la ramener en cet état à Versailles. […] Toutes deux vont dans Saint-Simon au même effet, qui est de le rendre historien. […] Ainsi fut bâclée cette sanglante affaire, et immédiatement après signée, scellée, enregistrée parmi les sanglots suffoqués. » L’homme qui écrit ainsi palpite et frémit tout entier comme un prisonnier devant des cannibales ; le mot y est : « Bureau d’anthropophages. » Mais l’effet est plus sublime encore, quand le cri de la justice violentée est accru par la furieuse clameur de la souffrance personnelle. […] Cette crudité de style et cette violence de vérité ne sont que les effets de la passion ; voici la passion pure : Prenez l’affaire la plus mince, une querelle de préséance, une picoterie, une question de pliant et de fauteuil, tout au plus digne de la comtesse d’Escarbagnas : elle s’agrandit, elle devient un monstre, elle prend tout le cœur et l’esprit ; on y voit le suprême bonheur de toute une vie, la joie délicieuse avalée à longs traits et savourée jusqu’au fond de la coupe, le superbe triomphe, digne objet des efforts les plus soutenus, les mieux combinés et les plus grands ; on pense assister à quelque victoire romaine, signalée par l’anéantissement d’un peuple entier, et il s’agit tout simplement d’une mortification infligée à un Parlement et à un président.
Hugo un air de condescendance souveraine, de majesté jouant à la bonhomie, qui gâte l’effet de ses paysages. […] Hugo, y arrive à de tels effets de grotesque, que l’impiété même ne s’y aperçoit plus, et que le ridicule efface le sacrilège. […] Merveilleux effet de la vérité chez un homme trop habitué à se bercer de mensonges ! […] Dès qu’il vit que tout ce qu’il avait tenté pour augmenter ses forces avait produit un effet contraire, la rage s’est emparée de son âme. […] Paris était déjà cet absorbant immense, cet énorme cerveau d’un corps débilité, dont nous avons pu, en certains moments, juger par nous-mêmes les effets apoplectiques.
Son journal proprement dit n’a guère d’autre caractère que celui de Dangeau, et de tels écrits, très curieux pour la postérité, ont rarement pour effet de grandir les personnages qui en font les frais et dont on nous raconte jour par jour toutes les actions et toutes les fonctions. […] Ces grands orateurs composaient leurs sermons et les apprenaient, les récitaient avec plus ou moins d’art ou de naturel : le discours qu’ils savaient le mieux par cœur était celui qu’ils disaient le mieux et qui souvent aussi produisait le plus d’effet. […] C’est de la sorte que dans sa bouche le récité même gardait du mouvement et avait de l’effet de l’improvisation.
Oui, en France, dans ce qu’on déprime ou ce qu’on arbore en public, on ne pense guère le plus souvent au fond des choses ; on pense à l’effet, à l’honneur qu’on se fera en défendant telle ou telle opinion, en prononçant tel ou tel jugement. […] Le Souvenir serait une vraie élégie si la fin répondait au commencement ; mais l’expression abstraite gâte l’effet : il y manque l’image. […] Je demandai alors à relire à haute voix ces quatre vers, en indiquant ce qui les précède dans l’ordre des sentiments et ce qui les amène ; j’en appelai de l’Académie distraite à l’Académie attentive ; j’insistai précisément, je pesai sur l’effet heureux de ce mot tranquillisé, si bien jeté à la fin du vers.
On se comportait exactement des deux parts comme si l’on s’était dit : « L’empereur vient de faire une imprudence ; tâchons qu’elle soit la moins forte possible. » Ici du moins rien d’ambigu ; l’opportunité est claire, manifeste, impérative : la Chambre a donné le signal, l’empereur y a répondu ; tout le monde est préparé et averti ; il importe que rien ne soit éludé d’un grand acte ; qu’il trouve ses exécuteurs convaincus et sincères, et qu’il sorte pleinement tous ses effets. […] Le bon effet produit par l’amnistie, — par cette amnistie qui a été le meilleur commentaire du sénatus-consulte, — permet de croire que la grande majorité du public et du peuple français continue d’aspirer à la stabilité et reste disposée à se contenter de ce qui serait bon, raisonnable et clément ; et, en politique, je ne distingue point la clémence de la justice. […] C’est à ce prix seulement que l’évolution obtiendra ses bons et salutaires effets.