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1270. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

On comprend qu’aux époques de transition les traités dogmatiques soient difficiles, parce qu’un ouvrage est déjà vieux avant d’être achevé, et qu’une doctrine court risque d’être renversée avant d’avoir été entièrement formulée. […] Mais quand il s’agit des sciences biologiques où les phénomènes sont très difficiles à observer et à expérimenter, à cause de leur complication et du grand nombre des éléments qui les constituent, les lois sont alors beaucoup plus difficiles à établir, et elles sont toujours très loin de représenter la réalité. […] Rayer ; nous y ajoutons du sang, de telle sorte que les réactions avec la potasse et le liquide cupro-potassique seraient difficiles à voir et l’épreuve optique impossible. […] Il est difficile, au premier abord, de savoir au juste à quoi peut servir le sucre dans l’organisme. […] Mais cela n’a lieu que quand la maladie est à son summum d’intensité ; et dans tous les cas, même chez les animaux que l’on rend artificiellement diabétiques, il est bien plus difficile d’obtenir le passage du glucose dans le suc gastrique que dans les urines.

1271. (1932) Le clavecin de Diderot

En effet, il est difficile de ne pas se laisser emporter par ce torrent de mots, de métaphores, il est difficile de ne pas rester coi devant la puissance, la créativité, la liberté du langage de Crevel. […] Il est d’ailleurs difficile de clore cette préface sans reprendre à Courtot, qui a rédigé la présentation de l’édition Pauvert, cette citation des entretiens de Breton selon laquelle Crevel était « l’auteur d’ouvrages tels que L’Esprit contre la raison, Le Clavecin de Diderot sans quoi il eût manqué une de ses plus belles volutes au surréalisme ». […] Système extravagant qui ne pouvait, ce me semble, dévoiler sa naissance qu’à des aveugles, système qui, à la honte de l’esprit humain et de la philosophie, est le plus difficile à combattre, quoique le plus absurde de tous ap. […] Une des nécessités de la vie et de l’esprit, de la vie de l’esprit, la nécessité poétique ne semble la plus aveugle que parce qu’elle est la plus difficile à connaître.

1272. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Et il me semble que je devine à peu près pourquoi les meilleurs de nos poètes n’ont pas réussi à peindre la grâce de l’enfance : c’est que, en vérité, c’est trop difficile. […] Mais si l’influence du pays d’origine, du terroir, est quelque chose de difficile à démêler, il y a une influence qui est très certaine, qu’on voit s’appliquer constamment : c’est l’influence du milieu, l’influence de l’atmosphère dans laquelle on a vécu. […] Et pour ce qui est de Victor Hugo, il est bien vrai qu’il a du goût pour une sorte de drôlerie énorme, de plaisanterie gigantesque ; mais ce n’est pas tout à fait la même chose que d’avoir de l’esprit, et il nous est bien difficile d’appeler spirituel un homme qui aimait les calembours. […] La jeune fille, il est très difficile de la peindre, parce que la grande réserve que lui imposent les mœurs fait qu’elle ne livre pas ses idées, ses sentiments, et parce qu’il y a chez elle forcément quelque chose d’indécis, d’incertain encore. […] La tentative était très difficile et très périlleuse ; car, songez-y, la poésie et la philosophie, si on se demande ce que c’est au fond, il semble bien que ce soient deux ennemies, deux antagonistes, et que la définition de l’une soit l’exclusion de la définition de l’autre.

1273. (1940) Quatre études pp. -154

Ils ne s’adressent ni au peuple ignorant, ni aux raffinés qui n’estiment que le difficile, mais à la moyenne des hommes. […] Bref, il est difficile de trouver, chez nos Français, cet appétit de néant, ce goût de dissolution, qui poussent à chercher l’absolu au sein de la mort, dont maint poète étranger nous donne l’exemple, magnifique et dangereux. […] Mais il nous faut aller droit à celui qui a osé, sans précautions et sans ambages, dire ce qu’il pensait de cette futilité difficile qu’on appelait des vers. […] Et comme l’entreprise devenait de plus en plus difficile, ils étaient obligés de déserter nos automnes exploités jusqu’au dégoût, nos hivers aux neiges salies, notre terre devenue trop banale, nos cieux vers lesquels trop d’élans s’étaient brisés, pour aller passer une saison en enfer : « Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. […] Dans son Essai sur la formation des êtres organisés (1754), il entreprend la tâche difficile d’expliquer à la fois la nature et la vie : il faut avoir le courage de recommencer, puisque toutes les tentatives antérieures ont échoué.

1274. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est ce qu’il est difficile de dire avec exactitude [Cf. sur ce sujet : Tabaraud, Histoire du philosophisme anglais, Paris, 1806 ; et Leslie Stephen, English Thought in the XVIIth Century, Londres, 1881]. […] La conclusion est-elle difficile à tirer ? […] Cet esprit philosophique, si à la mode aujourd’hui, qui veut tout voir et ne rien supposer, s’est répandu jusque dans les belles-lettres : on prétend même qu’il est nuisible à leurs progrès, et il est difficile de se le dissimuler. […] Plus on considère attentivement tous ces faits et plus il est difficile de voir dans la formation ou dans le développement de l’esprit encyclopédique une suite naturelle de l’esprit classique ; et plutôt on est tenté de les regarder comme étant le contraire l’un de l’autre. […] , p. 170, 175], — ainsi que la fortune qui leur était promise un jour, — que là peut-être est l’explication de l’oubli dans lequel il est tombé. — La comédie est déjà difficile à traiter en vers ; — et le drame bourgeois impossible.

1275. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Encore aujourd’hui nous les voyons fonctionner et rendre difficile, sinon impossible, toute stabilité gouvernementale. […] Elle le voit dans son cours, si difficile avant Lyon, « tout combat et toute aventure », puis trouvant la Saône comme une épouse docile au rendez-vous et se précipitant vers la Provence. « Il sait la mer », s’écrie-t-elle, et son imagination continue d’accompagner ce Rhône sauvage et solennel. […] Il est trop évident que cet équilibre représente le plus difficile des problèmes de l’avenir. […] Jules Cambon aura été, durant ces années difficiles, le plus habile adversaire que nous pussions opposer à la politique à la fois brutale et retorse de l’Allemagne. […] Les différences entre un soldat, un ouvrier, un administrateur, un avocat, un oisif, un savant, un homme d’État, un commerçant, un marin, un prêtre, sont, quoique plus difficiles à saisir, aussi considérables que celles qui distinguent le lion, l’âne, le corbeau, le requin, la brebis, etc.

1276. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elle fut très-active pour Port-Royal dans ces années difficiles. […] « Elle disoit si bien tout ce qu’elle disoit, qu’il auroit été difficile de le mieux dire, quelque étude qu’on y apportât.

1277. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

et comme il est difficile de ne pas regimber à chaque coudoiement sous ces pointes rentrantes ! […] Le clergé lui-même qui avait fait du chemin depuis les dernières années, et qui, en devenant moins difficile en fait d’auxiliaires, ne trouvait pas dans l’ouvrage nouveau les agressions directes dont Jean-Jacques avait embarrassé son spiritualisme, accueillit avec faveur ces hommages éloquents rendus à la Providence ; on opposait, dans des thèses en Sorbonne, Saint-Pierre à Buffon, l’auteur des Études à l’auteur des Époques.

1278. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

La pratique les a prémunis contre les chimères des théoriciens ; ils ont éprouvé par eux-mêmes combien il est difficile de mener et de contenir les hommes. […] Cela fait frémir… » Déjà, dans le monde, le rôle d’un ecclésiastique est difficile ; il semble qu’il y soit un pantin ou un plastron506. « Dès que nous y paraissons, dit l’un d’eux, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu, la nécessité du jeûne à un homme qui a nié toute sa vie l’immortalité de l’âme ; l’entreprise est laborieuse, et les rieurs ne sont pas pour nous. » — Bientôt le scandale prolongé des billets de confession et l’obstination des évêques à ne point souffrir qu’on taxe les biens ecclésiastiques soulèvent l’opinion contre le clergé et, par suite, contre la religion. « Il est à craindre, dit Barbier en 1751, que cela ne finisse sérieusement ; on pourrait voir un jour dans ce pays-ci une révolution pour embrasser la religion protestante507. » — « La haine contre les prêtres, écrit d’Argenson en 1753, va au dernier excès.

1279. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

vous la distinguerez aisément entre toutes ses compagnes, car il serait difficile de trouver une figure semblable à la sienne. […] « Herman soutient d’un bras robuste et avec précaution la jeune fille penchée sur lui ; mais, comme elle ne connaît ni le chemin ni ses sentiers difficiles, elle fait un faux pas ; le pied lui manque et craque légèrement.

1280. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Mais si on réfléchit que ce sonnet prouvant l’infidélité scandaleuse de l’amant a été introduit dans l’édition de ses soixante-dix sonnets par la comtesse d’Albany elle-même, éditant et révisant ses œuvres, il est difficile de douter de l’intention des deux amants, le poète et l’éditeur. […] Il est difficile de se refuser à cette conclusion.

1281. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

pourquoi me suis-je précipité dans cet abîme dont il est si difficile de sortir avec honneur ? […] Nous laissâmes la pauvre infirme, isolée, tout en prières, et nous lui promîmes de l’envoyer chercher par des femmes très-fortes pour l’aider, le lendemain, à descendre et à remonter la route difficile jusqu’au château.

1282. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Avec quelque chose de superficiel et de frivole, ou tout au moins de moyen, la littérature prit au monde le goût d’une simplicité brillante, très cherchée et très aisée, qui imite le naturel et qui est parfois tout le contraire : il fut difficile de n’avoir pas d’esprit, et les plus grands seuls de nos écrivains y parvinrent. Il fut difficile aussi de parler à ce public de ce qui n’était pas lui : et par là la matière littéraire se restreignit encore ; l’homme, mais l’homme de la société, soumis aux rapports, aux lois, aux accidents sociaux, ayant affaire un peu a Dieu, beaucoup aux hommes, nullement à la nature, fut l’original nécessaire de tous les portraits.

1283. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Encore, parmi ces quatre, les esprits difficiles n’en trouvent-ils que deux parfaites, le Cid et Polyeucte ; les deux autres, Horace et Cinna, leur paraissent défectueuses dans l’ensemble. […] Dans les sept autres pièces qui suivent, en rang de mérite, Rodogune, la Mort de Pompée, Nicomède, Don Sanche, Sertorius, Othon, Héraclius, les défauts prennent le dessus, et il faut déjà que le respect soutienne l’esprit dans une lecture inquiète et difficile.

1284. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Cela me paraît bien difficile. […] A cela on peut répondre : tout ce qui est grand est difficile et rare ; ou mieux encore, pour parler avec Berlioz : « Il serait vraiment déplorable que certaines œuvres fussent admirées par certaines gens. » Ces critiques-là ne sont plus nombreux aujourd’hui ; mais comme ils font tout ce qu’il faut pour justifier le mot si cruel de Berlioz !

1285. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

La poésie lyrique Il est difficile de classer les poètes. […] II. — Symbolistes Autour de la Revue Blanche, de l’Ermitage, du Mercure de France, de Vers et Prose, un certain nombre de poètes gardent toujours cette étiquette de symbolistes. — Nous avons même des néo-symbolistes. — Cependant il est difficile de classer M. 

1286. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’éclat de cette race est si fascinant, cet écheveau de soie éclatante tissée d’acier, qui s’appelle les Guise, si difficile à démêler, qu’il tente l’historien par sa difficulté même. […] Très au-dessous de Charles-Quint, son père, dont il n’avait, si on en croit ses portraits, que la mâchoire lourde et les poils roux dans une face inanimée et pâle, ce Scribe qui écrivait ses ordres, défiant qu’il était jusque de l’écho de sa voix, ce Solitaire, noir de costume, de solitude et de silence, et qui cachait le roi net, le rey netto, au fond de l’Escurial, comme s’il eût voulu y cacher la netteté de sa médiocrité royale, Philippe II, ingrat pour ses meilleurs serviteurs, jaloux de son frère don Juan, le vainqueur de Lépante, jaloux d’Alexandre Farnèse, jaloux de tout homme supérieur comme d’un despote qui menaçait son despotisme, Forneron l’a très bien jugé, réduit à sa personne humaine, dans le dernier chapitre de son ouvrage, — résumé dont la forte empreinte restera marquée sur sa mémoire, — comme il a bien jugé aussi Élisabeth, plus difficile à juger encore parce qu’elle eut le succès pour elle et qu’on ne la voit qu’à travers le préjugé de sa gloire.

1287. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

. — Les commencements sont toujours le plus difficile.

1288. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Rien n’est si aisé que de traduire Cicéron, si l’on se contente d’exprimer en gros le sens de la phrase : Cicéron n’est pas seulement le plus clair, il est le plus lumineux des écrivains ; rien n’est si difficile, si l’on veut pénétrer dans les nuances, saisir ce rayon fugitif qui brille en passant dans chaque expression, ne jamais prendre pour des synonymes ces mots qui ne complètent l’harmonie de la période qu’en représentant toutes les faces de la pensée.

1289. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

c’est ce qu’il y a de plus fatal à la vérité ; et qu’il est difficile de n’y pas céder et succomber quand on y est porté par le courant même de sa nature d’artiste et par toutes les voiles du talent, quand il y a comme une harmonie préétablie entre les sujets qui nous tentent et nos cordes secrètes !

1290. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Ajoutez les veillées de famille, les cérémonies sévères du culte luthérien, vous avez les seules diversions que puisse trouver le mineur du Hartz au milieu de ses travaux assidus et durs : et cependant il ne désire rien de mieux, il vit content ; il a le patriotisme local ; il a su résister dans les années difficiles à l’appât des salaires élevés et aux excitations de tout genre qui attiraient vers les travaux des chemins de fer les ouvriers du nord de l’Allemagne.

1291. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il est toujours très difficile de parler à Dieu autrement que dans la prière, en disant son Pater ou en s’écriant : Altitudo !

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