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434. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Chez les anciens, le héraut qui déclarait la guerre, invitait les dieux à quitter la cité ennemie (evocabat deos).

435. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Dans toute religion la loi du fidèle, son idéal, c’est l’imitation du dieu. […] Dans l’épopée, l’humanité prend pleine possession de la poésie, qui n’appartenait qu’aux dieux. […] C’était la forme exactement conservée des poèmes primitifs, adressés aux dieux et constituant le rituel des cérémonies sacerdotales. […] Pourquoi ces invocations à chaque instant ramenées du poète à la Muse, à la déesse nourricière, au dieu paternel ? […] Quand les poètes antiques ont parlé d’un dieu qui les inspirait, c’est qu’ils l’ont senti.

436. (1933) De mon temps…

Ce don des Dieux, nulle ne l’a reçu plus éclatant, plus magnifique et plus souverain que la comtesse Anna de Noailles. […] Cela s’appelait Le Crépuscule des dieux et avait pour auteur un certain Elémir Bourges. […] C’était un livre à lire et à relire, ce Crépuscule des dieux, qui contrastait si fortement avec la morne et basse production naturaliste d’alors. […] Sans Elémir Bourges et son Crépuscule des dieux, je n’aurais peut-être pas écrit la Double Maîtresse et le Bon Plaisir. […] C’était une œuvre d’une singulière beauté et d’un caractère très différent de celui du Crépuscule des dieux.

437. (1896) Le livre des masques

Pour toi, j’abandonnai, sur l’aile des chimères, L’ombre pâle où les Dieux gisent, ensevelis. […] C’est la vie : écoutez, la source vive chante L’éternelle chanson sur la tête gluante D’un dieu marin tirant ses membres nus et verts Sur le lit de la Morgue… et les yeux grands ouverts. […] Ce n’est peut-être pas mensonge ; c’est plutôt incapacité de nature à se penser soi-même, à prendre conscience de soi en son propre cerveau et non dans les yeux et sur les lèvres d’autrui ; même quand elles écrivent ingénuement pour elles-mêmes en de petits cahiers secrets, les femmes pensent au dieu inconnu qui lit — peut-être — par dessus leur épaule. […] Il n’y eut pas de présent pour Laforgue, sinon parmi un groupe d’amis : il mourut comme allaient naître ses Moralités Légendaires, mais offertes encore au petit nombre, et à peine put-il savoir de quelques bouches que ces pages le vouaient inévitablement à vivre, de la vie de gloire, parmi ceux que les Dieux créèrent à leur image, dieux aussi et créateurs. […] Oubli de flûte, heures de rêves sans alarmes, Où tu as su trouver pour ton sang amoureux La douceur d’habiter un séjour odoreux De roses dont les dieux sylvains te font des armes.

438. (1929) La société des grands esprits

Les Grecs croyaient à leurs dieux, mais leur obédience se conciliait avec une indépendance marquée. […] Il combattit la divination et les dieux. […] Le même amour se retrouve à l’origine de toutes les mythologies, chez les dieux et les héros. […] Lui, si fervent adorateur du beau, n’était-il pas heureux de servir son dieu ? […] André Hallays insiste-t-il sur les fées, les sorciers et les dieux du Nord ?

439. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

ce « Sacrifice au dieu Cuculcan », photographié par M.  […] Un brouillard scolaire avait défiguré les dieux. […] Sacaze traduit : « Au dieu Iscitt, Hunnu, fils de Huoloxis5 » Le dieu Ilixon ! Le dieu Iscitt ! […] Ce financier répugnant est un roi, presque un dieu.

440. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Du moment que l’homme était dieu, il fallait des dieux de toutes les grandeurs et de toutes les qualités, et comme les romantiques étaient tous poètes, le poète était le dieu le plus parfait. […] Nous disséquerons jusqu’à ce que nous soyons dieux, et nous ne le serons jamais, car nous l’aurions toujours été. […] Le caillou est dieu ! […] Qu’ils aient des passions de héros et de dieux. Ne connaissant que des gens pareils à nous, nous ne savons comment s’expriment des passions de dieu ou de héros, mais il est mathématiquement évident qu’en représentant ces passions autrement que tu le ferais pour des petits-bourgeois du dix-neuvième siècle, en les représentant, par exemple, comme étant un peu gens de pierre ou de bois, tu éviteras la trivialité, et tes personnages n’étant pas de vrais hommes, ne pourront être acclamés que dieux ou héros.

441. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Sully-Prudhomme l’a écrit dans le Zénith, les anciens dieux n’ont plus de prêtres ; ce sont des astres qui portent aujourd’hui les noms sacrés de Jupiter ou de Vénus, — des astres que l’homme a découverts et pesés. […] Les vers avaient leur dieu, et il semblait qu’un beau vers fût l’incarnation même d’Apollon. […] Legouvé47, qui a pour lui son expérience de lecteur consommé, croit aussi à l’existence de deux types de vers distincts, qu’il tâche, il est vrai, d’unir dans la même admiration : ce sont « deux puissants dieux », dit-il en empruntant un vers Athalie, et il faut les servir tour à tour ; par malheur, il a toujours été difficile de maintenir le bon accord entre les dieux comme entre les rois. […] Le poète, dit-il, ajustera ses vers « en bouchant les trous avec sa main d’artiste », et, pour boucher les trous, il a toujours la « cheville », ce secours des dieux. […] Plus tard, l’architecture (qui est comme le troisième art humain) s’est développée dans la construction des palais des chefs et des dieux.

442. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

La pièce est bien, elle est conduite conformément à l’histoire, et raisonnablement ; il y a d’assez beaux vers et il n’en est pas qui choquent ; la couleur locale, les apostrophes aux dieux lares, les allusions aux coutumes romaines, la farine et le miel, l’orge et le sel, tout cela est assez à point employé ; mais ce qui donne le caractère dramatique, c’est l’accent de mademoiselle Rachel en deux ou trois moments, c’est son attitude simple, noble, virginale, dans toute la pièce ; elle est belle comme certaines figures des vases antiques. — Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que toute cette couleur d’André Chénier romain, où la scène se retrempe et rajeunit tant bien que mal sa teinte en ce moment, a été pour la première fois essayée et appliquée par un poëte peu connu, M.

443. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Guizot, mais une résurrection ; il a voulu y apporter la vie, l’étincelle directe, l’amour ; tentative hardie, bien scabreuse, car enfin l’historien n’est pas un dieu ni un thaumaturge pour ressusciter par sa vertu les morts.

444. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Leur criai-je en colère, et, dans l’ardeur du feu, Les dévots n’étaient bien frappés que dans leur dieu.

445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Plus je relis ce que vous faites, Plus je connois ce que vous êtes ; Il ne faut que vous mettre en train ; Tout le monde, Iris, vous admire : Si les Dieux se mêloient d’écrire, Ils emprunteroient votre main.

446. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Enfin, au-dessus de ces trois hommes, entre ces deux femmes poser comme un lien, comme un symbole, comme un intercesseur, comme un conseiller, le dieu mort sur la croix.

447. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Pareils au peuple qui demeure pour nous, à jamais, l’initiateur de la beauté classique, nous n’hésiterons pas à dresser des autels à un dieu inconnu, à reconnaître des beautés en dehors de celles qui s’élevèrent, selon nos particulières théories d’art.

448. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

« Ô Jupiter, et vous tous, dieux de l’Olympe, que mon fils règne, comme moi, sur Ilion ; faites qu’il obtienne l’empire entre les guerriers ; qu’en le voyant revenir chargé des dépouilles de l’ennemi, on s’écrie : Celui-ci est encore plus vaillant que son père ! 

449. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Il n’en est pas de nous ainsi que des Anciens qui avaient des bains, des gymnases, peu d’idées de la pudeur, des dieux et des déesses faits d’après des modèles humains, un climat chaud, un culte libertin ; nous ne savons ce que c’est que les belles proportions.

450. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Hésiode, considéré comme un poète cyclique, qui raconte toutes les fables relatives aux dieux de la Grèce, aurait précédé Homère.

451. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Mais ce peuple est en partie retenu dans l’état héroïque par une religion pleine de croyances effrayantes, et dont les dieux tout couverts d’armes menaçantes inspirent la terreur.

452. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Telles armes, forgées par les dieux, ne sont bonnes que dans la main des héros. […] Le baiser argenté de Diane peut descendre sur ce bel adolescent, que les pasteurs du Latmos vénèrent comme un dieu. […] L’Exil des dieux de Banville peuple une vieille forêt druidique des dieux chassés de l’Olympe, et montre sous son aspect sérieux un thème poétique que Henri Heine, avec son scepticisme attendri et sa sensibilité moqueuse, avait traité plus légèrement. […] La France, infidèle à ses gloires, se livrait sans réserve aux dieux étrangers. […] allait-il disparaître avec les dieux qui s’en vont ?

453. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Ces deux éléments, — d’où le nom que Nietzsche leur donne, — les Grecs les avaient personnifiés en Apollon et Dionysos, les deux dieux de l’Art ». […] Voilà pourquoi les Grecs avaient fait d’Apollon le dieu des représentations du rêve, le dieu divinateur, en même temps que le dieu de l’Art. […] Le char de Dionysos est chargé de fruits et de fleurs ; sous le sceptre du dieu rampent dociles le tigre et la panthère. […] « Le dieu joyeux, le dieu magicien, — Dionysos, — c’est nous, dans le délire et l’exaltation de l’ivresse ; l’exaltation nous divinise en quelque sorte ; nous croyons être nous-mêmes ces dieux superbes et beaux entrevus dans l’état de rêve. […] Notre lyrique moderne, comme le dit spirituellement Nietzsche, comparée à la lyrique antique, ressemble à une statue de dieu sans tête.

454. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Cette pièce n’est vraiment qu’une comédie ; mais elle compte parmi ses acteurs des dieux et des rois : c’est ce qui l’élève au rang de tragi-comédie. […] Si le dieu qu’il sert ne lui convient pas, demain il en prend un autre ; il en fait, non l’arbitre de sa destinée, mais le ministre de ses passions ; au lieu de l’adorer, il l’insulte. […] Voltaire nous dit qu’on applaudissait beaucoup cette maxime de Sévère : J’approuve cependant que chacun ait ses dieux, Qu’il les serve à sa mode, etc. […] » Pour mériter son cœur, pour plaire à ses beaux yeux, J’ai fait la guerre aux rois, je l’aurais faite aux dieux. […] On sait que ce dieu terrestre envoyait aux monarques du Thibet de petits sachets pleins de ses ordures pulvérisées, et que ces princes, aveuglés par la superstition, recevaient cet étrange présent avec la vénération des catholiques romains pour les reliques.

455. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Mais il y a loin de cet attachement à la cité, groupement encore placé sous l’invocation du dieu qui l’assistera dans les combats, au patriotisme qui est une vertu de paix autant que de guerre, qui peut se teinter de mysticité mais qui ne mêle à sa religion aucun calcul, qui couvre un grand pays et soulève une nation, qui aspire à lui ce qu’il y a de meilleur dans les âmes, enfin qui s’est composé lentement, pieusement, avec des souvenirs et des espérances, avec de la poésie et de l’amour, avec un peu de toutes les beautés morales qui sont sous le ciel, comme le miel avec les fleurs. […] La mythologie antique l’avait bien compris quand elle associait la déesse de l’amour au dieu des combats. […] Les dieux de la cité combattaient pour elle, avec elle. […] Mais, remontant des profondeurs obscures de l’âme à la surface de la conscience, et y rencontrant l’image du mysticisme vrai telle que les mystiques modernes l’ont présentée au monde, instinctivement elle s’en affuble ; elle attribue au Dieu du mystique moderne le nationalisme des anciens dieux. […] A elle de se demander ensuite si elle veut vivre seulement, ou fournir en outre l’effort nécessaire pour que s’accomplisse, jusque sur notre planète réfractaire, la fonction essentielle de l’univers, qui est une machine à faire des dieux.

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