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1343. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Car enfin, ouvrir sa bourse et n’y rien voir dedans, ce qui d’ailleurs est arrivé plus d’une fois à de plus honnêtes que Gil Blas ; être trompé par une coquette, et pillé par-dessus le marché, ce qui est du train ordinaire et, pour ainsi dire, de l’ordre éternel des choses ; convoiter une place, même modeste, et, s’il y faut un calculateur, se voir préférer un danseur, ce qui paraît être la loi de la distribution des faveurs de ce monde, Le Sage estime, avec son héros, qu’il n’y a jamais là de quoi faire les grands bras, invoquer les hommes et les dieux à témoin de ses infortunes, et se répandre publiquement en injures, lamentations et sanglots romantiques. […] Ce sont en général — à l’exception de Buffon et de Montesquieu — d’assez laids personnages que nos grands hommes du xviiie  siècle, un d’Alembert, un Grimm, un Diderot, et, par-dessus tous les autres, précisément les deux plus grands : Voltaire et Jean-Jacques, deux « puissants dieux », et deux vilains sires.

1344. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

On regarde à la table des volumes qui doivent être les plus clairs, l’Histoire de la Révolution française, par exemple, et l’on y lit ces titres de chapitres : « Idéaux réalisés — Viatique — Astræa redux — Pétitions en hiéroglyphes — Outres — Mercure de Brézé — Broglie le dieu de la guerre. » On se demande quelles liaisons il peut y avoir entre ces charades et les événements si nets que nous connaissons tous.

1345. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Dans la littérature, malheur aux langues qui renversent injurieusement les statues des anciens dieux, qui se disent fortes parce qu’elles sont rudes et violentes, qui se croient jeunes quand elles ne sont que barbares !

1346. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

. — Les hugolâtres : car il a commis l’un des premiers cette impiété de parler du dieu sans superstition. — Les romantiques attardés, ceux qui trouvent de la philosophie dans Tragaldabas et qui prennent encore Dumas père pour un écrivain. — Certains fanatiques de Voltaire, ceux à qui il ne saurait convenir, puisqu’ils en ont fait l’un des ancêtres de la démocratie, d’entendre rappeler qu’il fut le plus déterminé des aristocrates et le plus empressé des courtisans. — Les amis de ce Béranger, dont il n’a cessé de dénoncer la platitude et la vulgarité. — les Baudelairiens, et ceux qui ont organisé autour de ce prétentieux Beyle un petit culte de chapelle. — Les auteurs dramatiques, qui ne lui pardonnent pas d’avoir, comme on dit, « éreinté » Labiche et affecté de ne voir, dans ce candidat à l’Académie, que l’auteur de Si jamais j’te pince ! […] Faguet exprimait cette idée, fort simple, que le temps est venu de soustraire la gloire du grand écrivain à certaines admirations compromettantes, et de le louer désormais pour ses vrais mérites et non pour la partie la plus contestable de son œuvre. « Le prince des hommes d’esprit, disait-il, est devenu le dieu des imbéciles. » Mais on ne dépossède pas les gens sans les faire crier.

1347. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Je sentais comme si j’aurais pu à la lettre m’envoler dans le ciel. » Le dieu et la bête que chacun de nous porte en soi étaient lâchés ; la machine physique se bouleversait ; l’émotion tournait à la folie, et la folie devenait contagieuse.

1348. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Anacréon et Paul de Kock, Lamartine et Rabelais, voilà les dieux auxquels sacrifie tour à tour Armand Silvestre et ceux-ci doivent parfois lui sourire du haut de leur immortelle gloire. […] Je revois le jet d’eau bordé de grand iris Qu’avril faisait rêver en fleurs mauves et graves, Courbés sur l’onde ; ainsi les rêves de jadis Se mirent sur mon âme, iris bleus ou purs lis, Mais y cherchent en vain leurs corolles suaves… Je revois, dans les houx héros humiliés, Dieux de jadis gisant plus que morts, oubliés, Les marbres dont la tête a roulé sur les dalles, Les nymphes se baissant pour nouer leurs sandales Que, dès longtemps, le vent a fait choir de leurs pieds.

1349. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

mon dieu, mon cher Monsieur, j’allais, je crois, vous dire naïvement le nouveau nom sous lequel je circule !

1350. (1910) Rousseau contre Molière

          Un partage avec Jupiter           N’a rien du tout qui déshonore ; Et sans doute il ne peut être que glorieux De se voir le rival du souverain des dieux. Je n’y vois pour ta flamme aucun lieu de murmure ;           Et c’est moi, dans cette aventure, Qui, tout dieu que je suis, dois être le jaloux… Sors donc des noirs chagrins que ton cœur a soufferts, Et rends le calme entier à l’ardeur qui te brûle : Chez toi doit naître un fils qui, sous le nom d’Hercule, Remplira de ses faits tout le vaste univers.

1351. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La Grèce eût divinisé cette existence miraculeusement tracée par la main des dieux. Ce sont les dieux qui ont consacré la gloire de Mistral, en l’empêchant de quitter son village pour aller vivre à Paris.

1352. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

C’est le secret de l’avenir, cet “enfant qui dort sur les genoux des dieux”, disaient les anciens. […] La Rôtisserie de la reine Pédauque et les Dieux ont soif, de M. 

1353. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il rappelle par l’interprétation du mythe la page célèbre du Voyage en Italie, où Taine nous montre dans Niobé le symbole de l’humanité tout entière, vaincue par la nature hostile et qui se redressant, froide et fixe, regarde « avec admiration et avec horreur le nimbe éblouissant et mortuaire, les flèches inévitables et l’implacable sérénité des dieux. » Mais voici le Niobé de Gautier : Sur un quartier de roche, un fantôme de marbre, Le menton dans la main et le coude au genou, Les pieds pris dans le sol, ainsi que des pieds d’arbre, Pleure éternellement sans relever le cou.

1354. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Bunyan a l’abondance, le naturel, l’aisance, la netteté d’Homère ; il est aussi proche d’Homère qu’un chaudronnier anabaptiste peut l’être d’un chantre héroïque, créateur de dieux.

1355. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

— Par tous les dieux ! […] Hier encore, un « Jeune » déjà âgé, annonçant un « art nouveau » (le sien), vouait l’Université aux dieux infernaux.

1356. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Nous manquons aujourd’hui de points de comparaison pour juger ces faiblesses exceptionnelles que les anciens attribuaient au caprice des dieux, et qui étaient passées dans les mœurs dynastiques de la vieille Égypte. […] La critique avait salué son départ comme celui d’un dieu qui se dérobe pour aller retremper son immortalité dans l’Olympe.

1357. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Les dieux littéraires les plus voisins de nous, et réputés les plus incomparables dans nos habitudes d’admiration, n’étaient certainement pas ceux sur lesquels il reportait le plus volontiers ses regards.

1358. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Un jeune Français y rencontre un étudiant allemand qu’il a connu alors qu’il était lui-même étudiant en Allemagne et qu’il opposait à son mysticisme un esprit rationaliste et sensible ; on y trouve toute une explication, par les dieux qui les accompagnent, des atrocités qu’en 1914 commet cet Allemand.

1359. (1925) Portraits et souvenirs

Que Nerval présente au dieu guérisseur cet hommage propitiatoire, mais qu’il garde pour nous cette molle colombe qui, dans les arbres d’Ile de France, roucoulait si mélodieusement au pays de Sylvie.

1360. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Le Printemps est un jeune dieu qui se précipite en avant, suivi d’une foule de jeunes filles et de jeunes gens ; ils volent presque.

1361. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Byron est véritablement le dieu du romantisme français. […] Le sagittaire, Ayant beaucoup joué de son arc sur la terre, Les flèches se faisaient rares dans son carquois ; Les petits jeunes dieux clignaient des yeux narquois, Et comme à ses côtés, dormait une bergère : « A nous, s’écriaient-ils, la nymphe bocagère ; Attrapons le gibier sous le nez du chasseur. » Comment de son trésor demeuré possesseur.

1362. (1903) La pensée et le mouvant

Le dieu de la mythologie antique et le Dieu du christianisme ne se ressemblent guère, sans aucun doute, mais vers l’un et vers l’autre montent des prières, l’un et l’autre s’intéressent à l’homme : statique ou dynamique, la religion tient ce point pour fondamental.

1363. (1921) Esquisses critiques. Première série

Il sait renfermer, en un vers ou en un distique d’une admirable plénitude, une ample vision qu’il restitue avec exactitude, Les jardins réguliers aux belles ordonnances et que peuple le chœur des dieux de marbre blanc.

1364. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

A. Notions préliminaires Leçon 1 Objet et méthode de la philosophie Qu’est ce que la philosophie ? Le mot est fréquemment employé. Par cela même, il donne une idée grossière, mais simple de ce qu’il signifie. Philosopher, c’est réfléchir sur un ensemble de faits pour en tirer des généralités.

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