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511. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Aussi, nous plaît-il de clore cette courte notice par un souvenir bien près de nous et déjà bien effacé au milieu de ces luttes, nous voulons dire l’apparition en 1887 du très curieux poème de H.  […] Louis Dumur a publié tout un volume de vers métriques français ; c’est ingénieux, c’est curieux, mais arbitraire et, je crois, vain. […] » D’ailleurs, un fait curieux, bien significatif : Gineste me racontait que dans un des récents concours poétiques, en province, en dehors du lauréat qu’on devait primer, tous les concurrents étaient des gens du peuple. […] Et sur cette image aussi juste que curieuse, notre conversation prit fin ; mais, avant de nous quitter, M.  […] » Je crois que le vers libre triomphera, et qu’il triomphe déjà… Je crois que, pour les curieux de poésie, la sélection entre les vrais poètes et les adaptateurs sera plus facile à faire parce que, quand le vers libre n’est pas manié par une personnalité vive, il devient de la mauvaise prose assonancée.

512. (1900) La culture des idées

On trouverait une assez curieuse illustration de ces principes en examinant l’état présent de la morale sexuelle. […] C’est une régression assez curieuse. […] Huysmans ; elle est curieuse et peut servir de prétexte à quelques réflexions. […] Si les cathédrales sont le développement des basiliques, monuments auxquels la symbolique ne peut s’adapter, il s’ensuit que la symbolique est postérieure aux églises ; qu’elle peut en donner une explication quelquefois curieuse, mais jamais certaine. […] Elle est bien curieuse, cette littérature des préfigurations !

513. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Peu curieux de philosophie pure, il a un goût très prononcé pour une sagesse pratique et à portée de la main. […] La curieuse, irrémédiablement blasée et perverse et qui n’a même presque plus de sens. […] Il néglige les questions d’origines, si curieuses pourtant, mais dont c’est la nature de ne pouvoir jamais être entièrement débrouillées. […] Celles qu’il a écrites lors de l’avènement de Guillaume II, et où il s’essaie à prévoir ce que sera le nouvel empereur, marquent un curieux effort de divination. […] Il est intelligent, instruit et même curieux.

514. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

dit Ion, je ne suis pas si curieux. […] C’est « curieux et bien fait », comme disent les camelots, et c’est même charmant. […] Cela est curieux, cela est savoureux, mais cela est tout de même un peu hybride. […] Il est si curieux ! […] Cas plus curieux, à mon sens, que celui de Lanspessade C’est sur ce dernier que l’auteur a porté presque tout son effort.

515. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

La révolution de février 1848 ne me déconcerta point, quoi qu’on en ait dit, et me trouva plus curieux qu’irrité. […] Homme doux et intègre, témoin éclairé et modéré de la Révolution, M. de Sainte-Beuve collectionnait en curieux et en homme qui s’y intéressait les journaux du temps (le Courrier de l’Égalité, le Journal de Paris) et un grand nombre de brochures. […] Il y a là des témoignages contemporains qui seraient curieux à recueillir, quoiqu’ils n’ajoutent rien à ce qu’on sait depuis, mais ils pourraient être une preuve de plus à l’appui de la vérité. — On s’est toujours piqué d’exactitude et de véracité de père en fils, et on les trouvait sans les chercher, par netteté et rectitude d’esprit. — Je relève en marge du Vieux Cordelier ce portrait entre autres de Camille : « Desmoulins avait un extérieur désagréable, la prononciation pénible, l’organe dur, nul talent oratoire ; mais il écrivait avec facilité et était doué d’une gaieté originale qui le rendait très-propre à manier l’arme de la plaisanterie. » — N’est-ce pas un type du pamphlétaire comme on se le figure ? […] H… avait eu tort cependant d’être trop curieux.

516. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ce sont ces Lettres de William Coxe, traduites de l’anglais et augmentées par le traducteur (1781), qui attirèrent vivement l’attention des curieux et qui commencèrent la réputation du jeune Ramond. […] Il décrit dans un curieux détail les mœurs et le gouvernement des petits cantons ; il n’a rien gardé du vague et de la fougue qui dominaient dans ses précédents ouvrages ; la partie positive et commerciale l’occupe ; il ne néglige aucune des circonstances physiques des lieux qu’il parcourt ; il y mêle des considérations morales qui le montrent affranchi des lieux communs de son siècle, ou plutôt devançant l’esprit du siècle prochain.

517. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ce monde-ci est une pauvre mascarade… Ce pauvre homme (il s’agit d’un abbé Marini, un admirateur de Dante à Paris, et que pour cela Voltaire vient d’appeler un « polisson »), ce pauvre homme a beau dire, le Dante pourra entrer dans les bibliothèques des curieux, mais il ne sera jamais lu. […] Ampère, au milieu des diversités si riches de sa curieuse intelligence, revenait souvent à Dante avec une prédilection, ingénieuse toujours, et toujours munie de lumières nouvelles.

518. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Ce procédé qu’il emploie si bien avec l’empereur Alexandre, il l’applique un peu trop uniformément en général aux paroles de Napoléon ; il en a tant lu et vu de curieux échantillons qu’on aimerait à avoir le texte même, dût le papier en être déchiré quelquefois. […] Thiers en a eu sous les yeux les plus curieux exemples.

519. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Voici un curieux investigateur, M.  […] Je dois cependant avertir que depuis cette défaite des genres auxquels il s’était voué, Saint-Amant n’a pas cessé de garder çà et là des fidèles, et qu’il a même retrouvé en dernier lieu des admirateurs, ou du moins des curieux passionnés.

520. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Par le choix, par la méthode et le complet de ces collections, Marolles s’est placé au premier rang des amateurs et des curieux, et s’est acquis l’estime et la reconnaissance des artistes. […] Mais s’il n’eut qu’un œil pour voir, on peut dire qu’il s’en servit avec d’autant plus d’activité, toujours curieux et l’esprit à la fenêtre.

521. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Le plus curieux morceau du volume, et dont le passage principal était déjà connu par un écrit de M.  […] Elles ne sont curieuses qu’au point de vue biographique.

522. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Molé sans garanties suffisantes), à mes impressions personnelles, à l’insistance du roi, à l’urgence de la situation, et aussi à une disposition de ma nature qui est d’avoir trop de facilite à accepter ce qui coupe court aux difficultés du moment, trop peu d’exigence quant aux moyens et trop de confiance dans le succès. » Il est curieux, en le lisant, de remarquer comme ces formes de phrases se reproduisent involontairement sous sa plume : « J’ai la confiance de croire, etc. […] Molé : « La Coalition vient de porter un terrible coup au trône, et ce qu’il y a de curieux, ce sont des monarchiens qui l’ont réduite a ce piteux état… Ah !

523. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

« Quelquefois on n’y pensait plus, et il reparaissait triomphant avec le mot de l’énigme ; — et il riait de toutes ces originalités de studieux et de curieux avec une naïveté charmante. […] Cet aimable esprit, si curieux, si vacant, quoique possédé par un art spécial, et comme toujours aux regrets, nourrissait une tristesse intime, une plaie cachée.

524. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Ou bien encore, car son cas pathologique est curieux et appelle les comparaisons médicales, il est comme un homme qui aurait avalé un cent d’épingles ou plutôt de fines aiguilles, et toutes les aiguilles lui sortent après un certain temps par mainte issue et mainte voie douloureuse. […] Les curieux peuvent chercher dans la Revue anecdotique du 1er avril, pages 231-240.

525. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Schahabarim, qui sait d’Hamilcar que Salammbô ne doit pas être prêtresse et qu’elle peut d’un jour à l’autre devenir épouse, résiste à son curieux désir que ce refus ne fait qu’irriter. […] Flaubert, pour l’éclaircir et pour orienter les curieux, un instrument indispensable, une carte de Carthage, un plan de l’isthme, des localités et des monuments tels que l’auteur les a conçus : toute une partie estimable du livre y gagnerait.

526. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Cependant Ronsard pouvait encore faire quelque chose de son sujet, s’il y avait versé les sentiments généraux de cette nation qui depuis un siècle et demi commençait à prendre conscience d’elle-même, s’il avait su imiter la « curieuse diligence » de Virgile, et jeté toute la France, ses souvenirs, son âme et son génie dans ce mythe érudit. […] Il fait alterner la strophe de 6 vers avec celle de 4, ou, inversement, celle de 12 vers avec celle de 8 : parfois il fait alterner quatre longs vers avec six vers courts, etc. — Voir Odes, V, 33, un curieux artifice dans l’agencement des rimes ; ou IV, 31 ; ou encore IV, 17.

527. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Et les exemples de L’Hôpital, de Du Vair même, montrent combien l’amas des citations curieuses fut alors funeste au progrès de notre éloquence. […] Autour de ces idées fondamentales, il groupa une théorie générale des formes diverses du gouvernement, de fortes études sur les progrès et les révolutions des États, des réflexions curieuses sur l’adaptation des institutions politiques aux climats, enfin de très libérales doctrines sur l’impôt et l’égale répartition des charges publiques : si bien que ce livre, sans éloquence, sans passion, pesant, peu attrayant, fonda chez nous la science politique, et ouvrit les voies non seulement à Bossuet pour la théorie de la royauté française, mais à Montesquieu pour les principes d’une philosophie de l’histoire.

528. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss la rencontre en chemin, elle devient « la merveille unique entre toutes »  On sait que Perrault fut un esprit curieux et original, et nous goûtons tous la grâce parfaite des Contes de fées. […] Il est aussi curieux des mœurs des hommes qu’entêté du beau.

529. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Il ne faut donc pas le demander à ceux qui font profession de ne peindre que des réalités plates ou brutales, ou qui affectent de n’être curieux que du monde extérieur et de la plastique des choses. […] Alphonse Daudet a beaucoup d’esprit et qu’il est toujours à l’affût, il s’arrête et s’intéresse à des détails qui nous échapperaient ou que nous remarquerions à peine ; il nous fait trouver curieuses par la façon dont il nous les présente des choses tout ordinaires et qui nous auraient sans doute faiblement frappés ; il a, si j’ose dire, un merveilleux flair des petits drames obscurs dont fourmille la réalité.

530. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et, en même temps, il nous a montré un scélérat si élégant, d’une pâleur si distinguée dans son costume noir, si spécial par l’ironie sacrilège qu’il mêle à ses discours, que, si Elmire lui résiste, ce ne peut plus être chez elle dégoût et répugnance, et que, vraiment, en supposant cette jeune femme un rien curieuse, et de tempérament moins paisible, on aurait presque lieu de trembler pour elle… Oh ! […] (Et je pourrais ajouter que les figures les plus populaires ont été souvent créées par des esprits fort médiocres : tels Robert Macaire ou Joseph Prudhomme.) — Alphonse Daudet a conçu et fait vivre vingt personnages d’une vérité plus rare que Tartarin, d’une observation plus difficile, plus aiguë, plus curieuse ; et peut-être est-ce du seul Tartarin que les siècles se souviendront.

531. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Quel accueil Gargantua y reçoit des trop curieux et toujours badauds Parisiens ! […] Il est remarquable comme Rabelais veut que son royal élève soit en quête et curieux de toutes choses utiles, de toute invention moderne, afin qu’il ne se trouve empêché ni étonné nulle part comme tant de petits savants qui ne savent que les livres.

532. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Pour un simple observateur désintéressé, ce changement subit de rôles est extrêmement curieux. […] je suis en ce moment occupé à observer et à vérifier un fait curieux : Comment les générations évincées, si elles n’y prennent garde, passent vite à l’émigré du dedans, à l’ultra, au voltigeur de Louis XV, ou comment les ailes de pigeon leur poussent.

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