Dans le temps où Rousseau aigri accusait tout bas Mme de Luxembourg d’avoir changé à son égard, elle recevait de Voltaire, offensé de la protection qu’elle continuait d’accorder à son rival, une lettre jalouse. […] Dans une lettre écrite de Paris au poète Gray (25 janvier 1766), lettre toute émaillée de portraits et qui fait songer à la galerie de la Fronde de Retz, ou plutôt encore aux portraits de haute société de Reynolds et de Gainsborough, après avoir peint de sa touche la plus vive la duchesse de Choiseul et sa belle-sœur, la duchesse de Grammont, et bien d’autres, il continuait ainsi : « Je ne puis clore ma liste sans y ajouter un caractère beaucoup plus commun, mais plus complet en son genre qu’aucun des précédents, la maréchale de Luxembourg. […] je l’ai connue, je l’ai vue et goûtée cette société d’autrefois en quelques-uns de ses débris exquis, de ses derniers rejetons retardés, qui se continuaient sur plus d’un point dans la société nouvelle.
Ces constructeurs ne disposaient nullement des moyens de toutes sortes qu’avaient eus à leur service les Romains, ces puissants dominateurs ; ils n’avaient ni les mêmes matériaux, ni les mêmes facilités de transport, ni les mêmes aides ; ils avaient à pourvoir à des besoins tout spéciaux, nés d’une civilisation nouvelle et toute locale, toute morcelée encore : ils profitèrent des traditions sans doute, ils continuèrent d’insister tant qu’ils purent sur les errements du passé, et là où ils ne purent continuer, ils s’ingénièrent, ils tâtonnèrent et firent des essais ; ces essais souvent étaient des écoles, ils se redressèrent. […] Viollet-Le-Duc, en étudiant de près la construction des édifices de cette époque, qu’il eut plus d’une fois à rebâtir à son tour, a très bien vu et démontré qu’il n’y avait pas à chercher si loin une explication dont la clef est dans la nature même des choses ; que cet art gothique s’était formé graduellement et avait été, pour ainsi dire, commandé par la nécessité, du moment qu’on ne s’arrêtait pas et que le progrès continuait.
On est au commencement de l’année 1691, année des plus accidentées et des plus pénibles, mal inaugurée en janvier par la tentative manquée sur Veillane, relevée et signalée en mars-avril par la prompte et brillante conquête de Nice, qui se fit comme d’un revers de main, continuée et poursuivie en Piémont avec des succès divers et fort balancés. […] mon ami, je crois qu’il faut que je continue à vivre comme j’ai vécu… Défais-moi des propositions de mariage et laisse-moi la liberté : j’appelle assurément liberté que d’être garçon. […] Catinat s’en fâcha : « Tes lettres cérémonieuses me chagrinent ; comme je les lis toujours de la vue, j’y mets le tu et le toi, à la place du vous ; de bonne foi je ne te ferai plus réponse si tu continues… Tu te moques de moi de penser à m’écrire autrement qu’à l’ordinaire. » Catinat connut bientôt des circonstances particulièrement flatteuses pour lui dans cette nomination du roi, et il les apprit de l’intendant des vivres Bouchu, qui était l’homme de son armée.
Il continue : « J’ai été élevé à la Cour d’Auguste, et j’ai passé ma première jeunesse à Varsovie. […] On vint à parler des plans que j’avais levés, et le roi dit à M. de Schulenburg que tous ceux qu’il lui enverrait fussent faits de ma main. — « Je veux, continua-t-il, que vous me secouiez ce drôle comme il faut et sans aucune considération ; cela le rendra dur au mal. […] Lui qu’on a appelé d’Argenson la bête, il continue le portrait en refusant au comte de Saxe l’esprit : « Il a peu d’esprit, dit-il, il n’aime que la guerre, le mécanisme12, et les beautés faciles.
Villemain, à ce devancier heureux, dont il diffère d’ailleurs avec originalité, et qu’il a pu même continuer d’autant mieux pour sa part qu’il le rappelle moins. […] Aussi, leur œuvre patiente est illisible pour les gens du monde, je dirai même qu’elle l’est pour les savants, surtout d’une manière continue et dans le détail ; il faut en avoir besoin absolument sur un point pour s’y plonger. […] Là-dessus le Père Sirmond, loin de se tenir pour battu, publia au long l’histoire de cette secte que les contradicteurs ne continuèrent pas moins d’appeler fabuleuse.
Il y aurait une manière bien simple, bien commode, et à la fois bien juste, de recommander ces volumes ; nous nous hâterions de dire qu’à une grande variété de sujets sur lesquels le critique a répandu tous les assortiments d’une érudition exacte et fine, se joint le mérite d’un style constamment net, rapide, élégant ; que la nouveauté des points de vue n’exclut en rien les habitudes et les souvenirs de la plus excellente et de la plus classique littérature ; que l’ancienne critique s’y trouve toute rajeunie, en ayant l’air de n’être que continuée. […] La question dite romantique n’est restée aussi parfaitement présente à aucun autre critique, et nul ne continue d’y porter un coup d’œil plus vigilant, plus scrutateur et moins désespéré. […] C’est pour avoir visé au sceptre-férule dont nous parlions et pour en avoir trop joué, qu’il en a coûté cher à La Harpe ; mais quand on a borné son ambition à n’être que des meilleurs, comme Guinguené, Suard, on n’est pas tout à fait déçu dans ses vœux, et ces destinées-là, telles que nous les voyons se dessiner dans un horizon déjà lointain, ont quelque chose qui continue de s’éclairer doucement aux yeux du sage.
Même lorsqu’il fut retourné et fixé à Riom comme lieutenant-criminel du bailliage, il continua d’entretenir avec Paris des rapports fréquents, que son mariage multiplia encore8. […] Dès ce jour, le jeune homme se trouva l’un de ceux qui ne devaient pas continuer purement et simplement le xviiie siècle ; il appartenait déjà d’esprit et de cœur au groupe qui allait avec mesure, mais non sans éclat, s’en séparer. […] Guizot, continuait pourtant lui-même l’histoire philosophique, tout en la transformant ; il analysait les faits, les élevait à l’idée, les réduisait en éléments, les groupait enfin et les distribuait selon les vues de l’esprit ; mais, comme cet esprit était très-étendu, très-perçant, très-impartial dans l’ordre des idées, il évitait cette direction exclusive qu’on reprochait aux écrivains du xviiie siècle.
On se retrouve à de certaines ouvertures du feuillage ; on se regarde un moment, on se touche la main ; et l’on continue derrière le riant rideau. » Il lui parlait souvent ainsi, essayant d’orner et d’introduire une part de raison durable dans la passion toujours vive, et rien alors ne semblait plus manquer à leur vie embellie. […] Et, pour continuer sa plainte et la tirer tout entière, il aurait fallu les pleurs d’Orphée. […] Non, et si les obstacles qui séparent notre existence cessaient, si celui d’Amérique mourait demain dans son exil, je ne voudrais pas, au taux de cette tendresse que vous m’offrez sans passion, je ne voudrais pas des douceurs d’un commerce et d’une union continue.
Joubert continue de s’analyser lui-même avec une sorte de délices qui sent son voisin bordelais du xvie siècle, le discoureur des Essais : « Je m’occupais ces jours derniers à imaginer nettement comment était fait mon cerveau. […] Il continua de lire, de rêver, de causer, de marcher, bâton en main, aimant mieux dans tous les temps faire dix lieues qu’écrire dix lignes ; de promener et d’ajourner l’œuvre, étant de ceux qui sèment, et qui ne bâtissent ni ne fondent : « Quand je luis, je me consomme. » — « J’avais besoin de l’âge pour apprendre ce que je voulais savoir, et j’aurais besoin de la jeunesse pour bien dire ce que je sais. » Au milieu de ces plaintes, sa jeunesse d’imagination rayonnait toujours sur de longues perspectives : De la paix et de l’espérance Il a toujours les yeux sereins, disait de lui Fontanes en chantant sa bienvenue à Courbevoie. […] Joubert cette série française, ouverte aux Maximes de La Rochefoucauld, continuée par Pascal, La Bruyère, Vauvenargues, et qui se rejoint, par cent retours, à Montaigne.
Par malheur ces poèmes se continuent par des récits de plus en plus romanesques, extravagants et grossiers ; et quand ce n’est pas la fantaisie des auteurs qui falsifie l’histoire, c’est leur cupidité : il leur arrive de prendre de l’argent, des barons qui veulent être nommés dans leurs prétendues chroniques59. […] Et les chansons de geste furent reléguées peu à peu à l’usage des classes inférieures, qui continuèrent d’y prendre plaisir, parce qu’elles continuaient d’y avoir foi, et ne lisaient pas les histoires.
Le même genre de plaisanteries continue entre ces deux personnages. […] Molière continue et lit que le milicien, bien traité à l’hôpital, est maintenant en pleine convalescence. […] Continuons à suivre ses premiers pas dans la route où il marche rapidement.
Il ne s’agit pas de renaître, mais de continuer à vivre : l’esprit moderne, la civilisation est fondée à jamais, et les plus terribles révolutions ne feront que signaler les phases infiniment variées de ce développement. […] Il n’a tenu qu’à un fil qu’il n’y eût pas de Moyen Âge et que la civilisation romaine se continuât de plain-pied. […] Mais il est infiniment plus probable que la civilisation moderne sera assez vivace pour s’assimiler ces nouveaux barbares qui demandent à y entrer et pour continuer sa marche avec eux.
Oui, elle a cent deux ans, et elle continue toujours de faire le bien. Servante depuis l’âge de seize ans dans une famille d’abord riche, elle a donné ses économies à ses maîtres ruinés ; elle continue sans gages son œuvre de fidélité. […] Avec une persistance sans égale, le malheur continue à frapper les deux jeunes filles à leur entrée dans le monde ; l’une d’elles, au moins, tombe dans une misère navrante.
Mais un document plus authentique et plus frappant de l’aversion de madame de Maintenon pour le système suivi contre les protestants, et de la honte qu’elle inspira au roi des excès qui continuèrent après la révocation de l’édit de Nantes, c’est la tragédie à Esther qu’elle fit composer par Racine pour la maison de Saint-Cyr, et qui y fut représentée devant le roi. […] La Fontaine seul continuait ses œuvres galantes, faisait des vers à toutes les femmes célèbres par leurs galanteries, à tous les grands dissolus. […] La société polie ne pourra pas plus empêcher tout ce désordre et cette hypocrisie, qu’elle n’a pu empêcher la licence effrontée : mais elle subsistera, se continuera, se propagera pour la satisfaction des bons esprits, des cœurs honnêtes, et l’honneur de la nation.
Ce qu’il y a de joli dans Le Vieux Célibataire, et de tout à fait engageant, c’est le refrain : Allons, Babet… , qui s’attache à la mémoire et qui continue longtemps de chanter en nous. […] On pourrait continuer cette manière de critique sur la plupart des pièces, et je ne fais qu’indiquer la voie. […] Il n’excelle que là où il faut surtout de l’esprit : ailleurs, là où il faudrait de l’élévation continue, il a des élans, de l’effort, même des traits sublimes, mais aussi des entorses et des faux pas.
Et il continue durant deux pages sur ce ton de noël et de litanie : Ô nuit désastreuse pour la grand-chambre, les greffiers, les huissiers, les procureurs, les secrétaires, sous-secrétaires, les beautés solliciteuses, portiers, valets de chambre, avocats, gens du roi, pour tous les gens de rapine ! […] » et il continue de mêler le nom de Jésus dans son invective. […] Il continua comme pamphlétaire son métier de délateur.
… » Et il continue par un éloge des mieux sentis. […] Elle s’était asphyxiée dans l’appartement dépendant du couvent des Saintes-Claires à Gien, qu’elle continuait d’habiter. […] Il fut très longtemps à la lire ; je le fixais avec la plus grande attention : son visage pâlissait et se décomposait de temps à antre ; il se remettait, il continuait à lire, ensuite soupirait, toussait, crachait, et finissait par affecter du caractère.
Après le dîner, continue le narrateur, M. de Meilhan ayant amené la conversation sur la politique et l’administration, tout ce qui avait pu frapper d’abord comme ridicule dans l’extérieur de Mirabeau disparut à l’instant : on ne remarqua plus que l’abondance et la justesse des idées. […] Mais il n’est pas une action dans ma vie, et même parmi mes torts, que je ne puisse établir de manière à faire mourir de honte mes ennemis, s’ils savaient rougir. — Croyez-moi, monsieur le marquis, si ce n’est qu’ainsi qu’on veut m’arrêter, ma course n’est pas finie, car je suis ennuyé plutôt que las, et las plutôt que découragé ou blessé ; et si l’on continue à me nier le mouvement, pour toute réponse je marcherai. […] Mais ici ce n’était point le cas : il lui fallait continuer et afficher en public un rôle qu’il abdiquait en secret.
Il est vrai qu’ils la laissèrent sous la conduite d’une parente… L’oncle a été ici changé en parente ; mais le reste continue de se rapporter à elle : En effet, Madame (c’est un récit qu’un des personnages est censé adresser à la reine de Pont), je ne pense pas que toute la Grèce ait jamais une personne qu’on puisse comparer à Sapho. […] On ne saurait rien conclure des compliments que Mme de Sévigné et Mme de Maintenon adressaient à Mlle de Scudéry vieillie : ces personnes de bonne grâce et de haute convenance continuaient de respecter en elle, quand elles lui parlaient en face, une des admirations de leur jeunesse. […] Elle continua de vieillir et de survivre à sa renommée, étant véritablement ruinée au-dehors, mais jouissant encore de la gloire dans sa chambre et à huis clos.
» Il assigna aux 10 000 hommes du maréchal des mouvements et des positions, et, sur la remarque que lui fit Marmont que, loin de disposer de 10 000 hommes qu’il n’avait plus depuis longtemps, il n’en avait guère alors que la moitié, l’Empereur (soit calcul, soit oubli) continua de raisonner dans la supposition des 10 000. […] Marmont, dès les premiers mots, comprit que cette décision changeait tout, et qu’il ne pouvait continuer de s’isoler en négociant. […] On est revenu de bien des illusions aujourd’hui, et je continuerai pourtant de parler des Ordonnances de Juillet à peu près comme on en pensait alors.
Après l’avènement du ministère Polignac, Le National fut fondé exprès pour reprendre et continuer cette opération de sape, et pour préparer la substitution. […] Il est un point très décisif qu’il reconnut ensuite, mais dont il laissa passer alors le moment, et qui devait trancher le caractère de l’institution de Juillet, c’était de savoir si, au lendemain des journées, et après l’acceptation du pouvoir par le duc d’Orléans, on ferait, sous le coup même de l’impression de ces journées, et avec une loi électorale plus ou moins élargie, des élections nouvelles, si on donnerait à une situation, toute nouvelle en effet, une Chambre de même origine, ou bien si l’on continuerait de gouverner avec la Chambre antérieure et déjà un peu dépassée des 221. […] Voici le point très net : ne point continuer la Chambre née avant les événements, ne point la proroger, mais la dissoudre franchement, et consulter l’opinion vive du pays ; obtenir de lui la même Chambre à très peu près peut-être, mais retrempée et munie d’un droit incontestable.
En 1694, il est nommé recteur de l’Université, et il est continué dans cette dignité durant deux ans. […] Voltaire, injuste cette fois, écrivait à Helvétius (24 mars 1740) : « Le janséniste Rollin continue-t-il toujours à mettre en d’autres mots ce que tant d’autres ont écrit avant lui ? […] Je fais comme Rollin, et, en présence de cette éloquente et vraiment belle page si peu connue, je ne me lasse point de copier : Déjà, continue-t-il, ils nous révèlent, malgré eux, toute la tristesse de cette indépendance que l’orgueil avait proclamée au nom de leur bonheur, et rendent témoignage à la sagesse d’une éducation si bien assortie aux besoins de l’homme, qui préparait à l’accomplissement des devoirs par de bonnes habitudes, hâtait le développement de l’intelligence sans le devancer, et retenait chaque âge dans les goûts qui lui sont propres.