Les premiers sectateurs en font d’autres qui font ensuite des disciples, qui croïent souvent être fermement convaincus d’une verité dont ils n’ont pas compris une seule preuve. […] Un peu de refléxions leur a fait differer d’attaquer encore si-tôt le sentiment general qui leur paroissoit une pure prévention, et un peu de méditation leur a fait comprendre qu’ils ne s’étoient cru plus clairs-voïant que les autres, que parce qu’ils n’étoient pas encore assez éclairez. […] Il ne sçauroit comprendre que les gens sages l’aïent loüé, et il se promet d’empêcher le mal et de procurer le bien mieux que lui.
Car, comme chacun de ces chiffres comprend tous les cas particuliers indistinctement, les circonstances individuelles qui peuvent avoir quelque part dans la production du phénomène s’y neutralisent mutuellement et, par suite, ne contribuent pas à le déterminer. […] Il ne comprend qu’un groupe déterminé de phénomènes. […] Notre définition comprendra donc tout le défini si nous disons : Est fait social toute manière de faire, fixée ou, non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles 14.
Quand on a eu ce courage, on comprend pourquoi ces Instituts ridicules demandent à cor et à cris la Décentralisation ; on comprend pourquoi ils fulminent contre la Centralisation, c’est-à-dire contre Paris. […] Que je comprends bien cette parole d’un jeune écrivain plein de sève et de fougue, qui était venu passer six mois dans un département du Midi, six mois de commerce journalier avec des gens qui ne hasardent jamais une idée sans s’être assurés qu’elle a pour elle la prescription : « Si je devais rester ici trois mois de plus, je n’aurais plus la force de produire une pensée. » C’est grâce à la centralisation — maudite et honnie — que sont possibles ces hardies innovations où se retrempent les littératures fatiguées.
Il est aussi capable qu’un autre de saisir le fin des choses et d’en pénétrer la profondeur ; mais il ne se paie pas de mots et veut comprendre avant d’admirer. […] La langue française est sans contredit une des plus obscures, si j’en juge par certains ouvrages que je comprends peu. […] Elle perd de jour en jour le goût de l’art ; non seulement elle ne le comprend plus, mais elle le méprise ; elle n’a pour lui que la froideur de l’indifférence ou le sourire protecteur du dédain.
Dans la lueur cruelle du bon sens de la dernière heure, Mme Sand l’aura-t-elle compris ? Mais qu’elle l’ait compris ou non, peu importe, du reste ! […] Quoique nous pensions qu’en fait de femmes, le Christianisme ait mieux compris que qui que ce soit leur destinée, en les internant dans le sentiment ou en les déportant dans les vertus, nous voulons pour elles être moins cruel que saint Paul qui disait : Contineant in silentio.
Philosophie peu compliquée qui succède à toutes les autres et vient engloutir les systèmes qui demandaient au moins un effort de cerveau pour les créer ou pour les comprendre, elle est simple comme les quatre planches très simplement jointes qui forment un cercueil ! […] Bien des esprits ne comprendront rien, sans doute, à cette attitude silencieuse et expressive, à cette impersonnalité du penseur, dont la tête doit bouillonner et qui se contente d’être un réflecteur impassible. […] Quant à nous, qui avons cherché dans le livre de Huc une occasion d’être juste envers un pays pour lequel nous n’avons jamais éprouvé de respect ni de sympathie, ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce peuple, qui a le mouvement sans la vie, c’est l’esprit, — c’est ce genre de pensées qui ne viennent pas du cœur, par opposition avec les grandes qui en viennent et qui constituent le Génie, — c’est l’esprit comme les vieilles civilisations le comprennent, volatil, brillant, chatoyant, agaçant comme un diamant aux lumières, affilé comme un dard, passant comme une flamme, ou qui reste comme un parfum.
Comme l’homme au projet de paix perpétuelle et comme beaucoup d’autres rêveurs d’une date moins ancienne et qu’il vante dans son livre, il ne comprend rien à ce grand fait de la guerre qui, à lui seul, est toute une philosophie. Il ne le comprend ni dans l’ordre politique, ni dans l’ordre moral, ni dans l’ordre domestique. […] Hors le christianisme, y a-t-il un idéal de société, en d’autres termes, une société digne de ce nom, dans son sens absolu et métaphysique, et, s’il n’y en a pas d’autre, cette unique société est-elle soumise ou ne l’est-elle pas à la loi du progrès indéfini, comme les philosophes la comprennent ?
Quand l’homme ne comprend plus rien à la vie, il invente et il applique, à tort et à travers, le mot de destin… Et il en est de même pour la Gloire, bien souvent aussi incompréhensible que la vie. […] Les frères Glady ont compris leur affaire, — et lui, la sienne. […] Le récit de Manon Lescaut n’a pas l’air de se comprendre… Il va toujours son amble tranquille, chargé de choses dégoûtantes, comme le mulet chargé de reliques, et ce malheureux récit, qui ne se doute de rien, s’en revient toujours de Pontoise… Est-ce cela que Dumas appelle de la candeur ?
Il avouait qu’à ce galimatias bizarre il ne comprenait rien. […] Bref, il ne s’agit plus de juger, mais de comprendre. […] Sa gentille amie pleure de ne pas le comprendre. […] Non : tous se comprenaient, s’entendaient fraternellement ! […] Il les comprend, comme il est possible de les comprendre : il ne feint pas de les comprendre davantage, il les comprend, par ce moyen, le seul que nous ayons, par le moyen de la ressemblance qu’il a trouvée entre eux et nous.
Lorsque M. de Chateaubriand revint de Rome à l’avènement du ministère Polignac, j’allais le voir quelquefois les matins : j’essayais de lui faire agréer les idées et comprendre le sens novateur de la jeune école romantique à laquelle il n’était guère favorable ; il avait fort connu Victor Hugo, mais il ne le voyait pas alors ; je faisais de mon mieux ma fonction de critique-truchement et négociateur. […] Figurons-nous un monde charmant, une société d’élite, un vieillard illustre et glorieux qui se sentait heureux d’être compris et goûté par des hommes plus jeunes et qui n’étaient pas tout à fait ses disciples.
Et je restai longtemps, longtemps sans la comprendre, Et longtemps à pleurer son secret sans l’apprendre, A pleurer de sa mort le mystère inconnu, Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu… Et ce cœur, d’avance voué en proie à l’amour, où pas un chant mortel n’éveillait une joie, voilà comme elle nous le peint en son heure d’innocente et muette angoisse : On eût dit, à sentir ses faibles battements, Une montre cachée où s’arrêtait le temps ; On eût dit qu’à plaisir il se retînt de vivre ; Comme un enfant dormeur qui n’ouvre pas son livre, Je ne voulais rien lire à mon sort ; j’attendais, Et tous les jours levés sur moi, je les perdais. […] Il n’y a d’image un peu hasardée que celle de ce jeune platane qui, de sa tête diaphane, fait un bandeau à des pleurs ; et encore on passe cela et on le comprend à la faveur de la fenêtre sans rideau qui vous a saisi.
Et des mots qu’ils comprennent tant mal que bien, combien y en a-t-il qui soient à leur usage ? […] L’association qui lie une idée et une expression ne se fait chez eux que dans un sens, et comprendre l’expression n’entraîne pas la capacité d’exprimer l’idée.
Maintenant nous pouvons bien comprendre ce que c’est que l’étendue dans tous ces cas. […] Dans l’idée d’espace est comprise l’idée d’infini.
Par conséquent il ne pouvait comprendre qu’il y eût antre chose à faire qu’à s’assurer dans la pleine jouissance de l’œuvre du dix-huitième siècle. […] Mais on comprend que ces choses ne peuvent être complètes que sous la loi chrétienne.
Il n’a pas compris que son livre, qu’il croyait être une justice, une reconnaissance et à la fois tous les sentiments prosternés, n’était pas en proportion réelle avec cet homme d’ubiquité, cet homme qu’on retrouve partout et qui s’appelle Voltaire. Il n’a pas compris qu’à part même le talent de l’exécution il ratait une apothéose.
Il écoute, s’aperçoit qu’ils se tutoient, comprend tout, et meurt soudain d’une vieille maladie de cœur. […] Nous avons mis longtemps à comprendre le charme de la danse, mais il semble que nous y arrivons enfin. […] Personne n’y comprenait rien et surtout les malheureux dont les actes discutables semblaient justement demander une certaine discussion. […] On peut admirer ou ne pas admirer, mais il faut en tout cas renoncer à comprendre. […] Des villes américaines sont déjà ainsi comprises.
L’œuvre de Lasserre, abondante, comprend également cinq romans dont la plupart sont situés dans son Béarn natal. […] Mais le malheureux Jean-Jacques, « né avec un sang embrasé », ne devait jamais comprendre le danger d’impatienter une femme d’esprit. […] Celui qui ne l’a pas surpris sa mimique d’abjection ne comprend rien aux célèbres qu’il consacre à sa vertu. […] Je n’ai pas une tête formée pour le comprendre. […] Mais voilà bien ce que Constant, qui comprend tout, ne veut pas entendre
Mais nous comprendrons pourquoi le Bouddhisme n’est pas un mysticisme complet. […] L’humanité ne comprend bien le nouveau que s’il prend la suite de l’ancien. […] On comprend donc qu’ayant mis au-dessus du monde sensible une hiérarchie d’Idées dominées par cette Idée des Idées qu’est l’Idée du Bien, Platon ait jugé que les Idées en général, et à plus forte raison le Bien, agissaient par l’attrait de leur perfection. […] Car si notre corps est la matière à laquelle notre conscience s’applique, il est coextensif à notre conscience, il comprend tout ce que nous percevons, il va jusqu’aux étoiles. […] Ils mettront du temps à comprendre que leur thèse avait été extraite telle quelle du langage courant.
Comment donc comprendre cette fuite obstinée au désert, en plein Paris ? […] Comme poète, il comprend Dieu, même quand il a cessé d’y croire. […] On ne sait au juste ce qu’il faut comprendre, ce qu’il faut penser. […] La seconde partie comprend également trois livres : Pauca meæ, En marche, Au bord de l’infini. […] Voilà ce que ne semble pas avoir compris M.
Deux parts sont à faire dans l’histoire des savants : le côté sévère, proprement historique, qui comprend leurs découvertes positives et ce qu’ils ont ajouté d’essentiel au monument de la connaissance humaine, et puis leur esprit en lui-même et l’anecdote de leur vie. […] Il savait donc et il sut toujours, entre autres choses, tout ce que l’Encyclopédie contenait, y compris le blason. […] En reportant son regard, du haut de la montagne de la vie, vers ces sciences qu’il comprenait toutes, et dont il avait agrandi l’une des plus belles, il put atteindre un moment au bonheur serein du sage et reconnaître en souriant ses domaines. […] Qui a vu Dupuytren et Cuvier comprendra ce que je veux rendre. […] — Ceux qui l’ont entendu, à ses leçons, dans les dernières années au collège de France, se promenant le long de sa longue table comme il eût fait dans l’allée de Polémieux, et discourant durant des heures, comprendront cette perpétuité de la veine savante.
Elle pouvait les anéantir complètement en une campagne ; elle eut le tort inexplicable de les trop ménager dans un intérêt de coton et de balance de commerce que nous ne comprenons pas bien, et dont nous devons nous défier puisqu’il est britannique ; elle fit la paix. […] La France ne l’a pas comprise, pourquoi ? […] Il me semble qu’il s’irrite de n’être pas compris. […] Ils parlaient anglais ; l’Indien ne comprenait pas un mot de cette langue. […] Il parut d’abord grandement alarmé : il nageait d’un côté, puis de l’autre, sans s’arrêter, et semblait comprendre tout le danger de s’attaquer, cette fois, à un objet aussi suspect.
Il y a d’autres hommes qui sont nés pour comprendre, et qui ne s’en lassent jamais. […] Il aime ce petit roi, frôle, délicat et généreux ; mais il ne comprend rien à ce qu’il fait là. […] Ils se seraient probablement très bien compris l’un l’autre. […] Que mon esprit travaille à les comprendre. […] Ils étaient d’accord sur les idées religieuses et morales dérivant de la notion d’infini, comprise et sentie comme jamais elle n’avait été comprise ni surtout sentie encore.