Tout cela est fort sensé assurément, s’il prévoit qu’un jour il cessera d’aimer Régina ; mais, s’il doutait de lui-même, il ne devait pas enivrer d’amour la femme qui se donnait à lui tout entière, qui abandonnait son cœur à l’espérance d’un bonheur infini. […] Ou elle trouvait Ruy Blas assez beau pour l’aimer, et, dans ce cas, laquais ou grand d’Espagne, elle doit continuer de l’aimer ; ou elle était convaincue de son génie politique, et, dans ce cas, comment cesse-t-elle d’admirer Ruy Blas parce qu’il a porté la livrée ? […] Le dramatiste est sans cesse rappelé à son devoir par les deux mille spectateurs qui ont les yeux fixés sur la scène ; s’il oublie son héros pour arranger des paroles sonores, ou des images coquettes, il est puni par l’indifférence ou par les railleries du parterre, et la rapidité du châtiment ne lui permet pas de mettre en doute la réalité de sa faute. […] Hugo nomme le sommeil de Dieu, est loin de pouvoir se comparer à la peinture du printemps ; l’émotion cesse pendant quelques pages, pour renaître au moment où l’auteur commence un hymne à la louange de la Charité.
Et il n’a pas cessé pour cela d’être romantique ! […] M. de Vogüé, Heures d’histoire, Paris, 1893]. — Il lui appartient encore par son Histoire des Girondins, 1847 ; — où sans doute l’histoire est étrangement défigurée ; — mais dont un poète seul pouvait écrire certaines pages ; — et il lui appartient enfin par ses romans personnels ; Raphaël, 1849 ; — Les Confidences, 1849 ; — Les Nouvelles Confidences, 1851 ; — Graziella, 1852. — Mais, à partir de cette date, — réduit, comme on disait jadis, à « travailler pour le libraire », — on trouve sans doute quelque ressouvenir de son passé dans ses livres et dans ses journaux ; — et on y trouve surtout plus de critique et de jugement qu’on n’affecte parfois de le croire ; — mais il a cessé d’agir sur l’opinion ; — et, près de quinze ans avant sa mort, — son rôle littéraire est terminé. […] L’influence de Balzac. — Toutes ces raisons expliquent la profondeur de son influence ; — et en effet, depuis soixante ans que sa réputation a commencé de percer, — on n’a pas écrit, en France ou ailleurs, de romans qui ne semblent procéder du roman de Balzac ; — et même tout roman, ou toute espèce de roman qui n’en procédait point, s’est trouvé par cela même et par cela seul déclassé. — Psychologiques ou intimes, il y a du Lys dans la vallée dans tous les romans de ce genre ; — il y a quelque chose d’Eugénie Grandet ou de La Cousine Bette dans tous les romans qui se donnent comme une étude de caractère ; — et c’est à la Dernière Incarnation de Vautrin que remonte la généalogie de tous nos romans policiers ; — à moins qu’ils ne dérivent d’Une ténébreuse affaire. — En revanche, depuis Balzac, le roman d’aventures a cessé d’être un genre littéraire ; — et le roman sentimental est devenu une espèce tout à fait inférieure ; — le premier en raison de l’arbitraire de ses combinaisons ; — le second, parce qu’il est toujours une « confession » du romancier ; — et tous les deux parce qu’ils ne sont que des représentations mutilées ou illusoires de la vie. — Mais il y a mieux encore ; — et toute une génération d’hommes qui avait appris à lire dans les romans de Balzac, — y a comme appris à vivre ; — et pour user de l’expression d’un illustre naturaliste [Louis Agassiz], — ses personnages sont devenus des « types prophétiques » ; — depuis ses « Gaudissart » jusqu’à ses « Rastignac » et ses « Rubempré ». — Nous les coudoyons encore dans la vie quotidienne ; — ils se sont modelés sur les héros de Balzac ; — et c’est ainsi que, bien plus qu’il ne le croyait lui-même, « il a fait concurrence à l’état civil » ; — ce qui est sans doute le suprême éloge que l’on puisse donner à un artiste créateur.
Naudé avait toujours admiré et vénéré Campanella (ardentis penitus et portentosi vir ingenii, comme il l’appelle sans cesse), Campanella novateur et investigateur en toutes choses, en philosophie, en ordre social, conspirateur et chef de parti un moment239, et qui du fond d’un cachot obscur retraçait et rêvait sa Cité du Soleil.
Alors arrivèrent aussi Cherubino et le Milanais, qui répétait sans cesse : Je suis puni par où j’ai péché, et je serai excommunié, parce que je n’ai pas fait ma prière du matin !
Les choses se définissent en général par les actes qu’elles accomplissent et ceux qu’elles peuvent accomplir ; dès que leur aptitude antérieure vient à cesser, on ne peut plus dire qu’elles sont les mêmes : elles sont seulement comprises sous un même nom.
Il vit toujours et sans cesse dans les grandes natures pour élever vers lui les natures inférieures. » « Je ne suis pas plus amateur de la philosophie populaire.
Vous avez raison de penser que l’avenir des lectures est lié en grande partie à celui de notre littérature, et réciproquement les lecteurs du peuple préparent leur public à goûter une littérature saine et sérieuse, que produiraient des contemporains ; et il faut d’autre part que les producteurs ne viennent pas sans cesse, par de plats feuilletons ou de malpropres romans, détruire les résultats laborieusement acquis de la lecture publique.
Un être à l’état de repos total, un être qui ne subit absolument aucun changement est mort, et une conscience qui est devenue stationnaire est une conscience qui a cessé.
Plongez-le à chaque instant dans le fleuve du Léthé, ou supposez que, soit par un arrêt de développement cérébral, soit par une lésion cérébrale, l’animal s’oublie sans cesse lui-même à chaque instant : les images continueront de surgir dans sa tête ; il y aura des liens cérébraux entre ces images et certains mouvements parle seul fait que, une première fois, images et mouvements auront coïncidé : l’animal aura donc, à chaque instant, un ensemble de représentations et accomplira un ensemble de mouvements déterminés par des connexions cérébrales, le tout sans la représentation de succession… Cet état, quelque hypothétique qu’il soit, doit ressembler à celui des animaux inférieurs.
Et aussitôt les conversations cessent, l’échange des idées s’arrête, et chacun redevenu silencieux, les yeux sur l’horloge, n’a plus d’attention que pour la marche invisible de l’aiguille sur le cadran, et son troublant rapprochement de la dix-huitième minute.
C’est en le lisant sans cesse qu’on peut se former un goût parfait & se préserver de la contagion du faux esprit qui regne dans tant d’écrits modernes.
Mais à mesure que les arts sont déchus en Italie, les places et les professions de ces grands hommes ont cessé d’être remplies et d’être exercées par des sujets d’un aussi grand mérite.
… Et toute sa vie il remania ses plus belles pièces avec la fureur amoureuse d’un homme qui adore l’Idéal, et qui n’a cessé de le poursuivre que quand il s’est trouvé face à face avec Celui qui est la source de tout Idéal !
Elle implique qu’à aucun moment on ne perdra de vue l’idée de réciprocité et que par conséquent on ira sans cesse de Pierre à Paul et de Paul à Pierre, les tenant pour interchangeables, les immobilisant tour à tour, ne les immobilisant d’ailleurs que pour un instant, grâce à une oscillation rapide de l’attention qui ne veut rien sacrifier de la thèse de la Relativité.
Andromaque, sublime, sans être au-dessus de l’humain, héroïne sans cesser d’être femme, était la véritable nouveauté de cette tragédie ; type charmant, sorti du cœur le plus tendre et de l’esprit le plus délicat de son temps.
— une pensée machinale et qui se répète sans cesse au dedans de vous.
Il s’est montré causeur, fin, délicat, ténu, argutieux presque, et parlant des choses, avec le tour d’une pensée qui a cessé d’être française et qui s’est faite italienne.
En littérature, comme en tout, il faut que cesse le règne des mots abstraits. […] Lorrain n’a jamais cessé d’aimer son pays natal et d’y faire de fréquents voyages.
Il n’était qu’au seuil de la vieillesse, et s’il avait cessé de produire, ou, du moins, de publier, depuis dix ans, on pouvait croire, et l’on croyait plutôt à une certaine prudence mêlée d’une certaine coquetterie (si rare qu’on est dispensé d’en médire), qu’à une lassitude et à un affaiblissement de son beau génie. […] N’oubliez pas que la moitié des pièces de Molière sont des pièces à thèse, sans cesser d’être des études de l’âme humaine. […] , puis les époques grises et ternes où « Marianne cessait de soigner ses dessous » ; puis enfin l’époque actuelle ; tout cela est infiniment curieux, juste et suggestif.
Modifiés par l’hérédité, par une sommé sans cesse croissante de connaissances transmises ou acquises, nous avons passé par des états de conscience inconnus aux hommes que n’a pas visités la civilisation. […] Peu à peu le métier dramatique s’encombre de formules qui vont en se compliquant de plus en plus, et les règles d’autrefois se réduisent à une foule sans cesse grossissante de procédés. […] Tous les arts modernes, ainsi que toutes les sciences, ne cessent de croître en complexité et en hétérogénéité.
Une figure de l’Echo — ou du moins l’image que je m’en faisais, — entrevue entre des arbres dans un bois de chênes-liège, répétait la musique, aussitôt qu’elle cessait, une, deux, trois fois, sur une note moqueuse.
* * * — Un chalet d’opéra-comique et de vaudeville, sur le balcon duquel on s’attend toujours à voir des groupes chanter une ronde, comme au théâtre, en levant au ciel des flûtes de Champagne ; un jardin qui n’est presque qu’une salle à manger en treillage, avec des médaillons de célébrités en terre cuite, fouillés par Garrier-Belleuse : c’est le chalet de l’administrateur des eaux, C…, une maison dont on tourne sans cesse le bouton de cuivre, maison toujours mangeante, chantante, recueillant au passage toutes les notoriétés, et toutes les voix jeunes et vieilles : hier les frères Lionnet, aujourd’hui le vieux Tamburini !