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789. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Excès de travail, mécontentement des hommes, ou pour quelque autre cause que ce soit, il semble aussi qu’en ce temps-là il ait côtoyé tout près de la folie. […] Même dans ceux de ses romans où il les maltraite, c’est leur cause, encore et toujours, qu’il plaide. […] À cet égard même il avait un principe : c’était que l’esprit romanesque est la véritable et même l’unique cause de la perdition des femmes. […] Paul Desjardins lui-même fait défaut à la cause du « devoir présent » ? […] c’est une cause de perturbation qui s’ajoute à tant d’autres pour compliquer les calculs des savants.

790. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Ces personnages sont des âmes ; leurs passions ne relèvent point de causes sensibles. […] Or les émotions, dans notre âme, sont inséparables de leurs causes, des idées qui les provoquent. […] La cause en est surtout dans ce caractère princier de son tempérament artistique. […] Je pris un parti formel : ma nourrice était l’innocente cause de mon angoisse : eh bien ! […] Il les considérait comme les deux causes de toute tristesse.

791. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il peut y avoir aussi des causes plus profondes à cette évolution. […] Pour ceux qui n’admettent pas le miracle, essayons d’en découvrir les causes. […] À cela deux causes. […] Il faut haïr la jalousie, cause du meurtre. […] Mauriac qui est en cause.

792. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Un des secrets de cette énigme ne résiderait-il pas en ceci que ces mœurs ont été pensées par leurs causes, et que ces causes continuent d’exercer leur empire sur la France de 1926 ? […] Ici les causes sont plus difficiles à démêler. […] Il cherche la cause et le remède. […] Sa passion était la recherche des causes, Celle d’Anatole France était la recherche des nuances. […] Quelle cause ?

793. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Mais prenons même les états d’âme effectivement causes par des choses, et comme préfigurés en elles. […] En résumé, à côté de l’émotion qui est l’effet de la représentation et qui s’y surajoute, il y a celle qui précède la représentation, qui la contient virtuellement et qui en est jusqu’à un certain point la cause. […] Les deux métaphysiques, en dépit de leur ressemblance ou peut-être à cause d’elle, se livrèrent bataille, avant que l’une absorbât ce qu’il y avait de meilleur dans l’autre : pendant un temps le monde put se demander s’il allait devenir chrétien ou néo-platonicien. […] Il en résulte des représentations dont beaucoup sont mixtes, réunissant ensemble ce qui est cause de pression et ce qui est objet d’aspiration. […] Elle a beau représenter les effets lentement accumulés de causes infiniment variées, elle n’en a pas moins dû adopter la configuration générale du sol sur lequel elle se posait.

794. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Indifférent au fond, comme sa vie entière l’a prouvé, à la royauté, à la république, à la cause des rois, à la forme des institutions des peuples, au droit ou au fait des gouvernements, les gouvernements n’étaient, à ses yeux, que des formes mobiles que prend tour à tour l’esprit du temps ou le génie national des sociétés, pour accomplir telle ou telle phase de leur existence. […] Voici pourquoi : XI Le règne si moral de l’infortuné Louis XVI avait fait, par suite des mauvais conseils d’un vieux ministre, une grande faute de moralité et une offense mortelle à l’Angleterre : cette faute était d’avoir pris en main la cause de l’insurrection civile des colonies anglaises de l’Amérique du Nord contre la mère patrie ; c’était d’avoir pris en main cette cause en pleine paix, c’est-à-dire déloyalement et en contravention avec le droit des gens, politique indigne d’un roi honnête homme et d’une nation qui se respecte dans sa parole, politique qui déclare de bouche la paix à la nation britannique, et qui attise d’une main cachée la plus malfaisante des guerres, la guerre civile, la guerre d’insurrection, la guerre filiale contre la nation avec laquelle on simule la loyauté et la paix. […] XIII De plus, ce ressentiment très fondé de l’Angleterre contre Louis XVI et contre la France, en 1790, menaçait de compliquer la révolution et de diviser la cause des peuples libres en Europe, en divisant la France et l’Angleterre. […] L’opposition de M. de Talleyrand fut si forte et si péremptoire au détrônement des Bourbons d’Espagne et à la trahison de Bayonne, que ce fut la cause de la rupture définitive entre l’empereur et le diplomate. […] XXXVII Des ministres inhabiles, ou trop compromis dans sa cause, n’avaient ni les vues supérieures, ni l’autorité européenne, ni le caractère indépendant nécessaires pour imposer à leur maître et à l’Europe.

795. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Qu’opposer aussi à cette protection empressée du marquis Philippe d’Este, prodiguée à un poète qui aurait été poursuivi par la haine de son neveu Alphonse, pour cause du déshonneur de Léonora, sa nièce ? […] Mais les accès de sa mélancolie, seule véritable cause de sa réclusion prolongée, succédaient fréquemment à des améliorations momentanées de son état. […] « Malade de corps, égaré d’esprit, le cœur oppressé, la mémoire perdue, les amis devenus indifférents, la fortune obstinément adverse, au milieu de tant de causes de désespoir j’espère au moins que vous vivez encore pour me recevoir une seconde fois en habit de mendiant, car je ne puis me présenter dans aucun autre ! […] Dans ces guerres intentées pour la cause de Dieu, tout paraissait grandiose, surhumain, surnaturel. […] XVII Le poète profita de ces favorables dispositions du neveu du pape pour faire recommander sa cause à Naples, au gouvernement et aux légistes.

796. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

combien depuis ne s’est-il pas accusé d’avoir plaidé cette cause absurde contre laquelle il s’est armé avec moi et les bons esprits en 1848 ! […] En France, avant que la fumée du coup de feu du matin entre l’armée du roi et les combattants du peuple fût dissipée, le général Bugeaud, déjà soumis par la discipline et le patriotisme à la cause qu’il combattait quelques heures plus tôt, m’écrivait pour me dire qu’il se retirait dans ses foyers, mais que, le jour où l’on aurait besoin de lui pour la patrie, il était à la république. […] voici une chose dont aucun honnête homme ne peut se consoler quand il en est cause. […] Il sent que la patrie, qui l’aimait à cause des gloires dont il la couronnait, commence à le dédaigner pour son oisiveté, ou le haïr à cause des guerres civiles dans lesquelles on l’emploie à frapper sa mère. — Ce gladiateur, qui n’a plus même les applaudissements du cirque, a besoin de prendre confiance en lui-même, et nous avons besoin de le plaindre pour lui rendre justice, parce que, je l’ai dit, il est aveugle et muet ; jeté où l’on veut qu’il aille, en combattant aujourd’hui telle cocarde, il se demande s’il ne la mettra pas demain à son chapeau. […] — Beaucoup de philosophes embrassent sa cause et la plaident, comme des avocats généreux celle d’un client pauvre et délaissé ; leurs écrits et leurs paroles aiment à s’empreindre de ses couleurs et de ses formes, leurs livres aiment à s’orner de ses dorures gothiques, leur travail entier se plaît à faire serpenter, autour de la croix, le labyrinthe habile de leurs arguments ; mais il est rare que cette croix soit à leur côté dans la solitude. — Les hommes de guerre combattent et meurent sans presque se souvenir de Dieu.

797. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

En somme, à quelque point d’horizon qu’on se reporte, ce sont uniformément les mêmes effets issant des mêmes causes. […] Enfin beaucoup d’autres, contremaîtres ou manœuvres, nous apparaîtraient exclusivement occupés à retaper des causes célèbres. […] D’autres, comme Mme Gagneur, à l’instar de Frédéric Soulié, visèrent au roman de propagande, avec la ferme intention de servir une cause de vérité sociale. […] Nos lecteurs ont paru surtout frappés de l’étendue et de l’importance de la cause défendue dans nos colonnes. […] Le peuple est affamé de justice, et comme dans la vie ordinaire elle est assez rare, il se passionne davantage pour sa cause, dans le domaine de la fiction.

798. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Mercredi dernier, Maupassant qui vient de louer un appartement avenue Victor-Hugo, me disait qu’il cherchait une chambre pour dormir, à cause du passage devant chez lui des omnibus et des camions. […] Puis on cause de l’insurrection probable que soulèvera en Algérie le droit de suffrage, donné par Crémieux aux israélites de là-bas, et l’Afrique amène le comte Borelli à nous entretenir de la Légion étrangère. […] Mercredi 9 juillet On cause sur la terrasse. […] Et l’on cause de la cherté du mariage à la Nonciature apostolique et ailleurs, et il me raconte qu’à son mariage, sa belle-mère se plaignant de cette cherté à l’abbé, avec lequel elle réglait la cérémonie, l’abbé lui avait répondu : « Oh ! […] C’est de lui, dont Rodenbach traversant hier le boulevard, avait entendu un monsieur qui avait assisté à la répétition, disant à un autre : « À l’heure actuelle, il n’y a pas au Palais, un avocat foutu de plaider une cause, comme Antoine a plaidé hier. » Dans le couloir, j’ai entendu une phrase typique : « Ce n’est pas du théâtre, mais c’est très intéressant ! 

799. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Notre nation, par une infinité de causes, aussi dangereuses à développer que faciles à connaître, est demeurée ensevelie pendant plusieurs siècles dans les ténèbres les plus profondes ; elle n’en était pas même plus à plaindre, si nous en croyons quelques philosophes, qui prétendent que la nature humaine se déprave à force de lumières. […] Je leur conseille de suivre en pareille occasion l’exemple de ce physicien, qui voulant expliquer pourquoi les caves sont plus chaudes en hiver qu’en été, dit que cela vient peut-être de telle cause, peut-être de telle autre, et peut-être aussi de ce que cela n’est pas vrai. […] Je ne quitterai point cette matière sans faire aussi quelques réflexions sur les causes de l’empressement que nous affectons pour les étrangers. […] Je paie avec usure à votre père le bien qu’il m’a fait, disait Xénocrate à un de ses disciples ; car je suis cause qu’il est loué de tout le monde. […] L’indifférence de Charles-Quint pour les lettres, transmise à ses descendants, semble être une des principales causes qui ont retardé les progrès de l’esprit dans les pays de sa dépendance.

800. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Mais le schéma que nous venons de tracer marque suffisamment les causes essentielles : accroissement de population, perte de débouchés, privation de combustible et de matières premières. Éliminer ces causes ou en atténuer l’effet, voilà la tâche par excellence d’un organisme international qui vise à l’abolition de la guerre. […] Puisque nous avons mis en cause l’effort industriel, serrons-en de plus près la signification. […] A vrai dire, il y a des causes psychologiques et sociales dont on pourrait annoncer a priori qu’elles produiront des effets de ce genre. […] Elles ne manifestent pas une nécessité qui dominerait les causes particulières d’alternance et qui s’imposerait d’une manière générale aux événements humains.

801. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

En un mot, il allait mettre des qualités d’écrivain classique au service de la cause romantique. […] Prendrait-il fait et cause pour le succès d’une œuvre dans laquelle il ne reconnaissait, après tout, qu’une moitié de ses théories ? […] Il n’insista pas sur les vraies causes qui expliquaient et légitimaient suffisamment la réaction. : il s’efforça plutôt d’en atténuer le sens, comme s’il eût craint de rompre avec ceux qu’elle contrariait. Il y mêla, envers le nouvel auteur, toute sorte de chicanes rétroactives, étrangères à l’œuvre présente, la seule qui fût en cause.

802. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Rousseau écrivit, mal éveillé, le Contrat social, capable de donner le fanatisme de l’absurde à toute la bourgeoisie lettrée de la France, jusqu’à ce que la rage de l’impossible, le delirium tremens de la nation, s’emparât du peuple et lui fît commettre des crimes, des meurtres et des suicides, qui remontent, comme l’effet à la cause, à de mauvais raisonnements. […] Déjà les premiers arrivés, qui me précédaient, y frappaient à grands coups pour que la porte s’ouvrît à ma fuite ; mais le concierge, entendant ce tumulte et ces clameurs sans en connaître la cause, et craignant un assaut de la maison de son maître, refusait d’ouvrir : « — Ouvrez avec confiance, lui criai-je à demi-voix, ne craignez rien, c’est un ami d’Hugo, c’est moi, c’est Lamartine !  […] Ses fils travaillaient dans mon cabinet, aux Affaires étrangères ; j’étais fier du nom, et, en lisant dans les journaux ce programme de la république de propriété, d’ordre et de vraie liberté signé Hugo, je me félicitais qu’un si puissant esprit s’engageât dans l’armée où je servais moi-même la cause des améliorations populaires possibles, contre les démagogues de la rue, ces rêveurs de sang et de guerre, et contre les utopistes, ces démagogues de l’idée. […] Dans tout cela, je vois bien l’écume ou la lie d’une société qui fermente, mais de vrais misérables sans cause, je n’en vois point, excepté les pauvres filles et les petits enfants de Thénardier couchés, par la charité d’un jeune bandit des rues, dans la voûte de l’éléphant de la Bastille.

803. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Les longues heures que j’y passais ont été la cause de ma complète incapacité pratique. […] J’ai eu depuis des maîtres autrement brillants et sagaces ; je n’en ai pas eu de plus vénérables, et voilà ce qui cause souvent des dissidences entre moi et quelques-uns de mes amis. […] Le prêtre devient pour elles un frère sûr, qui a dépouillé à cause d’elles son sexe et ses joies. […]  » Aux assises, la cause fut vite entendue.

804. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la seconde édition »

Plusieurs causes l’ont retardé.

805. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

En voyant les excès qui déshonoraient une cause qui aurait pu être si belle, en considérant le champ illimité d’anarchie et d’aventures dans lequel on se lançait à l’aveugle, il en revint à aimer cette Constitution anglaise pour laquelle il s’était toujours senti assez tiède ; il redevint fier de ce qu’il appelait le bon sens de sa nation et de ce qu’elle avait conscience des bienfaits dont elle jouissait : Les Français, écrivait-il à lord Sheffield (1790), répandent tant de mensonges sur les sentiments de la nation anglaise, que je souhaiterais que les hommes les plus considérables de tout parti et de toute classe se réunissent dans quelque acte public pour déclarer qu’ils sont eux-mêmes satisfaits de notre Constitution actuelle et résolus à la maintenir. […] Quoique cette manière de raisonner soit très blâmable, il est impossible qu’il n’en reste pas plusieurs impressions désavantageuses : 1º Que les premiers chrétiens étaient animés d’un esprit de fanatisme et d’enthousiasme autant que d’un esprit religieux. 2º Que l’on peut à peine avoir foi aux miracles, parce que l’Église dès lors jusqu’à présent n’a jamais renoncé au pouvoir d’en faire ; que les preuves sont égales pour tous les temps ; que le moment où le don des miracles a réellement cessé n’a fait aucune impression ; qu’enfin les chrétiens, en admettant les miracles du paganisme, détruisent et la foi qu’on aurait aux leurs et le caractère surnaturel des miracles. 3º Que, dès les premiers siècles, parmi les Pères de l’Église et ceux qui nous en ont transmis l’histoire, l’enthousiasme a donné lieu à des fraudes pieuses qui déguisent absolument la vérité. 4º Que les différentes sectes qui divisent le christianisme dès son commencement altérèrent les Écritures en publiant chacune de son côté des Évangiles divers. 5º Que bien des causes temporelles favorisèrent les progrès du christianisme qui furent bien plus lents qu’on ne pense. 6º Qu’il n’y eut réellement aucune persécution générale jusqu’au temps de Dioclétien ; que celle-ci même ne fit pas deux mille martyrs, et que le petit nombre de chrétiens qui avaient été persécutés auparavant l’avaient été pour des causes particulières.

806. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le comte de Jaffa seul laisse entrevoir un avis différent ; mais il y est trop intéressé, et lui-même en convient, à cause des terres et châteaux qu’il possède en Syrie. […] Et lors il leur demandait de sa bouche : « Y a-t-il quelqu’un qui ait partie (qui ait une cause à plaideral) ? » Et ceux-là se levaient qui avaient partie, et lors il disait : « Taisez-vous tous, et on vous délivrera l’un après l’autre. » Et lors il appelait monseigneur Pierre de Fontaines et monseigneur Geoffroi de Villette, et disait à l’un d’eux : « Délivrez-moi cette partie (expédiez-moi cette cause). » Et quand il voyait quelque chose à amender dans le discours de ceux qui parlaient pour autrui, il le corrigeait lui-même de sa bouche.

807. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe  siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases. […] Beyle passa à Milan et en Italie la plus grande partie des premières années de la Restauration ; il y connut Byron, Pellico, un peu Manzoni ; il commença à y guerroyer pour la cause du romantisme tel qu’il le concevait. […] Ce qu’il a fait en musique pour la cause de Mozart, de Cimarosa, de Rossini, contre les Paër, les Berton et les maîtres jurés de la critique musicale d’alors, il l’a fait en littérature contre les Dussault, les Duvicquet, les Auger, les critiques de l’ancien Journal des débats, de l’ancien Constitutionnel, et les oracles de l’ancienne Académie.

808. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Les trois ordres de la société, selon lui, « la société chrétienne au nom de sa foi, le monde aristocratique au nom de son honneur et de son orgueil, la classe bourgeoise au nom de ses intérêts, tous s’accordent dans un sentiment de répulsion et d’alarme à l’endroit de la littérature. » Recherchant les causes de cet abaissement général, de ce désaccord de la littérature avec la société, il en demande compte à la critique ; il partage celle-ci en trois catégories, et toutes les trois également impuissantes ou stériles, sous lesquelles il ne tient qu’à nous de mettre des noms : la critique dogmatique et immobile (Gustave Planche, probablement) ; la critique qui se joue en de fantasques arabesques (apparemment Janin, ou Gautier, ou Saint-Victor) ; et celle qui se réfugie dans le passé pour n’avoir pas à se déjuger et à se contredire dans le présent (c’est moi-même, je le crois). […] Il donne gain de cause à ses amis. […] tu voudrais que ton ami d’enfance, que ce pauvre comte d’Ermancey, qui t’aime depuis cinquante ans, fût cause qu’on pût dire un jour quelque chose d’offensant pour un d’Auberive ?

809. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Daunou en particulier, ce vénérable représentant de la littérature et de la philosophie du xviiie  siècle, rangea autour de Boileau, avec une sorte de piété, tous les faits, tous les jugements, toutes les apologies qui se rattachent à cette grande cause littéraire et philosophique. […] Mais pourtant ici l’initiative humaine est en première ligne et moins sujette aux causes générales ; l’énergie individuelle modifie, et, pour ainsi dire, s’assimile les choses ; et d’ailleurs, ne suffit-il pas à l’artiste, pour accomplir sa destinée, de se créer un asile obscur dans ce grand mouvement d’alentour, de trouver quelque part un coin oublié, où il puisse en paix tisser sa toile ou faire son miel ? […] Il y soigne sa santé, il y traite ses amis Rapin, Bourdaloue, Bouhonrs ; il y joue aux quilles ; il y cause, après boire, nouvelles de cour, Académie, abbé Cotin, Charpentier ou Perrault, comme Nicole causait théologie sous les admirables ombrages de Port-Royal ; il écrit à Racine de vouloir bien le rappeler au souvenir du roi et de madame de Maintenon ; il lui annonce qu’il compose une ode, qu’il y hasarde des choses fort neuves, jusqu’à parler de la plume blanche que le roi a sur son chapeau ; les jours de verve, il rêve et récite aux échos de ses bois cette terrible Ode sur la prise de Namùr.

810. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Il est vraisemblable qu’elle agit sur nous par des causes secrètes, qui tiennent à nos habitudes et à nos préjugés, et par la position où nous nous trouvons relativement aux objets environnants. […] « La vue de la misère cause différentes sensations chez les hommes. […] La chute d’une onde, la susurration du vent solitaire, toute cette musique qui s’exhale de la nature, et qui fait qu’on s’imagine entendre les germes sourdre dans la terre et les feuilles croître et se développer, lui parut tenir à cette cause cachée.

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