Les beaux-arts, ou du moins les arts agréables et utiles, y furent cultivés plus heureusement. […] Mais, encore, en général, l’école des arts à Genève eut plutôt un caractère de patience, d’application et d’industrie ; l’utilité pratique ne s’en sépara point, et l’artiste serra de près l’artisan. […] Le grand prêtre de l’art, qui ne dédaignait rien d’humain, y prit goût et voulut voir les autres : tous les cahiers à la file se mirent en route pour Weimar, Goëthe en dit un mot dans un numéro du journal Kunst und Alterthum. […] Peu à peu aussi il abandonna les questions de critique occasionnelle et particulière pour aborder des points d’art plus généraux. […] Les livres suivants du Presbytère, qui, à cause de leur spécialité et de leur dimension, ne sauraient s’adresser au gros des lecteurs d’ici, ne gardent pas moins, pour nous autres critiques, un intérêt prolongé et un mérite d’art auquel M.
Que veut persuader Pascal dans son Art de persuader ? […] L’Art de persuader la vérité, comme les Règles pour la rechercher, supposent l’ardeur de la connaître, d’où naît nécessairement l’ardeur de la communiquer. Connaître le vrai pour le communiquer, voilà la nouvelle rhétorique ; c’est l’art des honnêtes gens remplaçant l’art des gens habiles : l’emploi d’une telle méthode est le commencement de la vertu. […] Si, de plus, on entend la méthode dans le sens cartésien, où trouver une plus belle application de cet art de chercher la vérité, dont Descartes avait donné les règles ? […] J’entends par la fin comique l’art de tirer le ridicule de l’observation, plutôt que de certains contrastes inattendus d’où naît le plaisir fugitif de la surprise.
Plume habile, savante en couleurs, curieuse en nuances, cherchant l’art pour l’art, ayant moins à dire qu’à décrire, il a fait dans son genre des miracles de hardiesse et d’adresse ; il a fait rendre à notre langue plus qu’elle ne pouvait jusque-là. […] Les arts rampaient péniblement dans l’ornière « d’une tradition à jamais usée… » Mais est-il donc nécessaire de rappeler que si MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny, ont débuté dans les lettres vers 1820, à une époque où la France était encore voisine de 1815, c’est-à-dire du deuil de l’invasion, M. […] — L’art en est arrivé à une époque de décadence manifeste, ceci n’est pas douteux ; un excès ridicule d’ornementation a remplacé la richesse et la pureté des lignes, etc. » Mais, en vérité, il y a bien longtemps déjà (vingt ans au moins) que M. […] Quelle est cette école de l’art pour l’art à laquelle il fait tout d’un coup une si rude guerre ? […] Mais ce n’est pas là, pour l’art, une veine aussi neuve et aussi profonde que M. du Camp le suppose, et de tout temps, surtout chez nous au xviiie siècle, il y a eu des poètes descriptifs jaloux de prendre à la science ou même à l’industrie ce qui prête au tableau, aux couleurs, et de renouveler ainsi leur matière.
Feuillet a eu l’art de faire du mariage une galanterie et une bonne fortune : piquante manière, et la seule peut-être à la lecture, de le remettre en bonne odeur, de le rafraîchir et de le raviver. […] C’était son droit, et c’est son art à lui. […] Il y a des nuances délicates et fort curieusement observées et démêlées entre ces deux vieux cœurs amoureux de Mme d’Ermel et du docteur Jacobus : il est pourtant impossible de ne pas voir dans de telles productions d’art un genre de conte moral comme chez Marmontel, ou même de conte édifiant comme chez l’évêque Camus. […] C’est le côté par où l’art de M. […] C’est un reproche de cette nature que je ferai à l’art de M.
Ceux qui en font profession adorent encore une entité : l’Art, la Science, la Patrie, l’Amour. […] Wagner est venu annoncer que la synthèse de l’Art, c’était « le Rêve joyeux de la vérité belle ». […] Est-ce bien cette même Église qui, au moyen âge, sauva, dans son sanctuaire, la littérature et tous les arts, et toutes les philosophies ? […] « L’œuvre capitale de l’initiation, dit Guaita, se résume dans l’Art de devenir artificiellement un génie. » On peut, par elle, forcer l’inspiration et communiquer à son gré avec le grand Inconnu. […] Charles Morice qui veut être leur protagoniste écrit : « Les sciences occultes constituent un des principaux angles fondamentaux de l’Art.
Il croyoit l’art directement opposé à l’esprit de l’évangile : la manière de prêcher des apôtres étoit la seule qu’il approuvât. […] Toutes ces ressources, dit-il, si étudiées, & qu’on tire avec tant de peine de l’art, font le poison le plus dangereux qu’un prédicateur puisse offrir à ceux qui l’écoutent. […] Après la mort de ce digne soutien de l’art de prêcher, ils eurent affaire à Nicole & au P. […] quelle progression éloquente d’idées dans ce génie créateur, qui tira l’art de prêcher du chaos ! […] Le grand art pour captiver un auditoire consistoit à faire des déclamations très-fortes & très-vives ; à désigner, dans son zèle satyrique, les personnes devant qui l’on parloit ; & surtout à raconter des historiettes scandaleuses*.
La lutte entre le nouveau monde et l’ancien m’apparaît aussi vive dans le domaine de l’art que dans la vie sociale. […] Je demande s’il est possible à un artiste moderne d’enfanter une œuvre vivante, alors que sa propre pensée est sans contact possible avec la pensée du monde présent, et s’il est possible à ce monde d’accepter une création d’art, conçue absolument en dehors de sa réalité. […] Comment pourrait-on admettre que l’art qui prend son inspiration en-deçà des siècles ne soit pas nécessairement artificiel ? […] S’il y a vraiment un art moderne, — ce dont il paraît difficile de douter, à M. […] Huysmans, L’Art moderne (1883).
Son style. — Ses maîtres, Pétrarque et Virgile. — Ses procédés, son habileté, sa perfection précoce. — L’art est né. — Défaillances, imitation, recherche. — L’art n’est pas complet. […] Au moment où l’art languit, la science pousse ; c’est à cela qu’aboutit tout le travail du siècle. […] Tout art se termine par une science, et toute poésie par une philosophie. […] » When thou, God knows, full far art gone. […] Why art thou then so from thy ease ?
Quand un mouvement d’art est accompli, nous pouvons le considérer en bloc, dans sa totalité, dans ses causes et dans ses résultats. […] Celui-ci, en effet, oppose sans cesse l’art qu’il rêve et qui s’élabore à celui qui existe actuellement. […] Les lois de l’art qu’il conçoit ne lui permettent point d’estimer M. […] Donc, à cette époque, les camarades d’art de M. […] En apportant une confusion fâcheuse entre l’art littéraire et l’art musical, en introduisant dans notre langue des constructions empruntées à des idiomes étrangers, il en a faussé la morphologie première et la structure logique.
Il n’en était encore qu’aux premières initiations de l’art ; il y renonça. […] J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art, se découvraient à moi chaque jour de plus en plus. […] Tous les arts ont ainsi un représentant auprès de lui. […] Moi-même il m’est arrivé de l’appeler en un endroit « le Talleyrand de l’art », voulant indiquer par là qu’il tirait à temps son épingle du jeu et qu’il était homme à tricher quelquefois avec les passions mêmes qu’il exprimait. […] Il n’évitait en rien l’émotion, il y restait ouvert et accessible par tous les pores, mais dans les limites de l’art autant que possible ; et il s’appliquait surtout à exprimer cette émotion dès qu’elle devenait vive, à la revêtir poétiquement, et par conséquent à la dominer.
Ils ne pénètrent pas dans la vie humaine au-delà de ce que peut atteindre une vue ordinaire ; les vérités qu’ils expriment sont le plus souvent de celles que l’art néglige, tant elles nous sont familières et présentes. […] Il aimait mieux les arts que les lettres, et, comme on disait au xviie siècle, les bâtiments que les écrits. […] Outre les Métamorphoses, Marot avait lu et probablement très-bien compris l’Art d’aimer ; Si l’Art d’aymer tu as leu de bien près. […] Christine ne fait d’ailleurs aucune difficulté de recevoir des secours d’Apollon, et, dans les discours qu’elle tient au poète, elle s’autorise de l’Art d’aimer d’Ovide. […] C’est un art borné, mais parfait.
Quelles furent les idées des auteurs et leurs théories d’art ? […] L’Art poétique est un code et presque un code pénal. […] Mais on sait que le bonhomme passait pour être un peu bizarre et que la fable n’eut pas l’honneur de figurer dans l’Art poétique. […] Boileau déclare que les transitions sont ce qu’il y a de plus difficile dans l’art d’écrire. […] C’est à l’art de l’historien (et l’art comme le style est éminemment personnel) de savoir faire jaillir des documents entassés la lumière et la flamme ou, si l’on veut, de transmuer la vérité en beauté.
Elle sentait l’art et la nature comme on ne les sent qu’en Italie ; mais ce sentiment, commencé à l’italienne, se traduisait, se terminait trop souvent en vapeurs et en brouillards, non sans avoir passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. […] Pour Manzoni, par exemple, qu’il ne connaissait nullement, quand Le Comte de Carmagnola lui tomba entre les mains, le voilà qui s’éprend, qui s’enfonce dans l’étude de cette pièce, y découvrant mille intentions, mille beautés, et un jour, dans son recueil périodique (Sur l’art et l’Antiquité), où il déversait le trop-plein de ses pensées, il annonce Manzoni à l’Europe. […] Je laisse là les beaux hussards français, les jeunes artistes de Munich, à qui elle prêche l’art, l’art sensible, italien, et non vaporeux ; mais les grands rivaux de Goethe dans cette jeune âme enthousiaste, c’est le héros tyrolien Hofer, c’est le grand compositeur Beethoven. […] Beethoven était informé de la liaison de Bettina avec Goethe ; il lui parla beaucoup de celui-ci, il désira que ses pensées sur l’art lui fussent redites par elle. […] Beethoven était certes aussi amoureux de l’art que Goethe pouvait l’être, et l’art serait toujours resté sa passion première ; mais il souffrait, il vivait superbe et mélancolique dans son génie, séparé du reste des hommes, et il aurait voulu s’en séquestrer davantage encore ; il s’écriait avec douleur et sympathie : « Chère, très chère Bettine, qui comprend l’art ?
Les orateurs ont appliqué d’abord aux grands objets du gouvernement le talent de la parole ; et comme dans ces occasions il fallait en même temps convaincre et remuer le peuple, ils appelèrent l’éloquence l’art de persuader, c’est-à-dire de prouver et d’émouvoir tout ensemble. […] Nous appelons l’éloquence un talent, un art, comme l’ont appelée la plupart des rhéteurs ; car tout art s’acquiert par l’étude et par l’exercice, et l’éloquence est un don de la nature. […] La propriété des termes est au contraire le caractère distinctif des grands écrivains ; c’est par là que leur style est toujours au niveau de leur sujet ; c’est à cette qualité qu’on reconnaît le vrai talent d’écrire et non à l’art futile de déguiser par un vain coloris des idées communes. […] La première est dictée par la nature ; c’est ensuite à l’oreille et à l’art d’arranger les termes de la manière la plus harmonieuse. Il en est de l’orateur comme du musicien, à qui le génie seul inspire le chant, mais que l’oreille et l’art conduisent dans l’enchaînement des modulations.
Dans les arts, il ne s’agit que de plaire, comme disent les bourgeois. […] Ici l’art domine, l’art purificateur comme le feu ; là, la servilité qui corrompt l’art. […] Pour conclure, Daumier a poussé son art très-loin, il en a fait un art sérieux ; c’est un grand caricaturiste. […] C’est la logique du savant transportée dans un art léger, fugace, qui a contre lui la mobilité même de la vie. […] Il fait deviner la couleur comme la pensée ; or c’est le signe d’un art supérieur, et que tous les artistes intelligents ont clairement vu dans ses ouvrages.
Le mouvement des idées, l’évolution de l’organisme social, le contact des races étrangères, et le spectacle de leurs idées, de leur organisation, de leurs arts aussi et de leur littérature, modifient sans cesse le génie national, et l’expression qu’il donne de lui-même dans les œuvres de ses écrivains. […] Au xvie siècle, affranchi par l’antiquité retrouvée sinon matériellement dans ses œuvres, du moins dans son véritable esprit, éveillé au sens de l’art par la vision radieuse que lui offre l’Italie, le génie français crée ou emprunte les formes littéraires capables de satisfaire ses besoins nouveaux de science et de beauté. Il se fait au xviie siècle comme une conciliation ou plutôt un juste équilibre de la science et de la loi d’un côté, de l’autre de la science et de l’art : révélation et rationalisme, vérité et beauté, l’un ou l’autre de ces deux couples est la formule de presque tous les chefs-d’œuvre. Le rationalisme triomphe pendant le xviiie siècle aux dépens de la foi et de l’art, et, de la substance ou de la forme des œuvres littéraires, élimine tout ce qui n’est pas nécessairement facteur ou signe de la vérité dont il analyse les éléments ou poursuit la démonstration.
[Le Livre d’Art (mars 1896).] […] Il se plaît à écrire de courtes pages d’un art subtil et parfait. […] Aucun autre objet au monde, sinon ces merveilles monumentales de l’art français, ne pourrait lier en une si parfaite unité le sublime au familier, l’élan céleste et les pauvres contorsions de la physionomie humaine. […] Van Bever Empruntant, sous les contours fallacieux de la prose, la plastique et la rythmique du vers, mêlant aux images les plus transparentes le coloris violent des réalités, l’art de ce poète s’affirme en petits tableaux parfaitement achevés, où l’habileté du peintre ne le cède en rien au lyrisme de l’évocateur.
Ne faisons pas, cependant, trop bon marché de ces commencements de notre art comique. […] Comme on le voit, deux arts bien différents étaient en présence sur les planches de la rue Mauconseil. […] Ces deux arts, qui se rencontraient dans une période si opposée de leur existence, n’exercèrent pas l’un sur l’autre une influence aussi soudaine qu’on le pourrait croire. […] Chez nous, on resta longtemps encore dans cette alternative, ou d’être imitateur en perdant son originalité propre, ou de ne conserver son originalité qu’en dehors de toutes les conditions d’un art élevé et d’une littérature proprement dite.
L’art est une inspiration pour l’un ; il n’est qu’une science pour l’autre. […] On ne doit détrôner Aristote que pour faire régner Vaugelas, et il faut aimer l’Art poétique de Boileau, sinon pour les préceptes, du moins pour le style. […] Qu’il lui soit permis de déclarer, avant de terminer, que l’esprit d’imitation, recommandé par d’autres comme le salut des écoles, lui a toujours paru le fléau de l’art, et il ne condamnerait pas moins l’imitation qui s’attache aux écrivains dits romantiques que celle dont on poursuit les auteurs dits classiques. […] ces écrivains confondent la routine avec l’art ; ils prennent l’ornière pour le chemin.
On proclame qu’en art l’exécution est tout ; l’invention, presque rien. […] L’art suprême est d’avoir, avec l’esprit d’aujourd’hui, l’esprit de demain et d’après-demain. […] Mais c’est là que règne l’art de* parler sans rien dire ! […] L’art dramatique lui-même se trouve ainsi gravement compromis par une coutume absurde. […] Mais il faut savoir que c’est un art, et y mettre la passion et l’agrément sans lesquels il n’y a point d’art… M.
Les grands progrès que nous avons fait dans l’art dramatique se réduisent à lever la toile trois heures plus tard. […] Par quelle règle de l’Art poétique est-il ordonné aux personnages tragiques de ne rien faire que de noble ? […] Quelques connaisseurs, qui l’avaient lue, eurent le courage d’en parler au régent, qui aimait et protégeait tous les arts. […] Si les règles de l’art dramatique pouvaient se perdre, on les retrouverait dans cette tragédie. […] L’art d’écrire est bien plus rare et bien plus précieux que l’art de compiler.
En fait d’art, tous les autres droits comptent peu. […] Béranger a la sagesse et l’art de la composition par excellence. […] Votre philosophie de l’art est, ma chère mère, une espèce de béatitude morale. […] Une belle forme dans l’art est encore un bienfait pour nos intelligences. […] L’art était sa spontanéité dans la parole.