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1113. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Tous étaient fous d’elle, et les brutes l’appelaient dans leurs rêves. […] Il s’appelait… ma foi, je ne sais plus… Et il me disait : « Ah ! […] Vielé-Griffin, si tant est qu’on puisse appeler vers ces piaulements inarticulés que M.  […] … Et le pauvre Balzac s’appelait Honoré. […] Et est-ce cela qu’on appelle la socialisation des œuvres d’art ?

1114. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

On a appelé cela l’inspiration : il faut écrire ce mot, puisqu’il est connu, quoiqu’il ne signifie rien. […] Le principe odorant de la violette est appelé ionone. […] Guillaume Monod fut tenu pour hérétique par ceux que Rome appelle les Hérétiques. […] Enfin, une petite rivière probablement très sage, s’appelle la Même. […] Le chat s’appelle Tybert et le biographe du chat s’appelle Charles Régismanset.

1115. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Royaliste (si l’on me permet d’appeler pareilles questions choses de détail) ? […] De plus ce précepte a au moins l’air d’en appeler à l’égoïsme. […] La barbarie légèrement adoucie est ce qu’on appelle civilisation ; c’est ce qui existe. […] Et ce sont pourtant ces conclusions que l’homme appelle sa raison. […] On les appelle mulieres.

1116. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Une bergère l’appelle en combat singulier. […] Et là, tout le jour, il sanglote, il prie, il appelle Thérèse. […] Il l’appelle. […] Le recueil s’appelle Émaux bressans. […] Il lui faisait des vers et l’appelait Béatrice.

1117. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Et cela grâce à celui qu’ils continuaient à appeler le patron. […] Joseph Reinach n’ont pas oublié le temps où elle les appelait ses enfants. […] Et qu’est-ce que vous appelez sciences, s’il vous plaît ? […] Sans doute, on ne peut en appeler d’elle qu’à elle-même. […] On m’appelle mademoiselle Renan.

1118. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ce contraste entre deux guerriers, dont l’un abjure la nature, tandis que l’autre la reconnaît, est théâtral et pathétique, sans être ce qu’on appelle sublime. […] C’est ce qui pourrait faire douter que la raison de l’homme profite réellement de ce qu’on appelle les nouvelles lumières. Corneille avait été élevé chez les jésuites de Rouen, d’après la manière de ce temps-là, qu’on appelle aujourd’hui gothique. […] Ces incidents, qu’on appelle invraisemblables, sortent naturellement du caractère et de la situation. […] Aurait-il pu, en conscience, appeler belle une copie aussi difforme, aussi monstrueuse ?

1119. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Appliquez ce qu’on appelle le progrès au Navarin ou au gigot aux haricots, et vous amènerez des massacres ! […] Son voisin l’appela tout bas : « Brigadier ! […] Dallas poussa un affreux gémissement, comme pour l’appeler. […] Il se pencha vers l’oreille racornie et appela son cheval à voix basse. […] Vacquerie et Meurice les ont appelés : la Corde d’airain.

1120. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — III »

A Rome, ce commode asile des grandes ambitions détrompées ou déchues, elle vit le cardinal de Bernis qu’on y appelait le roi de Rome, et qui se consolait du portefeuille dans la pourpre et de la disgrâce dans l’opulence ; il assistait régulièrement aux bains de madame de Genlis, et les égayait par sa conversation charmante. […] Est-ce bien encore à notre auteur qu’il convient de relever si impitoyablement ce qu’elle appelle la conduite philosophique de madame d’Épinay et de madame Du Deffant ?

1121. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

L’envie de s’acquérir à son tour de la célébrité, de mettre dans ses intérêts les femmes & ce qu’on appelle la bonne compagnie, alluma son imagination. […] Il appelle Costar menteur, étourdi, calomniateur, vrai pied-plat, grand chicaneur, insolent, ignorant, fripon, homme à pendre.

1122. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Voyons si dans ce qu’on appelle le merveilleux, elle ne le dispute point en beauté à la mythologie même. […] Une preuve incontestable de ce fait, c’est que la poésie que nous appelons descriptive a été inconnue de l’antiquité56 ; les poètes mêmes qui ont chanté la nature, comme Hésiode, Théocrite et Virgile, n’en ont point fait de description, dans le sens que nous attachons à ce mot.

1123. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

Je ne parle ici que des écrivains qu’on eut voulu flétrir du sobriquet de Décadents et que d’après Jean Moréas il faudrait appeler Symbolistes ; comme ces écrivains sont très divers de manière et de talent je ne perçois pas, pour ma part, la nécessité d’une autre raison sociale à leur fortuite congrégation, que celle de Poètes. […] Ce « Chef d’École » — rôle ou d’ailleurs l’appelait la qualité d’aîné de sa petite bande (il a quelque 30 ans) — n’est ni le plus fécond ni le plus original de ces poètes, néanmoins l’accent tout particulier de tel de ses poèmes, les qualités de sonorité et de coloris qui distinguent son style font de ses œuvres des livres de bibliothèque.

1124. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

Au lieu de deux ailes qu’elle avait, il en a donc donné quatre à la Pensée… Eh bien, c’est sous cette forme concentrée et particulière appelée articles de Journal, par la Vulgarité qui déshonore tout, quand elle parle de quelque chose, que les divers chapitres de ce livre ont été écrits. […] C’est de la critique sans mitaines, sans souliers feutrés, sans cache-nez et sans les trente-six attirails de la Prudence, — de cette Prudence qui est si contente d’elle, quand elle a pu parvenir, en se tortillant, à se faire appeler la Finesse.

1125. (1813) Réflexions sur le suicide

La plupart des préceptes de l’Évangile manqueraient de base, s’il était permis de se donner la mort ; car le malheur inspire à l’âme le besoin d’en appeler au Ciel, et l’insuffisance des biens de ce monde est ce qui rend surtout une autre vie nécessaire. […] On appelle également bonheur, le contentement intérieur et les prospérités de la terre, et cependant rien ne diffère autant que ces deux sources de jouissances. […] Comment anéantir, par un caprice de sa volonté, et j’appelle ainsi tout ce qui n’est pas fondé sur un devoir, l’œuvre de Dieu dans nous-mêmes ? […] Mais dès que leurs passions sont irritées, ils bravent la douleur, et cette dernière douleur que nous appelons la mort, dont ils n’ont sans doute aucune idée. […] Et tout ce qu’on expliquerait presque par de la haine s’appellerait de l’amour ?

1126. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

L’aubergiste chez lequel nous avions dîné appela un vieux caporal pour mettre l’ordre, en lui disant que j’étais un jeune homme très courageux ; que si l’on me tuait, j’en aurais auparavant tué bien d’autres. […] Le jour du départ, il me fit présent d’un beau cheval appelé Tournon, parce que le cardinal de ce nom le lui avait donné. […] « Il ordonna aussitôt à l’un de ses secrétaires, appelé M. de Villeroy15, de faire pourvoir à tous mes besoins. […] Il me fit appeler quelques jours après, en présence du cardinal de Ferrare, qui dînait avec lui ; il était au second service lorsque je parus. […] Cette servante, appelée Piera, devint sa femme, et il en eut plusieurs enfants.

1127. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

James appelle l’état transitif. […] C’est cette petite histoire en raccourci, durant quelques fragments de seconde, qu’on appelle le présent, et dont nous allons approfondir la nature. […] Ce premier moment est ce que Herbart appelle une série à l’état d’« involution ». […] Bergson admet un sentiment de la durée pure, ce que Guyau appelait le « cours du temps », par opposition à son « lit ». […] Or, « la capacité de recevoir des objets par la manière dont ils nous affectent s’appelle sensibilité ».

1128. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

François Hugo a la fantaisie d’appeler cette langue la langue révolutionnaire, mais les révolutions qui nous ramènent au passé, sachant où elles vont, ne doivent pas porter le même nom que celles-là qui nous poussent vers l’avenir avec des mains d’aveugles. […] « Quand — dit-il — il met le sceptre aux mains d’un jaloux, c’est un argument qu’il a combiné contre l’absolutisme politique… » Quand il proclame la légitimité de l’amour (Peines d’amour perdues), c’est qu’il condamne du haut de son tribunal idéal la vierge hypocrite qui régnait de son temps en Angleterre… On regrette tout cela devant une œuvre si sérieuse, et tout cela, j’oserai l’appeler, moi, de la puérilité grandiose sucée avec le lait par François Hugo dans la maison paternelle. […] Eux, qu’est-ce que cela leur fait qu’on protège de la main et du respect cette petite fleur de leur tombeau qu’on appelle la gloire ? […] Il faudrait seulement ôter de cette préface une trentaine de lignes d’une enflure qu’on pourrait appeler une influence de famille (encore la famille !) […] Vous vous la rappelez, cette jeunesse orageuse et folle de Henri, qui alors s’appelait Hai, qui s’intitulait en riant un gentilhomme des ténèbres et un mignon de la lune, et qui se laissait tutoyer par le vieux Falstaff, ce courtisan de cabaret et ce bouffon de génie chauffé incendiairement au vin d’Espagne !

1129. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Un reproche certain qu’ont mérité nos poëtes modernes, si éminents à tant d’égards, si grandement lyriques, si tendrement élégiaques, c’est d’avoir trop oublié l’esprit, ce qui s’appelle proprement de ce nom, ce qu’avaient précisément nos pères. […] C’est là ce qu’on peut appeler s’enivrer du bout des lèvres et selon la méthode des Alexandrins, en christianisant du mieux qu’on peut le Bacchus du paganisme, en symbolisant l’orgie sacrée avec des réminiscences de la communion. […] J’allais périr,… quand la Gaieté, mon inséparable compagne, soulevant d’une main le voile de l’avenir, me montra de l’autre le beau ciel de ma patrie, où le bonheur semblait m’appeler. » Et voilà sa barque remise à flot, aventureuse et légère ; le voilà plus en humeur, plus en veine que jamais, se croyant quitte une bonne fois avec le malheur, et n’invoquant pour tous patrons à l’avenir que Momus (comme on disait alors) et que Thalie : Naturam expellas furca, tamen usque recurret. […] Un peu plus tôt, un peu plus tard, l’aimable société avait son terme marqué vers ce moment qui enleva plusieurs de ses principaux convives : l’un des Ségur mourut, l’aîné devenait maître des cérémonies ; Després, nommé secrétaire des commandements du roi de Hollande, et d’autres membres encore, appelés à de graves fonctions officielles, durent renoncer à des amusements qui semblaient incompatibles avec l’étiquette renaissante. […] Dans son enfance, on l’appelait Tonin, diminutif d’Antoine ; plus tard, en famille, on l’appelait Saint-Marc.

1130. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

IV Vous êtes arrivés dans cet état à une époque qu’on peut appeler l’époque française de l’humanité. […] Elle a fait de Rome, vide de son pontife souverain, une seconde ville de France, un fief impérial pour un roi de Rome, un département français : dénomination humiliante et barbare qui rappelait ces temps où un marchand vénitien s’appelait duc d’Athènes ! […] Qui ne sent, en effet, quel trouble, quelle anarchie, quelles factions, quelles révoltes pourrait jeter dans un État un pontife turbulent et cosouverain qui y lancerait sans cesse et impunément, au nom de sa cosouveraineté spirituelle, des manifestes appelés bulles, ferments de désaffection, de résistance, de soulèvements des populations contre ces républiques ou contre ce prince temporel ? […] Or, cette responsabilité réelle, ce gage saisissable, ce corps palpable, qui répondent aux rois de la mesure et de l’inoffensivité du tribun sacré appelé pape, qu’est-ce autre chose que sa souveraineté temporelle ? […] Or qu’est-ce que la souveraineté dans le droit public moderne de l’Europe, depuis la décadence de ce que nous appelions le droit divin ?

1131. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

Femme et princesse, elle admet, elle appelle la contradiction. […] Fiancée d’abord avec son cousin Louis-Napoléon, les destinées du prince appelé à l’Empire, et y marchant à travers maint hasard, vinrent rompre presque aussitôt, à son égard, ces projets et ces arrangements de famille. […] Charles Giraud (le jeune) a peint l’intérieur de l’atelier de la princesse, et le spirituel peintre d’animaux, Jadin, nous a rendu au naturel et avec finesse ses chiens favoris, ce qu’elle appelle sa petite Meute.

1132. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Au bal, dans les réunions et les fêtes riantes, quand il rencontrait le plaisir, il ne s’y tenait pas, il cherchait par la réflexion à en tirer tristesse, amertume ; il se disait, tout en s’y livrant avec une apparence de fougue et d’abandon, et pour en rehausser même la saveur, que ce n’était qu’un instant fugitif, aussitôt irréparable, et qui ne reviendrait plus jamais sous ce même rayon ; et en tout il appelait une sensation plus forte, plus aiguë, d’accord avec le ton auquel il avait monté son âme. […] Il y avait de tristes, de hideuses vérités entrevues, et plus qu’entrevues, des monstres arrachés et traînés au jour du fond de cette caverne du cœur, comme l’appelle Bacon : mais le tout revêtu d’un éclat, d’une puissance sonore incomparable. […] Comme un soldat téméraire, il ne sut pas d’avance préparer la seconde moitié du voyage ; il eût dédaigné d’accepter ce qu’on appelle sagesse et qui lui semblait la diminution graduelle de la vie.

1133. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers »

La somme totale de ces fautes ou de ces contretemps est ce qu’on appelle force des choses, fatalité. […] Peut-être eût-il fallu le dire plus, nettement encore, le demander expressément à Ney, et un major-général plus rompu au métier aurait appelé les gens et les corps par leur nom. […] Le journal s’appelait, je crois, la France.

1134. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Thiers a le droit d’appeler une véritable « cécité morale » pour ne pas mieux entrer dans l’esprit de sa mission. […] De Grouchy il n’était pas plus question que s’il avait disparu dans un tremblement de terre ; et cependant depuis midi la canonnade qu’il entendait, quand il n’aurait pas reçu d’ordre, l’appelait assez haut. […] Thiers, supérieur encore par l’intérêt à tous les autres, nous appelle, et nous y reviendrons.

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