qu’il n’y ait pas grand-chose à raconter en événements comme la biographie les recueille, dans cette vie dont presque tous les faits sont intellectuels, hormis les tapages de la gloire.
Duranty, mais ce pathétique vient de gens et d’événements si communs qu’ils ne vous touchent plus ; et quand, parmi ces gens si profondément communs, tous tant qu’ils sont, il y a un caractère qu’au moins le romancier devrait sauvegarder de la vulgarité générale, puisque c’est celui de son héroïne, sur le malheur de laquelle il a pour but de nous attendrir, le croira-t-on ?
Les Athéniens oublièrent ce qu’il y avait de malheureux dans l’événement, pour ne voir que ce qu’il y avait de grand dans le conseil.
Les conflits d’événements qu’ils font naître ou rencontrent permettent le développement du lieu commun le plus large possible. […] Pas un événement. […] Il asservit les personnages et les événements à la démonstration de cette thèse. […] Ce sera ainsi sans doute jusqu’à la disparition de la langue française, événement qui n’apparaît pas devoir arriver aujourd’hui, ni même demain. […] Elles conservent « l’empreinte » (encore une fois) des événements dons elles furent témoins.
Personne ne peut se soustraire complètement aux influences ambiantes ; et sous l’impression des événements, les mêmes pour tous les contemporains, aussi bien que des vues scientifiques régnant à un moment donné, certains traits qui les a datent en quelque sorte se développent dans toutes les œuvres d’une époque. […] Même les petits ébranlements en chemin de fer non perçus par la conscience, les bruits perpétuels et les tableaux variés des rues d’une grande ville, notre impatience à connaître la suite de tels et tels événements, l’attente de notre journal, du facteur, des visiteurs, tout cela coûte du travail à notre cerveau. […] Que le romantisme ait revêtu la forme de l’enthousiasme pour le moyen âge, c’était l’effet des événements et de la disposition d’esprit du temps. […] Ibsen va ainsi plus loin que les autres dans ce symbolisme hallucinatoire, car, chez lui, la nature actrice n’a pas seulement sa part d’intérêt, mais même de raillerie méchante ; elle n’accompagne pas seulement expressivement les événements, elle se moque même d’eux. […] L’apparition du Pèlerin passionné, en 1891, fut célébrée par les symbolistes comme un événement à dater duquel commençait une ère nouvelle pour la poésie.
Il ne s’informe guère de ce qui occupe la société ; les petits événements le touchent peu ; il ne prend garde à rien, à personne, pas même à lui. […] Une lettre écrite par lui en France sur son voyage était à l’instant un événement de société ; un bon mot qu’il avait dit sur des pirates fit fortune. […] L’apparition de ce livre fut un événement politique42.
On l’ignore ; peut-être une jalousie maladive qu’il n’osait s’avouer à lui-même, mais dont la suite des événements a révélé quelques symptômes dans la vie de la princesse comme dans les lettres de Robert. […] On conçoit tout ce qu’il devait en coûter à cette femme, qui recevait de Léopold plus qu’elle ne pouvait rendre, de lui faire un pareil aveu ; cet aveu ne se fait jamais que par l’événement à un ami jeune et passionné, qui regarde toujours comme dérobé à son espérance ce qu’on a donné de tendresse à un autre. […] Notre faculté de souffrir est en raison de notre faculté de sentir : tel meurt d’un événement dont tel autre sourit ; en lui la note avait brisé le clavier.
Seulement, s’il était prophète pour l’événement, il n’était pas prophète pour le temps ; car ce qu’il annonçait pour demain est arrivé à vingt-cinq ans de distance, et, avant de restaurer les Bourbons, la France a relevé un trône militaire et absolu pour un des généraux qui l’aidèrent à vaincre l’Europe. […] Ses lettres suivent pas à pas les événements et les commentent à sa manière. […] XXVII Voilà, comme homme, le véritable portrait du comte de Maistre, avant l’époque où il devint illustre par sa plume : une famille angélique, un époux irréprochable, un père tendre, une piété de femme sucée avec le lait d’une mère, une vertu antique, sauf quelques égarements d’esprit, une ambition honnête, mais trop active et peu modeste, une fidélité à son roi bien récompensée, mais une fidélité impérieuse forçant la main à son gouvernement, enfin un publiciste très contestable et très variable, qui, pour conserver sa réputation d’infaillibilité, corrigeait après coup ses oracles quand la fortune démentait ses prévisions, et qui savait être toujours de l’avis des événements, ces oracles de Dieu.
Les propres événements de sa vie lui ont fourni les formes où la doctrine s’est coulée. […] Et ainsi un jupon de flanelle que lui envoie Mme d’Epinay devient un événement dans sa vie, par le retentissement de ce petit fait jusqu’aux profondeurs de son être moral. […] Ces réflexions saisissantes « sur la manière dont le laps de temps compense le peu de vraisemblance des événements, sur la puissance surprenante de causes très légères, lorsqu’elles agissent sans relâche564 », il faut en rendre l’honneur à Buffon, lu intelligemment.
C’est ainsi que Grain d’Or de Douay écrivait les événements de la première croisade, et que l’un des successeurs de Guillaume le Conquérant faisait chanter, par l’Anglo-Normand Robert Wace15, les guerres de la conquête. […] Est-ce à l’abondance et à la mêlée des événements ? […] Aucun événement publie ni personnel, ne le fit descendre en lui-même jusqu’à la source des accents virils et des expressions de génie.
Mais sa grande inspiration ne soufflait pas encore en lui quand il écrivait ces sonnets et ces œuvres en prose ; elle ne souffla que dans l’exil, quand les événements, la guerre, la diplomatie, la politique et les passions civiles eurent fait silence, le soir, dans son âme. […] Chaque scène de ce drame sacré était empruntée à la terre ou aux autres planètes de l’espace, et les décorations poétiques changeaient ainsi, au gré du poète, comme l’époque, les événements, les personnages. […] Le matin, c’était un diplomate habile et consommé, traitant avec une autorité polie les intérêts de la France à Rome ; le soir, c’était un érudit presque monastique, élucidant avec des religieux et des bibliothécaires le texte d’un vers du Dante ou le sens d’une allusion obscure de ce poète aux hommes et aux événements de son temps.
Je tombe sur Berthelot, que les événements de ce temps ont affaissé, ont rendu comme bossu. […] Les conséquences des choses et des événements mentent. […] J’étudie la physionomie des gens, qui est comme le baromètre des événements dans les révolutions ; j’y trouve comme un contentement caché, une joie sournoise. […] Sur les visages, comme l’annonce d’un événement heureux. […] Quelqu’un causant des derniers événements, et à propos de ces événements de la dernière Exposition et de la réunion de tous les souverains de l’Europe qui auraient dû empêcher ces désastres, la princesse l’interrompt : « Oh !
La rapidité par le récit, l’événement raconté en une phrase, le fait en un mot, voilà le but auquel il désire surtout arriver et qu’il atteint souvent. […] Notes et souvenirs, tel est le titre du volume qui vient de paraître chez Calmann-Lévy et qui nous reporte aux terribles événements de 1871-1872. […] Vitu, suppliant la miséricorde céleste, Paris subsistera, quels que soient les tempêtes et les événements, la fureur des hommes et des choses ! […] Il est intitulé : Études d’art antique et moderne et se compose d’une suite d’études écrites ou sur l’esthétique proprement dite ou sur certains événements d’art tels que la découverte d’un beau vestige de l’antiquité, un Salon ou un anniversaire glorieux. […] Homme de devoir et de conscience, celui qu’on appelait le Grand Baron s’est peint lui-même en racontant les événements de son temps et, sans avoir à la justifier, a raconté par le détail toute sa carrière administrative.
L’événement littéraire essentiel, pour cette génération, c’est l’émigration. […] C’est quand il raconte à distance les événements de son temps et de son règne qu’il est le moins croyable. […] En revanche, si Delphine se passe de 1790 à 1792, au milieu des événements qui opposent déjà deux Frances, on n’y trouve qu’une peinture insignifiante des sentiments et des événements politiques. […] Elle travaillait alors à ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, qu’elle put laisser presque terminés. […] La Révolution française, cet événement universel sans commune mesure avec la Révolution insulaire des Anglais, la frappe d’autant plus fort qu’elle était appelée, choisie de Dieu, pour une mission plus grande.
« Vous préparez de mémorables événements à l’histoire. […] Le 21 mars 1804, de grand matin, Bonaparte le fit appeler, et, le mettant sur le chapitre du duc d’Enghien, lui apprit brusquement l’événement de la nuit. […] Les événements de 1813 remirent politiquement en évidence M. de Fontanes. […] Ce fut un des grands événements de ce temps-là. […] Il n’était pas de force individuelle capable de changer les éléments et de prévenir les événements qui naissaient de la nature des choses et des circonstances.
Pendant cinquante ans, l’élite de l’univers ne connut pas événements plus excitants que les colères, les vengeances, les attendrissements, les bons tours de ce fébrile amant de la célébrité. […] Jean-Jacques avait seize ans quand survint l’événement qui allait mettre pour longtemps sa destinée dans le plus grand accord possible avec son cœur. […] Pour un homme qui sent avec quelque force les événements spirituels, c’est un cruel malaise d’être divisé contre soi-même. […] Précipitions-nous dans le mugissement du siècle, dans le tourbillon des événements ! […] Si la religion chrétienne a des symboles pour chacun des événements spirituels qu’il est son but et son essence de susciter, c’est pour subvenir à la faiblesse de l’homme charnel.
XII Les événements ne me donnèrent pas le temps de rejoindre mon poste ; M. de Marcellus et moi nous déclinâmes la confiance et l’involontaire complicité de l’acte. […] Il vivait hors du monde des événements ; et se plongeait de plus en plus dans les études et dans les spéculations de la haute philosophie de l’ancienne Grèce.
Ce romanesque, qui sort des événements arbitrairement inventés pour les besoins du drame, est la partie faible du roman. […] La détresse du peuple, les travailleurs sans pain, le dernier des Condés disparu dans les ténèbres, Bruxelles chassant les Nassau comme Paris les Bourbons, la Belgique s’offrant à un prince français et donnée à un prince anglais, la haine russe de Nicolas, derrière nous deux démons du midi, Ferdinand en Espagne, Miguel en Portugal, la terre tremblant en Italie, Metternich étendant la main sur Bologne, la France brusquant l’Autriche à Ancône, au nord on ne sait quel sinistre bruit de marteau reclouant la Pologne dans son cercueil, dans toute l’Europe des regards irrités guettant la France ; l’Angleterre, alliée suspecte, prête à pousser ce qui pencherait et à se jeter sur ce qui tomberait ; la pairie s’abritant derrière Beccaria pour refuser quatre têtes à la loi, les fleurs de lis raturées sur la voiture du roi, la croix arrachée de Notre-Dame, la Fayette amoindri, Laffitte ruiné, Benjamin Constant mort dans l’indigence, Casimir Périer mort dans l’épuisement du pouvoir ; la maladie politique et la maladie sociale se déclarant à la fois dans les deux capitales du royaume, l’une la ville de la pensée, l’autre la ville du travail ; à Paris la guerre civile, à Lyon la guerre servile ; dans les deux cités la même lueur de fournaise ; une pourpre de cratère au front du peuple ; le midi fanatisé, l’ouest troublé, la duchesse de Berry dans la Vendée, les complots, les conspirations, les soulèvements, le choléra, ajoutaient à la sombre rumeur des idées le sombre tumulte des événements. » VIII Tout cela mène à ce que l’auteur nomme l’Épopée de la rue Saint-Denis, c’est-à-dire aux barricades.
On avait dit aux auteurs dramatiques : Conservez à chacun son propre caractère… Des siècles, des pays étudiez les mœurs ; mais en leur prescrivant sur ce point la plus rigide exactitude, on leur avait laissé, en ce qui concerne les circonstances des événements, une assez grande liberté. […] Peut-être même si l’événement ne retentit pas avec autant d’éclat dans l’histoire, sera-t-il permis d’en modifier le dénouement.
Pour peu qu'on y fasse réflexion, on trouvera que c'est peut-être à cet avantage que la Henriade a dû son succès ; avantage que n'ont pas eu les autres Poëtes, qui ont été obliges de créer leur Personnage principal, & tous les événement de leur Poëme. […] S'agit-il d'un Conseil, d'une Bataille ou de quelque autre événement ?
L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître. […] Cette action d’Hamilcar, qui fut le chef-d’œuvre et la couronne de son savoir dans l’art militaire, et le salut d’une république très puissante tombée dans les extrémités les plus tristes, cette action, dis-je, se trouve dépouillée d’une infinité de circonstances très importantes pour l’intelligence d’un événement si mémorable.
S’il assistait à une fête, s’il visitait quelque endroit, s’il faisait quelque rencontre, cet événement, avec toutes ses circonstances, lui paraissait si familier, qu’il se sentait sûr d’avoir déjà éprouvé les mêmes impressions, étant entouré précisément des mêmes personnes ou des mêmes objets, avec le même ciel, avec le même temps, etc. […] Si, par exemple, on constatait qu’un enfant qui appartient à une famille de marins, mais qui n’a jamais vu la mer aux sombres reflets, qui même n’en a jamais entendu parler, manifeste le sentiment de reconnaissance au moment où il la contemple pour la première fois, nous pourrions conclure à peu près sûrement qu’il y a là quelque chose comme un souvenir des événements antérieurs à la naissance.