On a considéré ces globules muqueux comme pouvant provenir de cellules épithéliales avortées, mais il me paraît beaucoup plus vraisemblable que ce sont des produits accidentels dus à l’irritation de la muqueuse buccale, incessamment en contact avec l’air et les corps étrangers. […] La salive obtenue sans mélange de substance étrangère, et injectée dans les veines des animaux, ne produit aucun accident fâcheux. […] Mais nous avons dit que, dans ce dernier cas, la réaction n’était que masquée, et la preuve, c’est qu’on peut la faire reparaître à l’aide de certains moyens, et particulièrement en précipitant les matières étrangères à l’aide de l’acétate de plomb. […] La ligature des conduits excréteurs étant insuffisante, l’ablation de l’organe impossible, nous avons songé à le détruire par des injections de substances étrangères dans son conduit.
D’ailleurs, leur matière est très souvent étrangère au terroir où s’érigeaient les dolmens et les tumulus qui les recouvrent. […] Comme les hommes des dolmens, ils reçoivent de l’extérieur leurs armes de luxe, ces haches polies, en jadéite, en isocrase, en saussurite et, chose singulière, elles sont moins belles et plus mesquines que celles que les étrangers, et sans doute les mêmes, fournissaient aux mégalithiques de notre Occident. […] Les événements de la Révolution » les guerres de l’Empire, les découvertes scientifiques et géographiques, le contact des littératures et des mœurs étrangères, tout cela a multiplié presque à l’infini notre faculté d’imaginer ; et cette faculté d’imaginer a réagi très fortement sur notre sensibilité.
Ravivée à ces sources sublimes, fécondée par l’histoire et par l’étude plus intelligente des chefs-d’œuvre étrangers, la littérature française semble appelée à de nouvelles et brillantes destinées.
Son air aveugle lui donnait la physionomie d’un inspiré qui débite des oracles satiriques, non de son cru, mais par quelque suggestion étrangère.
Pourtant elle n’échappe pas au froid du genre, aux images d’emprunt, à l’enthousiasme de commande qui vient traverser l’enthousiasme naturel, et qui va s’affubler d’ornements pris dans les vieux vestiaires (les perles Indiques, le rivage du More, les plaines que lavent l’Inde et l’Euphrate, Memphis, le Liban, le turban, toutes choses étrangères à nos habitudes et qui ne sont belles que de convention).
Inquiète sur le sort de cette jeune étrangère, elle était sans cesse occupée du soin de faire son bonheur : de son côté, Mlle Aïssé, dont le cœur était aussi bon que sensible, avait pour M. et Mme de Ferriol les sentiments d’une fille tendre et respectueuse ; sa conduite envers eux la leur rendait tous les jours plus chère : elle était bonne, simple, reconnaissante.
Le premier Consul, qui ne laissait à personne le droit d’avoir un avis sur les affaires de guerre ou de diplomatie, ne l’employait qu’à négocier avec les ministres étrangers, d’après ses propres volontés, ce que M. de Talleyrand faisait avec un art qu’on ne surpassera jamais.
Et, parce que vous n’avez pas leur foi, vous sont elles plus incompréhensibles et plus étrangères que les âmes de l’antiquité orientale ou hellénique ?
Zola eut beau déclarer qu’il ne demandait qu’à rester chez lui bien tranquille, qu’à écrire en paix ses articles et ses livres, qu’à les voir juger sans passion ; qu’il était d’ailleurs complètement en dehors de la question de théâtre : on s’obstina à livrer contre lui une bataille qu’il n’acceptait pas, et, plus tard, à lui reprocher les défauts d’une pièce à la rédaction de laquelle il est resté étranger, qu’il n’a pas signée, mais qu’il n’a pas éreinté non plus, ainsi que le prédisaient ses ennemis.
La maladie, avant de tuer quelqu’un, apporte à son corps de l’inconnu, de l’étranger, du non lui, en fait une espèce de nouvel être, dans lequel il faut chercher l’ancien… celui dont la silhouette animée et affectueuse n’est déjà plus.
Mais, tout bien compté, si notre poésie classique a une foule de qualités, elle n’est pas poétique ; et si la prose classique l’est davantage, elle l’est encore trop peu : tantôt démonstrative et philosophique, tantôt oratoire et éloquente, tantôt spirituelle, elle est rarement poétique, — surtout quand elle devient « fleurie », car les fleurs de rhétorique sont ce qu’il y a de plus étranger à la poésie.
Entourées d’étrangers, elles ont eu à soutenir la concurrence contre beaucoup de nouvelles formes vivantes ; et il est probable que des modifications avantageuses dans leur structure, leurs habitudes et leur constitution les auront successivement adaptées par sélection à leurs nouvelles stations en les transformant plus ou moins.
Des poètes étrangers, Shelley notamment, ont obtenu des suffrages.
Elle est là comme une étrangère dans ce sujet français de Clavijo, taillé en tragédie par les ciseaux de Gœthe, l’éternel arrangeur, dans les Mémoires de Beaumarchais.
Les déterministes s’empareront de cet argument : il prouve en effet que nous subissons parfois d’une manière irrésistible l’influence d’une volonté étrangère.
Au travail de condensation intérieure qu’il fait subir au résidu de sa pensée nous demeurons étrangers.
amis, cette barbe et ce costume suranné me déguisent-ils au point de me rendre étranger à mes compagnons habituels ? […] Il faut retourner votre âme, la vider comme un seau d’ordures, taper sur le fond pour en faire couler la lie… Mais j’oubliais : vous êtes Français, et s’il est une chose certaine, c’est la répugnance que montre le tempérament français pour les plus magnifiques élans des mystiques étrangers.
Il donne au loup un titre honorable, l’appelle « beau sire. » Le principal mérite de Louis XIV et de son siècle fut l’établissement de cette politesse qui répand de l’agrément sur toutes les petites actions de la vie, et lie de prime abord des étrangers, même des ennemis.
C’est par cette allée qu’on fait passer les ambassadeurs pour aller à l’audience, et les autres étrangers de qualité aussi, afin qu’ils voient cette pompe merveilleuse.
Dans la rue, vous vous sentez coudoyer l’âme par le passant ; de là-haut, votre pensée lui marche sur la tête comme sur quelque chose d’anonyme, d’impersonnel, d’inconnu, d’étranger qui est en bas, là-dessous.
Il le comprenait et l’admirait dans les parties les plus étrangères à lui-même ; il se plaisait à être son complice dans le latin macaronique de ses plus folles comédies ; il lui fournissait les malignes étymologies grecques de l’Amour médecin ; il mesurait dans son entier cette faculté multipliée, immense ; et le jour où Louis XIV lui demanda quel était le plus rare des grands écrivains qui auraient honoré la France durant son règne, le juge rigoureux n’hésita pas et répondit : « Sire, c’est Molière. » — « Je ne le croyais pas, répliqua Louis XIV ; mais vous vous y connaissez mieux que moi. » On a loué Molière de tant de façons, comme peintre des mœurs et de la vie humaine, que je veux indiquer surtout un côté qu’on a trop peu mis en lumière, ou plutôt qu’on a méconnu.
Et l’homme qui a le mieux servi cette hostilité du classicisme et du romantisme, a été M. de Vogüé, qui a attribué à une littérature étrangère, une originalité qu’elle n’avait pas, et lui a apporté une gloire, qui nous était légitimement due.