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524. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

Je ne puis mieux comparer la critique d’alors qu’à ces ingénieurs et à ces officiers du génie qu’on envoie d’avance pour frayer le chemin, établir une chaussée à une armée qui les suit et qui fait une halte forcée.

525. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). » pp. 506-509

En un mot, à chaque fait un peu général que vous cherchez à établir touchant cette pauvre littérature, l’exception se lève aussitôt et le ruine ; quelque caractère particulier et déterminé que vous tâchiez d’indiquer, il se trouve toujours à côté autre chose d’assez imposant et d’aussi légitime que le reste, qui vous répond : « Non, la littérature de notre temps n’est pas cela. » C’est toute la définition que j’en veux donner aujourd’hui.

526. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Dans aucun cas, d’ailleurs, le Gouvernement n’eût pu intervenir comme le désiraient les directeurs, lesquels demandaient une enquête ayant pour but : 1º La révision de la loi du 13 janvier 1791, qui permet aux sociétés d’auteurs de traduire en police correctionnelle tout directeur qui peut se trouver en désaccord avec elles ; 2º La création d’un tarif pour les œuvres des auteurs, quelque minimes que soient ces œuvres, tarif qui, une fois établi et fixé, couperait court à bien des prétentions ; 3º Enfin que les contestations entre auteurs et directeurs, contestations qui sont essentiellement commerciales et rentrant dans le droit commun, soient jugées par les tribunaux civils ou de commerce et non par les tribunaux correctionnels.

527. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Le premier Ouvrage fait admirer un esprit lumineux, qui se joue de l’embarras des systêmes, procede avec dextérité à travers les contradictions, développe sans gêne les principes qu’il a établis, & fait adopter ses idées, non en faisant sentir la touche intime de la persuasion, encore moins la force de la conviction, mais par le talent de plaire & d’amuser.

528. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Une analyse un peu minutieuse des sons de la langue française ne pourrait s’établir à moins d’une centaine de lettres ; et il faudrait constamment refondre cet alphabet modèle, car les sons changent : tantôt une lettre perd un son, tantôt elle en gagne un autre.

529. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

Le grand Corneille répond à ces objections, que cet usage a été établi pour donner du repos à l’esprit, dont l’attention ne pourrait se soutenir pendant cinq actes, et n’est point assez relâchée par les chants du chœur, dont le spectateur est obligé d’entendre les moralités ; que, de plus, il est bien plus facile à l’imagination de se figurer un long terme écoulé dans nos entr’actes, que dans les entr’actes des Grecs, dont la mesure était plus présente à l’esprit ; qu’enfin la constitution de la tragédie moderne est de ne point avoir de chœur sur le théâtre, au moins pendant toute la pièce.

530. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre II. Vue générale des Poèmes où le merveilleux du Christianisme remplace la Mythologie. L’Enfer du Dante, la Jérusalem délivrée. »

Si Homère et Virgile avaient établi leurs scènes dans l’Olympe, il est douteux, malgré leur génie, qu’ils eussent pu soutenir jusqu’au bout l’intérêt dramatique.

531. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

Le polythéisme avait établi l’homme dans les régions du passé ; le christianisme l’a placé dans les champs de l’espérance.

532. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Application des principes établis dans les chapitres précédents.

533. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre X. De la chronologie poétique » pp. 235-238

Déterminés dans le choix de leurs premières demeures par le besoin de trouver de l’eau et des aliments, ils ne peuvent se fixer d’abord sur le rivage de la mer, et les premières sociétés s’établissent dans l’intérieur des terres.

534. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Introduction Nous avons au livre premier établi les principes de la Science nouvelle ; au livre second, nous avons recherché et découvert dans la sagesse poétique l’origine de toutes les choses divines et humaines que nous présente l’histoire du paganisme ; au troisième, nous avons trouvé que les poèmes d’Homère étaient pour l’histoire de la Grèce, comme les lois des douze tables pour celle du Latium, un trésor de faits relatifs au droit naturel des gens.

535. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

C’est pour maintenir la paix qu’ils s’assemblent ; ce sont des traités de paix qu’ils concluent entre eux dans leurs parlements ; ce sont des provisions pour la paix qu’ils établissent dans leurs lois. […] Des gouttes de la neige fondante naquit un géant, Ymer. « Ce fut le commencement des siècles,  — quand Ymer s’établit […] — il a établi le commencement. —  Il a formé d’abord,  — pour les enfants des hommes,  — le ciel comme un toit,  — le saint Créateur !  […] Un d’entre eux, Adlhem, s’était établi sur le pont de sa ville, et répétait des odes guerrières et profanes en même temps que des poésies religieuses, pour attirer et instruire les hommes de son temps. […] — la terre et le firmament. —  Il mit en haut le firmament,  — et cette vaste étendue de la terre, il l’établit — par sa force redoutable,  — le tout-puissant Roi !

536. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Nous avons aussi établi et nous établirons encore que l’esprit de l’homme est en possession de principes que la sensation précède mais n’explique point, et qui nous sont directement suggérés par la puissance propre de la raison. […] Cependant, ainsi que nous l’avons établi, nous apercevons la vérité, nous n’en sommes pas les auteurs. […] Nous avons établi, contre Kant, l’absolue autorité de la raison et des vérités qu’elle nous découvre. […] Commençons par bien établir la méthode qui doit présider à ces recherches. […] Ce que le genre humain croit et pense, souvent à son insu, la philosophie le recueille, l’explique, l’établit.

537. (1888) Études sur le XIXe siècle

Telle qu’elle se manifeste dans la tétralogie, et surtout dans Parsifal, la religion de Wagner n’a rien de commun avec les cultes établis. […] Les descriptions, quelque longues qu’elles soient, ne sont presque jamais établies que par l’accumulation du même trait, répété tantôt en termes différents, tantôt en images itératives. […] Mais, sur ce point encore, il faut établir une distinction. […] Si la base de la société est mauvaise, il n’y a pas de livres immoraux, pas plus ceux de Manzoni que d’autres, puisque alors les principes de la moralité demeurent à établir et attendent un fondement nouveau. […] Il est sceptique, mais sans aigreur, juste assez pour rester tranquillement établi dans un épicuréisme modéré.

538. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

C’est cet état de transition que nous exprimons par effort, tendance, par tous les mots indiquant l’activité en opposition à la pure pensée ; il établit pour nous la continuité entre les divers points de l’espace comme entre les divers points du temps : sans cet état intermédiaire, ni attente ni souvenir ne seraient possibles. […] Une fois que cette sorte de cadre unilinéaire s’est établi dans le cerveau, tous les événements intérieurs viennent spontanément y prendre place, mais ce qui introduit la vie dans ce cadre représentatif, c’est l’appétit. […] Renouvier, lui, transforme en a priori une simple loi générale de notre expérience, de notre « imagination », ce qui est un moyen facile, mais trompeur, d’établir l’a priori. […] Penser, c’est établir des relations entre des termes qui, tous les cieux, doivent être présents à la fois pour que la comparaison soit possible. […] Penser, en un mot, c’est établir des relations tout au moins de différence et de ressemblance ; or, il n’y a de différence et de ressemblance aperçue qu’entre des objets co-existants dans la conscience.

539. (1891) Esquisses contemporaines

Le flot montant de la démocratie démagogique roule une vague furieuse qui déferle jusque sur les marches des trônes les plus solidement établis. […] On estimait être en droit de distribuer le blâme ou l’éloge suivant des règles fermement établies par la tradition, l’usage et le goût. […] La mesure des choses manque ; il n’y a plus d’idéal fixe, il n’y a plus de principes établis. […] Rien ne nous est impossible, excepté d’établir un point d’appui pour l’âme, une assurance pour l’esprit. […] Est-il juste d’établir entre les divers promoteurs d’un mouvement une telle solidarité ?

540. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

La censure établie fit conséquemment en faveur du pouvoir ce qu’elle n’eut pas fait pour la vertu. […] Pense-t-on que si la doctrine que j’ai professée n’eût pas été la mienne, je n’aurais pas employé ce que j’ai de logique à en établir une contraire ? […] Établissez clairement leur division, on les jugera sur les lois qui les constituent, on les classera dans leurs rangs, et on reconnaîtra leur bonté relative. […] Ces deux exemples démontrent sur quel fonds mince la fable des comédies de cette espèce doit être établie. […] Ces quatre personnages servent les uns et les autres à bien établir le tort d’une sévérité trop austère, et d’une indulgence trop relâchée.

541. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

L’assiette de la littérature est établie, presque autant que sur des auteurs, sur de bons, honnêtes et patients lecteurs. […] Comment cette critique professionnelle s’est-elle établie dans les nations modernes ? […] C’est seulement à la fin de l’Ancien Régime que s’établissent des cours publics tels que nous les voyons aujourd’hui. […] Je crois que c’est Nisard qui, dans son Histoire, a établi les valeurs de la littérature française en fonction justesse de ses idées. […] Un concurrent vint s’établir et mit : Aux meilleures brioches de France !

542. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Si cependant j’ay suivi quelquefois leur éxemple, c’est par pure déférence au goût établi qui fait regarder ces saillies puériles comme un entousiasme sublime, et comme une noble confiance inséparable du genie. […] C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger les ouvrages anciens et modernes ; mais il seroit bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siécles passez et les auteurs vivants. […] J’en conviens, me, et je sçai la différence qu’Aristote établit entre la bonté morale, et la bonté poëtique d’un caractere. […] La voilà legislatrice malgré sa modestie ordinaire qui ne se propose que de maintenir les régles établies par les autres. […] Voilà le culte homerique établi bien nettement.

543. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Les vérités qu’il s’est proposé d’établir obligent la conscience de l’homme ; elles règlent toutes ses actions ; elles ne le quittent pas d’un instant dans cette course de la naissance à la mort qu’on appelle la vie ; elles ne peuvent pas être méprisées ni éludées impunément ; elles perdent ou elles sauvent. […] Pascal n’est pas un docteur de l’Eglise, héritant d’une croyance de tradition, qu’il est chargé de transmettre aux autres par la prédication ou de défendre par la théologie, au nom et avec l’appui d’un culte établi. […] Aucun de ces grands hommes ne fit d’ailleurs son unique affaire d’établir sa foi ; aucun n’eut à choisir entre ne pas croire et croire, entre le néant et la vie. […] Si je regarde celles des Pensées qui touchent à la société, aux gouvernements, à la justice, aux grands, Pascal voit plus loin que Descartes, dont la politique est de s’accommoder de ce qui est établi ; plus loin que Bossuet, qui bornait ses vues à la monarchie absolue tempérée par des lois fondamentales.

544. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

celui-là est un homme considéré, bien établi dans le monde, presque un député, susceptible au moins de l’être. […] La piété de ma grand’mère, sa politesse, son culte pour l’ordre établi, me sont restés comme une des meilleures images de cette vieille société fondée sur Dieu et le roi, deux étais qu’il n’est pas sûr qu’on puisse remplacer. […] Elle était sceptique sur l’issue de mes tentatives. « Ernest, me disait-elle vous ne réussirez pas, vous voulez mettre tout le monde d’accord. » Cette enfantine collaboration pacifique qui nous attribuait une imperceptible supériorité sur les autres, établissait entre nous un petit lien très doux. […] Alors s’établit en moi une lutte ou plutôt une dualité qui a été le secret de toutes mes opinions.

545. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

À une théorie comme celle de l’unité des forces physiques qui établit leurs corrélations et transformations, on reconnaît à juste titre une haute portée philosophique. […] Pour qui les juge en philosophe, leur point de départ est ruineux, mal établi, non discuté ; mais si la philosophie les condamne, l’expérience les absout. […] Ce qui occupera alors les philosophes et ce qui constituera leur domaine propre, ce sera cet inconnu sur lequel chaque science s’établit et qu’elle abandonne à leurs disputes. […] Il s’efforce même d’établir que la psychologie est la science de l’homme tout entier, la physiologie ne s’occupant que de l’animal.

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