En réduisant la donnée poétique à ses éléments principaux, en négligeant tous les éléments secondaires, on élargit le cadre qui d’abord semblait si étroit. […] Si donc Goethe et Tieck ont eu tort de chercher dans l’acte poétique, pris en lui-même, un élément dramatique, M. […] Or, ici encore, les éléments fournis par l’histoire ont été métamorphosés par l’imagination du poète. […] Puisque la combinaison des éléments dont nos organes se composent n’explique pas la faculté de penser, pourquoi la dispersion de ces éléments s’opposerait-elle à la permanence de cette faculté ? […] Ayant en main tous les éléments de la vérité, il s’en est servi avec trop de réserve et d’avarice.
Le sociologue, lui, dans l’histoire bien faite d’une littérature trouvera des lois démontrées, qui, lorsqu’un travail analogue aura été opéré sur d’autres littératures nationales, lui seront des éléments précieux pour une philosophie de l’évolution littéraire et même, comme les diverses parties d’une civilisation sont solidaires, de toute l’évolution sociale.
La méthode expérimentale, en s’avançant de proche en proche depuis le domaine des éléments inorganiques, jusqu’à l’être organisé, et dans celui-ci même, jusqu’aux fonctions nerveuses les plus proches des facultés intellectuelles et morales, cette méthode partout accompagnée de l’infaillible nécessité, ne viendra-t-elle pas un moment mettre en péril la liberté de l’être moral ?
Le changement de direction dans le mouvement constitue la forme… « Le poète délaissant la copie du monde extérieur créera ses formes esthétiques par le dégagement de l’essentiel dans les éléments que fournit la nature.
Entre les sciences, les unes sont filles de la nécessité ou du besoin, telles sont la médecine, la jurisprudence, les premiers éléments de la physique et des mathématiques ; les autres naissent de Tàisance et peut-être de la paresse, telles sont la poésie, l’éloquence et toutes les branches de la philosophie spéculative.
Voilà de quels éléments M. […] Le Romantisme est constitué par des éléments psychologiques que distingue soigneusement M. […] Voilà avec quels éléments de vaudeville MM. […] Doit-on exposer les familles, c’est-à-dire les éléments mêmes de la nation, aux caprices des particuliers ? […] Un point, autour duquel se sont cristallisés tous les autres éléments du livre, a retenu surtout M.
L’hérédité constitue un autre milieu, qu’une illusion fait souvent considérer comme un élément rétrospectif, tandis que son action est toujours présente. […] Hippocrate ne considérait-il pas déjà la maladie comme un procès entre l’élément morbide et l’organisme, et l’issue comme le jugement ? […] Un autre élément de crédibilité dans la Comédie humaine est le style. […] Il souligne ce terme qui décèle l’ancien carabin, et l’élément de morbidité de ces durs revirements antagonistes, à propos desquels on a prononcé le mot déshonorant d’envie. […] Avec quelle énergie de bon ouvrier il dégage tout de suite de sa situation l’élément profitable, celui qui l’aidera dans sa culture !
Ou bien l’élément dramatique se libère du lyrisme, et c’est ce qui est arrivé pour notre tragédie. […] Ou faut-il espérer que la littérature s’assimilera l’esprit scientifique, au point d’en faire un élément, entre les autres, de la production de l’œuvre d’art ? […] Cette unité ne tarde pas à se dissoudre, et le public se modifie, se désagrège, se transforme ou se reforme avec d’autres éléments. […] Dans l’amour qui tue le premier élément que nous apercevons, c’est le désir des sens. […] Un second élément est l’amour-propre avec toutes ses nuances, depuis l’orgueil jusqu’à la fatuité.
Dumas a fait entrer dans la littérature dramatique un élément nouveau. […] Or il a beau combiner les éléments qu’apportent l’amant et sa maîtresse ; il triture, alambique, décompose, précipite tous ces éléments sans y trouver un atome d’estime, un milligramme d’amour, une vapeur de dignité11. […] Il va conserver la forme reçue en y ajoutant des éléments nouveaux. […] Telle est la complexité des éléments qui forment la vie d’une époque, que chacun y peut découvrir ce qu’il veut et trouver ce qu’il y cherche. […] On a fait entrer tant d’éléments dans la définition du réalisme qu’on ne sait plus bien, quand on en parle, de quoi il est question.
Mais la Révolution s’est acharnée à en dissoudre les éléments, par vingt mesures : la diminution de l’autorité paternelle, le divorce, l’égalité des héritages. […] Il avait dépouillé l’élément fécond : les fortes croyances, pour ne garder que l’élément dangereux : le désir passionné d’une existence d’outlaw, hors la loi commune. […] Mais le relief dans l’exactitude, c’est tout l’art de Gautier. — Taine décompose les personnages qu’il étudie en trois éléments : la race, le milieu, le moment, et chacun de ces éléments en des files de petits faits qui sont des sensations. […] Cette personne collective, elle-même, par quels éléments est-elle constituée ? […] Ce génie, nous en démêlons, dans ces pages éparses, les éléments premiers et les causes profondes.
Toujours les éléments sont multiples, mêlés, et la question pour Strachey reste toujours une question de dosage. […] Le raccourci de tels autres combine (au sens chimique du terme) ; Pascal, lui, juxtapose des éléments tout à fait purs ; là où les premiers amalgament, mentalement il biffe. […] L’élément sableux dans l’être humain, — à quel point Les Profondeurs de la mer ne nous font-elles pas assister à son écoulement ! […] Si j’excepte le solitaire bloc de granit — et sur lequel « la dent de l’envie ne mordra pas » — que présente l’œuvre d’un Claudel, l’élément granitique dans l’être humain a-t-il aujourd’hui encore beaucoup à nous livrer, — sinon le pseudo-granit de tant d’orthodoxies se décernant à elles-mêmes leurs mandats ; — et n’est-ce pas vers l’élément sableux que se tournent les regards des esprits les plus capables d’avenir. […] Notre tâche présente se borne, et se doit borner, à en recueillir et à en scruter les éléments au fur et à mesure qu’ils se présentent à la méditation.
Je crois que pour le juger plusieurs ont été induits à de l’injustice qui ont trop vu l’un seulement des deux éléments dont il résulte : l’élément païen qui lui venait de la Renaissance et l’élément purement chrétien qui, compromis un instant par l’influence païenne et par les dissensions intestines des hérésies, triomphait, simultanément avec le triomphe du Droit Divin en politique. […] L’homme n’est pas encore un être servi par des organes, et si Molière semble parfois se souvenir d’eux, c’est surtout à titre de ridicule, comme d’un élément de rire. […] Quant aux éléments quasi divins du génie de Shakespeare, ils passèrent inaperçus au regard de ses imitateurs. […] Les idées, les sentiments se divisent, se disséminent et le désir d’atteindre à l’élément premier et précis, qui toujours se dérobe, induit le Poëte en un vague d’âme et de style délicieux, déconcertant. […] Pour lui, point de Fiction jamais, sans cesse les éléments d’éternité de la Vie elle-même
Il y a dans toute société un élément générateur, un peu chaotique, qui n’a en lui ni force organisée, ni science, ni traditions : c’est tout le monde. […] Et ce ne sont pas des éléments sociaux, ce sont des forces séparatistes. […] Avec les éléments nouveaux, vous ferez moins bien que jadis. […] En somme, comme il arrive toujours, c’était son goût qu’elle arrangeait en doctrine, et, des éléments de sa théorie abandonnant ceux qui contrariaient son goût, elle devenait plus Allemande que les Allemands, négligeant dans leurs œuvres celles où ils n’étaient pas strictement ce qu’elle désirait qu’ils fussent. […] De tous les éléments constitutifs de l’ancienne France, ils n’ont laissé que le peuple, qui n’est pas élément constitutif, mais élément générateur, d’où, aisément et sans obstacle, les éléments constitutifs doivent sortir.
Méphistophélès soulève un des coins du voile de la nature ; il met Faust en communication avec les sorciers, les monstres, les feux follets, les esprits secondaires qui peuplent, invisibles, tous les éléments, et il leur fait chanter des rondes bizarres et sataniques sur les vanités et sur les misères de l’humanité. […] Sa foi se serait plus justement appelée polythéisme que panthéisme, c’est-à-dire qu’il reconnaissait et qu’il adorait la Divinité dans toutes ses œuvres sans la confondre avec ses œuvres : sorte de paganisme sans idolâtrie, qui adorait la puissance divine dans la puissance matérielle des éléments, mais qui dans l’élément adorait l’impulsion divine et non l’élément lui-même.
De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort. […] C’est un premier pas vers le roman vrai, quoique l’Astrée elle-même soit plus fausse par l’incohérence de l’élément pastoral et de l’élément historique : mais dans ce mélange je reconnais l’effet du même instinct qui va soumettre toute la littérature au vraisemblable et créer le réalisme classique. […] Pour remplacer les coups d’épée des Cyrus et des Aronce, Scarron met à notre goût un peu trop de coups de pied ; mais son récit offre, épars çà et là, ou enveloppés de fantaisie exubérante, de sérieux éléments de comédie, des figures curieusement dessinées, la Rancune, le cabotin usé et grincheux, la Rappinière, le rieur méchant, la Garouffière, le provincial parisiennant, Ragotin, un petit bourgeois vif et hargneux, galant et fat.
Les appels douloureux de Tristan, son retour attendri sur sa jeunesse, alors que le chalumeau du pâtre fait entendre le même chant plaintif qu’au jour où mourut son père ; et les rudes consolations de Kurwenal, et l’affolement d’amour, les sursauts terribles de passion qui secouent le malheureux dès qu’on signale en merle vaisseau qui ramène Iseult ; et son dernier cri d’amour en la voyant, et la transfiguration d’Iseult, « se fondant dans les grandes ondes de l’océan de délices, dans la sonore harmonie des vagues de parfums, dans l’haleine infinie de l’âme universelle » ; de ces divers éléments réunis, Wagner a su former un tout poétique et musical d’une profondeur d’accent et d’une force d’étreinte incomparables. […] « Ce n’est pas sans de longues méditations — a dit un admirateur instinctif de Richard Wagner — sans des études approfondies et une infatigable estimation des éléments qu’il emploie, que Wagner est arrivé à dompter radicalement les agents divers du drame lyrique. Pour dominer ainsi les exigences harmoniques, associer ces rythmes brisés, fondre ces modulations féroces, fusionner enfin en un cristal unique tous ces cristaux partiels si dissemblables, il faut non seulement une volonté de fer, mais aussi une pénétration inouïe des ressources inhérentes à chaque élément de l’action. […] Gasperinibi continue en disant que Wagner, dans Tristan et Iseult a réagi contre cette tendance funeste des écoles italienne et française, lesquelles absorbent volontiers le tout au profit des divers éléments constitutifs et se préoccupent moins de faire vivre une œuvre que d’animer les parties accessoires. « Ce faisant, ajoute-t-il, il a vigoureusement tourné les esprits du côté d’une réforme urgente et montré la vraie route à suivre.
Mais pour la faire goûter à des lèvres mortelles, pour la saisir lui-même de ses mortelles mains, il est contraint de la mélanger avec mille éléments terrestres et éphémères. […] Le philosophe semble prévoir l’importance exagérée qu’on va donner à la couleur locale, à la fidélité des détails, à l’élément réel, et tient encore ici la balance d’une main ferme non moins que juste. […] La civilisation moderne a joint de nouveaux éléments d’observation à ceux que possédait l’antiquité30. […] Quant à la laideur, il l’admet dans une sage mesure, comme moment (élément) de la beauté complexe.
Les accessoires du tableau, les éléments et les traits qui le justifient, se rencontrent épars, sans aucune physionomie poétique, dans la correspondance railleuse et dans les livres plus sérieux de Bonstetten. […] Le nom de l’antique Caton n’est pas suffisant pour nous réconcilier avec l’idée d’un vieillard abécédaire, d’un vieillard qui se remet aux éléments (turpis et ridicula res est elementarius senex). […] Mais toutes ces raisons de nullité disparaîtraient à la première volonté qu’il aurait d’être quelque chose ; car cet État porte en lui-même tous les éléments de prospérité.
Les premières lettres nous le montrent à l’âge de vingt-six ans, partant pour son voyage d’Amérique où il allait, chargé par le Gouvernement français d’une mission, à l’effet d’étudier le système pénitentiaire, mais en réalité pour y observer la société, les lois, les mœurs, et rapporter les éléments du grand ouvrage qui a fondé sa réputation. […] Entre le jeune voyageur de 1831 et celui d’aujourd’hui, je fais la part de la physionomie individuelle, de la différence des caractères et des formes de talent ; mais aussi il me semble qu’on peut, en lisant les deux récits, se faire une idée des éléments tout nouveaux qui sont entrés dans l’éducation depuis trente ans, des excitants qui flottent dans l’air et qu’on y respire ; de la réalité en fusion qui circule, qu’on absorbe, et qui ressort ensuite par tous les pores ; en un mot, du changement introduit dans la nourriture générale des esprits, même de ceux qui sembleraient appartenir à un même courant d’opinions et de traditions. […] Il n’avait cessé de songer à cette idée principale et maîtresse dont il pourrait se faire le chef auprès des générations nouvelles, et qu’il pourrait inscrire sur son drapeau : « Mon plus beau rêve en entrant dans la vie politique, écrivait-il à son frère, homme monarchique et catholique, était de contribuer à la réconciliation de l’esprit de liberté et de l’esprit de religion, de la société nouvelle et du Clergé. » Mais cette réconciliation s’en alla en fumée avant qu’il eût pu en rallier les éléments et en formuler la doctrine.
. — Éléments de la connaissance humaine. — Principaux composés que forment leurs combinaisons. — La naissance et la rectification d’une illusion sont les deux procédés par lesquels se forment en nous nos diverses sortes de connaissances. […] Expliquer une de ces actions, c’est en démêler les éléments, montrer leur ordre, fixer les conditions de leur naissance et de leur combinaison. Or les éléments de toute connaissance sont les événements que nous avons étudiés, signes, images, sensations.
Dans les traditions religieuses, ethniques, historiques qui sont la matière de la poésie celtique, ce ne sont que voyages au pays des morts, étranges combats et plus étranges fraternités des hommes et des animaux, visions fantastiques de l’invisible ou de l’avenir, hommes doués d’une science ou d’une puissance surnaturelles, qui commandent aux éléments et savent tous les mystères, animaux plus savants et plus paissants que les hommes, chaudrons, lances, arbres, fontaines magiques, et longs écheveaux d’aventures et d’entreprises impossibles à quiconque n’est pas prédestiné pour les accomplir, servi par les êtres ou maître des objets prédestinés à en assurer l’accomplissement. […] De la passion celtique l’amour courtois garde ce caractère, qu’il tend au positif et ne se paie pas de lointaine adoration : si bien que, de la combinaison des deux éléments, va se dégager moins un galant chevalier qu’un gentilhomme galant. […] Les éléments du symbole mystique, le roi Pécheur, le roi blessé, la lance, l’épée, le plat, tout cela est certainement celtique : mais quand et par qui ces débris de mythes païens prirent-ils un sens chrétien ?
Ces deux éléments, au reste, suffisent pour faire éclater le cadre étroit du poème dramatique. […] L’un des éléments fait obstacle à l’autre, si le poète n’intervient sans cesse pour dégager le sens du spectacle : et l’on a ainsi un poème épico-lyrique plutôt que dramatique. […] Hugo, s’il se rencontrait déjà dans Notre-Dame de Paris : un comique d’imagination, sans esprit, sans finesse et sans idées, robuste, vulgaire, un peu lourd, tout renfermé dans les éléments sensibles du style et du vers, dans l’image et dans la rime, quelque chose de copieux et de coloré dont on ne saurait nier la puissance.