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590. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

La vraie manière de bien s’en rendre compte et d’en tirer profit pour l’histoire du temps, c’est de voir comment Madame écrivait, dans quel esprit, ce qu’elle était elle-même par l’éducation, par le caractère. […] J’ai remis les deux autres à ce matin. » Elle aurait pu en écrire autant presque à chaque ordinaire. […] Elle correspondait avec Leibniz, qui l’assurait qu’elle n’écrivait pas mal l’allemand, ce qui lui fait grand plaisir, car elle ne peut souffrir, dit-elle, de voir des Allemands qui méprisent et méconnaissent leur langue maternelle. Ces lettres qu’elle écrivait à Leibniz seraient précieuses à recouvrer et à publier. […] On voit dans ces lettres, et dans quelques autres adressées au duc de Noailles, que Madame n’écrivait pas plus mal en français que la plupart des personnes de qualité de son temps.

591. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Le président Hénault Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan33. […] Il se distingua dès l’abord par une grande facilité et du talent d’écrire. […] Il fut assez coutumier du fait, et ce n’est pas la seule cérémonie dont il ait fait les frais et dont il ait écrit les doubles rôles. […] Un jour, âgé de quatre-vingts ans, il écrivit à Voltaire une lettre fort belle de sens et d’intention ; il venait de lire une des facéties irréligieuses que ce versatile génie avait publiées sous le nom d’un abbé Bazin, et où il sapait à plaisir toutes sortes de choses respectables. […] Tous les gens du métier savent que le livre intitulé Bolaeana a été écrit par de Losme de Monchesnay ; à la page 3 des Mémoires, ce Monchesnay s’appelle Moncheux.

592. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Quelques auditeurs ne lui cachaient pas leur surprise de trouver ces mémoires plus beaux et mieux écrits qu’on ne s’y attendait. […] » — « Par votre libéralité » ; répondit le valet, afin que toute la maison, petits et grands, fût informée que notre casuiste envoie ses gens au spectacle, contre lesquels M. de Meaux a écrit. […] Si l’on publie quelque écrit posthume sans le consulter (comme par exemple la Lettre aux religieuses de Port-Royal), il laisse faire, et, quand c’est fini, il dit : « Pourquoi ne s’est-on pas adressé à moi ? […] Le Dieu, au contraire, en s’attachant aux actions de Bossuet (et à part les mémoires écrits pour la montre), n’a fait que compromettre, sans le vouloir, cette haute figure ; il lui eût fallu pour pâture d’observation un moins noble maître. […] Le Dieu ne paraît pas se douter qu’après la mort de Bossuet, et sauf le compte rendu de ses écrits posthumes, son journal n’a plus d’objet.

593. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

On a trop peu de lettres ou de notes écrites de Mme d’Albanv ; on en possède assez toutefois pour bien se la représenter dans l’habitude et le train ordinaire de ses sentiments et de ses pensées. […] Horace Walpole eut lui-même occasion de la rencontrer, et il écrivait le 2 juin : « Eh bien, j’ai vu Mme d’Albany, qui n’avait pas un rayon de royauté autour d’elle. […] On lit dans son Journal de voyage écrit en français ; — car c’est en français qu’écrivait volontiers Mme d’Albany ; elle n’avait même, chose singulière ! […] Les lettres écrites à ce sujet par la comtesse sont des monuments de tendresse et de désolation. […] « Aucune de mes demoiselles du dimanche ne s’est mariée », écrivait-elle à Foscolo en janvier 1816.

594. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Elle lui écrivait un jour : « Adieu, Jacques ; je ne sais pourquoi ce nom de Jacques me paraît maintenant si harmonieux. […] Mme Dufrenoy écrivait à M.  […] « Adieu, mon ami, écrivait-elle un jour à M.  […] J’avoue que je m’en étais donné le plaisir ; je supprime ce que j’avais écrit d’abord. […] Lui-même il n’écrit pas mal, il n’écrit pas bien non plus ; il semble, à un moment, d’après Cuvier, prêt à abjurer la rhétorique, puis tout aussitôt les fausses fleurs reviennent et abondent sous sa plume.

595. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Il a écrit cette boutade : « L’ennui naquit en famille, — une soirée d’hiver. » — Il avait dix-huit ans, plusieurs projets lui traversaient la tête. […] Ainsi de La Chesnaie, en 1810, il écrit à son frère : « Sécheresse, amertume, et paix crucifiante, voilà ce que j’éprouve, et je ne veux rien de plus ; la souffrance est mon lit de repos. […] Les lettres qu’on écrit, si sincère qu’on soit, varient de ton et s’accommodent selon le cœur et le goût des correspondants auxquels on les adresse. […] Le génie ne traduit pas, M. de La Mennais savait fort mal le latin et attribuait la complète incapacité où il était d’écrire dans cette langue à l’étude qu’il en avait faite solitairement. […] Et encore, lettre du 18 juillet 1814 : « Je t’écris, stante pede in uno. » Il est vrai que cela se raccommode un peu dans une lettre du 6 avril 1817.

596. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Quand je ne revenais pas assez souvent, elle avait le soin de m’écrire et de me rappeler. […] Vous m’avez écrit une lettre un peu folle, à moi qui suis devenue excessivement grave. […] Vous m’aviez promis de m’écrire quelquefois. […] Je lui ai écrit et l’ai invité à dîner, en lui demandant la permission de lui présenter Musset. […] J’ai eu envie de lui écrire, mais je n’ai pu m’y décider.

597. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Les principaux écrits de M.  […] Dans tout ce qu’il a écrit, il n’a perdu aucune occasion de décocher contre elle son trait malicieux. […] L’idée lui était venue d’écrire un roman, Le Gil Blas révolutionnaire ; mais il n’avait rien de cette imagination qui crée les personnages ou qui anime les détails. […] Le volume qui contient ses notices biographiques et littéraires renferme peut-être ce qu’il a écrit de plus vraiment distingué et de plus parfait. […] Bazin : c’était à faire à un écrivain royaliste d’écrire de telles choses sur le premier roi Bourbon.

598. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Il ne cessa, depuis lors, d’écrire et d’épier, dans cette vue, tout ce qu’il pourrait savoir, apercevoir et deviner des choses de son temps. […] « Il écrit à la diable pour l’immortalité », a dit de lui Chateaubriand. […] Il commence dans l’introduction par se demander sérieusement, sincèrement, et avec une inquiétude presque naïve, s’il est permis d’écrire et de lire l’histoire, particulièrement celle de son temps. […] Je ne sais qui a dit de Saint-Simon que quand il écrit mal, et quand il force les termes, il est déjà dans la langue le premier des barbares. […] [NdE] Sainte-Beuve écrit « Franks ».

599. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Quand je dis que tous ceux qui ont écrit sur M.  […] Il écrivit en juillet 1815 l’Histoire des quinze semaines que je voudrais effacer. […] Michaud écrivait peu. […] Michaud excitait à écrire ; il avait des idées, et il en donnait. […] Il lui était pénible d’écrire ; le souffle et les muscles lui manquaient, et son peu de force physique, il le mettait en entier dans son histoire.

600. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Buffon n’a rien écrit ni rien lu depuis ce moment, et ce fut l’honneur du livre de M.  […] Aussi M. de Pange m’écrivait-il : « Triste comme la vérité. […] Il écrivait cela à Coppet en 1791. […] Il y a un écrit de M.  […] Cet écrit, peu lu, équivaut à une confession.

601. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Le premier écrit le Cantique des cantiques, le deuxième écrit le Lévitique, le troisième écrit les Psaumes et les Prophéties. […] Écrit, jamais. […] (Ne pas écrire Beyle.) […] Goethe, quand il les écrivait, avait soixante ans. […] Goethe a écrit cela.

602. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Les plus décens prêchaient comme Brantôme écrivit. […] Il écrivit son Histoire en Latin. […] Le tems était venu où l’Historien écrivait & pouvait écrire en Philosophe. […] Peut-être écrivons-nous plus purement que vous n’écriviez ; mais nous n’avons pas, comme vous, le droit de tout écrire. […] Il est fâcheux pour M. l’Abbé de Marsy de n’avoir pas écrit en Français aussi-bien qu’il paraît écrire en Latin.

603. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

C’est sans doute pour complaire à ce patron spirituel, ainsi qu’à ces dames Caumartin et à leur société particulière, que Fléchier écrivit l’espèce de journal et de chronique détaillée de ce voyage. Les éditeurs de ses œuvres avaient toujours jugé à propos d’éliminer un écrit, selon eux, trop familier : « Ce fut pendant ce voyage (d’Auvergne), est-il dit dans le Discours préliminaire de l’édition de 1782, et à l’occasion de tous les événements dont il y fut témoin, qu’il composa la relation des Grands-Jours, ouvrage écrit à la hâte, et qui ne ressemble en rien ni pour la gravité du ton, ni pour l’élégance du style, aux autres productions de sa plume… Aussi Fléchier, parvenu aux honneurs de l’Église et compté déjà parmi les hommes célèbres de son temps, n’a-t-il jamais permis que cette bagatelle devînt publique par l’impression. […] Gonod nous rend l’écrit oublié, et la mémoire de Fléchier s’en rafraîchit pour longtemps, pour toujours ; on le retrouve lui-même en personne, tel qu’il causait chez M. de Caumartin, avec sa diction exquise, sa lenteur étudiée, sa douce raillerie et ses grâces ; et voilà, si l’on n’y prend pas garde, qu’on va tout sacrifier de son passé pour ne plus voir de lui que l’œuvre nouvelle. […] Il a écrit avec succès, il a parlé en public, même avec applaudissement « Sa conversation n’est ni brillante ni ennuyeuse ; il s’abaisse, il s’élève quand il le faut. […] Lorsqu’il est à bout de toutes ces pédanteries d’étiquette et de toutes ces pendaisons, M. de Caumartin écrit à son ami, le joyeux Marigny, pour se relâcher un instant : mais en tout il représente là-bas la bienséance et l’humanité même.

604. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Il se cache après Waterloo ; il écrit à Mme de Timey : « Venez et fuyons ensemble. » Elle hésite et répond : « Non. » Seconde lettre de Wolfgang : « Puisque vous ne voulez pas fuir avec moi, vous ne m’aimez plus, et je me constitue prisonnier. » Et, quoique le roi lui ait accordé spontanément sa grâce, il se tue dans sa prison. […] Une fois, il déclare superbement : « J’ai trouvé la définition du beau, de mon beau à moi. » Et il écrit deux pages pour nous dire qu’il ne conçoit pas la beauté sans mystère ni tristesse ; mais il ne l’explique pas, il ne saurait. […] Il écrit : « A Honfleur ! […] Sur ce point, sa correspondance fait mal à lire… Joignez à cela sa maladie nerveuse, dont il put bien hâter les progrès par des excès de toute sorte, mais qui était d’ailleurs héréditaire. « Mes ancêtres, écrit-il, idiots ou maniaques, dans des appartements solennels, tous victimes de terribles passions. »… Ah ! […] Mais lui-même avait écrit : « Créer un poncif, c’est le génie.

605. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Madame de Sévigné écrivait à sa fille, dans sa lettre du 1er de l’an : « On ne voit point encore ces princes ; l’aîné a été trois jours avec père et mère. […] Le 8 janvier, madame de Sévigné écrivait : « On ne voit point encore les nouveaux princes. […] Cependant, le 25 mai 1674, madame Scarron écrivait de la cour à Gobelin une lettre qui demande un peu d’attention pour être entendue99. […] Le 6 septembre 1674, elle écrit à son frère qu’elle est en marché d’une terre dont elle offre 240 000 francs. […] Cette lettre est certainement écrite de la cour, cela résulte de la dernière phrase : Le P.

606. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Le 8 juillet, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Le roi arrive ce soir à Saint-Germain, et par hasard madame de Montespan s’y trouve aussi le même jour. […] « Je désire plus ardemment que jamais, écrivait-elle, d’être hors d’ici, et je me confirme de plus dans l’opinion que je ne puis y servir Dieu. […] Madame de Maintenon veut toujours se retirer ; elle écrit de Versailles à Gobelin le 15 juin au soir : « J’ai prié madame la duchesse de Richelieu de vous dire ce qui s’est passé ici. […] Ce que madame de Maintenon prévoyait quand elle écrivait à Gobelin, « J’aurai de grands chagrins », ne tarda pas à se réaliser. Elle lui écrivit une lettre sans date autre que celle de 1676 ; mais qui est certainement du mois de juillet, comme on le verra par une lettre suivante qui est explicative de celle-ci.

607. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre premier. L’ubiquité de la conscience et l’apparente inconscience »

Telle autre devine tout de suite, les yeux fermés, le mot qu’on lui a fait tracer : elle n’a pourtant pas senti, dit-elle, le mouvement imprimé à sa main pour la faire écrire, mais elle a la représentation visuelle du mot, qui lui apparaît tout à coup, dit M. Binet, « comme s’il était écrit à la craie sur un tableau noir ». […] Si le sujet pense spontanément à une personne à un objet, à un chiffre, ou si on le prie de penser à tout cela, sa main anesthésique, qui tient une plume, « écrit aussitôt, dit M.  […] Binet demande à la personne quel est son âge ; au moment où elle répond : dix-huit ans, « et même quelques secondes avant qu’elle réponde », la plume qu’on a eu soin de glisser entre l’index et le pouce de sa main anesthésique fait la même réponse écrite. Le sujet a la représentation consciente de son âge : il n’a pas la représentation de ce qu’il écrit.

608. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Malheureusement beaucoup de ces lettres sont adressées à la duchesse de Saxe-Weymar, et comme toutes les lettres qu’on écrit à des princesses ou à des princes et qu’il faut colleter d’étiquettes ou embarrasser de révérences, elles ont perdu du naturel et de la profondeur que leur auteur pouvait y mettre. […] III Écrit par une femme, aveuglée par le talent et la renommée de Mme de Staël, et n’ayant peut-être pas exactement conscience de ce qu’elle écrivait, ce livre de Weymar et Coppet, qui aurait dû être un coup de pied dans le ventre de l’opinion déjà faite sur Mme de Staël, a glissé sur cette opinion et l’a à peine effleurée. […] Je crois que je pourrais écrire : le génie même de l’Expression. […] Oui, elle en est, mais avec les qualités que je viens d’énumérer et qu’elle a dans une proportion et une idéalité incomparables, et comme nulle autre femme ne les eut jamais dans la langue qu’elle parla et qu’elle écrivit. […] Elle n’a ni la distinction patricienne de celle qui écrivit Delphine, ni le sentiment virginalement poétique qui créa Lucile Edgermond, ni la grâce, la grâce aérienne qui est partout dans Mme de Staël et qui, dans le génie des femmes, est encore le meilleur caractère du génie !

609. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XX. Mme Gustave Haller »

Tentant peut-être pour la plume, malgré son impureté, qui a écrit Lélia, un pareil roman aurait pu être essayé par Mme Sand, cette tête hermaphrodite, prise pour une tête d’homme par un siècle lâche et myope, et qui croyait, en se regardant, que la femme peut tout ce que l’homme peut. […] Les personnages de son drame de cœur, comme dans la plupart des romans écrits par des femmes, n’ont ni physionomies, ni visages. […] L’incohérence est comme le caractère de ce livre, écrit, à ce qu’il semble, pour être publié en feuilletons. […] le sort des femmes qui se vouent au bas-bleuisme, c’est de se donner beaucoup de mal pour arriver au niveau du premier homme médiocre qui écrit, et qui, pour être médiocre, ne se donne pas tant de peine que cela. […] Ce livre de « Vertu » dont le titre est un titre à la manière anglaise (les Anglais seuls ont de ces livres abstraits qui disent l’idée de leurs livres), ce livre dont les mœurs sont anglaises, semble avoir été écrit par un bas-bleu anglais.

610. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Puisqu’on a songé à le donner aux divers écrits de Daumas, qu’on nous permette de dire quelques mots sur cette espèce de panoplie littéraire, faite avec des livres beaux et étincelants comme des armes, et qui devront tenir une si noble place dans la littérature historique et militaire de notre temps. […] ce fut quelque chose de plus rare, sinon de plus précieux ; quelque chose qui devait relever les autres qualités de ses écrits et qui en fit instantanément la fortune. […] On se le rappela certainement quand les Coalitions marchèrent sur nous, aux jours funestes, et, d’ailleurs telle était la popularité de celui qui l’avait écrit de sa plume insultante qu’il nous démoralisa par son insulte, en nous persuadant que nous la méritions. […] Elle faisait en Afrique cette histoire que le général Daumas a écrite, et qui avait en Europe la plus respectueuse popularité. […] Encore une fois, c’est là l’importance lapins incontestable et la plus actuelle des écrits du général Daumas.

611. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

Ce fut la première fois que ce nom de Joubert, écrit pourtant par Chateaubriand, parut, pour disparaître. […] Lui, le plus français des écrivains par la beauté de la langue et ses grâces, il n’avait pas la furie française, et même il eut la qualité anti-française qu’estimait le plus Henri Beyle, son antipode : quand il faisait ou écrivait quelque chose, il ne pensait pas au voisin. […] Et il a écrit sur bien des choses, sur lui-même, sur la création, sur l’homme, sur la religion, les beaux-arts, la poésie, l’antiquité, et toujours il n’a été préoccupé que de cette combinaison : la clarté de la pensée dans l’expression transparente. […] Il leur suffît d’être finies. » Lyre toujours montée, Sibylle toujours prête, mais sans l’emportement des Sibylles, il écrivait sur de petits morceaux de papier, pris partout, ce qui lui venait partout… Et ce qui lui venait, ce n’était ni des éclairs, ni des étincelles, c’étaient des rayons. […] C’est ce génie trompé d’abord, puis rassasié, qui lui fit écrire, à lui, la miette de Platon, qu’il était plus Platon que tout Platon, le Platon intégral : Platone platonior , dit-il pudiquement en latin.

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