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17. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Alors on pourra bien écrire, et l’on écrira bien naturellement, sans s’embarrasser des règles de la rhétorique. Il suffira de quelques conseils bien simples, bien évidents pour former le style ; quand l’esprit saisit bien, quand le cœur sent bien, quand on a échappé à la tyrannie paresseuse de la mémoire, on n’écrit jamais mal et l’on est tout près de bien écrire. L’art d’écrire s’apprend donc en même temps qu’on apprend la littérature, l’histoire, les sciences, par cela même qu’on les apprend, en même temps qu’on avance dans la vie, par cela même qu’on vit : l’étude et l’expérience sont les vraies sources de l’invention et du style. […] N’allez pas croire qu’il lui suffise de connaître la mythologie et le poème du Tasse pour écrire la fameuse lamentation sur ses arbres abattus ; une mémoire d’écolier aurait teinté le sentiment de pédantisme, et tout était gâté. […] Vous pouvez aimer votre vieux jardinier, sans être capable d’écrire ces simples mots : « Maître Paul vient de mourir ; notre jardin en est tout triste ».

18. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Un nom propre écrit en tête de ces sortes d’ouvrages ne dit pas grand’chose. […] Les citations évangéliques, dans les écrits pseudo-clémentins d’origine ébionite, présentent le même caractère. […] Elles furent écrites de l’an 50 à l’an 140 de l’hégire. […] Telles sont les règles qui ont été suivies dans la composition de cet écrit. […] Les deux écrits offrent la plus complète identité de style, les mêmes tours, les mêmes expressions favorites.

19. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

C’est là, selon moi, la perle des lettres d’amour écrites par Henri IV. […] Par ce laquais vous avez écrit à votre fils et non à moi. […] Votre dernière dépêche me rapporta (me rendit) la diligence d’écrire que j’avais perdue. […] Il y a toujours mille choses qui ne se peuvent écrire. […] Il lui écrit de Blois, le 18 mai 1589, dans les termes ordinaires : Mon âme, je vous écris de Blois, où il y a cinq mois que l’on me condamnait hérétique et indigne de succéder à la couronne, et j’en suis à cette heure le principal pilier.

20. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

La principale cause de l’admiration qui nous saisit en lisant le petit nombre d’écrits qu’il nous reste de la première époque de la littérature romaine, c’est l’idée que ces écrits nous donnent du caractère et du gouvernement des Romains. […] Sextus Papyrius, Sextus Cœlius, Granius Flaccus, etc., ont écrit sur ce sujet dans les troisième, quatrième et cinquième siècles de la république. […] Posthumus Albinus, romain, écrivit une histoire de Rome en grec ; Fabius Pictor, une autre en latin, etc. […] Plusieurs de leurs discours existaient encore par écrit du temps de Cicéron. […] Mais ils répugnent à corriger ce qu’ils composent, et trouvent même quelque chose de honteux à raturer leurs écrits.

21. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Quand même on ne le considère que comme un homme qui a écrit. […] Un esprit médiocre croit écrire divinement ; un bon esprit croit écrire raisonnablement. […] Il faut leur laisser tout à suppléer, et n’écrire que pour eux seuls. […] Ce sexe va plus loin que le nôtre dans ce genre d’écrire. […] La gloire ou le mérite de certains hommes est de bien écrire ; et de quelques autres, c’est de n’écrire point.

22. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Il n’y a point de pays peut-être où l’on ait tant écrit sur la Grammaire de la nation qu’en France. […] Il n’écrit point d’une maniere convenable à son sujet. […] Il étoit digne d’un homme qui écrit aussi bien, d’apprendre aux jeunes auteurs comment on pourroit écrire avec justesse. […] C’est, suivant lui, la partie de la Grammaire qui traite de la parole écrite. “La parole écrite est l’image de la parole prononcée.

23. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XII »

Cette méthode apprendra-t-elle infailliblement à écrire ? […] On peut beaucoup corriger et n’en pas mieux écrire. […] Conteste-t-on, par exemple, que, pour bien écrire, il faille au moins réfléchir et méditer ? […] Nous ne cesserons de répéter ce mot, tant qu’on s’obstinera à mépriser le travail et à croire qu’il est facile de bien écrire.‌ […] Vous savez bien que je n’ai écrit cela nulle part.

24. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

On arriverait, avec cette explication, à trouver que d’Arlincourt lui-même n’écrivait point mal. […] Le plaisir d’écrire est perdu. […] Sa façon seule d’écrire expliquerait cette répulsion. […] Celui-là employait une langue qui n’appartient qu’à lui et écrivait avec la seule force de l’idée toute nue. Si Fénelon n’a pas écrit comme eux, c’est tout simplement parce qu’il n’était, comme on l’a dit, qu’un écrivain de second ordre.

25. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Justin martyr, dans l’écrit que nous venons de citer la traite de grande clameur. […] Tels étoient l’art du geste et l’art de composer et d’écrire en notes la déclamation. […] J’aimerois autant un commentaire sur Tacite écrit par un chartreux. […] Nous n’avons point assez d’accens pour l’écrire en notes avec les accens ainsi que les anciens l’écrivoient. […] La déclamation notée ne seroit autre chose que les tons et les mouvemens de la prononciation écrits en notes.

26. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Je lui écrirai quand je serai plus avancée. […] Je vous ai écrit un mot en partant de Bondy. […] J’écrirai à Camille par le premier courrier. […] Plus tard je vous écrirai ce que je fais. […] Peut-on écrire sans froideur à quelqu’un qu’on a vraiment aimé ?

27. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

De la parole écrite. […] Voilà pourquoi la première loi de Lycurgue fut une défense d’écrire les lois. […] Et Porphyre remarque très bien que tant que les hommes furent heureux ils n’eurent pas de lois écrites. […] Ainsi la parole écrite n’a servi longtemps qu’à constater les résultats ou les conséquences de la parole traditionnelle. […] Maintenant il ne s’agit plus que de la liberté d’écrire et de publier ses pensées.

28. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les entretiens du poète réformateur avec ses amis roulaient exclusivement sur l’art d’écrire. […] Ils se communiquaient leurs écrits, dit Pellisson, et s’en donnaient librement leur avis. […] Des innombrables écrits qui sortirent de sa plume dans l’espace de soixante ans, aucun n’est demeuré. […] Il voulait bien ne pas écrire contre eux, mais il ne voulait pas rompre avec ses anciens amis. […] Pourquoi n’y pas voir ce qui rend ces écrits si admirables, l’esprit collectif qui dicte, des plumes particulières qui écrivent, une révision en commun qui arrête le travail ?

29. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Écris-moi donc pour cette époque chez M.  […] De plus, j’ai toute sorte de répugnance pour recommencer à écrire. […] Le 8 juin suivant, l’abbé Jean écrivait à M.  […] Écrire m’ennuie mortellement, et de tout ce qu’on peut me marquer, rien ne m’intéresse. […] Et ce grand esprit écrit ces choses sans que la plume lui bronche !

30. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Il est sans contredit un de nos premiers auteurs pour la prose ; notre langue paroît avoir dans ses écrits un caractère particulier, qu’on ne lui connoissoit pas encore. […] Diderot a donné sur la morale est écrit d’un style vif & énergique, mais de tems en tems louche, dur & négligé. […] L’auteur écrit durement & aime à faire parade de ce qu’il a lu. […] Toussaint, sont très-agréablement écrits. […] On sent dans tout ce qu’il écrit l’élévation de son ame & la force de son génie.

31. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Écrivez-moi toujours à Londres. […] Je vous écrirai de Lancaster. […] Vous avez vu, madame, ce qu’on m’écrivait. […] Quant à mon oncle, qui a eu sa part dans ces clabauderies, je lui ai aussi écrit un bref billet de Rastadt, d’où je vous écrivis aussi. […] C’est au retour de ce voyage qu’il écrit.

32. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Où n’écrivent pas X et Z ? […] On écrit trop pour écrire bien. […] écrivait René à Celuta. […] C’est en s’abstenant d’écrire qu’on développe le talent d’écrire. […] Il faudrait, en un mot, pour bien écrire, oublier que l’on écrit.

33. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

La première fut écrite en 1848 et publiée pour la première fois en 1871 (si je ne me trompe) ; la seconde fut écrite en 1852, et elle est la rédaction définitive de l’Anneau du Nibelung, tel que nous le connaissons aujourd’hui. […] Ces deux écrits peuvent et doivent être considérés comme intimement liés à l’Anneau du Nibelung. […] Cette conviction a été exprimée par Wagner : dans sa vie entière, dans ses écrits, dans son « Festspielhaus » de Bayreuth. […] Rod faisait fausse route lorsqu’il traduisit un des derniers écrits du maître : Religion et art, et M.  […] Les amis et les ennemis de Wagner sont entrés en lice pour voir qui écrira le plus de sottises sur ce pauvre homme.

34. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Quand ils ont été écrits pour la première fois, ils ne l’ont pas été par des savants. […] Tout au plus y avait-on écrit connaissance, connaître, ivraie jusqu’alors écrits par o. […] 61 Le Dictionnaire écrit ostrogot : pourquoi alors écrire gothique ? […] Il est bien vrai qu’autrefois, dans sa première édition, l’Académie avait écrit phantôme, phantastique, phrénésie et que depuis elle a osé écrire fantôme, fantastique, frénésie, etc. […] Il y a un fort bon écrit d’un grammairien estimable, feu M. 

35. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Or, quoiqu’il y ait déja plus de quatrevingt ans que D’Ablancourt a écrit, son stile ne nous paroît point vieilli. Pour bien écrire, il faudra toujours s’assujettir aux regles que cet auteur et ses premiers successeurs ont suivies. […] Mais quoique le stile se corrompe, quoiqu’on abuse de la langue, on ne laisse point d’admirer toujours le stile des auteurs qui ont écrit quand elle étoit dans sa force et dans sa pureté. […] On admiroit encore ces auteurs comme de grands modeles, deux mille ans après qu’ils avoient écrit et quand on les imitoit si peu. […] Mais, dira-t-on, ne pourra-t-il pas arriver que les critiques à venir fassent remarquer dans les écrits que vous admirez des fautes si grossieres, que ces écrits deviennent des ouvrages méprisez par la posterité ?

36. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

, et qui semblait se réveiller, en bâillant, du sommeil d’Épiménide, pour écrire cette vie en retard. […] Eh bien, par le genre de ses qualités même, Paul de Musset ne pouvait pas écrire la vie d’Alfred, et il ne l’a pas écrite non plus ! […] écrivait La Fontaine à un ministre de son temps, qui ne sourcillait pas du reproche. […] à écrire la vie du mien ?… C’est cette vie-là d’Alfred de Musset qui nous manque, et puisqu’il ne l’a pas écrite, puisqu’il ne s’est pas appesanti sur elle, qui nous manquera probablement toujours… S’il l’avait écrite, on l’aurait jugé ; et on ne peut que le deviner, ce tendre cœur qui vivait de son cœur quand on le croyait un mondain frivole, et qui mourut de son cœur quand on le croyait un mondain vicié.

37. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

C’est le meilleur commentaire et le plus utile correctif que pouvaient recevoir les autres écrits si distingués, mais un peu altiers, du comte de Maistre. […] Ce livre existe en partie dans les Considérations, et aussi dans mainte autre page de ses lettres et de ses écrits. […] À l’ami et au confident de Louis XVIII, au marquis d’Avaray, M. de Maistre écrit (juillet 1807) : « Bonaparte fait écrire dans ses papiers qu’il est l’envoyé de Dieu. […] À ce fils lui-même, à la veille de la bataille de la Moskova, il écrivait : « En ce temps-là malheur aux pères !  […] Très violemment ou plutôt lestement attaqué pour un de ses écrits par un M. 

38. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

Tout le monde, en effet, en est venu là aujourd’hui, de vouloir écrire correctement, décemment. […] Pas une étudiante de Murger ne voudrait écrire ainsi. […] L’orthographe, c’est le nécessaire pour quiconque écrit. […] Celui qui m’écrit qu’il a « de curieux authographes » peut savoir le turc ou le chinois, mais, à coup sûr, il n’a pas fait ses simples études classiques. […] Et si nous écrivons plus correctement, que ce soit pour exprimer surtout des sentiments droits ou des pensées justes.

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