L’emploi d’une forme de style, l’expression d’une conception particulière quelconque, que cet emploi soit original ou qu’il puisse paraître entaché d’imitation, est un fait ayant pour cause prochaine, comme tout le livre, la toile, la partition dont il s’agit, un acte physique de leur auteur, poussé par quelque besoin de gloire, d’argent, par un mobile, instinctif, n’importe, de faire une de ces œuvres. […] La nature des sujets, des visions, des métaphores, du ton, de l’allure, de la ponctuation même d’un écrivain : de la touche, des procédés, des lignes, de l’équilibre des figures, des valeurs, du coloris d’un peintre ; des timbres et des rythmes d’un musicien ; des lignes, des modules, des dimensions, de l’ornementation d’un architecte, — tous ces signes esthétiques pourront être ramenés à une signification psychologique, et l’ensemble de ces déductions pour un auteur présentera de son esprit un tableau déjà poussé, que compléteront les indications tirées des émotions qu’il suggère. […] Cette organisation est plus marquée chez l’artiste original, puisqu’elle l’a poussé à inventer en dehors de ce qui existait : elle est probablement moins accentuée chez l’artiste imitateur, chez qui elle s’est manifestée sans spontanéité. […] Nous avions exigé que ces notions fussent définies, scientifiques, Utilisables ; dans tous nos exemples précédents, nous les avons poussés à ce point ; il convient d’y insister.
Il avait poussé son odyssée jusqu’au Brésil et en était revenu pour mourir pauvre en 1834. […] Le pommier, s’il pousse trop bien en pleine terre et avec une végétation trop luxuriante, ne donne que peu de fruits. […] Les organisations trop heureuses sont sujettes à pousser tout en bois et en feuillage.
Quand on s’appelle Michelet, et quand on a fait un livre dans lequel on a poussé le panthéisme historique jusqu’à dépouiller de leur personnalité les chefs de la Révolution française au profit du peuple anonyme et de la chose révolutionnaire, pourquoi l’inconséquence d’un livre intitulé : Les Femmes de la Révolution ? […] Les plus forts, les plus gigantesques de ses chefs apparents, qu’il poussait devant lui sous le coup de fourche de son inflexible volonté, ne furent, entre ses mains de Briarée, que d’énormes pantins qu’il fit jouer et qu’il brisa. […] Tous, sans exception, agirent sous la pression de cette tassée d’hommes qui venaient derrière eux, et en qui, millions de poitrines haletantes de haine et d’envie, soufflait l’Esprit qui avait poussé Alaric à brûler Rome.
Émile Bergerat est né à Paris, rue de la Vieille-Monnaie, près le Pont-Neuf, en 1845, au mois d’avril, alors que les arbres du boulevard poussaient leurs premières feuilles et que les moineaux francs pépiaient au bord des toits, secouant dans un rayon de soleil leur plumage lustré d’une dernière averse… Lorsqu’il étrenna sa première culotte, ses parents, d’excellents bourgeois, décidèrent qu’il irait l’user sur les bancs d’un collège et le mirent en pension, à Vaugirard, chez les jésuites. […] De ce nombre, il convient de citer les Cuirassiers de Reischoffen et le Maître d’école, ce dernier ouvrage surtout, dont un autre poète a dit qu’il était « le plus beau cri de douleur qu’ait poussé la patrie française pendant son martyre de 1870 ».
Un mot d’explication J’avais espéré, après la ridicule campagne de presse que subirent — et dont profitèrent, peut-être — mes amis intellectuels les jeunes écrivains, j’avais espéré, dis-je, que de nouvelles « actualités » détourneraient la veine des chroniqueurs et laisseraient aux Laborieux un peu de silence et d’ombre pour parfaire de nouveaux et plus définitifs ouvrages ; J’avais compté sans l’éhontée soif de réclame qui pousse les stériles et les impuissants : Déjà le Traité du Verbe — pétard qui fit trop long feu — avait émotionné le public en 86 ; la fin de 87 voit éclore une brochure d’adéquate valeur, L’École décadente, mais aux visées documentaires les plus dangereusement fausses et qui ont surpris la bonne foi de beaucoup. […] Bien que sans autres titres que ma connaissance familière des œuvres de ces jeunes écrivains, je me sens poussé par l’indignation en face des injures ineptes où sont en but de sympathiques et consciencieux artistes à écrire quelques lignes de vérité.
Une force irrésistible semble la pousser de plus en plus violemment à la satisfaction de ses désirs les plus grossiers. […] Parfois, le seul fait de pousser plus loin qu’il ne semblait raisonnable conduit à un entourage nouveau, crée une situation nouvelle, qui supprime le danger en même temps qu’il accentue l’avantage. […] On poussera donc de plus en plus loin ; on ne s’arrêtera, bien souvent, que devant l’imminence d’une catastrophe. […] Ne devons-nous pas supposer alors que ce fut un souffle démocratique qui poussa en avant l’esprit d’invention, aussi vieux que l’humanité, mais insuffisamment actif tant qu’on ne lui fit pas assez de place ? […] Le grand souffle de vie qui passa sur notre planète avait poussé l’organisation aussi loin que le permettait une nature à la fois docile et rebelle.
La Révolution de 1830, à laquelle cette génération avait tant poussé par sa lutte des quinze années, s’est faite en grande partie pour elle, et a été le signal de son avénement. […] Il faut avoir agi beaucoup par les idées et continuer d’agir et de pousser le glaive devant soi, pour sentir combien ce qui tient si peu de place à distance a pourtant de poids et d’effet dans la mêlée, Or, M. […] A propos de son cours sur la Destinée humaine, où il semblait n’indiquer qu’à peine aux jeunes âmes inquiètes un sentier religieux qu’on aurait voulu alors lui entendre nommer, on disait dans un article du Globe de décembre 1830 : « Comme un pasteur solitaire, mélancoliquement amoureux du désert et de la nuit, il demeure immobile et debout sur son tertre sans verdure ; mais du geste et de la voix il pousse le troupeau qui se presse à ses pieds et qui a besoin d’abri, il le pousse à tout hasard au bercail, du seul côté où il peut y en avoir un. » Le propre de M. […] Cousin s’était engagé dans le carbonarisme et y poussait avec prosélytisme ; après quelque hésitation, les deux amis y entrèrent, mais par M. […] … Nous ne concevons pas que tant de gens de conscience se jettent dans les affaires politiques, et poussent le char de notre fortune dans un sens ou dans un autre, avant d’avoir songé à se poser ces grandes questions….
Aucune victoire n’est complète qu’après que le Te Deum , qui pousse l’armée et le peuple au pied des autels du Dieu de la patrie, a porté ses notes triomphales et reconnaissantes jusqu’au ciel ! […] Son front était étroit, peu élevé, comme celui que les sculpteurs de Chypre ou de Milo donnent à leurs statues de femmes, parce que la Grèce et l’antiquité savaient bien que la vraie beauté de la femme n’est pas dans l’intelligence de la physionomie, mais dans la tendresse de l’expression du visage ; des cheveux d’un blond doré poussaient très bas sur ce front et l’encadraient dans les boucles à peine ondées de ces cheveux. […] Au contraire, toutes les fois que la Jumelle entrait dans la danse, et qu’un danseur, l’élevant de terre dans ses deux bras, comme c’est l’habitude à la fin de l’air, poussait un de ces grands cris de triomphe et de joie qui sont l’évohé rustique de ces fêtes de village, Didier baissait les yeux ; il trouvait un prétexte pour s’éloigner, comme s’il avait entendu une voix qui l’appelait au jardin ou à l’étable. […] À ce moment les garçons et les filles, se levant tous à la fois de leur cachette, jetèrent un de ces grands cris qu’on appelle dans le pays chuffer, cris que poussent de temps en temps, pour s’égayer, les bûcherons dans la forêt, les vendangeurs dans les vignes, les faucheurs dans les prés, les moissonneurs à la fin du champ de blé ! […] Ses doigts, ouverts comme par une main de force, se détachèrent des deux touffes de bruyère qui le soutenaient sur l’abîme ; son orteil détendu glissa sur l’étroite corniche qu’il avait saisie comme point d’appui pour enjamber le sommet du précipice ; il glissa le long du rocher et roula évanoui et sanglant le front sur les pierres, sans pousser un cri.
Victor Hugo se propose d’amplifier ; puis vient une redite, puis une autre en termes de plus en plus abstraits, magnifiques ou abrupts, aboutissant de pousse en pousse à cette efflorescence, l’image, qui termine le développement, marque le passage à un autre thème indéfiniment suivi d’autres. […] Elles débutent comme au hasard par un aphorisme quelconque, et continuent au cours des phrases sans que l’on puisse deviner le motif intérieur qui a poussé le poète à écrire. […] Ici son imagination, laissée libre par la réalité, profitant des interstices que la science et l’expérience laissent dans le réseau de leurs notions, usant des terreurs héréditaires que les grands spectacles nuisibles ont déposées dans les âmes, pousse ses plus étranges et ses plus luxuriantes végétations. […] Que l’on ajoute encore à toutes ces scènes certains portraits pleins d’ombre et de réticence, dont le plus grand exemple est la silhouette bizarre, sacerdotale et scélérate du docteur Geestemunde, certains ensembles brouillés et confus, la perception subtile du trouble d’une société à la veille d’une émeute, de cet instant des batailles où tout oscille : La ligne de bataille flotte et serpente comme un fil, les traînées de sang ruissellent illogiquement, les fronts des armées ondoient, les régiments entrant ou sortant, font des caps ou des golfes, tous ces écueils remuent continuellement les uns devant les autres… les éclaircies se déplacent ; les plis sombres avancent et reculent ; une sorte de vent du sépulcre pousse, refoule, enfle et disperse ces multitudes tragiques… Enfin que l’on considère cette tendance poussée à bout, que l’on fasse l’énumération de tous ces poèmes douteux où M. […] Le mot, s’il ne contient que les attributs les plus généraux, les plus caractéristiques et les plus simples de l’objet qu’il désigne, les porte en lui poussés à leur plus haute puissance.
Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers. […] On ajoute que ce fut cet amour malheureux qui le poussa à son aventure guerrière en Pologne pendant l’insurrection de 1831. […] Timide et fier, et même un peu sauvage, il ne laissait pas d’en souffrir. « Dans sa droiture et dans sa fierté, » nous dit quelqu’un qui l’a bien connu, « il avait un tel éloignement de tout ce qui ressemble à l’intrigue, qu’il poussait cette aversion jusqu’à se refuser les plus simples démarches et relations qui pouvaient contribuer à la célébrité de son nom et de ses ouvrages.
Ces réflexions improvisées et que rien ne les poussait à faire sur un sujet qui leur est fort égal, ces considérations ou ces plaisanteries qu’ils griffonnent d’une plume rapide et dédaigneuse portent quand même leur marque, trahissent leur philosophie habituelle, leur conception de la vie, leur tempérament. […] Il a commencé par être un reporter plein de déférence ; puis il s’est poussé et s’est maintenu par le respect du public, entendez par le respect des opinions et des goûts présumés de la haute et moyenne bourgeoisie. […] On ne saurait pousser plus loin que M.
— son flair d’industriel, l’avait poussé à faire une place à part à Jean Moréas et à son école. […] De tous les chroniqueurs, Jean Lorrain, monté à l’assaut de l’Événement, poussa le premier l’intrépidité jusqu’à mettre ses lecteurs dans la confidence du nouvel évangile. […] Une voix de rogomme décèle Yann Nibor ; une voix de crécelle trahit Lemercier : Baillot survenant illico Nous en pousse une raide… Alors apparaît Montoya, Celui qui ténorise, Et tout’s les femm’s disent déjà Que sa chanson les grise !
Après bien des agitations, bien des mouvements contradictoires, le flot pousse sur la terre de vérité cet esprit inquiet et troublé, épave enfin sauvée peut-être. […] Des mysticités poussent sur les ruines. […] Mais, un jour qu’elle se sent trop amoureuse de Jude, elle pousse la « pénitence » jusqu’au bout et, dans un dégoût qu’elle parvient à peine à cacher, vient offrir à Phillotson, qui encore se fait prier, « la suprême chose ».
Or, chez nous aussi ils tendent à le devenir, comme en Italie, et la critique dramatique tout entière, par le ton qu’elle prend en parlant du moindre comédien, pousse à ce lamentable résultat. […] Eh bien, c’est ce renversement volontaire, accepté et à la mode, de la main qui reçoit et de la main qui donne, c’est l’anarchie, le ridicule et le danger d’une telle situation, c’est l’abaissement moral vers lequel doucement elle nous pousse, que nous voulons seulement… indiquer ! […] Elle devait pousser, après beaucoup de siècles, il est vrai, dans le cerveau des nations chrétiennes, et nous devions la réaliser avec cette légèreté charmante « qui ne voit pas grand mal à ça », comme nous avons le droit de le dire, tant notre vieillesse, ainsi qu’on le sait, a le cœur pur !
Quand la première édition parut, les amours-propres blessés poussèrent un cri si aigu que nous nous imaginions trouver en cette Correspondance beaucoup de ces vérités malicieuses qui sont innocentes lorsqu’elles sont spirituelles, mais que les douillets de la sottise appellent des méchancetés, pour s’en plaindre et pour s’en venger. […] Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’Histoire, mais l’historiette à la place de tout, qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante, la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, — n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du xixe siècle, l’arpenteur du globe qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço avec un album dans sa poche ! […] Tout le monde l’a exagéré, et j’ai signalé quelques-unes des raisons qui ont poussé à cette exagération universelle.
Quand la première édition parut, les amours-propres blessés poussèrent un cri si aigu que nous nous imaginions trouver en cette correspondance beaucoup de ces vérités malicieuses, qui sont innocentes lorsqu’elles sont spirituelles, mais que les douillets de la sottise appellent des méchancetés, pour s’en plaindre et pour s’en venger. […] Dans une époque qui pousse cet amour des faits jusqu’à préférer les plus petits aux plus gros, uniquement parce qu’ils sont les plus petits, — qui a mis je ne dis pas l’histoire, mais l’historiette à la place de tout, — qui dernièrement, en ses journaux, pour se dispenser d’avoir du talent, a inventé la Chronique, cette chose amusante ; la chronique, chère au dilettantisme littéraire de messieurs les portiers, n’est-il pas tout simple qu’Alexandre de Humboldt, le chroniqueur de la science du dix-neuvième siècle, l’arpenteur du globe, qui montre les mesures qu’il a prises, le voyageur, qui a lu des voyages et qui en a fait, produise sur nous tous l’effet d’un Moïse, — d’un Moïse, assez bon pour nous, qui ne descend pas de l’Horeb avec les Tables de la Loi, mais du Chimboraço, avec un album dans sa poche ! […] Tout le monde l’a exagéré, et j’ai signalé quelques-unes des raisons qui ont poussé à cette exagération universelle.
S’il est vrai, comme le disait Napoléon, que les hommes, grands ou petits, sont fils des circonstances, le mot est encore plus vrai des idées… Flèches lourdes ou légères, aiguës ou émoussées, le vent qui les pousse, l’air qu’elles traversent, le point d’où elles sont ajustées, font plus pour elles que la corde de l’arc qui les chassa ou la main qui les a lancées. […] Ce n’est pas l’instinct de la pensée chrétienne qui l’a poussé de ce côté et qui l’a fait aller d’Abailard, de l’hérétique Abailard, jusqu’à l’orthodoxe Anselme. […] La véritable gloire de saint Anselme est d’avoir donné à tous les fidèles de son temps, du haut d’une position qui leur imposait et les entraînait, l’exemple du respect de l’obéissance poussé jusqu’au fanatisme, mais à un fanatisme pour la première fois désintéressé.
Elle est intitulée Le Cri, et c’en est un comme jamais bouche de femme n’en a poussé ! […] La Sapho sans Phaon qui est ici n’y tombe point, mais elle y entre lentement, toujours désespérée, comme une athée vaincue mais soulagée par le cri qu’elle a amassé dans son cœur et qu’elle pousse. […] Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre, Entend autour de lui les vagues retentir Qu’à perte de regard la mer immense et sombre Se soulève pour l’engloutir, Sans espoir de salut et quand le pont s’entr’ouvre, Parmi les mâts brisés, terrifié, meurtri, Il redresse son front hors du flot qui le couvre, Et pousse au large un dernier cri.
S’ils sont inquiétés, ils poussent un lamentable gémissement qui ressemble beaucoup à celui du chameau. […] Un seul œuf n’avait rien produit, et la femelle, deux jours après la naissance de sa couvée, le poussa résolument hors du nid. […] Tout à coup il poussa un cri fort et perçant, assez semblable à celui d’un hibou ; et j’en fus tellement surpris, qu’à l’instant même mon fusil se releva […] Le fugitif, qu’on savait avoir le plus de valeur, après sa femme, fut mis en vente à part, et poussé à un prix excessif. […] C’est ici la touffe de crins qui pousse derrière le pâturon.
Louvois surtout, par son activité et ses instincts de guerre, poussait son maître dans cette voie, si tant est qu’il eût besoin de l’y pousser. […] De cette manière, le roi paraîtra faire justice et la fera en effet, et la Chambre, en adjugeant à l’évêque ce qui lui appartient, réunira à la couronne de Sa Majesté la souveraineté des lieux que les évêques auront fait assigner… Afin de ne point faire trop de bruit, il ne faut comprendre dans une même requête que cinq ou six villages, et, de huitaine en huitaine, en faire présenter sous le nom de chacun desdits évêques, moyennant quoi, en peu de temps, l’on aura fait assigner tous les lieux qu’on peut prétendre avoir été autrefois desdits évêchés. » La tactique est assez nettement indiquée ; on voit la marche de cette politique rongeante qui bientôt ne se contenta point d’absorber les petits feudataires enclavés, mais qui s’essayait parfois à sortir du cercle et à pousser jusqu’en pays allemand, à la grande clameur des seigneurs, princes ou même rois qui se sentaient atteints. […] Rousset) que Mme de Chamilly était janséniste, « adonnée aux nouveautés », qu’elle allait être considérée par le parti comme une Mère de l’Église, et que cela fut poussé au point qu’à la mort du maréchal on crut devoir lui refuser la pension qu’il était d’usage d’accorder aux veuves des maréchaux22.
Il n’est rien en nous qui ne soit, à quelque degré, social, qui n’ait été influencé, produit, transformé par l’ensemble auquel nous appartenons, par la société qui nous a précédés, qui nous entoure, et qui nous survivra, sur laquelle nous avons poussé comme une feuille caduque sur un chêne centenaire. […] Par exemple il sera recommandé à l’homme de résister à certains désirs excessifs pour conserver sa santé, de ne pas céder aux tentations de la colère pour en éviter les suites fâcheuses, de prendre certaines habitudes de régime, de propreté, etc., en dépit des goûts différents, ou de la paresse, qui le pousseraient à agir autrement ou à ne pas agir. […] Certains instincts, hérités en partie de ses ancêtres animaux, la passion amoureuse, la tendresse filiale ou maternelle, l’amitié même l’y poussent parfois. […] Et d’autre part on entrevoit bien chez l’homme la formation d’un instinct plus proprement social, qui naît sans doute par la contrainte d’abord et sous la pression de l’intérêt personnel, par l’attraction aussi, qui se développe par l’habitude, par le jeu normal des institutions, par le fait que nous sommes continuellement emboîtés dans un ensemble social organisé, poussés, contenus, surveillés et dirigés par lui.
Laffitte a fait l’essai non pas d’un système, mais de l’absence de tout système, mais du gouvernement par abandon. » Comment se fait-il donc qu’au moment où ce système à la dérive cessait, où un homme ferme et impérieux, Casimir Périer, se saisissait du pouvoir et allait par son énergie créer à la monarchie de Louis-Philippe le ressort sur lequel elle a vécu depuis, comment se fait-il que Carrel ait poussé un cri de colère, et l’ait dénoncé à l’instant comme le Polignac de la branche cadette, et qui allait consommer l’attentat contre les opinions véritablement nationales ? […] Dès lors, en voyant arriver un ministère qui disait : « J’éviterai la guerre au-dehors, et pour cela je rétablirai avant tout, l’ordre au-dedans », il frémit avec sincérité, il poussa le cri d’alarme en toute franchise : Malheur, s’écriait-il (16 mars), malheur à qui coupe les jarrets de son coursier pour n’être pas emporté par lui ! […] Il l’en raillait, il l’on poussait à outrance ; on peut voir, entre autres morceaux à demi oratoires, une prise à partie poignante qui est un modèle de ce genre d’éloquence insultante et d’invective raisonneuse : « Si j’avais cru, il y a un an, etc. » (30 mars 1831.) […] Le temps de la politique brutale est passé, avec les défaites de la force brutale qui nous a plus ou moins poussés en 1831 et 1832, et à laquelle nous avons payé tribut par esprit de chevalerie.
Elle poussa si loin le scandale, qu’elle fut mise en prison, & qu’elle ne put échapper que par la fuite à la sévérité des loix. […] Combien d’imprécations ne poussa-t-il pas contr’eux, parce qu’on fit brûler publiquement ses satyres à Londres, que son effigie fut pendue dans une comédie représentée devant le monarque, & que sa majesté se contenta de lui faire donner des coups de bâton par son ambassadeur en Espagne : action qu’il traita d’assassinat, criant qu’il n’avoit été sauvé que par la protection de la Vierge ?
» Cela, à l’heure même où Remy de Gourmont concède : « J’aime l’inaction, le différé, il n’y a pas grande différence entre les rêves et leur réalisation. » Alors, à quoi bon pousser l’aventure ? […] C’est Charles Vignier qui pousse ce refrain émancipateur. […] Ce n’est pas la foi qui le pousse à étouffer ses désirs et à se mutiler, c’est, au contraire, l’écœurement du plaisir et le besoin de se « purifier dans l’air supérieur » qui le fera tout à l’heure retrouver les vestiges de la foi perdue et s’y cramponner avec l’énergie du désespoir : Je suis le plus méchant des mauvais serviteurs Ô Jésus, qui prêchais la sagesse aux docteurs ! […] Le monde s’étonne, et eux-mêmes, s’étonnent, peut-être, plus encore de ces réflexes qui les poussent, à chaque instant, à détourner la tête vers les brumes du passé : Où rêvent, fraternels, les éphèbes antiques Et Narcisse au grand cœur qui mourut de s’aimer, Eux-mêmes ne s’expliquent guère cette obsession à rouvrir : L’Ère auguste des dieux et des amours bizarres, « Bizarres »,, c’est le désaveu qu’ils jugent prudent de s’infliger. […] Ils marchent à tâtons dans la nuit, faute d’avoir su identifier la force qui les pousse à « s’affranchir de la lourde nature ».
Cela était poussé si loin qu’on cessait d’être le chevalier en titre d’une dame, par cela seul qu’on devenait son mari. […] Ainsi Pauline, qui aime encore Sévère et qui est encore aimée de lui, pousse jusqu’au renoncement le plus vertueux le respect de la foi conjugale. […] Dans la Clélie, la hautaine Tullie pousse ce cri de révolte : « J’aimerais mieux être soldat que princesse, tant je suis peu satisfaite de mon sexe ! […] Je ne sais point si la ’tendresse maternelle a été plus vive de nos jours qu’autrefois ; je suis tenté de le croire, bien qu’elle ait été de tout temps passionnée ; mais, à coup sûr, l’art d’être père et grand-père n’a jamais été poussé plus loin qu’aujourd’hui, si cet art consiste à satisfaire les désirs et les caprices de la gent enfantine ; et, comme il est aisé de le voir, cette exaltation d’un sentiment naturel a leu aussitôt son contrecoup dans les œuvres de nos écrivains. […] On a déjà esquissé cette histoire en partie double95 ; il faut la pousser plus avant, en ayant soin de discerner ce qui, par exemple, dans nos anciennes comédies, fut tradition ou fantaisie de ce qui fut reproduction exacte de la société environnante.
L’Empire, contre qui il s’était mis en lutte, l’étouffait : quand le colosse parut chanceler, Chateaubriand tressaillit ; quand tout croula, il poussa un cri, un cri de joie sauvage. […] L’irritation de se voir évincé du pouvoir au moment où il avait cru le tenir, le poussa à partager et à exciter de son talent tous les excès de réaction que réclamait la Chambre de 1815. […] Chateaubriand fit preuve d’un grand talent d’écrivain, d’une passion incandescente, d’une assez grande habileté de tactique, et il travailla plus que personne à pousser la Restauration hors de la ligne modérée et à l’attirer dans des voies qui n’étaient nullement celles du juste milieu. […] Elle s’avance ; elle nous presse ; elle nous pousse : bientôt elle va prendre notre place. […] Après avoir, dans la première moitié de sa vie politique, poussé la Restauration dans le sens de l’ultraroyalisme, M. de Chateaubriand, dans la seconde moitié, l’a attaquée par un brusque volte-face avec toutes les forces du libéralisme, groupées autour de lui ; et, dans ce duel où un même homme a fait le double rôle, elle a fini par se briser.
Mais un système est une espèce de damnation qui nous pousse à une abjuration perpétuelle ; il en faut toujours inventer un autre, et cette fatigue est un cruel châtiment. […] Je ne pousserai pas l’irrévérence et la mauvaise volonté jusqu’à dire que c’est chez M. […] Cependant les Etrusques, grands simplificateurs, n’ont pas poussé la simplification jusqu’à ne pas atteler les chevaux aux chariots. […] On croit découvrir par-ci par-là des échantillons de progrès ; mais si de certains tableaux plus récents témoignent que certaines importantes qualités ont été poussées à outrance, l’esprit impartial perçoit avec confusion que dès ses premières productions, dès sa jeunesse (Dante et Virgile aux enfers est de 1822), M. […] Il met, comme un sculpteur, l’empreinte de son pouce Sur leurs fronts rayonnants de la gloire des cieux, Et l’ardente auréole en gerbes d’or y pousse.
Mais en même temps ils se cultivent et se réforment ; leur richesse et leur bien-être s’accroissent énormément ; la littérature et l’opinion chez eux deviennent sévères jusqu’à l’intolérance, et leur longue guerre contre la Révolution française pousse à l’excès le rigorisme de leur morale, en même temps que l’invention des machines développe jusqu’au centuple leur confortable et leur prospérité. […] Beaucoup d’herbe, beaucoup de bétail, beaucoup de viande ; la grande mangeaille et la grosse mangeaille ; ainsi se soutient le tempérament absorbant et flegmatique ; la pousse humaine, comme toute la pousse végétale et animale, est puissante, mais lourde ; l’homme est amplement charpente, mais à gros coups ; la machine est solide, mais elle roule lentement sur ses gonds, et le plus souvent les gonds grincent et sont rouilles. […] Les clerks, sans se presser, crient les numéros ; les hommes poussent ou tirent sans confusion, avec calme, épargnant leur peine, pendant que le maître flegmatique, en chapeau noir, commande gravement avec des gestes rares et sans prononcer un mot. […] Vous entrez dans une usine : ce ne sont que piliers de fer épais comme des troncs d’arbres, cylindres larges comme un homme, arbres de locomotives qui ressemblent à de grands chênes, machines à entailler qui font sauter des copeaux de fer, laminoirs qui plient la tôle comme une pâte, volants qui disparaissent dans l’essor de leur vitesse ; huit ouvriers, commandés par une espèce de colosse paisible, poussaient et retiraient de la forge un arbre de fer rougi gros comme mon corps. C’est la houille qui a fait pousser tout cela : l’Angleterre en produit deux fois autant que le reste du monde.
Il pousse des reconnaissances dans tous les sens. […] Seulement il a refusé de pousser plus loin sa marche en avant. […] » Il est des scrupules qu’on ne se sent pousser qu’après fortune faite. […] La dame pousse l’homme sous le canapé. […] Les Goncourt sont amenés, poussés, acculés au modernisme.
En parlant ainsi je tenais le loquet de la porte de la cabane pour le pousser dehors, tout en pleurant comme lui ; sa mère et sa cousine, réveillées par le bruit de mes sanglots et des siens, sanglotaient de leur côté dans l’ombre. […] CXXI Je poussai un cri de surprise et d’horreur ; la mère accourut, se signa et tomba à la renverse à l’aspect de ma fille ainsi défigurée. […] Ainsi travestie, je poussai doucement la porte au crépuscule du matin, espérant que mon père et ma tante, éloignés du seuil de la maison ou endormis dans les larmes, ne s’apercevraient pas de mon dessein. […] Le bruit du loquet fit tourner la tête à ma tante ; elle me reconnut et poussa un cri de surprise et de désespoir, qui fit jeter, sans savoir pourquoi, le même cri d’horreur à mon père aveugle. […] — Cette pensée, mais c’est une pensée du cœur, dit-il, il faut la lui laisser accomplir, car, quand la raison ne sait plus quoi conseiller aux hommes dans leur situation désespérée, il n’y a que le cœur qui ait quelquefois raison contre tout raisonnement ; laissez-le donc parler dans le cri de l’enfant, et qu’elle aille, à la grâce de Dieu, là où le cœur la pousse.
Ignorants autant que badauds, qui ont poussé la badauderie et la réclame si loin qu’en attendant le livre ils se sont mis à genoux — comme les Rois Mages devant la crèche de l’Enfant Jésus — devant la boîte qui renfermait le manuscrit de Flaubert ; car Flaubert a inventé une boîte pour son manuscrit, et, par ce temps de bibelots niais, c’était là une idée. […] Quand il veut faire autre chose que pincer des objets physiques dans sa langue matérielle, il n’y est plus, et il écrit alors des phrases dans le genre de celle-ci, lui, l’ami de Théophile Gautier l’Impeccable, comme disait Baudelaire : « Un besoin le poussait (un besoin qui pousse !) […] Les amis de Flaubert, qui ne sont pas des sauvages, mais des apprivoisés très aimables et très doux, pratiquent un peu le même système… Pour délivrer leur ami de sa grossesse intellectuelle, ils font du bruit, autour du livre qu’il porte, tout le temps de sa laborieuse gestation, croyant par là l’exciter et lui donner la force de le pousser et finalement de le pondre : Ce sera superbe, disent-ils, ce nouveau livre de Flaubert, mais il y met le temps, car de pareilles œuvres ne sortent pas aisément d’un homme. […] Et si, un jour, on a cru voir la crinière du lionceau pointer autour de la tête de ce nouveau venu en littérature qui publia Madame Bovary, elle ne poussa bientôt plus, et le lion qu’on avait cru voir dans Flaubert, et qui s’est détiré opiniâtrement toute sa vie pour sortir de sa gaine, n’en est point sorti, et même ses efforts pour en sortir l’y ont enfoncé davantage ! […] A-t-il travaillé et souffert pour pousser hors de sa tète ces laborieuses quatre cents pages ?
Simple abbé, il se distingua fort par sa parole et sa conduite dans les Assemblées du Clergé ; en une circonstance mémorable où le second Ordre était en conflit avec le premier, il se refusa à un rôle de chef de parti, de chef de file, qu’un ambitieux plus imprudent eut recherché : il aima mieux pousser à un rapprochement. […] Les compétiteurs étaient le cardinal de Rouillon, porté par son nom, par l’orgueil de sa race et par ses talents, et aussi Le Tellier lui-même, le coadjuteur de Reims, que poussait le crédit de sa famille. […] Les espérances ambitieuses du prélat durent se renouveler pourtant et s’irriter à chaque vacance des Sceaux ; il les convoitait encore de plus belle à la mort de Le Tellier, en 1685, et Saint-Simon, dans la revue qu’il fait à cette occasion des prétendants divers, a dit admirablement de lui45 : « Harlay, archevêque de Paris, né avec tous les talents du corps et de l’esprit, et, s’il n’avait eu que les derniers, le plus grand prélat de l’Église, devait s’être fait tout ce qu’il était ; mais de tels talents poussent toujours leur homme, et, quand les mœurs n’y répondent pas, ils ne font qu’aigrir l’ambition ; sa faveur et sa capacité le faisaient aspirer au ministère ; les affaires du Clergé, d’une part, et du roi, de l’autre, avec Rome, lui avaient donné des espérances ; il comptait que les Sceaux l’y porteraient et combleraient son autorité en attendant ; c’eût été un grand chancelier ; il ne pouvait être médiocre en rien, et cela même était redouté par le roi pour son cabinet, et encore plus par ses ministres. » Tout le portrait de l’homme est dans ces quelques lignes de Saint-Simon ; il y est en germe et ramassé comme tout l’arbre est dans le bourgeon trop plein qui crève de suc et de sève. […] Je serais heureux de pousser à un pareil travail dont on a tous les éléments, les plus riches et les plus triés.
C’est une seconde génération de braves qui pousse la première et qui va l’égaler ou la remplacer ; les promotions se font vite à la guerre. […] Tantôt il a l’avantage, et il pousse en avant jusqu’à l’entrée du Tyrol ; tantôt il est repoussé et obligé lui-même à faire retraite sur Rivoli et jusqu’en arrière de Rivoli. […] Mais enfin je suis poussé, il faut relever mon vol.
« Dans sa jeunesse, il a fait longtemps une illusion complète à ses premiers amis et disciples ; il régnait sur eux, il les poussait aux grandes choses, aux grands travaux, aux nobles pensées, voire même aux conspirations généreuses. […] Son amitié de vieille date pour la reine Marie-Amélie y aidait sans doute, mais son bon sens, son patriotisme, son libéralisme éclairé, l’y poussaient encore davantage. […] Il y aurait trop à dire sur ces dissidences poussées jusqu’à l’aversion et que ne dissimulaient qu’à peine les rapprochements de société ; je pourrai, un jour, en conter plus long à ce sujet. — Lorsque M.
Je sais bien que, suivant l’usage, on a poussé jusqu’à l’excès des investigations qui avaient le mérite de la nouveauté. […] Mais si l’on sait que c’est une réponse ironique à Rousseau20, une façon de réfuter quelqu’un qui vous crie : Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, — ce n’est plus qu’un tableau poussé volontairement au noir pour servir de repoussoir à un tableau trop poussé au rose.
Il est très possible que le besoin d’exactitude ait poussé Pascal à travailler plus particulièrement la langue théologique des Provinciales ; mais c’est dans les Pensées que nous avons choisi nos corrections, et nous en avons donné qui sont poussées jusqu’à cinq rédactions essentiellement littéraires. « M. […] L’illusion est naturelle à un esprit nourri de rhétorique classique. » Je ne crois pas seulement que Pascal joue avec les mots ; je crois qu’il joue aussi (dans le meilleur sens) avec sa pensée ; je crois qu’il la change, qu’il la pousse, qu’il la renforce ; et, comme il lui faut des mots pour exprimer ce qu’il sent, je crois, en effet, que sa pensée dépend souvent des mots, mais je crois aussi que ses mots dépendent également de sa pensée et qu’il trouve d’admirables mots par la seule force de sa pensée.
c’est qu’il n’y a guère que les gens de. campagne, fermiers ou petits propriétaires-laboureurs, qui poussent quelqu’un de leurs fils au petit séminaire, où il est élevé le plus souvent gratis ; ils considèrent cette prêtrise comme un avancement social relativement à leur obscure condition. […] Il aurait trop réussi, si l’on venait à considérer ces jeunes égoïstes de vingt ans qui, sans aucune ferveur, sans même aucun des défauts de leur âge, ne songent qu’à se pousser dans le monde et à y faire leur chemin.
Ensuite je le fis crucifier à Ecbatane, avec ses complices… » — « Tachmaspadès fut amené devant moi, je lui coupai le nez et les oreilles : plus tard, je le fis crucifier à Arbèles. » L’armée persane embarquée à Cilicia sur une flotte de six cents trirèmes côtoya le rivage jusqu’à Samos, et poussa vers les îles de la mer Egée. […] Mais cette fois elle avait fait volte-face : c’étaient les guerriers de l’Asie, poussés et rejetés sur leur flotte, qu’assaillaient les Grecs.
(Il se dirige vers la porte, poussé par Francisque.) […] C’est moi, ce n’est pas un auteur… (Il pousse la porte et entre.)
Aux écrivains de talent, le mérite de pressentir ce progrès ou de pousser cette conquête. […] Quelques-uns affaiblissent en les développant, ou corrompent en les mêlant d’erreurs qui affectent la nouveauté, les vérités que ceux-ci ont exprimées d’autres, qui ont plus de fougue et d’audace, se retournent tout à la fois contre les vérités et les disciplines consacrées par les œuvres du génie, et attaquent le goût du public par impuissance de le contenter, Au xvie siècle, où les écrivains supérieurs laissent d’ailleurs beaucoup à perfectionner, les écrivains secondaires ont l’importance et l’originalité d’auxiliaires chargés de quelque partie plus facile de la tâche commune, et qui, dans certains ordres de vérités et de connaissances, poussent l’esprit français et la langue, et complètent les conquêtes du génie. […] Nous avons vu chez quelques-uns le savoir poussé jusqu’à l’ivresse. […] Qui sait même si nous ne pousserons pas l’amour de nous jusqu’à nous prendre pour la vérité elle-même ? […] Au lieu du sombre docteur de Genève, qui pousse des générations de sectaires vers la mort, dont son orgueil croit avoir le secret, et par-delà laquelle il a marqué la destinée de chacun ; qui ne permet à personne de s’attarder et de prendre haleine dans ce rapide et douloureux voyage vers l’autre vie ; je vois un pasteur aimable qui conduit doucement son troupeau au dernier terme.
Elle s’élançait sur les fils maudits et les poussait à leur perte. […] Dans l’Iliade, un défi poussé par Ajax retentit distinctement au milieu de Troie ; les héros s’interpellent de la muraille à la plaine ; Hélène, du haut de la porte Scée, désigne à Priam, par leur nom et par leur visage, chacun des rois qui défilent, en tête de leurs phalanges, au pied de l’enceinte. […] » — C’est contre la porte Néitide qu’Étéocles poussera ses chevaux dont le souffle fait un bruit d’orage. […] Amphiaraos excepté, tous blasphèment et défient les Dieux ; jusqu’à ce lionceau de montagne auquel le poil pousse à peine, jusqu’à ce fauve éphèbe d’Arcadie qui ne reconnaît d’autre divinité que sa lance, et s’écrie « qu’il saccagera la ville des Cadméens, malgré Zeus ». […] Que les deux mains frappent la tête, faites le bruit des rames qui poussent sur l’Achéron la Théoride aux voiles noires, vers la terre sans soleil où débarquent tous les mortels. » — Les filles d’Œdipe sont entrées pendant ce prélude, elles se tiennent debout, rangées devant les deux corps, comme des statues sépulcrales. — « Voici Antigone et Ismène ; elles vont remplir le sombre devoir.
Et voilà qu’une toute petite circonstance bouleverse ce champ stérile où rien ne poussait. […] Gustave Flaubert a poussé en plein romantisme. […] J’avoue que je n’ai pas poussé mon étude jusque-là, l’enquête est difficile et demanderait beaucoup de temps. […] Le besoin le poussera bientôt vers le journalisme. […] Quand Sainte-Beuve poussai ce cri désespéré « Ô physiologistes, je vous retrouve partout !
On insiste : poésie sociale, poésie humaine, poésie pour le peuple, bougonner contre le mal et pour le bien, promulguer les colères publiques, insulter les despotes, désespérer les coquins, émanciper l’homme mineur, pousser les âmes en avant et les ténèbres en arrière, savoir qu’il y a des voleurs et des tyrans, nettoyer les cages pénales, vider le baquet des malpropretés publiques, Polymnie, manches retroussées, faire ces grosses besognes, fi donc ! […] Entrer en passion pour le bon, pour le vrai, pour le juste ; souffrir dans les souffrants ; tous les coups frappés par tous les bourreaux sur la chair humaine, les sentir sur son âme ; être flagellé dans le Christ et fustigé dans le nègre ; s’affermir et se lamenter ; escalader, titan, cette cime farouche où Pierre et César font fraterniser leurs glaives, gladium gladio copulemus ; entasser dans cette escalade l’Ossa de l’idéal sur le Pélion du réel ; faire une vaste répartition d’espérance ; profiter de l’ubiquité du livre pour être partout à la fois avec une pensée de consolation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux, tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, prolétaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l’avenir, précipice aux uns, délivrance aux autres ; aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser, vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien. […] Un jour, Racine, un peu poussé par madame de Maintenon, s’avisa de sortir de la chambre du roi et de regarder le galetas du peuple. […] Parce que, dans l’occasion et pour le devoir, il aura poussé le cri d’un peuple, parce qu’il a, quand il le faut, dans la poitrine le sanglot de l’humanité, toutes les voix du mystère n’en chantent pas moins en lui.
Pour Joseph, il n’avait pas ainsi toutes ses aises pour rêver, ni toutes ses ressources pour peindre ; il avait fait pour tout voyage celui d’Amiens à Paris, et peut-être encore quelque excursion à Rouen pendant les vacances de l’École de médecine ; il vivait dans un faubourg, ne connaissait d’arbres que ceux de son boulevard, de fleurs que celles qui poussaient dans les fentes des pavés de sa cour, de femmes que les fantômes de ses rêves ou les héroïnes des romans qu’il avait lus. […] La critique moqueuse de notre époque s’est égayée là-dessus ; cette critique pousse de toutes ses forces à l’individualisme, croyant produire ainsi l’originalité, et elle ne peut apercevoir la moindre apparence d’association et de bien sans tâcher malicieusement de les ronger, de les dissoudre.
Né à Tréguier, j’ai poussé mes voyages, du côté de l’orient, jusqu’à Antioche, du côté du nord, jusqu’à Tromsoë, du côté du sud, jusqu’à Philé ; et hier matin encore, je n’avais pas dépassé, du côté de l’ouest, la plage de Saint-Michel en Grève. […] Ne craignez pas que je vienne vous engager à cultiver une herbe qui pousse fort bien d’elle-même ; malgré l’instruction intégrale et obligatoire, il y aura toujours assez d’ignorance.
Son pere, loin de le pousser à l’étude de la géometrie, lui avoit caché avec une attention suivie, tout ce qui pouvoit lui donner l’idée de cette science, dans la crainte qu’il ne se livrât avec trop d’affection à ses attraits. […] Elles sont l’effet de la construction et de l’arrangement de ses organes, et sans cesse elles le poussent au penchant où est sa pente, naturam expellas furca tamen usque recurret. dit Horace.
En vain nous poussons le vivant dans tel ou tel de nos cadres. […] Il faut que ces deux recherches, théorie de la connaissance et théorie de la vie, se rejoignent, et, par un processus circulaire, se poussent l’une l’autre indéfiniment.
On va à Bayreuth pour se faire voir, pour se pousser, pour se distraire. […] La Revue termine ainsi : « Le crescendo qui nous pousse » (Qui pousse les personnages de ce drôle de drame lyrique, faudrait-il dire.) « Ce crescendo qui nous pousse du commencement à la fin de cet acte est d’une véhémence sans exemple. » Allons, Parisiens, pas d’hésitation. […] L’héroïque loyauté de Tristan, chargé d’amener la princesse Iseult au vieux roi Marke, et qui, sentant gronder en son cœur une ardente passion, se tient loin d’elle, à l’arrière du navire, et se refuse à l’aborder quand elle l’envoie quérir ; — la colère et le dépit d’Iseult, confuse de l’invincible amour qui la pousse vers le chevalier qui a tué son premier fiancé, Morold ; irritée de ne rencontrer que muette indifférence en cet orgueilleux vainqueur et résolue à l’empoisonner pour venger Morold ; — à côté d’eux, le dévouement complet, absolu, représenté par l’écuyer Kurwenal et l’aimable Brangœne ; — les sages conseils de ceux-ci, tantôt ironiques, tantôt affectueux ; la réserve obstinée de Tristan, la passion croissante d’Iseult et sa soif de vengeance ; l’irrésistible élan qui les jette dans les bras l’un de l’autre après qu’ils ont bu le philtre amoureux, servi par Brangœne, au lieu du breuvage de mort qu’Iseult croyait verser à Tristan ; — leur enivrante extase et leur douloureux réveil lorsque le navire aborde et que les cris des matelots saluent le roi Marke attendant sa fiancée au rivage : — voilà pour les épisodes du premier acte, que l’auteur a traduits avec une vérité et une variété dont on ne peut avoir aucune idée, à moins de l’entendre. […] Heureusement qu’il n’y a pas réussi, et qu’à force de vouloir pousser son idée à l’extrême, il s’est heurté à l’impossible.
., a jeté et poussé partout des branches. […] Doué d’un esprit de suite, de teneur et de patience incroyable, obstiné et même acharné à mener son idée à fin et à la pousser aussi loin que possible, M. […] Poussé par la force de l’induction, il revenait à regretter, à désirer de grands propriétaires, d’utiles patronages, des influences d’élite, en partie désintéressées ; il aspirait à nous rendre des mœurs, tant à la ville qu’aux champs.
Jouffroy a tout fait, dans cette leçon vraiment mémorable, pour y pousser les jeunes esprits qui l’écoutaient avec une sorte d’anxiété. […] Comme un pasteur solitaire, mélancoliquement amoureux du désert et de la nuit, il demeure immobile et debout sur son tertre sans verdure ; mais du geste et de la voix il pousse le troupeau qui se presse à ses pieds et qui a besoin d’abri ; il le pousse à tout hasard au bercail, du seul côté où il peut y en avoir un2.
Il n’y a point de beauté ou d’esprit qui tienne : le premier mérite, le mérite fondamental de toute partie, de la plus petite comme de la plus grande, c’est de servir à soutenir le tout ; la grâce, le piquant, le plaisant, le sublime s’ajouteront par surcroît : il faut d’abord que la chose contribue à prouver ou à peindre, à pousser l’œuvre vers la fin qui lui est assignée. […] Invention de personnages, indication de caractères, exposition dramatique, vivacité piquante ou comique de dialogue, anecdotes amusantes, plaisanteries, traits d’esprit, il n’est rien qui ne pousse en avant le raisonnement et n’ajoute aux résultats déjà acquis. […] Il se rencontre à chaque moment comme une foule d’amorces qui nous font pénétrer dans la pensée inexprimée de l’auteur et poussent notre esprit dans une féconde recherche.
De même, demander si nos volitions sont libres ou non, c’est tout confondre, c’est ajouter des difficultés factices à un problème qui de sa nature n’est pas insoluble ; c’est ressembler au personnage à qui Carlyle fait demander : « si la vertu est un gaz. » Un motif me pousse, la faim ; je prends la nourriture qui est devant moi, je vais au restaurant, où j’accomplis quelque autre condition préliminaire : voilà une séquence simple et claire ; faites-y entrer l’idée de liberté, et la question devient un chaos. […] Il n’y en a plus, si une personne intervenant, je suis poussé par elle à agir d’une certaine manière, comme l’enfant que l’on mène dans une boutique acheter un vêtement, sans le laisser choisir lui-même. […] Divers motifs concourent pour me poussera agir ; le résultat du conflit montre qu’un groupe est plus fort qu’un autre, c’est là le cas tout entier.
Bussy, dans la lettre imprimée à la suite des Factums, et souvent citée depuis, plaint Furetière d’avoir été poussé à de telles extrémités et de n’avoir pu produire sa défense en justice ; il ne fait de réserves qu’en faveur de Benserade, son ami, et de La Fontaine, que Furetière confond dans ses invectives avec leurs collègues de la commission du Dictionnaire. […] Dès lors cet homme, cet ancien ami, ce poète inimitable, dont le style naïf et marotique fait tant d’honneur aux fables des anciens et ajoute de grandes beautés aux originaux 6, n’est plus qu’un misérable écrivain licencieux, auteur de contes infâmes, un Crétin mitigé, tout plein d’ordures et d’impiétés, un fauteur de débauche digne du bourreau ; Furetière pousse l’animosité jusqu’à reproduire à la suite de son libelle la sentence de police portant suppression de ses contes, et l’accuse, comme je l’ai déjà dit, de spéculer sur sa propre turpitude, en vivant de la prostitution de sa femme. […] Débarrassée de la domination des partisans, elle s’avançait par toutes les avenues, par la magistrature, par les finances, les affaires, les lettres, etc., et se poussait à la cour, favorisée par le despotisme ombrageux de Louis XIV, que tenaient en alarme les souvenirs de la Fronde et de la faction des Importants.
Or le contentieux n’est pas réglé à l’égard des intellectuels qui n’ont pas su éviter le carnage et qui ont poussé par leur nationalisme toute une génération dans les tranchées. […] Pour donner tout son sens au simple geste humain, son principe, il doit pousser hors de la réalité quotidienne la créature qui lui sert de truchement. […] Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine enfin, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser plus loin ses investigations, autorisé qu’il sera à ne plus seulement tenir compte des réalités sommaires. […] Au-dessus de la minuit plane l’oiseau invisible du jour, un peu plus haut que l’oiseau, l’éther pousse, les murs et les toits flottent »bz. […] Il attaque à cette date outre Barrès ceux qui, comme Desnos, ont poussé fort loin l’art du jeu de mots en poésie et récusent le virage politique à l’ordre du jour.
Mais justement parce que nous avons poussé le dualisme à l’extrême, notre analyse en a peut-être dissocié les éléments contradictoires. […] Mais des expériences fort simples montrent qu’il n’y a jamais contact réel entre deux corps qui se poussent 101 ; et d’autre part la solidité est loin d’être un état absolument tranché de la matière 102. […] Tant qu’il s’agit d’espace, on peut pousser la division aussi loin qu’on veut ; on ne change rien ainsi à la nature de ce qu’on divise. […] En vain notre imagination s’efforce de passer outre, de diviser les dernières parties à leur tour, et d’activer en quelque sorte la circulation de nos phénomènes intérieurs : le même effort, par lequel nous voudrions pousser plus loin la division de notre durée, allongerait cette durée d’autant. […] L’espace amorphe, les atomes qui se poussent et s’entre-choquent, ne sont point autre chose que les perceptions tactiles objectivées, détachées des autres perceptions en raison de l’importance exceptionnelle qu’on leur attribue, et érigées en réalités indépendantes pour être distinguées par là des autres sensations, qui en deviennent les symboles.
MM. de Goncourt n’ont pas poussé si loin leur étude, et, en effet, c’est à 89 que s’arrêtait naturellement leur sujet ; c’est la femme de l’ancien régime qu’ils ont tenu à nous montrer, à la fois dans son unité et dans toutes ses variétés sociales. […] Malgré cette grande liaison avec la maîtresse, elle n’en était pas moins bien traitée par la reine qu’elle amusait, et qui, de son côté, poussait l’amitié pour elle jusqu’à la confidence. […] Quelquefois ce ton, ce mordant, cet imposant étaient poussés un peu loin ; il n’est si belle qualité qui par moments n’excède et ne franchisse ses limites. […] Mais un roman qui, de sa nature, pousse au sentiment, échappe par trop d’endroits à la vérité.
Cette géométrie première, qu’il poussera plus tard jusqu’à la science, lui servit de tout temps à mieux saisir les disproportions et les désaccords ; il eut de bonne heure, comme on dit, le compas dans l’œil. […] Il est bon qu’il ait eu ce goût en lui, et en même temps que ce goût ait été combattu par celui du public et des entrepreneurs de journaux qui lui demandaient de la malice, du comique, et qui l’auraient bien Voulu pousser à la charge, s’il n’y avait résisté. […] Cet artiste, qui a tant contribué au succès des journaux politiques les plus armés en guerre et les plus acharnés à la démonétisation des masques royaux, ce fin railleur a l’aversion et la haine de la politique, et n’y a jamais trempé : « Ces erreurs-là, dit-il, ne sont pas des miennes ; elles ont trop de fiel et trop peu de sincérité. » — « Ce peuple insensé, dit-il encore, en parlant d’une de nos révolutions, avait poussé la question du progrès jusqu’au coup de fusil. » Il est donc trop philosophe pour être politique, de même qu’il est foncièrement trop élégant pour être caricaturiste. […] Les éditeurs le poussaient vers le commun, il s’en tirait par le comique : il se voyait obligé ainsi de combiner les diverses exigences, celles du dehors et celles du dedans, les siennes propres, et d’être à la fois comique, pittoresque et profond, mais en attrapant toujours un côté vulgaire : ce dernier côté, il ne faisait que l’atteindre et l’effleurer.
Sa course lyrique, qui est bien loin d’être close, offre pourtant assez d’étendue pour qu’on en saisisse d’un seul regard le cycle harmonieux ; mais il n’est encore qu’au seuil de l’arène dramatique ; il y entre dans toute la maturité de son observation, il s’y pousse de toutes les puissances de son génie : l’avenir jugera. […] Le seul Lamartine échappait à ces fades mollesses et les ignorait ; après avoir poussé son chant, il s’était enfui vers les lacs comme un cygne sauvage. […] Aussi les marques qu’il en contracta sont légères et se discernent à peine : ses premières ballades se ressentent un peu de l’atmosphère où elles naquirent ; il y a trop sacrifié au joli : il s’y est trop détourné à la périphrase : plus tard, en dépouillant brusquement cette manière, il lui est arrivé, par une contradiction bien concevable, d’attacher une vertu excessive au mot propre, et de pousser quelquefois les représailles jusqu’à prodiguer le mot cru. […] L’hiver, on eut quelques réunions plus arrangées, qui rappelèrent peut-être par moments certains travers de l’ancienne Muse, et l’auteur de cet article doit lui-même se reprocher d’avoir trop poussé à l’idée du Cénacle, en le célébrant.
Sans doute pour qui considère les productions de l’époque d’un coup d’œil complet, il y a d’autres littératures coexistantes et qui ne cessent de pousser de sérieux et honorables travaux : par exemple la littérature qu’on peut appeler d’Académie des Inscriptions, et qui reste fidèle à sa mission de critique et de recherche en y portant un redoublement d’activité et en y introduisant quelque jeunesse ; il y a encore la littérature qu’on peut appeler d’Université, confinant à l’autre, et qui par des enseignements, par des thèses qui deviennent des ouvrages, est dès longtemps sortie de la routine sans perdre la tradition. […] Cependant de grands et hauts talents, obsédés ou aveuglés, cèdent au torrent et y poussent, imitent et encouragent les déportements dont ils croient pouvoir toujours se tirer eux-mêmes sans déshonneur. […] Qu’on le pousse toutefois, qu’on le prêche et qu’on l’édifie là-dessus, s’il y a moyen : rien de mieux, et, avec de la constance et quelque cinquante ans de lutte, nos Wilberforce, qui ont comparé la contrefaçon étrangère à la traite des nègres, pourront l’emporter. […] Homme d’imagination et de fantaisie, il la porte trop aisément en des sujets qui en sont peu susceptibles, et il pousse, sans y songer, à des conséquences fabuleuses dont chaque œil peut redresser de lui-même l’illusion.
Varin était en concurrence avec un livre que pousse la coterie dont est M. […] Les critiques à idées poussent trop loin ; en attendant, les critiques judicieux et sages font du chemin : le juste milieu se déplace. […] Mais gardons-nous de trop pousser ces sortes d’analogies. […] On est entraîné, le vent chasse, le courant pousse, le rivage se perd de vue.
Ils sont les auxiliaires des prédicateurs ; ils poussent les chevaliers à partir pour la Terre Sainte ; ils font honte à ceux qui en reviennent sans avoir rien fait. […] Si elle est moins sévère pour la tragédie, elle l’engage dans une voie nouvelle, elle la pousse à puiser son inspiration dans la Bible, à se faire chrétienne, et c’est ainsi que Racine converti, repentant de ses œuvres profanes, compose Esther et Athalie. […] L’histoire ne prétend plus dérouler une suite de miracles opérés par la Providence, mais bannit le surnaturel de l’évolution humaine, pousse jusqu’à l’injustice la sévérité envers rëglise, et n’est pas loin de voir une marque de folie dans l’aveugle piété du moyen âge. […] Il faut regarder de près l’organisation de l’Église ; savoir si elle fut gallicane ou ultramontaine ; en quel sens le pape la poussa ; quels furent ses rapports avec l’État, sa richesse, ses moyens d’action ; quelle part elle eut dans l’éducation de la jeunesse en général et des écrivains du temps en particulier.
Il a poussé la chanson jusqu’au point où elle peut aller et où elle cesse d’être elle-même. […] J’y verrais le texte de tout un commentaire moral à l’adresse de ceux qui se font une idole de la popularité, et qui s’en montrent les grands prêtres obéissants, fussent-ils d’ailleurs les plus honnêtes gens du monde, et s’appelassent-ils Béranger ou La Fayette : « Ainsi, leur dirait-on, vous poussez sans cesse à ce dont vous ne voulez pas en définitive, ou à ce que vous ne voulez que très peu. » « Le peuple, c’est ma muse », a dit Béranger. […] Et M. de Pontmartin s’empare de ce qu’il appelle mes commencements d’idées pour pousser plus avant sa pointe. […] Souvent de la grâce, mais le jugement frêle. — Il n’a que peu d’invention et d’initiative ; mais qu’on lui donne un commencement d’idée ou les trois quarts d’une idée, il excelle à la pousser et à l’achever.
Voltaire jeune a été seul, sans partisans, sans appui ; ce souvenir de sa vie si souvent brisée et agitée lui a fait sentir l’importance d’avoir à soi un parti et une armée ; il les voudrait organiser de loin sans trop aller au feu de sa personne ; il y pousse d’Alembert et ses amis. […] Au moment le plus vif de la contestation, il poussera la bouffonnerie et la parodie jusqu’à dire : « J’ai fait le bien pour l’amour du bien même, et le ciel m’en récompensera ; je vivrai longtemps, parce que j’aime la justice. » On ne peut tout dire en détail, et il faut bien en venir à la plus grosse et à la misérable affaire qui fit la rupture. […] Mais quant au fond et à l’exactitude du procédé, on ne saurait rien lui contester ; et, dans son insistance finale, il fut poussé lui-même à bout par les importunités incessantes et le jeu hypocrite de son adversaire. — J’ajouterai qu’après la mort de tous deux, Mme Denis, alors Mme Duvivier, héritière de Voltaire, dut payer au fils de M. de Brosses une somme de quarante mille francs environ, après estimation faite par les experts des diverses dégradations et détériorations qu’avait subies la propriété ; ce qui prouve que Voltaire n’avait pas ménagé l’usufruit. […] Voltaire fait jouer toutes ses machines ; on essaie, en son nom, de ralentir et d’intimider le docte Foncemagne, qui pousse le président.
C’est lui qui pousse aux cieux les chênes les plus hauts ; C’est lui qui fait toujours les hommes les plus beaux. […] Comme un fils de bourgeois poussé et jeté hors des gonds, il avait eu, on l’a dit, son heure d’héroïsme, son jour de « sublime ribote. » Cette ribote de poésie ne s’est jamais plus retrouvée depuis ce jour-là.
Ici, l’esclavage du suicide en remplaçait l’usage ; ailleurs, le manœuvre typographe donnait à un lien une voix qui appartenait à un lion ; plus loin il ôtait à la montagne du Dofre-Field ses pics, pour lui attribuer des pieds, ou, lorsque les pêcheurs norvégiens s’attendaient à amarrer dans des criques, il poussait leur barque sur des briques. […] Il lui reste à remercier les huit où dix personnes qui ont eu la bonté de lire son ouvrage en entier, comme le constate le succès vraiment prodigieux qu’il a obtenu ; il témoigne également toute sa gratitude à celles de ses jolies lectrices qui, lui assure-t-on, ont bien voulu se faire d’après son livre un certain idéal de l’auteur de Han d’Islande ; il est infiniment flatté qu’elles veuillent bien lui accorder des cheveux rouges, une barbe crépue et des yeux hagards ; il est confus qu’elles daignent lui faire l’honneur de croire qu’il ne coupe jamais ses ongles ; mais il les supplie à genoux d’être bien convaincues qu’il ne pousse pas encore la férocité jusqu’à dévorer les petits enfants vivants ; du reste, tous ces faits seront fixés lorsque sa renommée sera montée jusqu’au niveau de celles des auteurs de Lolotte et Fanfan ou de Monsieur Botte, hommes transcendants, jumeaux de génie et de goût, Arcades ambo ; et qu’on placera en tête de ses œuvres son portrait, terribiles visu formæ , et sa biographie, domestica facta .
Forcé d’en convenir, on se dérobe. « La manie de l’antiquité, dit-on, poussait les écrivains de ce temps-là à des actes et à des professions de modestie qu’il ne faut accepter qu’avec crainte. […] Il pousse, par exemple, la plaisanterie jusqu’à nous accabler avec le mot d’Ernest Hello : « Le grand écrivain donne son style, c’est-à-dire sa parole.
Logiquement, sur le terrain libre conquis en 1830, il ne peut pousser qu’une formule naturaliste. […] Sans doute, l’œuvre cette fois aidait, poussait l’artiste. […] Quand il croit être dans la vérité, il pousse sa thèse à l’aigu ; et vous devinez quelle besogne, s’il est dans l’erreur. […] Elle a tort d’abord d’avoir son tempérament qui la pousse aux décisions extrêmes. […] Il nous pousse à toutes les vérités humaines.
J’aime Hugo, parce que je l’ai connu et aimé dans l’âge où le cœur se forme et grandit encore dans la poitrine ; dans l’âge où les racines de notre vie, pleines encore de sève et de souplesse, s’attachent par leurs filaments les plus tendres à ce qui pousse, végète ou se rencontre seulement dans le même sol, et où, si ces racines viennent à se tordre, à se replier et à se nouer autour d’un caillou ou d’un bloc de granit, elles l’enserrent dans leurs nœuds, l’emportent en grandissant et le font pour ainsi dire végéter et vivre avec elles de leur propre substance, comme si l’arbre et la pierre n’étaient qu’une seule vie ! […] « — Eh bien, leur dis-je, je vais vous définir à mon tour le seul socialisme vrai qui vous travaille et qui vous pousse à votre insu ici, pour exiger ce que vous ne savez pas définir, et dont vous croyez que nous avons le secret et la formule. […] Voilà comment, poussé par la foule enthousiaste à la porte et dans l’escalier d’un pair de France destitué l’avant-veille par un décret de ma propre main, j’allais en aveugle chercher sous ses auspices un refuge contre l’enthousiasme populaire, et j’y échappais à l’ombre de son nom et de son mur ! […] « Un Dieu compte vos jours, un Dieu règne en vos fêtes ; « Lorsqu’un chef vous mène aux conquêtes, « Le bras qui vous entraîne est poussé par un Dieu ! […] ” « La trompette, sept fois sonnant dans les nuées, « Poussera jusqu’à lui, pâles, exténuées, « Les races à grands flots se heurtant dans la nuit ; « Jésus appellera sa mère virginale ; « Et la porte céleste, et la porte infernale, « S’ouvriront ensemble avec bruit !
Nous étions bien chez nous, nous et nos chats ; car nous avons des chats comme Napoléon disait qu’il y en avait aux Tuileries… Le Romantisme, qui avait commencé et même poussé notre fortune, était mieux que mort, il était insulté. […] Je vais dire une chose scandaleuse et qui fera peut-être pousser un cri : ce grand poète de Victor Hugo est certainement plus érudit encore qu’il n’est poète. […] Ce qui le poussa à écrire Cromwell fut le besoin d’esprit du même ordre qui le poussa, depuis, à nous donner une bucolique de parti pris de quatre mille vers presque tous dans le même rythme, énorme caprice, mais qui n’a pas voltigé ! […] Quand on ne pousse qu’un cri, il doit être sublime.
Dans ce roman très travaillé, toutes les prétentions, tous les défauts, tous les vices, toutes les manies, et, je dirai plus, tous les tics de l’orde École à laquelle l’auteur appartient, sont poussés, par un homme qui ne manque pas de vigueur, jusqu’au dernier degré de l’aigu, de l’exaspéré, du systématique, de l’opiniâtre et du fou. […] tout ce qui répugne le fascine… Est-ce une conséquence de son matérialisme que son amour des choses basses, ou son amour des choses basses, qui est effréné, l’a-t-il poussé à son impudent matérialisme ? […] Il n’y en a qu’un oripeau, planté sur l’épaule, pour l’orner et non pour le cacher, de ce crapuleux Matérialisme, qui nous pousse tous à l’égout où vont pourrir les vieilles nations ! […] Zola, dans les livres de qui la morale est muette et n’a jamais dit un mot ni poussé un cri parmi les horreurs qu’il se délecte à y retracer. […] Les aveugles seuls ne le voient pas : le xixe siècle coule à pleins bords du côté du Matérialisme, du Positivisme et des sciences physiques, et y pousse M.
Notre maître, le plus cher et le plus grand de tous, Victor Hugo, est en exil ; Lamartine, couronné d’épines, blessé au flanc, crucifié, écrit de longues histoires et se voit condamné à la littérature forcée ; Auguste Barbier se tait depuis qu’il a poussé, dans les ïambes, le cri sublime qui ne s’éteindra pas ; Alfred de Vigny ne parle plus qu’à de rares intervalles et comme attristé de faire entendre sa voix pure au milieu des coassements qui montent de tous côtés ; Balzac est mort après une agonie terrible. […] C’est le musée Curtius de tous les dieux, demi-dieux, héros et hommes célèbres de l’antiquité : on les explique, on les commente ; ils sont en cire et leurs costumes ont été achetés au Temple ; mais cela ne fait rien : on pousse le ressort, ils remuent les yeux, ils baissent la tête, ils lèvent le bras, cela suffit ; on se persuade qu’ils sont vivants. […] Vingt hommes robustes, attentifs, poussent peu à peu, lentement, progressivement, le bloc enflammé sous le bélier qui le forge. […] Là-bas, on aperçoit un minaret blanc et quelques noirs cyprès : c’est Bournabaki, misérable hameau qui a poussé sur les ruines d’Ilion. […] le plus humble d’entre vous et un des derniers venus, je le sais ; mais aussi un fervent qui saura pousser sa foi jusqu’au martyre.
Le poète décompose trop les sentiments et en pousse un à l’excès : c’est comme d’autres qui, dans l’école de la couleur, abusent d’un ton et vont aussitôt à l’extrémité de la gamme. […] Toutefois on fit semblant de croire qu’elles auraient pu sérieusement concourir, et l’on se mit dès lors à les pousser et à les louer un peu plus que de raison. […] Pour que le souhait du poète fût tout à fait justifié, il faudrait qu’au moment où les feuilles tombent, le ciel fût le plus clair, le plus serein ; mais c’est au contraire quand les feuilles poussent et qu’elles sont le plus épaisses, que le ciel est le plus pur, le plus éclatant, et, quand elles tombent, le ciel est gris, brumeux et rabaissé, un ciel d’hiver, peu bon à voir.
C’est là, sans doute, l’idée chrétienne de la corruption originelle et de la Chute ; mais, à la manière dont Pascal s’en empare, il la fait sienne en quelque sorte, tant il la pousse à bout et la mène loin : il fait de l’homme tout d’abord un monstre, une chimère, quelque chose d’incompréhensible. […] Mais, en admettant ce doute universel des philosophes, il ne s’effraie pas de cet état ; il le décrit avec lenteur, presque avec complaisance ; il n’est ni pressé, ni impatient, ni souffrant comme Pascal ; il n’est pas ce que Pascal dans sa recherche nous paraît tout d’abord, ce voyageur égaré qui aspire au gîte, qui, perdu sans guide dans une forêt obscure, fait mainte fois fausse route, va, revient sur ses pas, se décourage, s’assied au carrefour de la forêt, pousse des cris sans que nul lui réponde, se remet en marche avec frénésie et douleur, s’égare encore, se jette à terre et veut mourir, et n’arrive enfin qu’après avoir passé par toutes les transes et avoir poussé sa sueur de sang.
Quelle force l’a poussé dans la première voie ? […] La nouveauté des doctrines, le courant de l’opinion publique, la naissance d’une littérature poétique, la grandeur mystique des théories sur l’infini et sur la raison éternelle, il n’en fallait pas tant pour pousser M. […] Un instinct intérieur et invincible pousse l’araignée à fabriquer éternellement des toiles ; une conformation d’esprit indestructible et toute-puissante contraint le philosophe à éclaircir et prouver sans cesse l’idée qu’il s’est faite de la science et de l’univers.
Nous poussons la porte d’une maison de plâtre, et nous sommes chez le sultan de l’épithète. […] » pousse une porte, et nous sommes dans une très grande pièce, une sorte d’atelier. […] Ces plantes poussent et verdissent de ce qui meurt. […] La nature même semble du xviiie siècle : ce sont les paysages, où Demarne pousse ses retours de troupeaux. […] Il a pour lui Thiers, Mignet, Lebrun, les trois frères provençaux, qui se pousseront le coude pour voter pour lui. » La petite touche — c’est le charme et la petitesse de la causerie de Sainte-Beuve.
Le premier éloignait de l’antiquité, et poussait la raison moderne à ne compter que sur soi : le second ramenait à l’antiquité, et invitait le génie moderne à s’appuyer toujours sur les exemples des Grecs et des Romains. […] Voilà la conclusion qu’avec toutes sortes de précautions insinuait Fontenelle : et les modernes le poussaient à l’Académie, où sa réception était la confusion des anciens.
Quand cet intérêt est poussé au dernier degré, l’artiste est en vérité un créateur après Dieu. […] Là, le caractère de la fière héroïne est poussé à ses dernières limites, et ce n’est pas ce que nous blâmons. […] About pousse la sobriété jusqu’à la sécheresse. […] Daudet n’a pas osé pousser jusque-là sa triste héroïne. […] Mais qu’on ne dise pas qu’un tel livre pousse au vice.
Aussi prêcha-t-il dans le désert, et son insuccès le poussa à exagérer encore son pessimisme. […] Lisez plutôt, après Nana, l’article intitulé : Comment elles poussent. […] On peut ainsi tirer la résultante des forces qui l’ont poussé en des sens divers, et l’on a quelque chance de découvrir son orientation véritable. […] Non, vraiment, je ne vois pas ce que la génération qui pousse peut gagner à se nourrir de ces décevantes analyses dont chaque roman de M. […] Ces raffinements de luxe que vous vouez à votre chair, ne la poussent-ils pas à la chute ?
A la distance où nous sommes, au degré d’hérésie où nous ont poussés le temps et l’usage, cela fuit106. […] Une affinité naturelle poussait Fontanes vers les poëtes anglais : on doit regretter qu’il n’ait pas suivi plus loin cette veine. […] A trente ans passés, sa situation restée si précaire semblait le pousser en avant : sa modération d’esprit le retint. […] Mais c’est bien assez pousser ce parallèle pour ceux qui ont un peu oublié Du Perron. […] C’est ainsi encore qu’il poussa très-vivement, par un article au Journal de l’Empire (8 janvier 1806), et par ses éloges en tout lieu, au succès du début tout à fait distingué de M.
Véritablement je me figure Molière, poussé à bout par sa troupe avide, et se mettant à l’œuvre tout exprès pour faire une pièce où l’intérêt l’emporte sur tout le reste. […] Cette fois, le vice l’emportait sur le ridicule, le vice était poussé jusqu’à l’horrible. […] Les comédiens eux-mêmes étaient étonnés de toutes ces sympathies ; ils se regardaient de temps à autre comme pour voir le fantôme qui les poussait. […] Suivez-moi donc, car je prétends, pour ma peine, marcher le premier, quand vous devriez me pousser à grands coups de pied ! […] L’Olympe est abandonné à qui veut le prendre, et, pour le remplir, les dieux vaincus poussent, au sommet de l’Olympe, le mendiant, l’aveugle, le besacier du premier acte, le dieu Plutus !
J’ai planté de ma main tous les arbres il y a plus de quarante ans ; j’ai eu le bonheur de les voir pousser, et je jouis déjà depuis assez longtemps de la fraîcheur de leur ombrage. […] — Je connais ce bois, dit Goethe, il pousse souvent dans les haies ; je m’imagine en effet qu’il doit être bon ; mais j’ai vu rarement une jeune tige sans nœuds, et il vous faut pour votre arc une tige absolument libre de nœuds. […] Il ne poussera sur ses côtés que quelques faibles rameaux, qui même dans le cours du siècle doivent dépérir et tomber. […] — Un terrain de sable ou sablonneux, dit Goethe, dans lequel ils peuvent pousser en tous sens de vigoureuses racines, paraît leur être surtout favorable. […] S’ils poussent commodément, abrités du vent et de l’orage, ils viennent mal, mais une lutte de cent années avec les éléments les rend si forts et si puissants que la présence d’un chêne, arrivé à sa pleine croissance, nous saisit d’admiration.
Il en pullule là-bas de ces libretti du crime, dont les échantillons les plus poussés ont réalisé des chiffres de tirage vraiment fantastiques et propres à rendre rêveurs nos spécialistes de cours d’assises. […] Et si l’on poussait l’enquête, en dehors de l’Europe, jusqu’à l’extrême Orient, on verrait qu’au Japon tous les romans regorgent de crimes épouvantables et de scènes de mauvais lieux ; on aurait même à constater, en bonne justice, que, dans ladite spécialité, ce sont encore les conteurs japonais qui tiennent la corde. […] Car, s’il est une loi qui s’impose, c’est de toujours arriver à temps, quand on s’engage à forfait pour vingt mille lignes comme Richebourg, pour trente mille, comme Jules Mary, ou que, librement, à l’instar de l’infatigable dévoreur de colonnes Xavier de Montépin, on pousse jusqu’à soixante mille ! […] Ils poussent à la colonne, allongent, étendent autant que la matière est flexible, et n’y mettant pas d’amour-propre d’auteur, ne se relisent presque jamais. […] Car je vous l’assure en toute sincérité, nous n’avons pas même assez de bandits pour notre feuilleton local, pourquoi donc pousser la cruauté jusqu’à enlever les quelques rares spécimens de criminels à nos industriels du roman italien ?
Les deux amis poussèrent vivement les préparatifs de leur commune entreprise ; ils lurent tout ce qui était imprimé en fait de vieux sermonnaires, ils abordèrent les manuscrits, et, même lorsque l’idée d’une rédaction définitive eut été abandonnée, ils durent à cette courageuse invasion au cœur d’une rude et forte époque de connaître les sources et les accès de l’érudition, d’en manier les appareils comme en se jouant, et d’avoir un grand fonds par-de-vers eux, un vaste réservoir où ils purent ensuite puiser pour maint usage. […] Ce genre, ainsi développé et déterminé, a parcouru en peu d’années ses divers degrés de croissance, et Charles Labitte, on peut le dire, l’a poussé au dernier terme du complet dans une ou deux de ses biographies, dans celle de Marie-Joseph Chénier particulièrement. […] Qu’il n’ait pas été quelquefois entraîné ainsi au-delà du but et n’ait pas un peu trop disséminé ses recherches, au point d’avoir peine ensuite à les resserrer et à les ressaisir dans son récit, je n’essaierai nullement de le nier ; mais il n’a pas moins poussé sa trace originale et vive, il n’a laissé à la paresse de ses successeurs aucune excuse ; et il ne sera plus permis après lui de faire les notices écourtées et sèches que quand on le voudra bien. […] Ces brusques et vigoureuses expéditions, où l’on pousse à toute bride la pensée, sont comme la guerre, et elles dévorent aussi bien des esprits. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.
Les philosophes répondaient que ce sont des machines, sortes d’horloges qui remuent et font un bruit : « Mainte roue y tient lieu de tout l’esprit du monde ; la première y meut la seconde, une troisième suit, elle sonne à la fin. » Malebranche, si doux et si tendre, battait sa chienne, alléguant qu’elle ne sentait point, et que ses cris n’étaient que du vent poussé dans un conduit vibrant. […] Nous nous en apercevons à la fatigue secrète qui nous dégoûte du spectacle des choses humaines et nous pousse à la contemplation des choses naturelles. […] Une pousse est venue, une autre va venir ; voilà toute la vie végétale exempte d’effort, de privation et de recherche, encore plus douce à contempler que celle de l’animal. […] Des genêts, des touffes de thym y poussent à l’aventure ; les pierres y ont roulé, une source égarée le parsème de ses traînées brillantes. […] Ce chef demeurerait lui-même avec le reste du troupeau, s’il n’était chassé par le berger ou poussé par le chien. »133 Tout cela est vrai, mais ces animaux sont affectueux et bons.
C’est ainsi que Comte ramène toute la force progressive de l’espèce humaine à cette tendance fondamentale « qui pousse directement l’homme à améliorer sans cesse sous tous les rapports sa condition quelconque58 », et M. […] « Puisque, dit-il, le phénomène social, conçu en totalité, n’est, au fond, qu’un simple développement de l’humanité, sans aucune création de facultés quelconques, ainsi que je l’ai établi ci-dessus, toutes les dispositions effectives que l’observation sociologique pourra successivement dévoiler devront donc se retrouver au moins en germe dans ce type primordial que la biologie a construit par avance pour la sociologie65. » C’est que, suivant lui, le fait dominateur de la vie sociale est le progrès et que, d’autre part, le progrès dépend d’un facteur exclusivement psychique, à savoir la tendance qui pousse l’homme à développer de plus en plus sa nature. […] Serait-ce cette sorte d’instinct dont parle Comte et qui pousse l’homme à réaliser de plus en plus sa nature ? […] Il faudrait admettre alors une tendance interne qui pousse l’humanité à dépasser sans cesse les résultats acquis, soit pour se réaliser complètement, soit pour accroître son bonheur, et l’objet de la sociologie serait de retrouver l’ordre selon lequel s’est développée cette tendance. […] Si, en effet, on se représente l’évolution historique comme mue par une sorte de vis a tergo qui pousse les hommes en avant, puisqu’une tendance motrice ne peut avoir qu’un but et qu’un seul, il ne peut y avoir qu’un point de repère par rapport auquel on calcule l’utilité ou la nocivité des phénomènes sociaux.
Né dans la Réforme, à un moment où le besoin d’un réveil religieux s’y faisait sentir, il participa tout à fait à ce mouvement de réveil, sans le pousser jamais jusqu’à la séparation, à l’exclusion et à la secte. […] Dans cette patrie de Viret, l’un des plus onctueux et des plus charitables d’entre les réformateurs, il convenait que le réveil de l’esprit religieux, qui poussait peut-être quelques croyants ardents à la secte et au puritanisme, ne devînt pas une occasion, un éveil aussi de persécution, de la part de l’Église établie, menacée dans sa tiédeur. […] — Soit qu’il nous peigne ce grand style de Pascal, si caractérisé entre tous par sa vérité, austère et nu pour l’ordinaire, paré de sa nudité même, et qu’il ajoute pour le fond : « Bien des paragraphes de Pascal sont des strophes d’un Byron chrétien ; » soit qu’il admire, avec les penseurs, dans La Rochefoucauld, ce talent de présenter chaque idée sous l’angle le plus ouvert, et cette force d’irradiation qui fait épanouir le point central en une vaste circonférence ; soit qu’il trouve chez La Bruyère, et à l’inverse de ce qui a lieu chez La Rochefoucauld, des lointains un peu illusoires créés par le pinceau, moins d’étendue réelle de pensée que l’expression n’en fait d’abord pressentir, et qu’il se montre aussi presque sévère pour un style si finement élaboré, dont il a souvent un peu lui-même les qualités et l’effort ; soit que, se souvenant sans doute d’une pensée de Mme Necker sur le style de Mme de Sévigné, il oppose d’un mot la forme de prose encore gracieusement flottante du xviie siècle à cette élégance plus déterminée du suivant, qu’il appelle succincta vestis ; soit qu’en regard des lettres capricieuses et des mille dons de Mme de Sévigné, toute grâce, il dise des lettres de Mme de Maintenon en une phrase accomplie, assez pareille à la vie qu’elle exprime, et enveloppant tout ce qu’une critique infinie déduirait : « Le plus parfait naturel, une justesse admirable d’expression, une précision sévère, une grande connaissance du monde, donneront toujours beaucoup de valeur à cette correspondance, où l’on croit sentir la circonspection d’une position équivoque et la dignité d’une haute destinée ; » soit qu’il touche l’aimable figure de Vauvenargues d’un trait affectueux et reconnaissant, et qu’il dégage de sa philosophie généreuse et inconséquente les attraits qui le poussaient au christianisme ; soit qu’en style de Vauvenargues lui-même il recommande, dans les Éléments de Philosophie de d’Alembert, un style qui n’est orné que de sa clarté, mais d’une clarté si vive qu’elle est brillante ; — sur tous ces points et sur cent autres, je ne me lasse pas de repasser les jugements de l’auteur, qui sont comme autant de pierres précieuses, enchâssées, l’une après l’autre, dans la prise exacte de son ongle net et fin. […] Interpellé et poussé à bout par ses ennemis sur le mystère de sa naissance, La Harpe lui-même réclame cette descendance honorable, dans sa lettre au Mercure (février 1790).
Gaillard (qui s’entremettait pour lui) que je suis un philosophe sans entêtement, et qui regarde Aristote, Épicure, Descartes, comme des inventeurs de conjectures que l’on suit ou que l’on quitte, selon que l’on veut chercher plutôt un tel qu’un tel amusement d’esprit. » C’est ainsi qu’on le voit engager ses cousins à prendre le plus qu’ils pourront de philosophie péripatéticienne, sauf à s’en défaire ensuite quand ils auront goûté la nouvelle : « Ils garderont de celle-là la méthode de pousser vivement et subtilement une objection et de répondre nettement et précisément aux difficultés. » Ce mot que Bayle a lâché, de prendre telle ou telle philosophie selon l’amusement d’esprit qu’on cherche pour le moment, est significatif et trahit une disposition chez lui instinctive, le fort, ou, si l’on veut, le faible de son génie. […] Il a dit de Nicole et l’on peut dire de lui que « sa coutume de pousser les raisonnements jusqu’aux derniers recoins de la dialectique le rendoit mal propre à composer des pièces d’éloquence. » Ce désintéressement où il était pour son propre compte dans l’éloquence et la poésie le rendait d’autre part plus complet, plus fidèle dans son office de rapporteur de la république des lettres. […] Quand vous aurez connu personnellement plus de personnes célèbres par leurs écrits, vous verrez que ce n’est pas si grand’chose que de composer un bon livre… » C’est dans une lettre suivante à ce même frère cadet qui se mêlait de le vouloir pousser à je ne sais quelle cour, qu’on lit ce propos charmant : « Si vous me demandez pourquoi j’aime l’obscurité et un état médiocre et tranquille, je vous assure que je n’en sais rien…. […] Il y poussa l’anonyme jusqu’à avoir besoin d’être clandestin.
Oui, les passions essentielles qui poussent l’homme, comme les vents qui font mouvoir les ailes du moulin, sont à présent les mêmes qu’autrefois, et, comme autrefois, ces forces font du bien et du mal. […] Il est le contemporain des précieuses, qui aiment sans doute la galanterie, mais qui tiennent pour l’amour platonique, qui poussent la pudeur jusqu’à la pruderie, qui proclament, comme Armande dans Les femmes savantes, la suprématie de l’esprit sur la matière, de la raison sur la partie animale. […] Ce sont elles qui produisent les grandes actions, qui poussent l’homme à la recherche de la vérité, qui le font croire à un bonheur qu’il poursuit toujours sans l’atteindre jamais. […] L’une soutient que la littérature, ayant pour but unique le beau et ainsi sa fin en elle-même, n’a rien à voir avec la morale, n’a nullement à se soucier de savoir si elle pousse au bien ou au mal.
Jeanne-Antoinette Poisson, née à Paris le 29 décembre 1721, sortait de cette riche bourgeoisie et de ce monde de finance qui s’était si fort poussé dans les dernières années de Louis XIV, et dans lequel il n’était pas rare de rencontrer un épicuréisme spirituel et somptueux : elle y apporta les élégances. […] Mme de Tencin, qui aurait voulu pousser son frère le cardinal à la tête du ministère, ne savait par quel moyen avoir prise sur cette volonté apathique du monarque : elle en écrivait au duc de Richelieu, qui était pour lors à la guerre ; elle engageait ce courtisan à écrire à Mme de La Tournelle (duchesse de Châteauroux), pour qu’elle essayât de tirer le roi de l’engourdissement où il était sur les affaires publiques : Ce que mon frère a pu lui dire là-dessus, ajoutait-elle, a été inutile : c’est, comme il vous l’a mandé, parler aux rochers. […] Elle poussa l’amour de l’art jusqu’à imprimer de ses mains, à Versailles, une tragédie de Corneille, Rodogune (1760) : la pièce n’a été tirée qu’à une vingtaine d’exemplaires. […] Telle était dans son plus beau jour cette personne ravissante, ambitieuse, fragile, mais qui fut sincère, qui resta bonne dans son élévation, fidèle (j’aime à le croire) dans sa faute, serviable tant qu’elle put, vindicative pourtant si on l’y poussait, qui était bien de son sexe après tout, et qu’enfin sa femme de chambre a pu nous montrer dans l’intimité, sans lui être un témoin trop à charge ni accablant.
Écoutons bien plutôt celle qui est un présent éternel, qui ne varie pas, la Nature. » Dix siècles d’anémie cérébrale, c’est-à-dire de spiritualisme chrétien, ont empêché la plante humaine de pousser des rameaux vigoureux dans l’espace, l’ont contrainte aux maigres efflorescences dénuées de couleurs vives. […] L’homme pousse une clameur joyeuse de révolte et s’élance devant lui en riant aux dieux qui s’effacent. […] Ne sentez-vous pas que cet « absolu » aux pieds duquel vous vous agenouillez n’est que la finalité de l’énergie qui fait mouvoir votre bras et pousse le blé hors de terre ? […] Je me sens au contraire lié à cet homme qui me dit de ne pas suivre ce chemin, et qui me le dit par sympathie pour moi poussé par un intérêt commun, par un intérêt d’humanité.
Le journal belge se plaint vivement de cette poursuite rigoureuse, qui ne l’expose guère pourtant qu’à 5 fr. d’amende… » Et il poussait à bout sa raillerie et ses conclusions. […] Mais vraiment, poussé à ce point pour un vœu assurément bien innocent qui m’est échappé, je serais tenté de répondre : En vérité, Tocqueville a d’étranges amis politiques ; ils ont l’air de l’aimer mieux mort que vivant, parce que c’est un beau thème pour eux et un saint de plus. […] Je ne parle pas de ce talent de professeur qu’il ne tenait qu’à lui de pousser et de développer ; car, pour peu qu’il l’eût voulu, il serait aujourd’hui l’un des maîtres et l’une des voix écoutées en Sorbonne.
Alexandre, Annibal, César, ces géants de la guerre, dépassèrent en tous sens et brisèrent bientôt ce cadre brillant et proportionné de la Grèce, que Pallas dominait du front, que remplissait si bien un Épaminondas, et où l’idée de patrie était toujours présente : ils poussèrent l’art terrible à ses dernières limites et ne laissèrent rien à perfectionner après eux. […] Il y rentra un moment dans les affaires commerciales, comme intéressé dans une maison d’équipements militaires ; puis, poussé par ses impérieux instincts, il chercha du service actif dans l’armée. […] Ainsi Jomini aurait voulu qu’au début de la campagne de 1756 Frédéric portât à la coalition formée contre lui un coup terrible ; qu’entre les trois lignes possibles d’opérations il choisît l’offensive, celle de Moravie, où une grande bataille gagnée lui eût permis de pousser jusqu’à Vienne.
Plaise aux dieux que ma colère et mon coeur me poussent à déchirer et à manger ta chair crue, tant tu m’as fait de mal. »209 C’est l’âme la plus violente et la plus douce, la plus généreuse et la plus sauvage, mobile et tempétueuse, mais vivante parce qu’elle est complexe et multiple, et poétique, parce qu’elle vit. […] Nous nous arrêtons à mi-chemin et l’imagination seule pousse jusqu’au bout de la carrière. […] »211 Vienne l’occasion, et l’ambition, nourrie par toute la véhémence et toute la ténacité de cette imagination exaltée, se tournera en démence, et l’homme, poussé de crime en crime par un destin intérieur, hors de soi, les yeux fixés vers ses visions funèbres, marchera, à travers les meurtres, vers sa ruine inévitable.
Chastellard avait été de la troupe qui fit escorte à Marie à son départ pour l’Écosse, et, poussé par la passion, il y retourna quelque temps après ; mais il ne sut pas se contraindre et s’en tenir, comme il convenait, à une flamme poétique, en attendant qu’il fît partager, s’il le pouvait, sa flamme réelle. […] Le faible Darnley s’étant ouvert de sa jalousie aux lords et seigneurs mécontents, ceux-ci, dans l’intérêt de leur politique, le poussèrent à la vengeance, et s’offrirent à le servir de l’épée. […] Sa faute n’est pas là, et, au milieu de tant d’infidélités et d’horreurs, ce serait pousser bien loin la délicatesse que de réclamer l’éternité du sentiment pour ces restes d’une passion effrénée et sanglante.
« Nous sommes les représentants du droit, de la justice, de la vérité et de la légitimité sociale ; vous, au contraire, enfants de la Révolution, vous êtes des usurpateurs et des hommes du fait. » Cela nous faisait sourire, car nous raisonnions sur ce grand fait révolutionnaire, nous montrions qu’il avait été provoqué, justifié en partie, qu’il avait ses raisons d’être ; et les plus fortes têtes d’entre nous poussaient cette logique des événements jusqu’à établir par maximes une sorte de loi et de fatalité historique inévitable. […] je suis en ce moment occupé à observer et à vérifier un fait curieux : Comment les générations évincées, si elles n’y prennent garde, passent vite à l’émigré du dedans, à l’ultra, au voltigeur de Louis XV, ou comment les ailes de pigeon leur poussent. […] Les graves eux-mêmes tournent à l’ironique et au frivole. » Je l’arrêtai court ; je lui soutins, pour l’honneur de ma génération, qu’il avait tort, que cela ne se passerait point ainsi ; mais je me promis pourtant de pousser le cri d’alarme, d’avertir les intéressés mêmes, et de le faire de la seule manière dont ces sortes d’avis peuvent se donner, c’est-à-dire publiquement, à mes risques et périls.
Le devoir d’arracher sa sœur à Loujine lui donne un instant la force de reprendre sa vie normale ; un curieux conflit d’amour instinctif, de besoin de pitié, d’ironique abaissement, le pousse à chercher en une prostituée une amie, comme la curiosité, la haine et le pressentiment d’une secrète et honteuse égalité l’attachent aux pas de Svidrigaïloff. […] Effrayé de la peur de la vie et souffrant misérablement de son horreur, pénétrant l’homme dans ses dessous farouches et douloureux, pris du triste amour de sa chair souffreteuse, ne voyant en toute transgression que le commencement du châtiment, inquiet, éperdu et aimant, obstinément attaché à débattre et à retourner le problème du mal, du péché et de la peine, interrogeant la science et violenté, dans son âme obscure et slave, par la hautaine impiété de la philosophie évolutionniste, par ces doctrines qui, extraites et résumées du cours des astres, du choc des atomes, du sourd essor de la substance organique, puisent dans leur origine matérielle une inhumaine dureté et font au ciel qu’elles mesurent et dans l’âme qu’elles analysent un épouvantable et clair vide, frémissant du tranquille déni qu’elles opposent au problème final de toute méditation irréaliste — le but et le sens de la vie, — et finalement repoussé par les sèches raisons dont elles interdisent la pitié, l’aide aux faibles, aux malades, aux méchants, par la nécessité de ne point intervenir dans la lutte de tous contre fous, qui est à la fois la loi du monde vivant et la source même de ce qui nous pousse à la violer, — Dostoïewski s’est violemment rejeté en arrière ; sortant de toute église comme de tout enseignement, maudissant toute intelligence, se contraignant à croire ce qui console non sans trembler de la peur tacite d’être déçu, il a rivé ses yeux sur l’Évangile, il s’est prosterné pleurant sur la face pleurante d’un Christ populaire, en une agonie de pitié, de douleur, d’angoisse, d’effroi, de fou désespoir et de tremblante supplication aussi tragique en sa clameur que les affres contenues de Pascal. […] Cet homme voyait les choses et les êtres un peu avec la netteté et la surprise d’un demi-fou ; et comme ni la prévision ne le préparait à leur succession, ni le besoin de raisonner ne le poussait à en démêler les causes et la dépendance, il demeurait hagard devant un spectacle qui frappait ses sens de secousses disconnexes.
Cependant on peut déterminer les voies où il doit pousser son enquête. […] Un écrivain a-t-il vécu, surtout à l’âge où l’âme est de cire pour les impressions du dehors, dans un de ces climats tièdes et parfumés où la poésie semble pousser et fleurir d’elle-même en pleine terre comme les orangers et les lauriers-roses ; il y a gros à parier que son imagination en gardera quelque chose de net et de lumineux.
Je lui disais : effacez-moi tout cela ; mettez-moi cet amour en l’air ; qu’en emportant sur son dos le voile qui couvre la nymphe, il saisisse le satyre par la corne et le pousse sur elle. étendez-moi le front de ce satyre, raccourcissez ce visage niais, recourbez ce nez, étendez ces joues, qu’à travers les traits qui déguisent le maître des dieux je le reconnaisse. […] Elle en tomba dans le désespoir, elle se trouva mal ; la fureur succéda à la défaillance ; elle poussa des cris ; elle s’arracha les cheveux, elle se roula par terre ; elle tenait un couteau, incertaine si elle s’en frapperait ou son tableau.
Mais ses convictions ressemblent à l’intolérance ; les affirmations d’autrui l’irritent ; le besoin de contredire, le pousse au paradoxe. […] Brunetière, après avoir méprisé la théorie du travail, contraint de prendre son plus bel exemple de style chez l’auteur le plus notoirement célèbre par son labeur, ses refontes et ses ratures, chez un écrivain qui recherchait l’harmonie jusqu’à fuir la moindre assonance, qui poussait jusqu’à la manie la haine des répétitions, qui exigeait la suite la plus rigoureuse dans les métaphores, qui supprimait les qui et les que et prétendait qu’avec de l’application et du goût on peut arriver à avoir du talent ?
Les ailes ont poussé à sa plume. La plume a poussé à ses ailes.
En sa qualité de chrétien, Champagny tient cette question pour résolue ; mais pourtant, puisqu’il fait un livre, c’est qu’il veut apparemment pousser ou incliner les esprits vers la solution qu’il possède et sur laquelle il est tranquille. Eh bien, son livre y pousse-t-il ?
On ne peut s’empêcher de remarquer que c’est pousser un peu trop loin l’exactitude.
XXV De même qu’un arbre pousse inévitablement du côté d’où lui vient la lumière et développe ses branches dans ce sens, de même l’homme, qui a l’illusion de se croire libre, pousse et se porte du côté où il sent que sa faculté secrète peut trouver jour à se développer.
Si l’on a une vraie veine, l’important est de la développer et de la pousser un peu haut sans doute, mais avant tout de la reconnaître et de la suivre. […] Janin qui y avait poussé plus que personne par ses réhabilitations sémillantes de Marivaux, de Crébillon fils, et qui ne perdait aucune occasion d’en rafraîchir l’idéal, étaient encore ce qu’on en retenait le plus.
Cette idée vint d’abord à Marana qui nous donna un Espion Turc, que des compilateurs ont poussé jusqu’à neuf vol. […] C’est par cet auteur que nous terminerons cette liste, qu’on pourroit pousser beaucoup plus loin.
Il l’a fait pour ce fond de croyance, de mythologies et de légendes sur lequel a poussé et s’est détachée l’immense fleur noire et de couleur de sang de la poésie d’Eschyle, de ce tragique religieux, idéal et terrible ! […] Quand l’auteur des Deux Masques va, par exemple, chercher l’Histoire, — dont il a besoin pour montrer jusqu’où plongent les racines du génie d’Eschyle et faire le lumineux décompte de ce qui est de la personnalité et de la race, — et qu’à travers l’antique Hérodote, et plus haut et plus loin qu’Hérodote, il va la chercher, cette fuyante histoire, jusque dans les derniers éloignements et les derniers effacements du passé, il la saisit et l’amène sous le regard par la force de la couleur, et il la pousse sur nous, pour ainsi dire, vainqueur des âges et des lointains !
… On a toujours ri dans l’Humanité, depuis sa chute : c’est le cri poussé par l’homme en tombant ! […] Il n’enfonce point et ne pose pas dans la psychologie le point de départ de son Histoire de la Satire, et voilà pourquoi il pousse tout droit devant lui, dès les premières pages, ce petit trot historique qui fait son bonheur sans danger, à travers les causes secondes et troisièmes sur lesquelles il a chance encore de se tromper.
Pourquoi enfin son talent, qui a toujours poussé dans les mêmes directions, qui s’est acharné sur le même sujet pour en prendre et en vider toute la moelle, — car c’est du xvie et du xviie siècle qu’il s’agit encore dans la nouvelle histoire de Ranke, — pourquoi son talent est-il moins remarquable et moins fort que dans le temps de ses premières découvertes et de ses premiers aperçus ? […] Ranke poussait jusque-là la réalité.
Ce n’était pas un vil champignon poussé dans le sang des batailles. […] Le livre de Maurice de Bonald, écrit sans amertume, mais non pas sans tristesse, ne l’a pas été pour pousser à une solution ou à un changement immédiat dans la situation du comte de Chambord vis-à-vis de la France.
Il y pousse de somptueuses et d’édéniques guirlandes.
Les Mages attroupés sur la rive poussaient des hurlements magiques pour la conjurer. […] En même temps l’intérieur du temple retentit de ce cri que poussaient les dieux combattant sous les murs de Troie, et qu’Homère compare aux hurlements de dix mille guerriers rassemblés. […] On découvrit que l’olivier de Pallas, brûlé jusqu’aux racines par l’incendie de la veille, avait poussé dans la nuit un rejeton haut d’une coudée. […] La flotte grecque, commandée par l’Athénien Xantippe et le Spartiate Léotychidès, était en station à Délos, n’osant pousser jusqu’à Samos, pour délivrer l’lonie. […] Un signe visible confirma ce bruit surnaturel ; on vit flotter un caducée de héraut, poussé par la vague occidentale sur la plage.
Ce dédain du réel, tout le monde sait que les romantiques l’ont poussé jusqu’à la négation radicale. […] Avec une bonne foi d’inquisiteurs, ils poussèrent au noir le tableau qu’ils prétendaient nous en donner. […] Les mobiles qui poussent le pharmacien Homais à régenter son village sont peut-être plus élevés que l’idée grotesque qu’il s’en fait d’après sa raison étroite et bornée. […] En matière de morale, comme en matière d’esthétique, la Vérité, c’est notre vérité du moment, celle qui répond le mieux à ces poussées instinctives, à ces aptitudes héréditaires ou acquises dont notre âme actuelle est faite. […] La plante pousse, les racines s’enfoncent, les rameaux s’élancent et se déploient, les fines nervures des feuilles se découpent dans la lumière.
Il s’agissait de trouver un personnage qui les poussât et les guidât, « adroit à manier les peuples, agréable aux Grisons (la plupart protestants) », propre « à remettre ces gens-là peu à peu et à regraver dans leurs esprits la dévotion qu’ils commençaient à perdre pour les Français, et qui fût de tel poids, qu’il pût être en ce pays comme garant et caution de son maître », sans que le nom de ce maître fût mis d’abord trop en montre. […] Montausier, toujours ardent, voulait qu’on poussât la pointe et qu’on poursuivît les impériaux sans relâche. […] Il fallut ne pas trop pousser la poursuite, à cause de Serbelloni qu’on avait sur les derrières, à deux pas de là.
Polybe dit bien que les chefs des Mercenaires, après une de leurs victoires, poussèrent l’ambition jusqu’à vouloir mettre le siège devant Carthage, et que les Carthaginois, à un moment, se virent serrés de près de tous côtés ; mais il ajoute que les assiégeants étaient si peu maîtres de leurs opérations et de leurs mouvements, qu’ils se virent bientôt comme assiégés eux-mêmes. […] Pour qu’un arbre pousse, il faut de la terre ; n’allez pas le planter en pleine montagne de Carrare. […] Le talent lui-même y pousse : on veut sortir à tout prix du connu et du commun.
Certes, M. de Girardin eut alors un sentiment très-vrai de la situation, des divers moments et comme des divers accès par où le mal allait empirant chaque jour, et lorsque le 24 février éclata, il était en règle, il avait poussé d’avance tous les cris d’alarme ; on l’avait même vu, dans la séance du 14 février 1843, après un vote de la majorité qui qualifiait la minorité avec injure, déposer sur le bureau du président sa démission de député et signifier sa sortie de la Chambre jusqu’à de nouvelles élections générales : il donnait pour motif qu’il ne voyait pas de place possible entre une majorité intolérante qui s’égarait, et une opposition inconséquente qui allait on ne sait où. […] Le journaliste fait bien d’y pousser sans trop se soucier des retards, c’est la fonction et le métier du journal : l’homme de gouvernement ferait bien d’y regarder à deux et trois fois, s’il était mis en demeure d’appliquer. […] Quand il est trop poussé à bout et relancé sur ce point de conviction vive, il faut voir comme il prend feu ; une détente lui échappe ; il est parti sur son Pégase, et je l’ai entendu mainte fois chaleureux, entraîné, éloquent.
Les rhétoriciens en désarroi se sont réfugiés derrière les philosophes ou soi-disant tels, eux-mêmes ralliés pour plus de sûreté sous le canon de l’orthodoxie ; ils ont tous vu dans la méthode de l’auteur je ne sais quelle menace apportée à la morale, au libre arbitre, à la responsabilité humaine, et ils ont poussé les hauts cris. […] Après avoir trop poussé et trop laissé faire, voilà qu’on se mettait à tout mortifier à plaisir16. […] Il se mit donc, durant trois années, à pousser l’analyse mathématique (moins pourtant qu’il n’aurait voulu), et à suivre assidûment les cours de l’École de médecine, en y joignant ceux du Muséum17.
On le voit, l’art, à le prendre isolément, tenait peu de place dans les idées de Regnier ; il le pratiquait pourtant, et si quelque grammairien chicaneur le poussait sur ce terrain, il savait s’y défendre en maître, témoin sa belle satire neuvième contre Malherbe et les puristes. […] Chez l’un comme chez l’autre, même procédé chaud, vigoureux et libre ; même luxe et même aisance de pensée, qui pousse en tous sens et se développe en pleine végétation, avec tous ses embranchements de relatifs et d’incidences entre-croisées ou pendantes ; même profusion d’irrégularités heureuses et familières, d’idiotismes qui sentent leur fruit, grâces et ornements inexplicables qu’ont sottement émondés les grammairiens, les rhéteurs et les analystes ; même promptitude et sagacité de coup d’œil à suivre l’idée courante sous la transparence des images, et à ne pas la laisser fuir, dans son court trajet de telle figure à telle autre ; même art prodigieux enfin à mener à extrémité une métaphore, à la pousser de tranchée en tranchée, et à la forcer de rendre, sans capitulation, tout ce qu’elle contient ; à la prendre à l’état de filet d’eau, à l’épandre, à la chasser devant soi, à la grossir de toutes les affluences d’alentour, jusqu’à ce qu’elle s’enfle et roule comme un grand fleuve.
Arrivée à ce point, — vous le remarquez sans qu’il soit nécessaire de pousser plus loin cette analyse — la critique sort du domaine de l’histoire, ou plus exactement pousse l’histoire dans celui de la psychologie, et, en résumant ses recherches, M. […] Mais arrêtons-nous, les choses du moment doivent rester en dehors de notre cercle, nous ne pouvons songer à pousser nos études jusqu’à l’époque actuelle qui, par le fait même qu’elle nous englobe et nous entraîne, échappe à notre critique, et nous nous en tiendrons aux origines du romantisme comme à la dernière époque que nous puissions examiner avec fruit.
Le reste est matière d’étude, de curiosité solitaire, de projet lointain pour les années de la retraite et du repos, pour ces années qu’on ajourne toujours et qui ne viendront jamais ; mais dans le courant habituel, dans le torrent des intérêts et des idées, quand on n’a qu’un quart d’heure à donner çà et là aux lettres proprement dites, on n’a pas le temps, en vérité, de venir prêter l’oreille à un ancien, pas plus que, dans une foule où tout nous pousse, il n’y a moyen de s’arrêter à converser avec un vieillard qui s’exprime avec majesté et lenteur. […] Il poussait son économie du temps jusqu’à l’avarice. […] Jamais le sentiment littéraire proprement dit, la passion des belles études et de l’honneur qu’elles procurent, jamais l’amour de l’honnête louange, le culte de la gloire et de la postérité, n’a été poussé plus loin et plus heureusement cultivé que chez Pline le Jeune.
M. de Bailleul, qui avait opiné en premier, avait commencé par donner l’exclusion à Mazarin, comme créature du cardinal de Richelieu : « Mais moi, dit le vieux Brienne, qui m’étais aperçu déjà plus d’une fois de la pensée secrète qu’avait la reine pour Son Éminence, je crus devoir parler avec plus de réserve. » Le fait est que la reine en était venue à ce point où l’on ne consulte que pour entendre l’avis qu’on désire tout bas et pour se faire pousser dans le sens où incline le cœur. […] Mais quand Beringhen, poussé par la réserve même qu’il rencontrait, eut dit positivement qu’il venait de la part de la reine, ce fut comme une baguette magique qui opéra : À ce mot, le fin Italien change de conduite et de langage, et passant tout à coup d’une extrême retenue à un grand épanouissement de cœur : « Monsieur, dit-il à Beringhen, je remets sans condition ma fortune entre les mains de la reine. […] Mazarin, qui, avec son coup d’œil sagace, avait deviné Louis XIV enfant, était plutôt attentif à le retarder comme roi qu’à le pousser ; mais le moment était venu où il n’y avait guère plus de retard possible.
Il établit les maximes hospitalières consacrées chez tout ce qui n’est point barbare ; il y joint ses aphorismes habituels de justice et de civilisation : « Il faut faire, en temps de paix, le plus de bien, et, en temps de guerre, le moins de mal qu’il est possible. » Il cite à l’appui la belle réponse de ce gouverneur espagnol de La Havane au capitaine de vaisseau anglais, qui, au moment du naufrage, jeté dans le port par la tempête, vient se livrer à lui pendant la guerre de 1746 : « Si nous vous eussions pris dans le combat, en pleine mer ou sur nos côtes, votre vaisseau serait à nous, vous seriez nos prisonniers ; mais, battus par la tempête et poussés dans ce port par la crainte du naufrage, j’oublie et je dois oublier que ma nation est en guerre avec la vôtre. […] Ils poussent à bout les choses, et, à force de les presser, ils n’en tirent plus de réponse. […] Il avait poussé la chicane jusqu’à reprocher aux rédacteurs du Code d’avoir dit dans une phrase : « Le bon sens, la raison, le bien public ne permettent pas, etc. », comme si c’était une pure redondance ; à quoi Portalis répliquait : Nous ne nous engagerons pas dans la question, si la langue française admet ou n’admet pas des mots synonymes ; mais nous dirons que le bon sens et la raison diffèrent, en ce que le propre de la raison est de découvrir les principes, et que le propre du bon sens est de ne jamais les isoler des convenances.
Il ne songe d’abord qu’à faire un voyage de Hollande ; mais, après quelques mois passés à Amsterdam, apprenant que la cour de Danemark était à quelques journées de là, lui et ses compagnons se décident à pousser vers le Nord. […] Cette Lisette, ce Crispin, nous enlèvent par leur feu roulant d’esprit sans effort ; ils ont coup sur coup des poussées de veine. […] Hector, le valet du Joueur, dira dans son rêve de fortune : J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants ; De ma rotondité j’emplirais le dedans… Et le fat marquis, s’étalant aussi tout à l’aise, lâchera ce couplet que chacun achève de mémoire, mais que nous ne pouvons nous empêcher de rappeler : Moi, j’aime à pourchasser des beautés mitoyennes ; L’hiver, dans un fauteuil, avec des citoyennes, Les pieds sur les chenets étendus sans façons, Je pousse la fleurette et conte mes raisons… J’ai rendu toute justice et tout hommage à Boileau ; mais ici, dans cette large et copieuse façon de dire, Regnard remontait par-delà Boileau, et dérivait en droite ligne de Régnier.
Ce qu’il a fait de mieux, est un Recueil de Vies des Hommes illustres de France, qu’il a poussé jusqu’au dixieme volume.
— Couche-toi sur le sol : tu entendras l’herbe pousser. […] L’herbe pousse dans les allées, — ce dont je me garderai bien de me plaindre. […] Les gens qui vendent de la patrioterie à un sou la tranche pousseront des glapissements aigus. […] Mais poussez-le un peu, demandez-lui son avis sur la façon de mener les hommes. […] » ils poussent les hauts cris.
C’est elle qui éteint les haines, les haines fécondes, au soleil desquelles fleurissent les grandes choses et poussent les œuvres immortelles. […] Zola s’est poussé tout seul dans la vie. […] Il a grandi dans l’air libre, poussé des branches robustes et fleuri de belles fleurs. […] Ce sont, tous, de petites âmes embryonnaires qui vagissent de petites plaintes et poussent de petits cris. […] Poussé par M.
La démangeaison d’écrire les pousse à barbouiller du papier à un âge où l’on ne peut faire que de l’imitation et du pastiche. […] Le roman pullule, comme l’herbe pousse, comme le blé mûrit. […] Les vrais héros de roman, les agités, les emballés, les romantiques d’autrefois, les Antonys qui poussent des cris et commettent des crimes, sont des exceptions. […] Ne quittez pas les bons terrains où poussent les belles plantes humaines. […] Voyez dans Philoctète jusqu’à quel point Ulysse pousse la fourberie.
Pourtant, il y a mieux ; et, avant d’en finir sur cette question, on ne saurait oublier une de ses pages les plus célèbres, et où il a poussé son système jusqu’aux dernières conséquences. […] Leur instinct les pousse vers l’idéalisme, vers la fantaisie lyrique comme l’avait comprise Henri Heine. […] Leconte de Lisle était poussé dans son orbite par plusieurs circonstances diverses. […] Je n’éprouve même vis-à-vis d’aucun jupon le désir de curiosité qui vous pousse à dévoiler l’inconnu et à chercher du nouveau311. […] pourquoi reculer à mi-chemin et ne pas pousser le système à ses dernières limites ?
De quel souffle puissant il aurait poussé ces grands essaims d’âmes vers leur destination éternelle ! […] La réunion des talents et la concurrence des ambitions y poussent à bout le travail, la curiosité, le plaisir, l’excitation. […] Lui-même, dans sa jeunesse, avait poussé loin dans la physiologie, on s’était trouvé interne dans un hôpital. […] De telles disparates poussent un homme d’esprit à la satire. […] Ordinairement on prend au hasard ou l’on se laisse pousser.
Il auroit poussé plus loin le génie de l’invention, si sa pétulance naturelle lui eût laissé le temps de combiner & de perfectionner ses découvertes.
Dans quel océan de minuties, de tracasseries poussées jusqu’aux coups de poings « et de griffes » ; dans quel abîme de petitesses et de ridicules, dans quelles chicanes inextricables de cérémonial et d’étiquette la noblesse était tombée, c’est ce qu’un mandarin chinois pourrait seul comprendre. […] Je lui parlai aussi de la longue absence que j’avais faite, de douleur de me trouver mal avec lui, d’où je pris occasion de me répandre moins en respects qu’en choses affectueuses sur mon attachement à sa personne et mon désir de lui plaire en tout, que je poussai avec une sorte de familiarité et d’épanchement… Je le suppliai même de daigner me faire avertir s’il lui revenait quelque chose de moi qui pût lui déplaire, qu’il en saurait aussitôt la vérité, ou pour pardonner à mon ignorance, ou pour mon instruction, ou pour voir si je n’étais pas en faute. » On parlait au roi comme à un Dieu, comme à un père, comme à une maîtresse ; lorsqu’un homme d’esprit attrapait ce style, il était difficile de le renvoyer chez lui. […] Le jeune homme pousse en avant avec la verve d’un poète qui conçoit un roman et sur-le-champ passe la nuit à l’écrire. […] « Je ne pus me contenir de lui dire à l’oreille que je ne serais point heureux avec une autre qu’avec sa fille. » On lui oppose de nouvelles difficultés ; à l’instant un poème d’arguments, de réfutations, d’expédients, pousse et végète dans sa tête ; il étourdit le duc « de la force de son raisonnement et de sa prodigieuse ardeur » ; c’est à peine si enfin, vaincu par l’impossible, il se déprend de son idée fixe. […] « Il versait des larmes pour ainsi dire sanglantes, tant l’amertume en paraissait grande ; il poussait non des sanglots, mais des cris, mais des hurlements.
Je tiendrai compte de toutes ces différences pour pousser le plus possible au relief et à la vérité.
Il a beau, dans sa Préface, prévenir le Lecteur sur cette singularité, son aveu ne le met point à l'abri de l'accusation de Plagiat, parce qu'il prend un soin marqué de cacher jusqu'à quel point il l'a poussé.
On ne saurait pousser plus loin les délicatesses de l’amitié. […] Avec un art plus poussé, et vraiment supérieur, ce sont bien encore au fond des essais idéologiques. […] Les libéraux, encore nombreux, n’ont pas l’esprit partisan poussé à l’excès. […] Ce serait ce jeune lord impérieux et impulsif qui aurait ruiné Wilde, en se faisant entretenir par lui, et qui l’aurait poussé à sa perte. […] Gide pousse plus loin l’équivoque et veut passer pour un véritable chrétien.
Elle professe, dit-elle en un endroit deux maximes principales, à savoir que la sécurité est le tombeau de la liberté, que l’indulgence envers les hommes en autorité est le moyen de les pousser au despotisme. […] Durant les mois qui précédèrent le 10 août, l’activité politique de notre héroïne n’avait pas cessé, mais l’expérience avait porté fruit ; elle commençait à moins pousser au mouvement tel quel, et à enrayer un peu. […] Chacun y est touché et marqué en quelques lignes ; ils passent tous l’un après l’autre devant nous dans leurs physionomies différentes, et le digne Sers (depuis sénateur), aimable philosophe, habitué aux jouissances honnêtes, mais lent, timide et par là même incapable en révolution ; et Gensonné si faible à l’égard de Dumouriez dans l’affaire de Bonne-Carrère, qui ne sait pas saisir le moment de perdre un homme quand il le faut ; avec trop de formes dans l’esprit et pas assez de résolution dans le caractère ; et l’estimable Guadet, au contraire trop prompt, trop vite prévenu ou dédaigneux, s’étant trompé d’ailleurs sur la capacité de Duranthon qu’il a poussé aux affaires, et ayant à tout jamais compromis son jugement par cette bévue sans excuse ; et Vergniaud qu’elle n’aime décidément pas ; trop épicurien, on le sent, trop voluptueux et paresseux pour cette âme de Cornélie : elle ne se permettrait pas de le juger, dit-elle, mais les temporisations subites de l’insouciant et sublime orateur ne s’expliquent pas pour elle, aussi naturellement que pour nous, en simples caprices et négligences de génie ; mais elle le trouve par trop vain de sa toilette, et se méfie, on ne sait pourquoi, de son regard voilé, qui pourtant s’éclairait si bien dans la magie de la parole. […] Ce ne devait pas être là encore la passion sérieuse, véritable, longtemps retardée, qui saisit enfin l’âme puissante de Mme Roland, et à laquelle elle fait allusion en deux endroits de ses Mémoires, lorsqu’elle parle des bonnes raisons qui, vers le 31 mai, la poussaient au départ pour la campagne, et lorsque, saluant l’empire de la philosophie qui succédait chez elle au sentiment religieux, elle ajoute que ces sauvegardes ininterrompues semblaient devoir la préserver à jamais de l’orage des passions, dont pourtant, avec la vigueur d’un athlète, elle sauve à peine l’âge mûr !
Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme un ruisseau d’une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. […] Les excès en tout sont la nature de la France, les réactions sont sa loi ; Bonaparte, son héros, fut un despote ; Chateaubriand, son écrivain, fut un apôtre peu convaincu du passé ; l’opinion publique, leur pondérateur naturel, au lieu de les contenir l’un et l’autre, les encouragea ; elle poussa l’un à l’empire, l’autre au treizième siècle : la conquête pour diplomatie, le concordat pour liberté religieuse, furent les deux pôles du gouvernement des soldats et du gouvernement des consciences. […] Était-il juste enfin, en politique, d’imaginer des lois inhumaines (immanis lex) contre la liberté de la presse, en 1819, et de professer ensuite la liberté illimitée de la presse, c’est-à-dire l’anarchie et la démagogie de la pensée la plus téméraire, dont Chateaubriand affecta le dogme, quand la versatilité de ses intérêts le poussait à se déclarer chef de l’opposition aux Bourbons ? […] Il ne savait pas lui-même quel vent l’y poussait ; c’était le souffle du vieux monde ; c’était l’instinct mâle de la génération des choses cherchant comme la virginité des mers, des forêts, des solitudes pour y déposer la semence fécondante des langues mûres et rajeunies.
Le dépit, le découragement, en face d’une cabale chaque jour plus ardente, le poussèrent à ce parti extrême. […] Cette façon de juger les forces respectives de l’instinct et de la raison pousse le drame aux dénouements funestes : où la passion domine, le crime et le malheur doivent suivre. […] Telles du moins les voit Racine, et par suite il les pousse au premier plan de sa tragédie. […] A côté d’elle, Néron, une âme mauvaise, égoïste, vaniteuse, lâche, en qui l’amour est une fureur sensuelle, un transport de l’imagination, sans tendresse, sans estime, sans pitié : il va à son premier crime, poussé par son instinct, fouetté par la jalousie, retenu par ses peurs, peur de sa mère, peur de son gouverneur, peur des mille voix du peuple, enlevé enfin par l’aigreur de sa vanité, sans étonnement après le crime, et d’une belle impudence, mais affolé soudain d’une peur toute physique, dans la détente de ses nerfs après l’action, et déprimé de voir la femme pour qui il avait fait le coup, lui échapper.
En ne songeant qu’à pousser au hasard les heures et à tromper éperdument les ennuis, il amassait le butin pour les années apaisées, pour la saison tardive du sage. […] Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur.
Un aiguillon supérieur, l’amour de la gloire, la poussait aux travaux sublimes de faction et de la pensée. […] Hippias, le fils de Pisistrate, réfugié à Suse, était devenu le conseiller de Darius, et le petit tyran déchu poussait le grand despote à la guerre, pour restaurer son principal sur les ruines de sa patrie subjuguée.
Il distingue donc fort bien les cris poussés par lui et les sons d’une voix étrangère. […] L’être doué d’appétit est tout d’abord ballotté au milieu des îlots qu’il pousse et qui le repoussent ; c’est seulement bien plus tard qu’il pourra se retirer en quelque sorte sur le rivage pour contempler par l’intelligence le grand tumulte de la mer.
Les donations de biens-fonds, entre autres, furent fréquentes, et déjà l’affreux cri moderne, poussé une fois de plus par Victor Hugo, contre les richesses de l’Église et son gouvernement temporel, fut poussé par Ammien Marcellin, le Victor Hugo de ce temps, comme Victor Hugo n’est que l’Ammien Marcellin du nôtre.
Et cependant, à toutes les époques de cette existence brillante et qui aurait dû être heureuse, le cri de l’ennui que, seule dans tout son siècle, elle a poussé, elle le jeta partout autour d’elle et avec une vibration dont, un siècle plus tard, Chateaubriand, qui avait vu la Révolution française, n’a pas dépassé l’intensité. […] Et c’était le bon sens, uniquement le bon sens, qui l’empêcha de chavirer dans la philosophie, au fond de laquelle Voltaire, le flatteur et l’irrésistible, la poussait avec des mains d’Hercule filant aux pieds d’Omphale.
Ce qui serait nouveau, par exemple, si on n’avait pas publié déjà des chansons de Charles de Rémusat, c’est le chansonnier de ce drame, qui, tout à coup, y pousse, au milieu de tout ce bavardage pédantesque qui devrait l’empêcher d’y pousser ; c’est le vaudeville inattendu dans ce livre grave, le vaudeville même grivois et vieux mauvais sujet !
Il s’y est implanté et il lui pousse des disciples. […] Il a tirebouchonné sa voie depuis Job jusqu’à Homère, depuis Homère jusqu’à Lucrèce, et depuis Lucrèce jusqu’à Leopardi, en passant par tous les Mélancoliques intermédiaires et séculaires qui ont souffert de la vie et qui ont poussé leur cri contre la douleur !
contre Notre-Seigneur Jésus-Christ que la philosophie, l’impartiale philosophie du xixe siècle, a poussé son dernier blasphème. […] Si l’on nous demandait les noms de quelques-uns de ces grands hommes, nous répondrions avec saint Jean Chrysostôme parlant de ceux qui l’ont précédé, que c’est un Évode, la bonne odeur de l’Église, disciple et imitateur des Apôtres ; que c’est un saint Ignace, qui porte Dieu lui-même dans sa personne ; un saint Denis l’Aréopagite, qui poussait son essor jusque dans le ciel ; un saint Hippolyte-le-Grand, si plein de douceur et de bienveillance ; un saint Basile-le-Grand, presque égal aux apôtres ; un saint Athanase, si riche de vertus ; un saint Grégoire-le-Thaumaturge, soldat invincible de Jésus-Christ ; un autre du même nom et du même génie, un saint Éphrem, dont le cœur semblait être le temple particulier de l’Esprit-Saint !
… d’originalité, — ce diadème futur de leur talent et de leur vie, — mais pour la plupart des hommes la pousse de l’originalité a son heure, comme la pousse des ongles et de la crinière, et Cantel attend encore la sienne, comme un lionceau.
C’est celle-là, qui n’est même ressuscitée que parce qu’elle était immortellement humaine ; que parce que nous étions las et dégoûtés des veines saignées à blanc, des cadavres exsangues et des poussières faites par les xviie et xviiie siècles ; que parce que nous avions soif de la vie, et que nous l’avons reconnue, la vie, au premier soupir qu’elle a poussé et à la première pierre qu’on a dérangée à ce vieux tombeau de Ronsard ! […] une forêt vierge et immense, qu’il faut bien prendre comme elle a poussé, et dans laquelle se trouvent même d’énormes broussailles, en rapport, du reste, avec la toute-puissance de la végétation et la pyramidalité des cimes.
Taine, à force de la pousser et de l’exagérer, semble avoir prise à son compte. […] Les poètes poussent partout, quand ils sont vigoureux, mais aucun poète sous le tournant du soleil ne l’a mieux prouvé que Milton, et on peut l’étudier comme un véritable phénomène de végétation poétique, ce chêne de rocher que rien, rien n’a pu empêcher de devenir, à l’âge où les hommes les plus forts se cassent, le rouvre du Paradis perdu.
Comme tous les Infatués de ce temps-ci, qui s’aiment dans le siècle, il peut se tromper et il se trompe sur la beauté de la vie moderne, qui n’est, à mes yeux, que plate et laide ; mais il s’efforce toujours d’en faire bomber les platitudes et d’en pousser jusqu’à l’horrible les laideurs. […] Catulle Mendès pousse toujours, à chaque horreur qu’il étale, le cri de la conscience indignée que les romanciers modernes n’ont plus, et que l’art, disent-ils, est d’étouffer.
Mais pour le faire, ce drame, pour grossir cet atome en le décomposant, il se sert d’une analyse inouïe et qu’il pousse à la fatigue suprême, à l’aide d’on ne sait quel prodigieux microscope, sur la pulpe même du cerveau. […] VI Car il est Américain, quoi qu’il fasse, cet homme qui détestait l’Amérique, et que l’Amérique, mère de ses vices et de sa misère, a poussé au suicide contre elle.
Il auroit poussé plus loin la perfection de notre Poésie, s’il n’y eût renoncé de très-bonne heure, pour se livrer à des occupations plus graves.
Cette science du Beau, à la pousser à sa limite, à la creuser jusqu’aux principes, on lui découvre des racines profondes qui tiennent à la constitution de notre être. […] L’orgueil aidant, à mesure que les planètes jumelles découvraient la source principale des commîmes richesses accumulées, le désir de s’affirmer reines d’un incontesté domaine, de luire indépendantes, d’éclairer à soi seule l’univers intelligible, les poussait à dissocier leur flamboiement, à segmenter leur éclat. […] Leur fin est d’expliquer ce phénomène inconscient, forme particulière de perception que Schopenhauer appelait organe du rêve et que je nomme intuition, — qui poussa les auteurs à soulager ce qui gémit en eux. […] Leur esprit et leurs sens, accrus de mille antennes mobiles, poussent des prolongements jusque dans le réseau filigrané du subconscient. […] Direz· vous que pour peindre la rose blanche qui poussa dans mon cœur de quinze ans, et l’iris safrané dont se pare à cette heure ma vie de jeune homme, pas n’est besoin de chercher de nouvelles combinaisons de couleurs, ni de gratter les tons séchés de ma palette !
Pour ce qui est des vers, ils sont loin, certes, de nous satisfaire entièrement ; négligés en général, souvent mai bâtis, parfois incorrects, trop conformes, en un mot, aux habitudes d’une certaine école qui a pris pour devise : « Va comme je te pousse !
Ces Auteurs auroient-ils donc voulu qu’en faveur de la Philosophie, M. l’Abbé de la Bleterie eût érigé en héros accompli, un Prince qui poussa la pédanterie philosophique au dernier degré du ridicule ?
Après s’être égaré sur les principes de l’Histoire, il a bien pu avoir des idées peu exactes sur le Christianisme ; mais il est avéré qu’il n’a jamais poussé le délire jusqu’au point d’enfanter de pareilles horreurs.
Ce Réformateur du Parnasse poussa la sévérité jusqu’à l’injustice, à l’égard de cet Auteur.
Quoi qu’il en soit de ce goût poussé trop loin, l’Histoire d’Hercule le Thébain, & son Recueil d’Antiquités Egyptiennes, Etrusques, Grecques, Romaines & Gauloises, prouveront toujours l’étendue de ses connoissances, & contribueront à éclairer, autant qu’à flatter les Erudits & les Curieux.
Saint-Pavin poussa la liberté d'esprit jusque sur les matieres de Religion ; ce qui faisoit regarder à Boileau sa conversion comme impossible.
Ce système se poursuivit après Henri IV et même à travers les incertitudes du régime intermédiaire, jusqu’à ce que Richelieu fût venu le prendre en main et le pousser à bout plus hardiment que personne : Celui-ci (Richelieu), d’un esprit vaste et hautain, entreprit en même temps l’abaissement total des grands seigneurs, celui de la maison d’Autriche, et la destruction des religionnaires ; et, s’il ne parvint pas à l’entière exécution de toutes ces entreprises, il leur donna de tels commencements, que depuis nous en avons vu l’accomplissement. […] La Fare cite à ce sujet un mot de M. de La Rochefoucauld qui avait été l’un des principaux acteurs de cette dernière guerre civile, et qui lui disait : « Il est impossible qu’un homme qui en a tâté comme moi veuille jamais s’y remettre. » La Fare en conclut que l’histoire est un va-et-vient, un jeu de bascule perpétuel ; que l’abus qu’on fait d’un des éléments pousse à l’élément contraire, jusqu’à ce qu’on en abuse comme on avait fait du premier ; que « l’idée des peines et des maux venant à s’effacer peu à peu de la mémoire des hommes, et frappant peu l’esprit de ceux qui ne les ont point éprouvés, les mêmes passions et les mêmes occasions rengagent les hommes dans les mêmes inconvénients ». […] Je poussai jusqu’à son cabinet, et je le trouvai en chemise, sans bonnet, entre son Rémora et une autre personne de quinze ans, son fils l’abbé versant des rasades à deux inconnus ; des verres cassés, plusieurs cervelas sur la table, et lui assez chaud de vin.
Toutes les carrières sont ouvertes à tous, et une ambition, louable dans son principe quand elle n’est pas trop en disproportion avec les moyens et qu’elle s’appuie sur d’honnêtes efforts, porte chacun à se pousser, à s’élever, ou du moins à pousser les siens et à porter ses enfants là où l’on n’a pas atteint soi-même : de là bientôt un concours de tous dans les mêmes voies d’études et vers un petit nombre de professions plus particulièrement en estime ; de là l’encombrement de quelques carrières. […] Ne pas pousser ces premiers cours au-delà des notions désormais indispensables à tout homme éclairé, mais donner à ces notions toute leur netteté et leur application usuelle, c’est la recommandation expressément faite aux professeurs.
Il poussait le goût du franc et de l’imprévu jusqu’à passer outre à cette bonne compagnie trop émoussée, trop monotone, et à préférer la mauvaise : là était l’écueil. […] Béranger, dans ses bons morceaux, est classique en ce sens qu’il est conséquent, puisque son style est habituellement la contre-épreuve de sa pensée, que sa pensée est souvent juste, heureuse, et qu’elle lui appartient toujours. » On voit qu’ici le mélange des noms est poussé jusqu’à la confusion et au contresens. […] Il a raison d’estimer Mme Tastu, mais il la pousse à un rang hors de toute proportion, et auquel cette muse modeste ne prétendait pas ; et en quels termes le fait-il encore ?
De même que ceux qui voulaient la délivrance et la liberté en 89, eurent un moment d’ineffable joie et d’espérance trop tôt déçue, trop tôt souillée par des excès, et qu’ils virent le plus cher de leurs vœux se tourner en mécompte, de même bien des esprits sages, modérés, tolérants ou même religieux de sentiment et d’intention, ouverts à la haute pensée de la civilisation renaissante, qui se réjouirent de la réconciliation de la religion et de la société en 1801, et qui y poussèrent ou y applaudirent, eurent bientôt à revenir de cette satisfaction première, et quelques-uns, s’ils vécurent assez, purent douter s’ils n’avaient pas erré. […] à quoi la pousse-t-on, en un mot, dans un sens qu’elle n’a pas cherché ni désiré ? […] » Celui-ci, dégageant tout d’un coup son talent de parole comme une épée qu’on sort du fourreau, a saisi toutes les occasions éclatantes, les a rehaussées même par une affectation de singularité, et n’a pas craint de pousser à bout son antithèse absolue et provocatrice, de poser hautement sa contradiction à la fois monacale et libérale, mettant désormais quasi sur la même ligne (nouveauté étrange !)
Il vient de poser la généalogie des La Feuillade et de nommer divers membres de la famille : « Celui-ci, dit-il du maréchal, se poussa à la guerre, et fut fort aidé à la Cour par son frère, l’archevêque d’Embrun, qui y était en considération, et qui lui céda ses droits d’aînesse. […] Il poussa la servitude jusqu’à monter une fois derrière le carrosse du roi, pour le suivre où il avait été refusé d’aller, et cela lui réussit à merveille. […] Il poussa la flatterie de sa place et de sa statue, outre la bassesse de sa substitution, jusqu’à traiter avec les Petits-Pères pour lui creuser sa sépulture sous le piédestal avec un corridor qui y conduirait de leurs caves ; mais, si cela ne se put exécuter, au moins il en eut le gré auprès du roi, qui est tout ce qu’il en voulait.
C’est pour lui qu’il va se déguiser en Chouan, et sonner la charge dans le régiment de voltigeurs du marquis d’Auberive. « Il veut être un fumier pour y faire pousser un lis. » Cette confession du vieux bohème est d’un effet poignant : elle arrache la sympathie, elle fait violence au dégoût. […] Giboyer qui survient, avait quitté Maxime libéral, il le retrouve clérical : des ailes de pigeon lui ont poussé pendant son absence ; le lis planté sur un fumier a pris les opinions de son espèce héraldique ; il demande à s’épanouir sur le drapeau blanc. […] Maréchal, menacé dans son éloquence, pousse les cris d’un geai qui verrait s’envoler le paon dont il pillait le plumage : ses cris se changent en clameurs lorsqu’il apprend que ce bachelier sans son ni maille ose aimer sa fille.
Le second a poussé les attentions et les craintes, les soins ingénieux et vigilants, les adresses insinuantes et persuasives, comme s’il y était tenu par les entrailles ; il a eu les tendresses d’une mère. […] Est-il bien possible de pousser à ce point la tolérance ? […] Bossuet, en théologie, l’a poussé rudement.
On ne vit, pendant toute une saison, que Rastignacs, duchesses de Langeais, duchesses de Maufrigneuse, et l’on assure que plus d’un acteur ou actrice de cette comédie de société tint à pousser son rôle jusqu’au bout. […] En un mot, pour suivre mon image toute physique et anatomique, je dirai : Quand il tient la carotide de son sujet, il l’injecte à fond avec fermeté et vigueur ; mais quand il est à faux, il injecte tout de même et pousse toujours, créant, sans trop s’en apercevoir, des réseaux imaginaires. […] Le mode de publication en feuilletons, qui obligeait, à chaque nouveau chapitre, de frapper un grand coup sur le lecteur, avait poussé les effets et les tons du roman à un diapason extrême, désespérant, et plus longtemps insoutenable.
Et si c’est vrai, — ce que j’ose hasarder, — si les hommes de force absolue n’ont pas, comme je le crois, dans leur vie, de vol tes et de contre-voltes, ne tâtonnant pas, ne battant pas le buisson et ne changeant pas leur fusil d’épaule, comme on dit, ainsi que la plupart d’entre nous ; s’ils poussent toujours du même côté, tirant leurs coups toujours dans la même ligne, c’est qu’ils portent en eux un principe interne qui ne fléchit pas plus que le principe qui fait du chêne un chêne et qu’on appellera du nom qu’on voudra, mais que je me permettrai d’appeler le principe du génie. […] Ce n’est pas Calvin qui eût écrit cette phrase : « Il n’y a pas d’homme qu’on ne puisse gagner avec des opinions mesurées. » Et encore : « Les vertus poussées à l’excès deviennent des défauts. » Et encore — (si Calvin avait eu le triste avantage de vivre après la Révolution française) : « De quoi pourriez-vous vous plaindre ? […] Déjà, dès cette époque, l’idée de l’émancipation commençait à sourdre dans la tête d’Alexandre, ce jeune Louis XVI russe, à la beauté de Louis XIV, et dont le peuple, plus docile et plus facile à mener que celui de Louis XIV, l’eût sauvé de la ressemblance de destinée avec l’autre émancipateur s’il avait poussé un peu plus loin ses velléités généreuses.
Le dandysme de la gueuserie, cette affectation, a poussé M. […] Et d’autant plus que c’est l’esprit du temps qui chante dans sa voix, seulement l’esprit du temps relevé dans le poète, puissancialisé, poussé au sublime, — le sublime du mal, il est vrai. […] Ils ont la fureur, le déchirement et la durée, — et la large poitrine qui les pousse crache avec eux de son sang, quoiqu’elle soit d’airain !
Poussé par Berkeley, puis par Hume, il arriva sur le bord du doute, il vit s’y engloutir l’esprit et la matière ; mais quand il vit sa famille précipitée avec le reste, il n’y tint plus : il cria aux philosophes qu’il voulait la garder ; il ne voulut point admettre qu’elle fût une collection d’impressions ou d’apparences ; plutôt que de la révoquer en doute, il se mit à les réfuter tous. […] Le bon général est celui qui les laisse aller d’eux-mêmes, sans contrainte, vers le terme où leur nature les pousse, qui constate ce terme et ne le choisit pas, qui les regarde marcher, qui ne leur prescrit pas leur marche, et qui, au moment d’entrer dans l’examen de la perception extérieure, se parle ainsi : Je fais deux parts de moi-même : l’homme ordinaire, qui boit, qui mange, qui fait ses affaires, qui évite d’être nuisible, et qui tâche d’être utile. […] Poussons plus loin.
Je ne vois nul inconvénient à ce qu’une femme pousse la versification jusqu’à sa dernière licence !
Baffo pousse des cris.
Dans les sermons de Bossuet et de Bourdaloue, le pathétique sort pour ainsi dire de toutes les mailles d’une argumentation serrée, poussé dehors par la chaude conviction et l’inépuisable charité de l’orateur, sans qu’une seule phrase tende par soi-même à autre chose qu’à prouver.
Sans doute, si l’école était dans les temps modernes ce qu’elle était dans l’antiquité, une réunion d’hommes poussés par le seul désir de connaître et réunis par une méthode commune de philosopher, on permettrait à la science de s’y renfermer. […] Ce scrupule a été poussé si loin qu’on a vu des critiques de l’esprit le plus distingué rendre à dessein leur expression incomplète, plutôt que d’employer le mot de l’école, alors qu’il était le mot propre.
Aussi, le cri poussé par ce Christianisme, quinze fois séculaire, fut-il terrible, et M. […] Soury s’est cru tenu d’exagérer et de pousser au noir, comme disent les peintres, la tête rayonnante de notre Dieu, ne se contentant pas d’en faire platement un homme, comme M.
Il a poussé l’utopie (mais par là il est vrai qu’il se retrouvait Allemand) jusqu’à vouloir être le Franklin d’un Bonhomme Richard médical, et, quoiqu’il n’eût pas la brouette de Franklin, son livre n’en a pas fait moins rondement le tour de l’Allemagne, pour, après l’avoir fait, nous arriver en France, où tous les niais à surprise, ravis de voir un Allemand si peu Allemand, et tous les petits Voltaires du truism, vont lui préparer le plus bel accueil. […] Il avait vu que Kant, d’abord d’une santé détestable, s’était radicalement guéri de tous ses maux : pleurésies, toux et gravelle, « par la grandeur de ses pensées », et il avait poussé les siennes aussi loin qu’elles pouvaient aller.
À partir de sa thèse « inaugurale », pour parler comme lui, il a toujours poussé dans le même sens ses observations et ses idées. […] Il n’avait besoin ni de Cabanis, ni de Broussais, ni de Gall, ni d’Auguste Comte, ni de Littré, qui ont obéi comme des buffles à la lance stupide qui les pousse, c’est-à-dire à la tendance impérieuse et fatale du Matérialisme sans idées, plus puissant, à lui seul, que toutes les idées dont ils ont voulu le fortifier !
On le croyait enraciné dans sa manière ; il lui a poussé d’autres racines. […] Le vieil artiste, l’artiste consommé, et dans un jet de talent le plus puissant que ce talent ait jusqu’alors poussé, a eu pour préféré aux yeux du public un jeune homme qui a fait des vers avec son cœur, tandis qu’il en faut faire avec son cœur, avec sa tête, avec tout ce qui fait qu’on est cette Complexité admirable et mystérieuse qu’on appelle un grand poète !
Sandeau, qui n’a jamais rien poussé bien fort devant lui, a tourné moelleusement sur ses gonds sans les faire crier, ni personne. […] Or, c’est au moment où il va se livrer en paix à cette occupation salubre et charmante, que la guerre finie se rallume en Bretagne et que Renée y pousse son faible époux.
Pour que cette science fût totale, il y aurait lieu de chercher dans les sens les plus différents les antécédents de l’égalitarisme : seules des recherches multiples, poussées de tous les côtés, nous en livreraient l’explication « exhaustive » ; toutes les sciences qui, directement ou indirectement, touchent aux phénomènes sociaux auraient sans doute leur mot à dire. […] Il semble qu’on ne puisse actuellement constituer de science sociale qu’à la condition de décomposer l’histoire, c’est-à-dire d’isoler ses « facteurs » pour pousser aussi loin qu’il est possible la connaissance de leurs formes propres, de leurs conséquences et de leurs causes.
Je le crois nécessaire parfois et bienfaisant, mais pas à la façon dont l’entendent ceux qu’il pousse. […] Mais, toujours poussé par le même désir de faire pénétrer au plus intime de l’individu l’idée du devoir et du droit avec le caractère absolu qu’il leur a donné, l’instinct social veut présenter à l’individu comme un triomphe pour lui, la répression de sa propre nature. […] Si quelques fidèles s’empressent vainement pour soutenir un trône disloque, c’est leur conscience qui les y pousse ; ils agissent par devoir, et s’ils blâment ceux qui l’ont ébranlé, c’est encore au nom du devoir et de la conscience. […] C’est lorsqu’il s’oppose, sous quelque forme abstraite, à un instinct égoïste qui nous pousse à un acte trop personnel. […] C’est ce qui arrive quand le désir d’obliger un ami pousse l’homme dans une direction, tandis que le devoir professionnel le tire en sens inverse.
Alors la famille l’irrite, l’exaspère, le pousse de parti pris à la folie. […] Les Berquinades ne poussent jamais dans la décomposition des sociétés sceptiques et blagueuses. […] Il est question du livre des Liaisons dangereuses, qu’il n’a pas lu, et que je le pousse à lire : « Lire, répète-t-il, mais on n’a pas le temps… moi je n’en ai pas le temps ! […] » Mardi 25 avril Aujourd’hui, à la vente de Mme de Balzac, j’ai poussé le manuscrit d’Eugénie Grandet, à onze cents francs. […] Sur la cheminée, placés de travers et comme poussés l’un contre l’autre par un amoncellement de papiers, deux vases blancs à dessins bleus, d’un ancien modèle de Marly, et dans lesquels sont en train de mourir deux grandes herbes exotiques à feuilles poussiéreuses.
L’un poussait l’autre. L’autre poussait l’un. Je vais encore vous pousser jusqu’à Saclay. […] Une poussait, l’autre tirait. […] — Poussons nos merveilleuses, nos mystérieuses recherches.
Mestrallet a trop poussé au noir la note de sa désillusion ; il tombe, par instant, dans un pessimisme exagéré.
Il fallait lever au ciel des bras désespérés, avoir la tête renversée en arrière ; les cheveux hérissés ; une bouche ouverte qui poussât de longs cris ; des yeux égarés ; et puis une petite Medée, courte, roide, engoncée, surchargée d’étoffes ; une Medée de coulisse ; pas une goutte de sang qui tombe de la pointe de son poignard ou qui coule sur ses bras ; point de désordre ; point de terreur.
Autre chose est le théâtre, avec ses rôles tout en dehors et poussés à l’effet, autre chose est la vie réelle et privée. […] C’était probablement le Cardinal qui avait, sous main, poussé à cette démarche. […] Ainsi le génie de Corneille, et peut-être M. de Châlon, le poussaient vers l’Espagne. […] Le grand arbre eût poussé sans gêne et sans contrainte ses racines dans notre sol et sa tête dans notre ciel. […] C’était de sa part une grande hardiesse, en ces temps de fanatisme, que de pousser jusqu’à ce point l’impartialité dramatique.
Et ne le poussez pas : il sacrifierait sans hésiter Molière même à MM. […] Pourquoi n’a-t-il pas osé pousser jusqu’à la fameuse formule : « Ne plus ne moins que la fleur nommée héliotrope… ? […] Comme il a pris plaisir à pousser dans le sens opposé ! […] Brunetière excelle à pousser une idée juste jusqu’au point où elle devient fausse. […] Brunetière ne requiert pas tout à fait en ces termes, il pousse du moins jusqu’à la plus amusante naïveté la confiance en la force de ses raisonnements.
Telle est la force qui poussera le criminel à se dénoncer. […] On les reconnaît à ce qu’ils sont faits pour pousser à des actions qui répondent à des besoins. […] C’est elle qui pousse l’intelligence en avant, malgré les obstacles. […] Du moins avait-on poussé aussi loin que possible l’imitation du dynamique par le statique. […] Il est vrai qu’il aura fallu pousser jusqu’au principe même de la vie.
Dans les hautes classes de ses études à Marseille, il était devenu, nous dit-on, assez bon humaniste et latiniste, mais surtout il avait poussé les mathématiques en vue de la carrière militaire, à laquelle tout alors se reportait. […] La première idée en vint à Félix Bodin, qui poussa M. […] On le poussait dès lors à passer outre et à raconter sans désemparer le Consulat et l’Empire ; mais c’était prématuré, et le train de ses idées le portait ailleurs. […] Il y avait de quoi jeter hors des gonds de moins pauvres têtes, de quoi pousser de guerre lasse tout ce triste cabinet, ainsi enfermé sous clef dans la Charte, à sauter en effet par la fenêtre, non pas seul, hélas ! […] Le livre second tout entier est consacré au mécanisme nouveau de la réorganisation départementale, judiciaire, financière, « à cette œuvre de réorganisation, est-il dit, dont le jeune général faisait son occupation constante, dont il voulait faire sa gloire, et qui, même après ses prodigieuses victoires, est restée, en effet, sa gloire la plus solide. » Dans cet exposé multiple, l’historien a fait usage, comme on pense bien, de toutes les ressources lumineuses qu’on lui connaît, mais il les a poussées à leur dernier terme.
Quelques écrivains, médiocrement penseurs, doués seulement d’une vive sagacité littéraire, ouvrirent dès l’abord une ère nouvelle pour l’expression ; le goût, qui implique le choix et l’exclusion, les poussa à se procurer l’élégance à tout prix et à rompre avec les richesses mêmes d’un passé dont ils n’auraient su se rendre maîtres. […] Scaliger et Cardan, les deux plus grands personnages modernes selon Naudé, les deux seuls qu’on pût opposer aux plus signalés des anciens, avaient poussé le plagiat de l’antiquité jusqu’à parler d’une façon presque sérieuse de leurs démons familiers, et jusqu’à se donner l’air d’y croire. […] Il y poussait dès lors le président de Mesmes ; vingt ans après il y convertissait le cardinal Mazarin et avait la satisfaction, vers 1648, à la veille même de la Fronde, de voir la merveilleuse bibliothèque amassée et ordonnée par ses soins s’ouvrir le jeudi à tous les hommes d’étude qui s’y présenteraient. […] Je ne pousserai pas si loin, en parlant de Naudé, la transfusion et la métamorphose, je serrerai de près mon auteur, sans pour cela m’y confondre ni l’approuver. […] Je ne pousserai pas plus loin ce qui aussi bien n’aurait aucun terme, car il faudrait extraire à satiété, sans pouvoir jamais analyser.
Mais en ce moment le héros de Troneje répondit: « Je le fais de crainte que nous n’ayons quelque lâche avec nous, qui voudrait s’enfuir poussé par la crainte. […] Il était poussé à bout. […] Il poussa son glaive magnifique à travers les heaumes des fidèles d’Etzel, du Hiunen-lant. […] Il saisit une lance puissante ; poussé par la haine, il voulait s’en servir pour abattre Hagene. […] « Je pousserai les choses à bout », dit la noble femme, et elle ordonna de tuer son frère.
Sur quoi sa veuve inconsolable pousse un léger soupir et porte un mouchoir de dentelle à ses yeux brillants. […] L’ambition lui est venue avec la fortune ; des plumes de paon commencent à pousser sur ce plumitif ; Prudhomme aspire à pisser grand homme. […] La maîtresse du petit Lucien a trouvé dans sa poche une lettre de femme, signée du nom d’Aline, qui lui fait pousser des cris inhumains. […] Quelque bronzé que soit un coquin, il ne tombe pas subitement d’une haute position sociale dans la boue et sur le pavé sans pousser un cri de rage et sans ressentir une douleur atroce.
Le feu allumé au milieu des tentes, et près duquel les Arabes ont jusqu’à présent chuchoté, se racontant je ne sais quoi, mais assurément pas les histoires d’Antar, quoi qu’en disent les voyageurs revenus d’Orient, — le feu abandonné s’est éteint et ne répand plus qu’une vague odeur de résine qui parfume encore tout le camp ; nos chevaux ont de temps en temps des frissons amoureux, et poussent, vers une femelle invisible qui les enflamme, des hennissements aigus comme un éclat de trompette ; tandis qu’une chouette, perchée je ne sais où, exhale à temps égaux, au milieu du plus grand silence, cette petite note unique, plaintive, qui fait clou ! […] Il ne va pas jusqu’au bout, il ne pousse pas toutes choses l’épée dans les reins. […] La réverbération du sol et des murs est épouvantable ; les chiens poussent de petits cris quand il leur arrive de passer sur ce pavé métallique ; toutes les boutiques exposées au soleil sont fermées : l’extrémité de la rue, vers le couchant, ondoie dans des flammes blanches.
Plus tard, il s’est acquis quelque chose de très-semblable à la fantaisie shakspearienne ; il y a joint des poussées d’essor lyrique à la Byron, il a surtout refait du Don Juan avec une pointe de Voltaire. […] Ces personnages mêmes, l’artiste les a poussés d’ordinaire au profil le plus vigoureux et le plus simple, au langage le plus bref et le plus fort ; dans sa peur de l’épanchement et de ce qui y ressemble, il a mieux aimé s’en tenir à ce qu’il y a de plus certain, de plus saisissable dans le réel ; sa sensibilité, grâce à ce détour, s’est produite d’autant plus énergique et fière qu’elle était nativement peut-être plus timide, plus tendre, plus rentrée en elle-même ; elle a fait bonne contenance, elle s’est aguerrie et a pris à son tour sa revanche d’ironie sur le siècle : de là une manière à part, à laquelle toutes les autres qualités de l’auteur ont merveilleusement concouru. — Esprit positif, observateur, curieux et studieux des détails, des faits, et de tout ce qui peut se montrer et se préciser, l’auteur s’est de bonne heure affranchi de la métaphysique vague de notre époque critique, en religion, en philosophie, en art, en histoire, et il ne s’est guère soucié d’y rien substituer. […] Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.
Mais de nos jours, au milieu des respects et des hommages individuels et publics volontiers décernés à la religion, après le triomphe encore plus complet qu’espéré d’une politique conservatrice, venir réagir au delà dans le même sens et en passant outre, pousser par système et par mode à l’aristocratie, au despotisme, à l’ultramontanisme, c’est ne prouver autre chose que l’ennui de l’âme qui s’agite à vide et la vanité de l’esprit qui se monte à froid. […] Des écrivains d’un talent réel, mais secondaire, et qui ne visent pas à le perfectionner ni à le mûrir, le poussent de vitesse, pour toute conduite, et le montent comme en une orgie. […] On pourrait pousser longtemps cette suite de remarques ; mais, en réunissant des traits que je crois vrais de toute vérité, je ne prétends pas former un tableau.
Et lorsque dans leurs idées de réforme, ils ont décidé de revenir à l’antiquité grecque et romaine, toujours fidèles à cette logique incomplète du bon sens qui n’ose pousser au bout des choses, ils se tiennent aux Romains de préférence aux Grecs ; et le siècle d’Auguste leur présente au premier aspect le type absolu du beau. […] Si de la théorie poétique de Boileau nous passons à l’application qu’il en fait en écrivant, il ne nous faudra, pour le juger, que pousser sur ce point l’idée générale tant de fois énoncée dans cet article. […] Ailleurs Boileau dira : Inventez des ressorts qui puissent m’attacher, comme si l’on attachait avec des ressorts ; des ressorts poussent, mettent en jeu, mais n’attachent pas.
Après les miracles d’Austerlitz et d’Iéna, ne le voit-on pas pousser à bout la Fortune, et vouloir absolument lui faire rendre plus qu’elle ne peut donner ? […] Aussi des hommes qui ne sont qu’au second rang, si on les compare à lui, ont su se pousser, eux et leur patrie, à des fortunes plus stables et se maintenir dans leur succès. […] Mais, pour l’ordre civil, pour l’administration, pour la guerre, il a poussé l’exposition au dernier degré d’éclaircissement et d’évidence où elle peut aller.
Vous craignez qu’en me voyant il ne se dérange de ses devoirs, et vous poussez cette crainte jusques à prendre des résolutions violentes contre lui. […] Il avait essayé depuis quelque temps de se pousser du côté de la duchesse de Bouillon sans y réussir. […] On manda le lieutenant de police ; on le semonça de n’avoir pas poussé l’affaire à bout dès le premier éveil, et d’avoir fait élargir l’abbé Bouret.
Elle se sentit lésée dans son bien le plus cher, et poussa les hauts cris, comme s’il se fut agi d’un vol domestique. […] Elle poussait cette disposition jusqu’à l’art : « Ah ! […] Il est très rare en France de rencontrer, poussé à ce degré, le genre de passion et de mal sacré dont Mlle de Lespinasse fut la victime.
Ce cri d’alarme, qui échappe aujourd’hui aux modérés même et aux satisfaits d’hier, reporte naturellement le souvenir vers les hommes qui ont poussé ce même cri il y a cinquante ans, qui n’ont cessé de le proférer jusqu’à leur dernier soupir, et qui, dans notre jeunesse, nous semblaient des vieillards augustes et moroses, de lamentables augures. […] En disant les mêmes choses que Bonald, Joseph de Maistre est hardi, impétueux, varié ; il semble presque un génie libéral par la verve et la couleur de l’expression ; il a des poussées et des sorties qui déjouent le système ; tandis que l’autre, vigoureux, subtil, profond, roide et strict, s’y renferme invariablement61. […] Barbey d’Aurevilly, que M. de Bonald soit à la veille de trouver beaucoup de disciples ; mais les adversaires, ceux qui pousseront le plus par leurs systèmes vers les formes encore mal définies de la société nouvelle, croiront s’honorer eux-mêmes en le respectant, et en saluant en lui un champion du moins qui a eu jusqu’au bout l’intrépidité de sa croyance et qui n’a jamais fléchi.
Après ces quatre premières années de la régence, durant lesquelles le mouvement d’impulsion donné par le cardinal de Richelieu continua de pousser le vaisseau de l’État sans qu’il fût besoin d’imprimer de secousse nouvelle, après ces quatre années de calme parfait, de sourire et d’indulgence, on entre, sans s’en apercevoir d’abord, dans de nouvelles eaux, et un nouveau souffle peu à peu se fait sentir : c’est le souffle des réformes, des révolutions. […] Il ne prit pas garde que ce repos des premières années de la régence n’était pas la santé véritable ; au lieu de ménager les moyens et d’aviser au lendemain par des remèdes, il continua dans les errements qui aggravaient le désordre et la souffrance à l’intérieur : « Le mal s’aigrit, dit Retz ; la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie. […] D’autres fois il étend agréablement ses images ; ainsi, opposant son crédit bien enraciné à la faveur d’un jour du duc d’Elbeuf : « Le crédit parmi les peuples, cultivé et nourri de longue main, dit-il, ne manque jamais à étouffer, pour peu qu’il ait de temps pour germer, ces fleurs minces et naissantes de la bienveillance publique, que le pur hasard fait quelquefois pousser. » Indiquant les moyens qu’il avait de bonne heure employés pour fonder ce crédit, il parle de ses grandes aumônes, et des libéralités « très souvent sourdes, dont l’écho n’en était quelquefois que plus résonnant ».
Il poussait très loin cette doctrine d’accommodement avec les penchants, et on l’a entendu dire : « Quand on a un vice, il faut savoir le porter. » Avant d’être ce que nous l’avons connu, c’est-à-dire une espèce d’amateur en politique, assis à l’orchestre, jugeant la pièce, et consulté même souvent par les auteurs ou acteurs, avant de s’être établi dans son habitude d’observer le monde « comme s’il ne remuait que pour son instruction », M. […] Fiévée pousse le Premier consul à la politique qui rallie. […] Dans son but constant de pousser à la restauration des anciens principes, il va au-devant d’une objection qu’il sent qu’on devait lui faire.
Il y avait le hardi faquin, le coquin héroïque, qui, avant d’être prêtre, n’eut que la seule qualité d’être brave au feu du canon comme il l’était au feu des filles ; mais prêtre et cardinal, et cardinal pour son argent, pour que cela fût plus miraculeux, le faquin et le coquin disparurent, et le ministre qui se mit alors à pousser sous cette majestueuse barrette que Richelieu avait portée, le ministre aurait été grand, s’il avait vécu, — si la mort n’avait coupé l’herbe sous le pied à sa gloire naissante, avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner. […] La bâtardise, qui est le sujet de ce terrible Mémoire, prenait à la gorge tout ce qu’il y avait de principes, de moralité, de sentiments et d’idées dans l’âme et dans l’esprit de Saint-Simon, et voilà ce qui a fait pousser à cet homme de monarchie la longue et douloureuse clameur qu’il pousse le long de cet admirable Mémoire, aussi puissamment, aussi désespérément que l’agonie du cor de Roland, à Roncevaux !
Ne négligeons rien, poussons le scélérat par tous les bouts…. ; Quelle personne pourrait servir auprès du curé de Nicolas-des-Champs qui est l’ami de M. […] Toute cette troisième lettre ne serait guère qu’un résumé sérieux et lumineux des objections de Montaigne, si de doute en doute, de conjecture en conjecture, elle ne se terminait tout d’un coup par la supposition toute spiritualiste d’une infinité d’intelligences de mille ordres différents, répandues à tous les étages de l’univers, espèces d’anges que Cicéron et le plus sage des Scipions ne désavoueraient pas, « éternels admirateurs du jeu de la nature et spectateurs invisibles des actions des hommes. » Non, Rousseau a beau user de la méthode des sceptiques, il n’est pas sceptique lui-même, et la méthode se rompt brusquement entre ses mains, au moment où il la poussait à bout : il en jaillit au contraire l’illumination la plus imprévue, et faite à souhait pour ravir un idéaliste.
M. de Loménie, affilié à la coterie, poussa aussi son soupir qu’il appuya de toutes sortes de réfutations et de raisonnements : essayant de m’opposer moi-même à moi-même, il ne daigna pas admettre qu’en pareille matière de jugements contemporains il vient une heure et un moment où, quand on n’est lié par rien de particulier, la vérité reparaît de plein droit et prend le pas sur la politesse. […] Il pousse les ménagements et la pratique de la discrétion jusqu’à laisser immoler à ses yeux la vérité, et peut-être quelquefois la vertu, sans les défendre.
On saisit à merveille ces moments où l’action de Napoléon, libre alors et non plus partagé, s’ajoutant à l’impétuosité de Ney qui avait poussé les choses à l’extrême, penchant sur le plateau, eût tout renversé et achevé Grouchy, par son absence totale, fut le seul auteur de la perte. […] Sire, les ennemis, sont déjà assez heureux » ; et, s’emparant de la bride, il poussa le cheval de l’Empereur sur la route de Charleroi.
Si vous l’ignorez, lecteur, le voici : « On avait cru jusqu’à ce jour en France, et depuis Gassendi jusqu’à MM. de Fontanes et Villemain, que Lucrèce, esprit rêveur et mélancolique, jeté dans le monde à une époque d’anarchie et de discordes civiles, troublé de doutes et de terreurs philosophiques à la manière de Pascal et de Boulanger, voyant l’État s’abîmer dans les crimes, et ne sachant où la destinée humaine poussait l’homme ; on avait cru que pour échapper au vertige et ne pas glisser misérablement de ces hauteurs où l’avait emporté sa pensée, il s’était jeté en désespoir sur la solution d’Épicure, s’y attachant avec une sorte de frénésie triomphante, et que de là, dans quelques intervalles de fixité et de repos, il avait voulu enseigner à ses contemporains la loi du monde, la raison de la vie, et leur montrer du doigt le sentier de la sagesse. […] « Nous ne pousserons pas plus loin cette critique fastidieuse et facile ; ce n’est même qu’à regret que nous l’avons entreprise.
Les descriptions, les analyses de cœur, les conversations rapportées, les pièces diplomatiques citées au long, nous font plus d’une fois perdre de vue l’auditoire ; et quand le chien Rask remue la queue, ou que le sergent Thadée pousse une exclamation, on a besoin de quelques efforts pour se rappeler le lieu et les circonstances. […] Mais style et magie de l’art, facilité, souplesse et abondance pour tout dire, regard scrutateur pour beaucoup démêler, connaissance profonde de la foule, de la cohue, de l’homme vain, vide, glorieux, mendiant, vagabond, savant, sensuel ; intelligence inouïe de la forme, expression sans égale de la grâce, de la beauté matérielle et de la grandeur ; reproduction équivalente et indestructible d’un gigantesque monument ; gentillesse, babil, gazouillement de jeune fille et d’ondine, entrailles de louve et de mère, bouillonnement dans un cerveau viril de passions poussées au délire, l’auteur possède et manie à son gré tout cela.
Un auteur de tragédie ou comédie, Chabanon, Desmahis, Colardeau, je suppose, obtenait un salon à la mode, ouvert à tout ce qu’il y avait de mieux ; c’était un sûr moyen, pour peu qu’on eût bonne mine et quelque débit, de se faire connaître ; les femmes disaient du bien de la pièce ; on en parlait à l’acteur influent, au gentilhomme de la Chambre, et le jeune auteur, ainsi poussé, arrivait s’il en était digne. […] On est insensiblement poussé à la forme, à l’apparence ; de si près et entre gens si experts, nulle intention n’échappe, nul procédé technique ne passe inaperçu ; on applaudit à tout : chaque mot qui scintille, chaque accident de la composition, chaque éclair d’image est remarqué, salué, accueilli.
Vitet se rattache de plus près dans le mouvement qui poussait, il y a plus de vingt ans, les jeunes hommes d’alors, comme ils s’appelaient, dans des voies d’innovation studieuse et de découverte. […] Ajoutons qu’il n’a pas moins montré tout ce que le genre intermédiaire pouvait rendre, et qu’il l’a poussé à sa limite d’ingénieuse perfection dans la seconde surtout de ses pièces, les États de Blois.
Walter Scott dans sa Vie de Bonaparte n’a plus même en sa faveur, je ne dirai pas cette excuse, mais cette sorte d’explication qui convenait aux Lettres de Paul : il a été poussé cette fois par quelque chose de plus simple et de plus vulgaire encore que la haine ; chez lui, ç’a été calcul, et non colère. […] Nous ne pousserons pas davantage aujourd’hui cette facile et dégoûtante critique.
répliquent les Aquicoles, s’il ne s’agit que de raison, nous avons aussi des sages parmi nous… Voilà la première fois que nous voyons un prêtre ne pas pousser aux sacrifices… Antistius, resté seul, se désespère, et voilà que Carmenta, sa sibylle, sa fille spirituelle, vient à lui, découragée. […] Renan son scepticisme dissolvant, c’est en réalité le manque de foi qui les pousse si résolument à l’action IV Maintenant il est certain que la foi de M.
Je vous dis le fait sans aucune paraphrase. » Les maîtresses de François Ier, de Henri II, les Châteaubriant, les duchesses de Valentinois, n’ont pas poussé l’impudence aussi loin. […] Il est impossible de pousser l’impudence plus loin que d’affronter tout ensemble, et la maîtresse qu’on a trahie et supplantée, et la reine, qu’on a outragée et que l’on doit outrager encore.
Avouerai-je d’ailleurs, pour lui donner raison en une certaine mesure, que l’humanisme, comme beaucoup de théories littéraires, pousse des rameaux jusque dans la morale et dans ce qu’il faut bien appeler, d’un mot barbare, la sociologie ? […] Vos aînés poussaient des cris, levaient les bras au ciel et protestaient contre sa surdité.
le parasitisme rit, le lierre verdit et pousse, le gui est florissant, le ver solitaire est heureux. […] Il s’est trouvé un jour que la France a été dans la fournaise, les fournaises à de certaines martyres guerrières font pousser des ailes, et de ces flammes cette géante est sortie archange.
On lui répondit que la déclamation tragique, quoique chargée, ne détruisoit point l’illusion nécessaire au spectacle ; que l’imagination des spectateurs se prêtoit à ce langage comme à la mesure, à la rime & au chant de nos opéra ; que cette supposition, une fois admise, est une source de plaisir, pourvu que l’auteur ne la pousse pas trop loin, & qu’en conservant « la sublimité du ton de la tragédie, il suive, autant qu’il est possible, la nature, & ne fasse que l’élever sans la guinder, l’aggrandir sans l’enfler, l’ennoblir sans la détruire ». […] Ils s’étendent, ils s’agitent, ils se tourmentent, ils poussent des hurlemens, & semblent jouer de pieuses comédies.
Étudiez cette Sainte Famille, vous y verrez qu’à l’exemple du peintre flamand, il pousse sa sollicitude des détails jusque sur les plans les plus éloignés, mais, je le répète, sans que le paysage se morcelle et s’éparpille : tout en gardant son individualité, chaque détail vient s’y rattacher à l’ensemble, — l’analyse vient s’y fondre dans la synthèse. […] Les bœufs attelés au chariot et les guerriers qui poussent à bras les roues de derrière sont surtout d’une allure et d’une structure incomparables. — Les expressions superlatives reviennent sous ma plume avec une monotonie fatigante, je m’en aperçois bien, mais est-ce ma faute si (allons !
Cette discipline transformatrice de l’homme, qui solidifie la nature humaine devant le danger et la destruction, et met une âme et une volonté à la place des frémissements et des tressaillements de la chair, tous les génies militaires qui ont paru dans le monde et y ont laissé une trace de leur passage, depuis Xénophon jusqu’à César et depuis César jusqu’à Napoléon, ont voulu la réaliser, l’exalter, la pousser jusqu’au plus haut point de perfection, — quelquefois par des moyens atroces. […] Seulement, dans un temps où la philosophie émet sur la nature humaine les notions les plus orgueilleusement fausses et la pousse à toutes les indépendances et à toutes les révoltes, et où la philanthropie, à son tour, bave d’attendrissement sur l’homme et sur le bonheur qui lui a toujours manqué, à ce pauvre homme !
Par ce temps de ruée vers une publicité insolente, il y a quelque chose de virginal dans l’obscurité que je ne puis m’empêcher d’aimer, et quelque chose aussi toujours d’un peu prostitué dans la gloire, qui me la gâte et me pousse à la mépriser. […] L’honneur chevaleresque, encore la religion de ce temps et qui passait alors avant l’intérêt matériel des patries, s’était indigné, et la chrétienté tout entière, qui était l’opinion, avait poussé un terrible cri.
L’écu, le tout-puissant écu, dans ce siècle de religions diverses poussées en pleine terre de folies, doit s’établir comme la religion définitive de la Raison et du Progrès, et Bellegarrigue est le Guèbre prosterné de ce soleil nouveau : la pièce de cent sous. […] Nous savions bien, comme tout le monde, que c’est le pays de la matière, du travail, du négoce, de l’industrie, une forge d’enragés Cyclopes, mais nous savions aussi que dans sa limaille de fer et sa poussière de charbon il poussait de temps en temps un écrivain, un poète, un rêveur, une jeune fille qui n’était pas miss Martineau.